The Jana’s ou l’album le plus psyché rock de la rentrée

lundi 22 septembre 2025, par Franco Onweb

Venu de Marseille, voilà un groupe qui fait du bien à nos oreilles : The Jana’s ! Derrière ce groupe, se trouve l’impeccable et prolifique Daniel Sani bien connu de ce site et une chanteuse originaire des Philippines : Jana. C’est à la suite d’un concert qu’ils se sont rencontrés et qu’ils ont eu le projet de monter ce groupe. Soutenu par la section rythmique des Batmen (autre groupe de Daniel Sani) le duo a enregistré un nouvel album qui nous transporte dans la deuxième moitié des années soixante avec un disque où le psyché rock est largement présent.

Daniel Sani a, encore une fois, largement fait place à ses influences majeures, les sixties, en mélangeant habillement des reprises parfaitement choisies et interprétées avec des morceaux originaux qui sont impeccables !

C’est par une chaude après-midi d’été que j’ai discuté en visio avec Daniel et Jana pour évoquer leur rencontre, leurs influences mais aussi ce disque que je ne me lasse pas d’écouter.

Comment le groupe a commencé ?

Jana : Je viens des Philippines. Je suis arrivé à Marseille. Je suis allé à un concert de Daniel et j’ai discuté avec lui. On s’est rencontré comme ça. Je lui ai envoyé des vidéos où je chantais et il a aimé. Depuis il ne m’a plus lâché.
Daniel Sani : C’était il y a quatre ans. Elle m’avait dit qu’on était ami sur Facebook. Je suis allé voir et j’ai vu qu’elle chantait un petit peu. Je lui ai proposé un essai avec un morceau en Français pour la compilation « Mods et Rockers ». Elle a été super efficace. On a fait deux morceaux sur ce disque. J’avais l’idée de la faire chanter en français avec l’accent Anglais mais quand les morceaux étaient trop rapides, on ne comprenait rien à ce qu’elle disait (rires). On s’est alors orienté avec un album en Anglais avec des reprises et des compositions. Cela a donné le premier album « Dan Imposter meets Jana ». On a récupéré la section rythmique des Batmen qui jouent souvent avec moi et on a fait des concerts, qui se sont bien passés.

The Jana’s de gauche à droite Jean Michel Gambino, Daniel Sani, Jana et Frédéric Vaillant
Crédit : Hector Ship

Il y a qui dans le groupe ?

D : Jana au chant, moi à la guitare, Jean Michel Gambino à la batterie et Frédéric Vaillant à la basse.
Vous faites beaucoup de reprises !
D : Oui, à peu près 50% et les compositions sont signées de Jana et de moi.
C’est, peut-être, ton projet le plus psychédélique ?
D : Ah oui ? On essaye de rester dans la période Rythm’n’blues de certains groupes comme les Pretty Things ou les Standells mais avec leurs morceaux les plus psychés.

C’était une volonté de votre part de partir sur ce son un peu « psyché » ?

D : Musicalement on voulait se situer sur la fin des années 60, c’est donc un peu psyché.

C’est dû aussi à la voix de Jana qui a une voix, presque, parfaite sur le psyché ?

D : Oui, mais elle est aussi à l’aise sur le rock.

Mais Diana, tu es à l’aise sur ce répertoire ?

Jana : J’aime beaucoup ce répertoire et Daniel sait choisir les reprises qui me conviennent.
D : Je trouve que c’est plus intéressant de faire chanter par Jana un morceau chanté par des garçons à l’origine. On a essayé de faire du Janis Joplin. C’était bien mais ça ne fonctionnait pas trop parce que déjà il faut oser reprendre ses titres mais surtout c’était déjà chanté par une fille, alors que lorsqu’on reprend un morceau chanté par un homme comme « The Last Time », elle peut bien s’approprier le morceau.

Vous avez fait combien d’albums ?

D : On en a fait deux !

Ce nouvel album vous l’avez fait, où et comment ?

D : Une partie des morceaux sont déjà joués sur scène par le groupe, donc on les a enregistrés tels quels avec notre section rythmique. C’est proche de ce que l’on fait sur scène mais c’est ce qui m’intéresse le moins. L’autre, petite moitié, ce sont des compositions originales qui partent des textes de Jana et sur lesquels je compose une musique. Je joue de tous les instruments et ce sont des morceaux qui sont rajoutés ensuite au répertoire scénique. Là on crée quelque chose, on travaille sur les arrangements et la production. C’est vraiment plus intéressant comme travail que sur les reprises plus « classiques ».

Diana en concert
Crédit : Hector Ship

Les textes arrivent avant la musique ?

D : Oui

Tu fais beaucoup ça, pourquoi ?

D : Je ne sais pas, j’aime ça.

Tu as besoin d’un texte pour composer une musique ? C’est unique en France !

D : Ah bon ! Disons que je demande des textes à Jana et ensuite ses textes m’inspirent. Tu as peut-être raison : j’ai besoin d’une base. Mais j’aime beaucoup faire comme ça.

C’est quoi ton inspiration des textes ?

Jana : Ça vient de mon imagination mais la plupart du temps, ce sont des textes sur l’amour, des « love story ».

Ça ne parle pas que des sentiments ?

Jana : Oui, pour l’instant mais je vais commencer à parler des endroits que j’aime bien et que je veux raconter.

Pourquoi ce nom ?

D : Dian c’est son nom ! Jana c’est son pseudo et comme le groupe s’est formé autour de notre rencontre on a fait « The Jana’s ».

Pourquoi avoir fait un groupe et pas un album solo pour Jana ?

D : Je n’y ai pas pensé. On aurait pu… Jana c’est une « show woman » et quand on est sur scène, c’est elle qui attire l’attention du public. On ne voit qu’elle donc c’est un peu une carrière solo où elle a son backing groupe !
Vous avez beaucoup joué ?

D : Une trentaine de concerts, beaucoup à Marseille mais aussi à Liverpool à la Cavern des Beatles.

Daniel Sani
Crédit : Hector Ship

Ça s’est bien passé ?

Jana : On a demandé à y jouer il y a deux ans et ça s’est bien passé. Cette année ils nous ont contacté pour refaire un concert au printemps et voilà !
D : C’est un festival organisé par un Américain qui fait venir des groupes « semi-amateur » dans des lieux prestigieux. Il y a la Cavern mais aussi New York et Boston. Il faut jouer des morceaux originaux et pas des reprises. J’y avais joué il y a trois ans avec un autre groupe (Picnic Republic). Jana l’a contacté pour faire partie de la programmation. Il nous a accepté. On a fait deux dates, une à la Cavern (le club) et l’autre à la Cavern Pub qui dépend de la même organisation. On y est retourné cette année.

Cela fait quoi de jouer dans ce lieu ?

D : Même si ce n’est pas la vraie Cavern, parce qu’elle a été déplacée de quelques mètres, ça reste formidable. Tu joues quand même dans un endroit où ça s’est passé.
Jana : C’est un endroit des plus connus au monde. Jouer là-bas c’est impressionnant.

Frédéric Vaillant
Crédit : Hector Ship

C’est l’endroit le plus loin où vous êtes allés ?

D : Oui, en dehors de Marseille, on a joué aussi à Fréjus dans un festival de bikers, le « Hells Week ».

Vous avez joué avec qui ?

D : A Marseille avec la scène que j’ai l’habitude de fréquenter !

Quelle est ton ambition par rapport à ce groupe ? Tu joues dans six groupes avec chacun une vision différente.

D : C’est un peu bête comme réponse mais c’est pour le fun ! J’adore enregistrer et faire des concerts avec ces groupes ou enregistrer. C’est un plaisir assez personnel et si les gens viennent nous voir et achètent les disques c’est encore mieux.

Ce n’est pas compliqué que tu sois dans autant de groupes ?

Jana : Non, c’est lui qui choisit et qui nous propose des choses. Par exemple, je suis parti six mois en Suisse pour chanter dans un restaurant et j’ai quitté le groupe. Dès que je suis rentré, je suis revenu dans le groupe mais je n’avais pas bloqué Daniel parce qu’il a tous ses autres groupes.

Jean Michel Gambino
Crédit : Hector Ship

Tu es à l’aise sur scène ?

Jana : Oui, j’aime beaucoup ça !

Et quel est le retour du public ? C’est un répertoire et un son très particulier !

Jana : Très bon, par exemple à Liverpool après le concert on a rencontré des musiciens qui m’ont proposé de faire de la musique avec eux ! je ne pouvais pas (rires). Ce sont des retours très positifs qui viennent de musiciens.
D : Quand on a joué à Liverpool, elle a eu beaucoup de succès (rires).

Vous pourriez chanter en Français ?

Jana : J’aimerais bien mais c’est compliqué. Je ne parle pas encore très bien le français.

Tu pourrais chanter en Philippin ?

Jana : On l’a fait pour un événement d’une amie avec des Philippins. On a fait deux morceaux !
D : On devrait enregistrer ces morceaux !

On parle de la pochette ?

Jana : C’est une photo en concert d’un photographe marseillais, Hector Ship, qui vient nous voir en concert. J’aime beaucoup cette photo !
D : Cette photo de la jambe de Diana en concert est super, j’ai adoré. Ensuite Jean Michel Gambino, le batteur, a travaillé à partir de cette photo.

Mais c’est possible un album des Jana’s sans reprises ?

D : Je ne sais pas, tout est possible mais j’adore faire des reprises, surtout quand on les adapte à notre « sauce ».

The Jana’s en concert
Crédit : Vincent Luer

Mais est ce que le fait de jouer dans autant de groupes ne t’empêche pas de plus composer ?

D : Non, ce n’est pas la raison. On pourrait faire un album qu’avec des compositions mais on a l’habitude de jouer ces reprises. Je trouve ça moins intéressant qu’il y ait quelques reprises plutôt que des compositions mais bon, c’est comme ça ! Tu prends « Because the night » par exemple, notre version est assez proche de celle de Patti Smith, peut-être trop proche.

Tu as repris du Nancy Sinatra par exemple !

D : oui, là c’est quelque chose que j’adore faire, parce que j’ai énormément modifié la version. J’ai voulu enregistrer « Something stupid » comme si c’était une version style Ronettes : j’adore faire ce type de transformation.

Est-ce que les disques Tchoc, ne seraient pas le label d’un musicien qui adore la musique et surtout une période précise, surtout que tu n’as aucunes prétentions sur ce label. C’est lié à des rencontres ?

D : Si, en partie mais c’est surtout lié au plaisir. En fait si je n’avais pas rencontré Jana, je n’aurais pas monté les Jana’s. J’adapte ensuite le répertoire en fonction de la personnalité de la personne.

Musicalement tu restes quand même dans une période des années 60 au début des années 70.

D : Oui, je suis peut-être trop fermé dans mes goûts mais j’aime cette période.

Tu pourrais emmener Jana sur un autre terrain que dans les années 60 ?

D : Je dirais oui, mais mes compositions auraient toujours un côté très années 60’s. On a fait un premier album tous les deux, le deuxième on a pris la section rythmique. Est-ce que pour le troisième album on n’aura que des compositions ? Je n’en sais rien mais je trouve l’idée intéressante.

Quels sont vos projets ?

D : On cherche des concerts. On joue souvent. On espère aller à Paris. On prend ce qui vient. Ma seule ambition est de continuer.
Jana : On se laisse porter !
D : On a un problème de promotion, de distribution, d’argent… On est limité sur les disques Tchoc. Je sais que nous avons un potentiel commercial mais on a peu de moyens financiers. Je n’ai pas rencontré les gens qui veulent bien faire le boulot que je ne sais et que je ne veux pas faire : la promotion, les relations presses… ce genre de choses !

Tu prépares un troisième album ?

D : On n’en a pas encore parlé mais j’y tiens : je veux ce troisième album !

On fait comment pour l’acheter ?

D : Il faut aller sur le site des disques Tchoc ou dans quelques boutiques à Marseille dont Lollipop.

Le mot de la fin

D : Rendez-vous pour le troisième album !

https://disques-tchoc.fr/
https://disquestchoc.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/p/The-Janas-100089094415689/

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