Gattaca, le retour des aventuriers de la musique avec « Last Sunset Serenade »

vendredi 5 septembre 2025, par Franco Onweb

Cette rentrée 2025 voit, enfin, le retour des Toulousains de GATTACA. Pour ceux qui ont raté les épisodes précédents, ces quatre musiciens ont sorti un premier album impeccable en 2018. Un disque inclassable qui était la synthèse des influences et des envies de quatre aventuriers de la musique.

Voilà donc enfin le retour de ce groupe aussi inclassable qu’attachant. L’objet s’appelle « Last Sunset Serenade » et encore une fois on se promène dans un univers qui va de la scène new yorkaise de la fin des années 70 au blues, en passant par le rock avec des nuances de jazz. Encore une fois le groupe développe une originalité assez rare. Un disque enregistré par des vrais amoureux de la musique. Si on ajoute que le disque sort chez Pop Sisters, le label toulousain aussi précieux qu’unique, vous obtenez le disque parfait pour affronter la rentrée.

Nico, le bassiste du groupe, a répondu à quelques questions pour présenter le nouvel opus d’un groupe qui est déjà indispensable !

On s’était parlé en 2018 pour la sortie de votre premier album. Que s’est-il passé pour le groupe depuis cette date ? Avez-vous beaucoup joué durant cette période ?

Nous avons pas mal tourné pour le défendre en 2019 puis nous avons fait une résidence. 2020 aurait dû repartir du même pied mais il y a eu le COVID et nos plans sont tombés à l’eau (je songe à regret à une première partie de Willie ‘Loco’ Alexander dont je suis un vieux fan). Mais nous avons réussi à continuer à répéter en dépit des restrictions. En 2021, c’est devenu vraiment compliqué de trouver des dates, le rythme n’y est plus. Nous avons joué et enregistré avec Henri Paul Tortosa. En 2022, nous avons commencé à mettre à plat toutes nos compos depuis le premier album pour en faire un deuxième. Nous enregistrons des maquettes et faisons quelques dates. Pareil l’année d’après avec des sessions de mixage échelonnées dans le temps. Depuis, le rythme reste celui d’une petite dizaine de concerts par an avec maintenant ce nouvel album.

GATTACA version 2025 avec de gauche à droite Bog Mallow, David, Léo Bossa et Nico
Crédit : Eric Armanet

Y a-t-il eu des changements de musiciens dans le groupe ? Qui compose le groupe à l’heure actuelle ?

Pas de changement. On continue avec Mik dit Bog Mallow (chant, guitare), David dit DJL (chant, guitare), Léo Bossa (batterie) et moi-même à la basse. Sans oublier Eléonore Rochas qui nous rejoint régulièrement sur scène.

Vous revenez avec un nouvel album Last Sunset Serenade, vous l’avez fait où et avec qui ?

Il a été essentiellement enregistré à la Lune Rouge par Simon Baconnier et mixé à l’Alimentation par Thomas Juvé. Trois titres issus d’une session précédente ont été enregistrés à la Grangette et mixés par David. Le tout a été mastérisé par Steve Forward à Paris Skyline.

Vos influences ont-elles évolué avec ce disque ?

Ce qui a évolué, ce sont nos situations respectives et nos âges, ajouté au fait que le premier album ait été enregistré dans l’urgence par Lucas Trouble alors que la réalisation de celui-ci s’est étalée dans le temps. Tout cela fait que ce disque sonne assez différemment du précédent.

Sur votre album, l’influence principale c’est la scène new yorkaise de la fin des années 70 avec des groupes comme Television : êtes-vous d’accord ?

On nous ressert souvent cette référence, je pense que c’est dû au son clair des guitares. Même si nous aimons Television, nous partageons surtout l’influence du Velvet Underground.

Qui compose et écrit les textes ?

Bog est le principal auteur/compositeur bien que nous ayons deux procédés de composition. Le premier consiste en une ébauche de Bog (accords de base, bout de mélodie) que nous essayons d’enrichir par une intro ou un pont le plus souvent. Je pense à des morceaux comme « That’s Alright » et « Butter Song » sur ADN Machine Drama ou « Let It Go » et « Couleurs éteintes » sur Last Sunset Serenade. Le second procédé relève de longues heures d’improvisation où nous assemblons patiemment des plans qui n’ont à priori pas de rapport entre eux mais qui nous paraissent trop cools pour ne pas être conservés. Avec Léo nous avons la chance d’avoir un batteur créatif qui permette cela. Des titres comme « L.A.66 » et « Dead Kapitalist » sur le premier album ou « Haydea » et « Pilgrim Shadow » sur celui-ci. Bog Mallow, qui a l’âme d’un poète, endosse le rôle de parolier même si David ou moi contribuons ponctuellement aux textes. Pour faire court, disons que c’est un travail collectif.

Vous avez un côté « jazz moderne » et on sent que vous pouvez improviser sur scène, est ce quelque chose vers lequel vous vous dirigez ?

C’est vrai que nous pouvons étirer certains titres sur scène, tous ne s’y prêtent pas, mais ça n’est jamais calculé. C’est selon notre feeling et la réaction du public. Que Léo, notre batteur, vienne du jazz y participe également. De là à parler de jazz moderne, je dirais plutôt rock psychédélique. L’improvisation se travaille comme le reste.

Vous chantez en anglais, seul le premier morceau « Couleurs éteintes » est en français, pourquoi ?

Une envie de Bog de taquiner la langue de Molière. Ça pourrait nous ouvrir d’autres perspectives en termes de musicalité. On verra si l’essai est recondui

De quoi parlent vos textes ?

Ils parlent aussi bien des mutations de la démocratie (« Haydea »), du Fentanyl (« So Young ») ou des réseaux sociaux (« Connected »). Mais souvent ils traitent des rapports amoureux qui ressemblent de plus en plus à des contrats types d’entreprise (stagiaire, intérimaire, CDD…). Quel que soit le thème, il est toujours abordé à travers le prisme poétiquement décalé de Bog Mallow.

Vous êtes de Toulouse, quelle est votre relation avec la ville, et surtout avec la scène locale ?

Nous jouons à Toulouse depuis une trentaine d’années si on inclut nos précédentes formations, on connaît forcément un peu de monde. Je ne crois pas qu’il existe une scène toulousaine à proprement parlé mais plusieurs micro-scènes qui ne se côtoient pas. Nous sommes assez indépendants. Le fait que nous soyons à la fois trop pop pour les garageux hardcore et trop rugueux pour les popistes pur jus n’aide pas vraiment à se revendiquer d’une scène mais ça ne nous a pas empêché d’inviter plusieurs musiciens de différents groupes à venir jouer pour notre release.

GATTACA en concert
Crédit : Eléonore Rochas

Vous sortez votre album, toujours chez Pop Sisters, que pouvez-vous dire sur le label ?

C’est le label de Don Joe, comme chacun sait, qui lui sert à diffuser ses propres productions. Nous étions restés en contact avec Joël depuis le premier album et avons décidé de continuer avec Pop Sisters.

Comment se procurer votre disque ?

Par correspondance chez Pop Sisters (https://soundcloud.com/pop-sisters-records/sets/last-sunset-serenade) ou sur notre site (https://gattacas.bandcamp.com/album/last-sunset-serenade), les deux étant liés. Chez les disquaires Le Laboratoire et Vicious Circle à Toulouse et Total Heaven à Bordeaux. Et en concert.

Avez-vous des concerts prévus ?

Je peux annoncer que nous jouerons le 31 janvier prochain à l’Armony à Montreuil et que nous retournerons à Chartres et Périgueux. On doit jouer aussi à Mauvezin dans le Gers, à l’Ouverture.

Quels sont vos projets ?

Composer de nouveaux morceaux, trouver de nouvelles dates, sortir de nouveaux disques. On espère que celui-ci nous ouvrira quelque porte dérobée.

Le mot de la fin !

On le dédie à notre illustratrice Mary Pujo qui a parfaitement mis en image notre univers de réserve d’indiens en décomposition sociale post apocalyptique. Et merci à Buzzonweb pour son soutien au fil des années !

Illustration pochette : Mary Pujo

https://www.facebook.com/Gattacaband/
https://soundcloud.com/gattaca
https://gattacas.bandcamp.com/album/last-sunset-serenade