Spike, un premier album pour un groupe trentenaire.

lundi 10 novembre 2025, par Franco Onweb

Spike, derrière ce nom, emprunté à Elvis Costello, se trouve un quintet de musiciens chevronnés qui ont chacun une carrière assez impressionnante mais qui depuis plus de trente ans se retrouvent autour d’un groupe : Spike ! Plus connu pour être un groupe de reprises, je ne savais qu’ils avaient enregistré, il y a trente ans, des morceaux, qu’ils ont, enfin, eu la bonne idée de sortir ! Ici, on parle de rock, de pop et de blues que les musiciens enchaînent avec un talent et une facilité déconcertante, le tout soutenu par le chant, toujours, impeccable de Phil Pace.

Alors que sort ce « Thir-ty Years Ago », j’ai posé quelques questions à Phil Pace pour en savoir un plus sur un groupe d’une honnêteté rare dans la musique et qui vous permettra de passer l’hiver avec un disque plus que recommandé par la maison.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Phil Pace, je suis né à Marseille d’une mère Italienne et d’un père Britannique.

Spike
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Quels sont les membres du groupe qui jouent sur le disque ?

Benoit Fournier à la batterie, Denis Richard à la basse, Alain Belamiri aux percus et chœurs, Pat Matteis à la guitare et moi au chant.

Pourquoi ce nom : Spike ?

En référence à l’album du même nom d’Elvis Costello.

Quand et comment est né le groupe ?

Après avoir joué dans différents groupes à Marseille avec Patrick Matteis : PAPILLONS NOIRS et THE SPIDERS avec Dan Sani, Patrick et moi sommes monté à Paris avec Benoit au début des années 90. On partageait le même appart qui était également notre home-studio et c’est là qu’on a rencontré Denis en passant une simple annonce à Pigalle dans un magasin de musique. Ça a matché immédiatement. Par la suite on a rencontré Alain dans le studio de répétition qu’on fréquentait régulièrement. Il a occupé la place de percussionniste et on s’est partagé le répertoire afin de tenir 4 h sur scène.

Quelle a été son évolution ?

Notre répertoire était fait de compositions et souvent on nous demandait de jouer au minimum 4 sets, au fur et à mesure nous avons étoffé le répertoire de standards anglo-saxons des années 50,60 et 70 afin de jouer le plus possible. Ça été une bonne école. On faisait 2 à 3 concerts par semaine essentiellement des pubs, des bars et des soirées privées de C.E. Puis Benoit a rejoint Matmatah vers 2004, on a alors joué avec Jean-Luc Lopez que nous avons rencontré à l’Utopia (le temple du blues rock à Paris), un excellent batteur (Halliday, Lavilliers, Aznavour). Nous sommes presque devenus pensionnaires pendant plus de 15 ans à l’Utopia. Jean-Luc a d’ailleurs joué sur plusieurs de mes albums, Denis lui a joué avec différents groupes dont les Shaggy Dogs, Pat a travaillé avec différents artistes en réalisation et composition. Pat et Denis ont joué sur tous mes albums.

Quelles ont été les dates importantes pour le groupe ?

C’est la musique qui nous a réunit mais nous sommes avant tout des amis, je dirais donc les moments où nous nous sommes rencontrés.

Vous sortez un premier album « Thirty Years Ago » : pourquoi ce nom ?

Simplement parce que l’album a été enregistré il y a environ 30 ans.

Phil Pace et Patrick Mateis
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Pourquoi le disque a mis aussi longtemps à sortir ?

A l’époque ce n’était pas aussi simple de sortir un album. Il fallait souvent un éditeur, un label et il faut reconnaitre que nous n’étions pas doués pour se vendre. Aujourd’hui tu balances ton album sur Wiseband ou Soundcloud et tu te retrouves sur toutes les plateformes de streaming.… Ça a aussi du bon malgré tout.

Quelles étaient vos influences quand vous avez commencé le groupe et enregistré ce disque ?

Beatles, Stones, Who, Kinks, Creedence, Radiohead, Nick Lowe, Costello. Les artistes Stax, Atlantic et Motown des années 60 et 70. De la pop du rock et du rythm & blues !

C’était une demande du public de sortir ce premier album ?

Honnêtement non. C’est qu’en fait récemment on est retombé dessus par hasard et en l’écoutant on a tous jugé que c’était du bon boulot et que les chansons tenaient encore la route même après ces années et que ce serait dommage de ne pas les partager. C’est un moment de notre vie qui a posé des bases musicales et humaines.

Vous l’avez fait où et avec qui ?

L’album a été enregistré sur bandes en 16 pistes par Thierry Garacino dans son studio de l’époque dans le Val d’Oise, aujourd’hui il est l’un des trois propriétaires du célèbre studio du château d’Hérouville toujours dans le Val d’Oise.

Denis Richard, bassiste
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Qui écrit et compose ?

Essentiellement Pat même si sur « Thirty Years Ago » il y a aussi des chansons de Denis et Benoit. Pour ma part j’interviens au niveau des textes sur cet album. Le résultat final est le fruit d’un travail collectif (structure, tempo, rythme, arrangements, textes).

De quoi parlent les textes ?

Les thèmes sont divers souvent des choses qui nous touchent en bien ou en moins bien. Une réflexion sur des situations que l’on constate à travers le regard d’un personnage réel ou fictif parfois une expérience personnelle. « Think » le titre qui ouvre l’album parle de « voyage astral » : le personnage se demande un peu inquiet ce qui pourrait arriver s’il ne réussissait pas à réintégrer son corps puis vient la joie simple d’être en vie. « Are you still alone » aborde le thème des homeless, de l’indifférence, « Wonderful world » parle d’un type qui est à deux doigts de craquer à cause de son boulot. Heureusement il y a aussi sur cet album des thèmes plus légers : Tracey Jack, Susan, My Town ou English Garden dont les textes évoquent beaucoup plus l’insouciance.

Benoit Fournier
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Vous êtes un groupe très connu pour les reprises, pourtant vos morceaux sont super biens, n’est ce pas dommage que vous soyez connus comme un groupe de reprises ?

Non pas vraiment, on ne joue que des chansons qu’on aime à notre manière, on a toujours mélangé compos et covers … Et puis regarde les Blues Brothers : c’est plutôt pas mal !

Pourquoi l’anglais ? Pourrons nous, une fois, voir Phil Pace chanter en français ?

Avant même d’être ado j’allais chaque été chez ma grand-mère à Londres, elle écoutait beaucoup la radio et avait toujours la tv allumée sur la BBC. Régulièrement je regardais avec elle tous les groupes qui passaient dans Top Of The Pops, je pense que cela a fortement formaté mon oreille et mes gouts musicaux. Dans la conception anglaise des ces année, la voix était envisagée comme un instrument faisant partie d’un tout, j’ai choisi la voix en anglais pour ses sonorités comme un guitariste qui aurait choisi un son spécifique de guitare : une 6 cordes en nylon ne sonne pas comme une folk 12 cordes et même une électrique au son cristallin ( Knopfler) ne ressemble pas à une fuzz « stoogienne » et pourtant il s’agit toujours de guitare, c’est juste une question de choix de sonorité qui correspond le mieux à ce que tu veux exprimer. Et puis j’ai mis tellement longtemps avant d’apprécier et maîtriser ma voix donc il y a peu de chance que je m’essaye au français.

De gauche à droite Pat Matteis, Phil Pace, Alain Belamiri et Denis Richard
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Comment se procurer le disque ?

Il est disponible sur toutes les plateformes de streaming et téléchargement depuis le 25 septembre ou sinon en version CD spindle sur mon site www.philpace.fr

Il y aura-t-il une suite ?

Pourquoi pas ? On a toujours du plaisir à jouer ensemble. Il suffirait que les agendas puissent coïncider.

Quels sont vos projets ?

Justement pour mon prochain album, le sixième, j’ai voulu retrouver l’énergie et la fraîcheur de Spike, on a déjà commencé à enregistrer et l’album devrait être disponible au printemps.

Le mot de la fin !

Merci à toi !
Je le laisserai à Lennon et McCartney

  • And in the end
    The love you take
    Is equal to the love you make

https://wiseband.lnk.to/SPIKE-Thirty-Years-Ago
www.philpace.fr