XYZ un duo franco-américain essentiel

mardi 7 octobre 2025, par Franco Onweb

Il y a tout d’abord Ian Svenonius, chanteur américain, notamment des Make-Up et de Chain and The Gang et écrivain. Avec lui il y a Didier Balducci, alias Memphis Electronic, guitariste, qui joue notamment avec les Dum Dum Boys, le légendaire gang niçois, aussi écrivain, DJ et fondateur et animateur du label Mono-Tone Records. Deux artistes, deux personnalités qui partagent le même amour de la musique et du rock en particulier et qui ont décidé de s’allier pour un projet 100% rock et épatant : XYZ !

Attention, ici on parle d’un rock élégant et futuriste, une musique sauvage et brillante, bref on parle ici d’un groupe unique en son genre animé par deux personnalités aussi talentueuses qu’attachantes. Alors que le duo va prendre la route cet automne pour défendre un superbe album sorti au printemps dernier, j’ai posé quelques questions à Didier Balducci pour mieux comprendre la démarche d’un groupe indispensable !

Pouvez-vous, vous présenter et présenter le groupe ?

Ian Svenonius au chant et Didier Balducci (alias Memphis Electronic) à la guitare, plus une boite à rythmes qui n’a pas de nom.

Ian Svenonius et Didier Balducci
Crédit : Richard Prompt

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Les deux fois où The Make Up a tourné en France, dans les années 90, les Dum Dum Boys ont fait leur première partie. On s’était tous très bien entendus musicalement et humainement, et ensuite nous sommes toujours restés en contact Ian et moi, par correspondance et quand Chain & the Gang tournait en Europe, même si parfois il se passait plus d’un an sans qu’on se voie.

Quand et comment avez-vous commencé le groupe ?

Il y a une douzaine d’années, après un concert de Chain & the Gang à Nice et avant qu’on parte jouer en Italie ensemble avec Non !, en discutant on s’est dit que cela faisait longtemps maintenant qu’on se connaissait et qu’on avait vraiment des goûts très similaires, et qu’il serait peut-être temps de faire un disque tous les deux.

Pourquoi ce nom XYZ ?

ABC était déjà pris.

Sur quelles influences avez-vous commencé ?

Après avoir décidé de faire un album ensemble, quand j’ai dit à Ian que j’allais faire des morceaux et les lui envoyer au fur et à mesure, on est partis sur l’idée de faire du « gospel électronique », un point de départ tellement flou et abstrait (et absurde) que ça laissait pas mal de marge de manœuvre !

Quelles ont été les principales étapes du groupe ?

D’abord l’enregistrement du premier album, puisqu’après tout on ne savait pas du tout ce que ça pouvait donner. C’est bien beau de se dire « on est amis, on a les mêmes goûts, faisons un disque ensemble » mais rien ne dit que ça marche ! Ensuite ça a été de jouer live pour la première fois, à l’occasion d’une tournée en Italie, puisqu’au départ on avait vraiment uniquement pensé à faire un disque et pas forcément des concerts, vu l’éloignement géographique.

Un d’entre vous est aux USA et l’autre à Nice. Comment se passe le processus de création ?

Après cette discussion où l’on s’est dit qu’on allait essayer de faire un album, j’ai envoyé une bonne douzaine de morceaux à Ian, deux par deux en attendant ses commentaires, pour qu’on soit bien sûr de partir dans une bonne direction et d’être bien d’accord sur le son et le style. Il en a travaillé dix et peu de temps après, quand il était en Europe, il est venu chez moi à Nice enregistrer les voix puis on est allé mixer ça à Berlin dans le studio d’un ami commun, Fred Bigot alias « Electronicat ». Pour le deuxième, même processus sauf que là c’est moi qui suis allé à Washington – où Ian habitait encore à l’époque – pour mixer l’album là-bas. Puis pour le « 5 Stars EP » et le disque sorti cet hiver, « XYZ Plays the Classics », c’est de nouveau Ian qui est venu ici puisqu’il a quand même beaucoup plus souvent l’occasion de venir en Europe que moi aux USA. En fait, cette manière de travailler « à distance » n’est pas si étrange que ça et certainement pas exceptionnelle de nos jours, beaucoup de groupes n’habitent pas ou plus dans la même ville et beaucoup de disques sont faits comme ça, par des personnes qui parfois ne se rencontrent même pas. On a toujours voulu, par contre, enregistrer les voix et mixer les morceaux ensemble, pas du tout par manque de confiance l’un envers l’autre mais parce que sinon ça reste un peu impersonnel et surtout c’est beaucoup moins fun.

Combien de disques et de tournées avez-vous fait depuis la création du groupe ?

On a fait 4 disques : 3 albums et un mini-album, et cette tournée d’octobre est seulement la troisième, avant on en a fait une en Italie et une en France, il y a cinq ans, quand on a joué au festival de Binic.

Comment cela se passe-t-il sur scène ? Faites-vous venir des invités ?

En général on est seulement tous les deux plus la boite à rythmes et le synthé basse (et quelques petits bruits électroniques) enregistrés. Il
n’y a que lors de la tournée d’il y a cinq ans qu’on avait en « guest » Alexandra (avec qui Ian jouait dans Escape-ism), qui faisait des chœurs et des claps sur scène.

Vous avez sorti un nouvel album au printemps, pouvez-vous nous le décrire ?

C’est un peu un “concept album” ! Ce ne sont pas des reprises stricto sensu mais la base des morceaux vient d’instrumentaux ou de parties instrumentales de morceaux chantés sur lesquels on a rajouté des instruments - guitares, synthés, bruitages, batteries électroniques, etc. - et mis des mélodies et des paroles pour les transformer en nouvelles chansons, souvent tellement déconstruites qu’on ne reconnaît plus le matériau de base. L’idée était de faire un disque peut-être pas totalement révolutionnaire mais au moins un peu différent, à la fois classique et avant-gardiste, passéiste et futuriste, subversif et situationniste, entre Guy Debord et Bo Diddley !

XYZ en concert à Nice
Crédit : Richard Prompt

Pouvez-vous expliquer le concept de la pochette de ce nouvel album ?

L’emballage est lui aussi conceptuel et très original, puisque ce sont des pochettes déjà existantes de disques de rock (ou jazz ou blues ou exotica) que l’on a « customisées » en y ajoutant des autocollants avec le nom du groupe, les titres et un « manifeste » expliquant le concept, ce qui fait que pas une pochette n’est identique à une autre (elles sont toutes numérotées « N°1/1 »).

Vous avez une particularité : vous écrivez et vous sortez tous les deux des livres. Est-ce que cela joue un rôle dans la musique ou les paroles du groupe ?

Pour les paroles, peut-être un peu au niveau des idées, des « concepts » mais pas directement. Ian a écrit « Stratégies occultes pour monter un groupe de rock », donc on pourrait dire qu’on a appliqué ses théories, mais moi j’ai écrit « Le rock’n’roll est mort mais son cadavre encombre le monde », donc on essaie au contraire de ne pas appliquer les miennes !

Qui écrit les textes ?

C’est Ian à 100%. Je ne sais d’ailleurs pas pourquoi, on n’en a pas parlé au début, mais alors que chacun écrit paroles ET musique de son côté, dans XYZ ça paraissait évident que je faisais la musique et Ian les paroles. C‘est curieux, maintenant que j’y pense…

De quoi parlent-ils ?

Oh la la, vaste question ! Impossible de résumer cinquante chansons en quelques lignes, disons juste que souvent, comme c’est aussi le cas avec Escape-ism, ça prend un peu le contre-pied d’idées admises et ça adopte un point de vue original et déviant, à contre-courant même.

Est-ce que le terme « arty » peut s’appliquer à vous ?

Quand on a joué au festival de Binic, le compte-rendu dans Rock & Folk nous qualifiait de « poseurs et arty », j’ai trouvé ça vraiment pas mal, ça pourrait faire un bon nom d’album d’ailleurs ! « Arty », selon le contexte et selon qui le dit, peut être pris comme un compliment ou une critique, mais dans les deux cas ça me convient assez, je préfère ça à « un groupe qui envoie le pâté » ou « du garage énergique et sans prétention ». Si « arty » c’est Roxy Music et « pas arty » c’est Rose Tattoo, j’aime autant être arty…

Quels sont vos projets ?

A priori aucun, mais on va avoir le temps de discuter dans la voiture pendant toute la tournée, il va peut-être nous venir une idée géniale.

Peut-on espérer un nouveau disque et pourquoi pas un Live ?

Un nouveau disque, oui, mais si on trouve une idée, pas forcément géniale (il ne faut pas exagérer) mais au moins un peu originale, pas si c’est pour juste faire un disque de plus. Et certainement pas un live en tout cas, ou alors un faux live, comme celui des Seeds ou celui du Mime Marceau.

En concert à Bologne
Droits réservés

Le mot de la fin !

Aaarrgghhhh… (On le dit trop peu souvent et c’est rarement cité dans les derniers mots d’écrivains célèbres, mais c’est celui de la fin pour la plupart des gens.)

www.mono-tone-records-editions
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Tournée octobre 2025 :

mercredi 15 octobre : Nice - Villa Arson
jeudi 16 : Perpignan - Nautilus
vendredi 17 : Toulouse - Le Ravelin
samedi 18 : Marseille - Festival Sud Side
dimanche 19 : Saint-Etienne - Entre Pots
lundi 20 : Limoges - l’Internationale
mardi 21 : Dijon - Singe en Hiver
mercredi 22 : Colmar - Villa Reseda
jeudi 23 : Paris – Le Serpent à plume
vendredi 24 : Rennes - Bar de la Cité
samedi 25 : Périgueux - Moulin du Rousseau
dimanche 26 : Bordeaux – La Maison