Les Soucoupes Violentes - 2e partie : Le meilleur est à venir !

mardi 22 décembre 2015, par Franco Onweb

Nous avions quitté les Soucoupes Violentes en 1991 dans une situation périlleuse : abus de toutes sortes, un groupe qui vole en éclat et une nouvelle formation montée à la hâte pour assurer des concerts. 

Une deuxième partie où l’on verra un Stéphane Guichard sombrer avant de remonter la pente et de relancer son groupe. Il sera ici question de paternité salvatrice, de Didier Wampas, de musiciens qui font redécoller les Soucoupes, de crowd funding, d’heures passées en studio et d’une formation - enfin - stable qui s’apprête à parcourir les routes de France en 2016 pour notre (très) grand plaisir. D’une manière générale il sera ici question du parcours d’un musicien talentueux qui n’a jamais baissé les bras… Attention Stéphane Guichard à l’autre bout du micro 

Nous avions quitté les Soucoupes Violentes en 1991 dans une situation périlleuse : abus de toutes sortes, un groupe qui vole en éclat et une nouvelle formation montée à la hâte pour assurer des concerts. 

Une deuxième partie où l’on verra un Stéphane Guichard sombrer avant de remonter la pente et de relancer son groupe. Il sera ici question de paternité salvatrice, de Didier Wampas, de musiciens qui font redécoller les Soucoupes, de crowd funding, d’heures passées en studio et d’une formation - enfin - stable qui s’apprête à parcourir les routes de France en 2016 pour notre (très) grand plaisir. D’une manière générale il sera ici question du parcours d’un musicien talentueux qui n’a jamais baissé les bras… Attention Stéphane Guichard à l’autre bout du micro 

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(Stéphane Guichard en 2015, Show case Gibert) 

On s’est quitté en 1993, et on se retrouve en 1998 où tu commences les concerts dans les bars sous le nom de Harpo ?

Bon après le dernier album chez New Rose « A des années lumières », en 1991, j’ai une nouvelle formation. On continue un peu pendant un ou deux ans. Gérald s’occupe plus trop de nous, il assure tout de même quelques concerts pour le FAIR. Mais c’est moi qui n’assure pas vraiment : je suis en train de tout foutre en l’air ! Il y a aussi une espèce de lassitude…

Tu es moins excité par tout ça ?

(Silence) … Je suis résigné ! C’est un comportement qui va avec l’addiction.

Cela va durer longtemps cette période ?

Jusqu’en 2003. Avec des périodes de répit. Je fais un nouveau taf, je bosse dans l’édition et dans la presse musicale notamment. Je pars un an en Angleterre. Je deviens père. Mais sur toute cette période je suis à la dérive. Ma guitare est dans son étui, au fond de mon chambre. Je me rappelle la regarder, de mon lit, défoncé ou en descente d’un quelconque produit, et me dire que je ne sais absolument pas qui c’est ce mec qui écrivait des chansons, faisait des disques et donnait des concerts… Un jour, je croise dans un bar George (Betzounis, guitariste de Daniel Darc, également connu sous le nom de Delaney Blue. Ndlr), qui me dit « Stéphane, si tu arrêtes de faire de la musique, tu vas perdre ta raison de vivre ! ». A l’époque je n’ai plus vraiment de groupe. On est en 1993. Je suis dans une espèce d’errance… Des gens essaient de m’aider quand même. Mais je pars dans l’autodestruction, et ma volonté à tout détruire est assez terrible ! J’abuse de tout. Je vais plusieurs fois en HP, fais des cures de désintoxication… Peu efficace. Je me ressource régulièrement chez ma mère à la campagne. Je me déplace aussi géographiquement pour oublier mon problème alors que je le promène avec moi. Le jour où George me dit ça, c’était après un weekend où j’ai vraiment beaucoup abusé, il y a un déclic et cela reste en moi comme un implant.

A l’époque tu deviens père ?

La naissance de Mona, ma fille, en 1998, a été évidemment un truc énorme pour moi. Cela m’a vraiment poussé à reprendre ma vie en main. Mais ça a mis du temps !

Tu reprends pourtant sous le nom de Harpo ?

C’est flou mais si je me rappelle bien c’est à un concert de mon pote Petit Louis, l’ancien chanteur-guitariste des Rouquins, où je me retrouve à la fin avec une guitare dans les mains, à faire 4-5 chansons. A partir de là, des amis m’encouragent. Je joue ici et là dans des petits bars vers Belleville où j’habite. Je prends le nom de Harpo. Il y a Mickey souvent à l’harmonica (ex Stunners et actuel Little Bob Blues Bastards), PJ’X, qui a fait partie de la dernière formation des Soucoupes, et Kéké (ex-guitariste de LHO) à la basse. On fonde une espèce de groupe, très fluctuant. Ils sont là et ils essayent de me soutenir… Merci les amis.

A l’époque tu es encore à la dérive ?

Oui. Je vais souvent à la campagne me reposer chez ma mère... Les concerts se passent bien en fait. Quand je peux les assurer. Sur Paris je me retrouve dans des squats avec des mecs qui ont vingt ans de moins que moi et pour qui je suis une espèce de gloire locale datant du jurassique... Je dors sur des bancs, dans des squares. Quand je me réveille, à l’époque, souvent je me demande vraiment ce que je fous là ! Je suis juste le mec que l’on évite. On préfère changer de trottoir plutôt que de le croiser. Attention ce n’est pas du Zola ! C’est juste une période de ma vie.

En 2003, pour m’en sortir, je pars dans le Lot où ma mère et ma sœur habitent. Je suis vraiment dans un sale état. Je vais y passer 14 mois. Avant de revenir sur Paris, bien décidé à reprendre ma vie en main. Ma fille a six ans et je veux vraiment remonter la pente. Là je rencontre Florian par l’intermédiaire d’un copain. Il a 20 piges de moins que moi. Il est frais et vraiment motivé. Je veux remonter un groupe. Avec lui ça prend bien. Et surtout, j’arrive à tout arrêter. Un jour à la fois.

Il connaissait les Soucoupes Violentes ?

Oui. Et il a vraiment envie de s’investir. Il va me donner un gros coup de main. Et c’est là que je me remets à faire vraiment de la musique. On est en 2004. On commence à faire des concerts à deux. Je me rappelle bien du premier dans un tout petit théâtre à Pantin devant quinze personnes. On a juste deux guitares, acoustiques.

Vous faites quoi comme musique ?

Quelques morceaux des Soucoupes, surtout du deuxième album, quelques vieux trucs de blues, des balades que j’ai toujours jouées…

Tu ne joues pas tes standards ?

Non, on joue que des trucs pas trop connus des Soucoupes ! On a fait ça pendant 6 mois ou un an jusqu’à que je croise Tintin (ex bassiste des Polaroid People maintenant dans God Dog. Ndlr.), un autre mec qui m’a beaucoup aidé. Une crème en fait ! Avec Manu qui vient également des Polaroïd People et se joint à nous quelques mois après, on va trouver le rythme de croisière.

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(Les Soucoupes Violentes en 2010 Frank "Tintin" Darmon, Stéphane, Florian Herpe, Manuel Bujan / Crédit photo Cathimini) 

Cela repart donc ?

Je me remets à écrire sérieusement des chansons. Et j’ai en projet de faire un nouvel album, autoproduit s’il le faut ! Puis Pierre de Patate Records m’appelle. Je le connais depuis qu’il a 15 ou 16 ans. Son label est plutôt orienté ska ou reggae mais il a quand même sorti à l’époque La Clinique du docteur Schultz et les Fantastic Three (trio surf mené par Philippe Almosnino, guitariste des Wampas maintenant chez Halliday, avec également Denis, ex-Soucoupes, à la batterie. Ndlr) Il me dit « Il parait que tu fais des trucs, viens me faire écouter ! ». Je lui amène une démo avec quatre morceaux et Banco ! Il avance l’argent pour finir le disque. Il nous a vraiment aidés.

C’était « S’attendre au pire » ?

Oui, ça sortira en 2009. Mais si Pierre a avancé l’argent pour finir de payer le studio et la fabrication, tout le reste, c’est de l’autoproduction et de l’huile de coude !

Là il y a plusieurs questions !

Vas-y !

La composition tout d’abord, tu arrives à composer de nouveaux morceaux donc ?

J’avais plein d’idées de morceaux, des bouts de musique un peu partout, sur différents supports, même de vieilles cassettes... Toujours au top de la technologie ! Et puis le fait de jouer avec un groupe m’aide beaucoup. Cela crée une émulation chez moi. La composition n’a jamais été vraiment un problème : j’ai déjà quelques titres en gestation pour le prochain.

Ensuite tu reprends le nom des Soucoupes Violentes ?

Oui ! En réalité, à l’époque, j’hésitais vraiment. Et puis beaucoup de gens autour de moi, dont Didier (Wampas. Ndlr.), me disent que c’est MON groupe et que ce serait plus facile pour recommencer de reprendre le nom. J’étais quand même sorti du circuit…

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(Didier Wampas et Stéphane Guichard 2015) 

Tu es très proche de Didier Wampas ?

Très proche ? Disons que Didier est quelqu’un que je considère vraiment comme un ami. Sans doute parce que je l’ai appelé n’importe quand et dans des états épouvantables et qu’il a toujours répondu présent avec beaucoup de bienveillance. On ne s’est jamais vraiment perdu de vue durant toutes ces années. Pour ma part, c’est actuellement le plus grand show-man en France ! Et je te dis ça sans l’ombre d’un battement de cils. C’est un vrai chanteur populaire ET rock’n’roll. Il mérite totalement ce qui lui arrive ! Je suis sûr qu’il sait que je pense ça mais il ne se l’est jamais raconté… Je suis très fier et très heureux du duo que l’on a fait ensemble.

Pourquoi tu ne rappelles pas les autres, notamment Denis Baudrillart (batteur de la première formation qui restera presque tout au long de la première période. Ndlr.) ?

Mais je l’ai appelé ! A un moment cela a failli se faire avec lui. Il est même venu répéter avec nous, une fois, avec Florian et moi au tout début de la reprise du groupe. Mais il était trop occupé car il avait d’autres projets en cours. Et pas mal d’exigences aussi… Il faut dire aussi que nous avons tous les deux un caractère bien affirmé et pas obligatoirement envie de se prendre la tête ensemble.

Quand on a été comme toi, que l’on a appartenu à une scène, c’est facile de repartir ? De retrouver son ancien public ? Partager un bon moment pour boire des coups ?

D’abord, je ne bois plus une goutte d’alcool. Pas drôle le mec (sourire)… Ensuite je n’ai jamais fait de la musique pour faire des répétitions dans des bars devant mes trente copains tous les quinze jours pour qu’ils me disent ô combien je suis génial ! Pour moi la scène ça doit quand même être une confrontation, un challenge. Quand tu es sur scène, un bar avec 20 personnes ou une salle de 500, aller choper des gens qui ne te connaissent pas obligatoirement et les convaincre, en quelque sorte, avec ta musique, cela remplit une fonction essentielle, qui va avec l’excitation, l’électricité ! Et pour moi ça c’est comme de la came. C’est totalement lié avec ce qu’est basiquement le rock et tout le cirque autour. Cela dit boire des coups et passer un bon moment ça peut l’être également… Il y a sans doute un côté Don Quichotte c’est vrai dans ma manière de voir ! Enfin pour moi ça se passe comme ça. Sinon, facile n’est pas vraiment le mot ! (rires) Demande à tous ceux qui remontent leur groupe, essayent de jouer sur scène et de faire vivre leur musique ! Mais on ne va pas se plaindre.

C’était comment le premier concert des Soucoupes deuxième époque ?

C’était dans un bar, « Au buveur de Lune », en 2007. C’est Pierre de Patate qui a fait la connexion. Le patron était tout content, genre « Les Soucoupes Violentes ? Super ! ». J’étais très étonné. Il y devait y avoir 200 personnes dans ce tout petit lieu, avec quasiment pas de promo. Ils ont cartonné sur la vente de la picole au bar… Et on n’était pas payé en plus (rires) …

Tu fais quoi à ce premier concert, des anciens morceaux, des nouveaux ?

On faisait des anciens et des nouveaux !

Tu te sens comment ce soir-là ?

Vraiment bien. C’est un truc qui me met dans un état second de monter sur scène. Je suis heureux. Je suis là pour donner quelque chose ! Et quand il y a une réponse du public c’est encore mieux…

Est-ce que tes influences ont évolué depuis que tu as relancé le groupe ?

Je suis toujours intéressé par ce qui sort en musique ! Pas obligatoirement parce que c’est la hype ou que ça fait le buzz comme on dit maintenant. Simplement parce que je suis un vrai maboul de musique. J’ai des copains qui écoutent tout, quasiment. Et je vais régulièrement les voir pour leur demander ce qu’ils ont entendu de bien ou découvrir de nouveaux sons ! Je fais aussi beaucoup de vide-greniers et de brocantes pour retrouver des vieux trucs que j’ai perdus ou vendus pendant mes pérégrinations… Par exemple dans les trucs nouveaux j’adore Fat White Family, que j’ai découvert par hasard il y a deux ans à Rock-en-Seine, où j’avais amené ma fille.

Comment va se passer l’enregistrement et la composition de ton dernier album « Fort Intérieur » sorti au printemps 2015 ?

Tout d’abord si tu regardes les crédits du disque tu verras que c’est le premier album où il y a autant de chansons que j’ai coécrites avec d’autres personnes. Ensuite, cet album est celui qui m’a pris le plus de temps à enregistrer et à sortir. Et de loin. On a commencé l’enregistrement de l’album à trois, juste avec Manu à la batterie et Franck à la basse. Florian est parti pour faire Elektric, son propre groupe, fin 2010. On rentre en studio en octobre2011.

Vous travaillez tous à côté ?

Oui, on bosse tous à côté. Et ça prend donc du temps… Donc on prend trois jours de studio et on enregistre quatorze rythmiques, en live, comme en répète quoi ! On a répété les morceaux pendant trois mois quand même ! Ce sera l’ossature de l’album. Je fais les overdubs de claviers, guitares, chant. Il y a des invités. On fait des mises à plat quand il y a quatre ou cinq titres de prêts. Puis je fais le tour des labels : rien ne sort. Je réécris en français un morceau qui était en anglais. Et l’inverse aussi. On essaye des trucs. Le projet s’étoffe. Part dans un sens. Puis dans l’autre. Tout ça s’étale sur trois années. Avec des temps morts. Pendant un long moment je bosse beaucoup : la journée à mon taf puis je vais en studio la nuit. Et j’essaie des choses. C’est comme ça par exemple que je vais faire « Johnny Tonnerre ».

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(Les Soucoupes Violentes en studio de gauche à droite, Tintin, Stéphane et Manu)

C’est un hommage à Johnny Thunders (guitariste des New York Dolls et des Heartbreakers, entre autres. Ndlr) ?

Cette chanson a une histoire. Elle a été écrite au départ par Eric Coggiola, notre premier guitariste (l’époque du 1er 45 trs. Ndlr.). C’est une des plus vieilles chansons de notre répertoire. C’est en référence au Johnny Tonnerre héros de bande dessinée au départ… Et bien évidemment à l’addiction, la junkitude. Par rebond. Mais Johnny Thunders n’était pas encore mort quand cela a été écrit… C’est juste une chanson pour quelqu’un qui est paumé dans ce monde. J’ai ressorti ce titre des tiroirs, en gardant les accords du refrain et 90% des paroles. Un texte très « gainsbourien » que j’adore. Un exercice pour lequel « Coggio » était très doué… Mais j’avais un peu réécrit le morceau avec une nouvelle suite d’accords pour le couplet et quelques changements sur le texte. Un soir tard, je le sors comme ça, d’une traite, en studio, sur une guitare sèche. Jean-Paul n’est pas du tout convaincu… Mais j’insiste et je colle une slide, une autre guitare sèche et une ligne de basse faite sur la corde grave de mon acoustique. Jean-Paul le retravaille un peu en studio et m’appelle quelques jours après pour que je vienne écouter : ça fonctionne ! Martin rajoutera juste une lap steel. Il faut savoir que mon frère, avec qui j’ai fait énormément de conneries, était sur un lit d’hôpital en train de mourir juste à ce moment-là, dans un terrible état... Je suis allé le voir tous les jours. Et il est parti. J’ai écrit « Always Up » sur le même principe dans la foulée.

Le truc dingue, c’est qu’avec un album pareil et votre renommée vous allez être obligé de faire du « crow funding » !

Euh… Enfin en vérité on n’a pas une tune et ça n’intéresse personne ! Quand on commence le disque en 2011, je fais le tour des labels et je n’ai pas eu de retours. Il n’y a pas de manager. Je fais donc tout, tout seul, et en plus j’ai un boulot, ma fille… Je fais avec ce que j’ai. A un moment, je suis découragé et l’album est dans un tiroir. J’ai fini de tout enregistrer en mars 2014 et là il ne se passe plus rien. Je me suis endetté, j’ai travaillé comme un dingue et puis rien… Autour de moi cela dit, des amis me soutiennent vraiment. Et un jour on me dit : « Pourquoi pas un crowd funding ? » Et je le fais.

Et ça marche ?

Oui ça marche ! Pourtant ce n’était pas gagné : au début ça a été dur. Mal parti. Heureusement qu’il y a deux ou trois fans de la première heure qui ont mis des grosses sommes. Cela a relancé le truc et on a réussi à aller jusqu’au bout.

Quand l’album sort il y a une très bonne chronique dans les Inrocks et quelques fanzines ?

Pour Les Inrocks j’étais super étonné et ça m’a effectivement fait très plaisir. Sinon pas énormément de retours, il ne faut pas se leurrer. En tout cas les quelques chroniques qu’il y a eu étaient super bonnes et ça c‘est bien.

Et là on retrouve le problème principal des Soucoupes et de Stéphane Guichard : une formation qui enregistre, une deuxième formation pour la promo et enfin une troisième formation pour les concerts !

Bon, allons-y pour les explications ! En 2011 quand on enregistre Manu et Tintin sont pratiquement partis. Mais moi je veux enregistrer avec eux parce qu’on a bien bossé sur les nouveaux morceaux. Le problème est qu’ils ne veulent pas et ne peuvent pas tourner : ils ont des boulots, des familles … Pour pallier à ça je monte le projet Stéphane Eden !

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(Stephan Eden 2014 Martin Stone, Dilip Magnifique, Stéphane, Stéphane Borsellino, crédit photo : Franck Chazot)

Explique-nous ce que c’est. C’est un projet plutôt sérieux, puisque notamment Martin Stone (ex guitariste de The Action, 101’ers, Pink Fairies, etc. Ndlr.) te rejoint. Pourquoi tu montes ça ?

Parce que je veux aller vers autre chose. J’ai l’impression que personne ne veut plus des Soucoupes Violentes à ce moment-là. Mais ça va passer. Et on s’en fout. Comme je suis un fan de blues et de country, comme Martin, on a retravaillé pas mal le répertoire à deux en acoustique. En se rapprochant d’un son comme ça. Il se trouve que nous étions voisins à l’époque et c’est quelqu’un que j’admire et que j’apprécie. Attention : on parle de blues et de country pour Muddy Waters, Slim Harpo, Johnny Cash ou Hank Williams... Pas de musique pour ascenseur. Il faut être sérieux (rires). A ce moment-là j’ai envie de faire ça.

Tu n’as pas l’impression d’avoir une maitresse à côté des Soucoupes ?

Je ne sais pas en fait. Quand on monte le projet, en 2012, on fait un peu tous les plans qui tombent sur Paris et les environs. On fera même un tremplin Europe 1 en compétition avec des gus qui ont 20 ans de moins que nous. Le mec au son nous baisera un peu la gueule dans sa manière de bien polir le truc alors que je voulais que ça sonne roots… Et c’est marrant que tu dises ça car ce qui me frappait le plus c’est la réaction de certaines personnes, genre : « Tu fais ça maintenant ?!? ». Comme si faire un truc acoustique avec de la lap steel dérangeait. Pas grave.

Mais c’est vraiment sérieux ?

Il n’y a pas de plan de carrière ! Il n’y en a jamais eu. C’est juste du plaisir. Le nom, c’est pour Martin Eden parce que je suis un fan absolu de Jack London. Et particulièrement ce livre-là.

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(Les Soucoupes Violentes à La Dame de Canton 2015, de gauche à droite Franck Darmon, Stéphane, Elsa Sadet, Manu Bujan, credit photo Dominique Forma) 

Tu ne serais pas un peu schizophrène ?

(Rires) Totalement ! Et j’assume. Sérieusement, cela est devenu quand même assez important pour se demander si on n’allait pas sortir « Fort intérieur »(le nouvel album Ndlr) sous le nom Stéphane Eden ! Mais à un moment, on doit tourner, et des plans concerts ne se font pas, encore à cause de non-disponibilité des musiciens… Je pète un câble. Une constante chez moi. Exit Stéphane Eden. Et je me dis qu’il faut reprendre en main les Soucoupes et de retrouver des musiciens pour tourner avec moi. Toujours remonter sur le cheval après une chute. Dans un premier temps je lance le crowd funding. L’album sort enfin et il se passe quelque chose. Cela recommence à frémir notamment à cause du clip du duo avec Didier posté sur Youtube. Puis je demande à Manu et Tintin d’assurer quelques concerts avec moi le temps de retrouver des musiciens. Ils acceptent pour un concert, puis un autre en show-case chez Gibert deux mois après, et un autre qui sera le dernier avec eux. J’ai rencontré Elsa entre temps, ma chérie, et elle s’est mise aux claviers dans les Soucoupes. Le dernier concert qu’on fait avec Manu et Tintin pour la sortie de l’album c’est sur la péniche « La Dame de Canton ». Ce soir-là je branche des gens dans la salle pour trouver une nouvelle formation : on a des concerts un mois et demi après et je n’ai pas le choix, il me faut des musiciens… Quinze jours après, il y a un nouveau groupe avec Elian à la basse. En septembre on a pris Yan à la batterie, qui joue aussi avec les Barracudas. Et voilà.

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(Les Soucoupes Violentes en 2015 Elian Yvars, Stéphane, Yan Quellien, Elsa Sadet, crédit photo Dominique Forma) 

Bon on attaque les projets ?

Tout d’abord tourner. Je me sens super bien sur scène avec cette formation. Ensuite, toute notre discographie ressort en digital sur le label Nineteen Something, fondé par Eric Sourice, chanteur-guitariste des Thugs, et Frank Frejnik, du label Slow Death. Et ça j’en suis très fier. Il y a plein de bonus sur chaque album. Ils ont fait un super boulot !!!

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J’aurais préféré que cela sorte en CD et vinyles ?

Tu vas être content : le premier album, « Dans ta bouche », va ressortir en CD, toujours chez Nineteen Something avec le mix et la pochette originale. C’est une première : cela n’avait pas été fait ! On va peut-être sortir un cinq titres, pour l’instant en numérique, et il sera peut être édité en vinyle à 100 ou 200 exemplaires.

La question bête : Patrick Eudeline vous a fait un hommage avec son livre, Soucoupes Violentes, donc ?

A ma connaissance, absolument pas. Je connais Patrick. Et j’aurais aimé qu’au moins il nous signale en reprenant le nom : il ne l’a jamais fait. Je ne souhaite pas vraiment en dire plus. Mais bon, Patrick m’a fait découvrir plein de trucs quand j’étais gamin grâce à ses articles. Et du temps d’Asphalt Jungle, j’étais vraiment gamin donc, il fut l’un de mes héros de la scène punk parisienne… Cela m’a énervé au début. Puis après en fait je m’en foutais ! Mieux : il m’a rendu service, il m’a obligé à me réapproprier le nom ! Voilà.

La deuxième question bête : il faut être une fille pour jouer des claviers dans les Soucoupes Violentes ?

Elle est bien celle-là (rires), elle est même très bien ! Mais on a quand même eu un mec aux claviers, il ne faut pas l’oublier. Mais tu as raison : peut-être !?!

Quand tu te retournes, c’est quoi ce qui t’a marqué dans cette longue carrière, LE truc ?

Plein de choses. Mais je suis toujours étonné par le fait que la musique m’apporte toujours autant de bonheur. Et le fait que la mienne touche des gens cela me rend toujours aussi dingue. Maintenant, je pourrais te raconter le jour où, backstage, j’ai changé une corde de ma guitare avec l’aide de Dick Taylor des Pretty Things (premier bassiste des Rolling Stones. Ndlr) : j’étais comme un gamin qui rencontre le père Noël ! Ou celui où, après un concert dans un festival vers Bordeaux, un mec vraiment bourré et très apathique m’alpague et me sort « Vous n’avez pas joué « Dès le début » ! Mec, j’ai écouté ce titre pendant six mois quand ma copine m’a plaqué… » Et il se barre, me plante là. Ce type n’avait rien à me vendre, ne voulait rien obtenir de moi. Juste me dire ce truc. Cela m’a vraiment touché.

En ce moment ce qui t’intéresse c’est composer ou jouer ?

J’ai plein de morceaux, il faut que je débroussaille tout ça. Mais là en ce moment je prends vraiment du plaisir à jouer sur scène avec cette formation. Pour les dates en 2016 ça a l’air de plutôt bien s’annoncer d’après Thomas notre tourneur (Rockin’ Dogs. Ndlr). Et ça c’est bien.

Le mot de la fin ?

Je reprendrai une de mes citations favorites, l’épitaphe de Franck Sinatra : le meilleur reste à venir !

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Les Soucoupes Violentes « Fort Interieur »

Planète interdite / Rue Stendhal

https://www.facebook.com/Les.Soucoupes.Violentes

Merci à Stéphane Guichard pour avoir pris le temps de nous raconter les Soucoupes Violentes

Au bar le Bouquet pour nous avoir accueillis

A Florence pour avoir été la première lectrice de cet entretien 

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