« L’âge de fer » ou le retour de Philippe Maujard

samedi 15 février 2025, par Franco Onweb

En voilà une bonne nouvelle : le retour de Philippe Maujard ! Pour ceux qui n’auraient pas suivi les épisodes précédents, un petit récapitulatif s’impose ! Philippe fait partie de ces gens qui ont permis à la musique d’ici d’évoluer, tout d’abord avec son groupe Ubik, fleuron de la scène rennaise qui a marqué les esprits dans les années 80. Il fût ensuite un des pionniers de l’électro sous son nom ou avec les Télépathes. Depuis des décennies le sieur Maujard compose, produit et joue une musique originale qui fait de lui un des artistes les plus attachants de ce pays.

Voilà donc « l’âge de fer », son premier disque depuis bien longtemps. Un album composé et produit chez lui entouré de quelques fidèles musiciens, notamment son fils Hélie, l’un des guitaristes les plus doués de sa génération. Un album plein de chansons, sans aucunes limites et sans concessions pour un musicien ultra-doué qui reste une des figures les plus attachantes de la musique.

Ton dernier album datait de 2020 qu’as-tu fait depuis cette date ?

En fait en 2020, c’était juste un 4 titres de UBIK, mon vrai dernier album c’était « Pogo Mundo » un double vinyle sorti également sous le nom de UBIK.

Crédit : Julien Sitruk

Tu sors un nouvel album « l’âge de fer ». Pourquoi ce titre ?

Ah ! l’âge de fer c’est le quatrième et actuel âge de la cosmogonie hindoue. Les hindous croient que la civilisation humaine dégénère spirituellement au cours du Kali Yuga, qui est aussi dénommé « l’âge noir », car durant cette période les gens sont aussi éloignés que possible des dieux. Je trouve que l’époque actuelle pleine de haine de stupidités et d’horreurs ressemble fort à cet âge sombre… Et ça n’a pas l’air d’aller en s’améliorant !

Ce titre sort sous le nom de Maujard, pourquoi pas Ubik ?

J’avoue que j’en avais un peu marre de UBIK, j’avais déjà sortie deux albums sous le nom de Maujard et j’avoue que j’aime beaucoup ces deux disques (Mysteries of the solid ground et Sous le chapiteau du ciel). De plus il y a à présent des dizaines de groupes au moins à s’appeler UBIK et puis pour moi cet album est vraiment plus intimiste que ce que j’ai composé pour UBIK.

Tu as fait où cet album ?

Je l’ai fait dans mon studio, de nos jours on a plus vraiment besoin de louer un studio pour travailler. Il suffit d’avoir un bon ordinateur et disposer d’une bonne écoute. On est plus dans les années 80, 90 ou il fallait casser sa tirelire pour produire un disque. En plus on travaillait dans l’urgence car time is money et les maisons de disques ne rigolaient pas avec ça ! L’avantage de la MAO hormis le fait que la qualité est au rendez-vous, c’est qu’à chaque fois que tu rouvre ton programme tu peut encore améliorer les choses trouver d’autres idées… Enfin il faut aussi savoir dire stop ! Dans le cas de mon album j’ai commencé l’enregistrement pendant le COVID et puis j’ai tout arrêté. Je n’ai plus écouté les morceaux pendant près de 2 ans ! Après bien sûr je m’y suis remis. Quand tu travailles seul, avoir du recul c’est le plus difficile.

Tu écoutais quoi en préparant ce disque ?

Annie Cordy, Francis Lalanne !!! Non sérieusement j’écoute un peu de tout. Comme je suis aussi DJ j’écoutais ce que je jouais pour le public : rock, funk, disco, electro et tout le toutim ! À part ça j’écoute beaucoup de classiques je suis fan de Ravel Debussy Prokofiev Bernstein Ennio Moriccone, mais aussi Boris Vian, Bowie, Gainsbourg et tant d’autres en fait j’aime tous les styles de musique …

A l’écoute du disque deux choses interpellent : le côté intimiste du disque et sa variété musicale. Tu en dis quoi ?

Et bien oui pour l’éclectisme musical j’assume ! Il le faut bien, même si du point de vue strictement commercial c’est dur ! Quand j’étais chez Warner pour « Sous le chapiteau du ciel » un des représentants qui pourtant aimait beaucoup le disque ne savait pas dans quelle catégorie le classer : Rock, Chanson Française, Pop, Électro ?

Tu as fait un texte sur Liz Townsend, qui était-elle et pourquoi elle ?

« Je m’ennuie de Liz » lui est dédié, Liz je l’adorais autant qu’elle adorait la musique ! Elle m’a beaucoup soutenue et elle me (nous) manque encore. Alors je me suis lâché, le jour de ses funérailles comme je ne pouvais aller à Londres pour y assister j’ai écrit la musique. Le texte à été écris bien plus tard à la fois par pudeur et aussi parce qu’elle méritait quelque chose de vraiment bien. J’ai donc pris mon temps, les mots avaient du mal à sortir. Liz c’était une amie très chère qui travaillait chez le label Off The Track et que j’ai revue des années plus tard à Londres juste avant qu’elle ne disparaisse au bout du monde sans nous annoncer qu‘elle avait un cancer…
Il y a aussi « Mes amis morts » une chanson malheureusement de plus en plus de circonstance avec l’âge évidemment on voit beaucoup de gens disparaître. Des amis, des musiciens aussi : Sonic, Philippe Pascal, Tonio Marinescu… Ce qui m’a donné l’idée de la chanson c’est de penser à eux en train de faire de la musique dans l’au-delà, tout en espérant toutefois qu’ils ne cherchent pas trop vite un bassiste !

Crédit : Julien Sitruk

Sur le disque tu as mélangé beaucoup l’acoustique et l’électronique pourquoi ?

Tout simplement parce que les deux m’intéressent et puis même si j’aime l’électronique j’adore travailler avec des instruments d’orchestre classique, des cordes, des bois, des cuivres des percussions…

Tu as beaucoup de musiciens sur ce disque, peux-tu nous dire lesquels ?

Et bien, Daniel Paboeuf et Yannick Jory aux saxes Hélie Maujard et Pascal Karels aux guitares, Henri Jégou ainsi que Yann Pennamen au piano. Pierre Corneau à la basse. Nicolas Rastoul à la contrebasse. Aux Chœurs : Amandine Bourgeois, Laure Stefen et Anouk Maujard. Il y a aussi un peu de la programmation de Andy Wright sur « Tout Toi » un morceau commencé à Londres pour le précédent album mais que l’on n’avait pas eu le temps de terminer. J’ai par ailleurs bénéficié de conseils éclairés de la part de Henri Jégou et de Fabien Caux-Lahalle…

Au niveau des textes, tu te réclames beaucoup de Gainsbourg : c’est un « must » pour toi ?

Non je ne réclame pas de Gainsbourg, je n’oserais pas ! mais si tu y a pensé en m’écoutant ça me fait très plaisir. On a en France la chance d’avoir de grands auteurs, j’adore Gainsbourg, bien sûr mais aussi Boris Vian, Souchon, Trenet, Lanzmann, Léo Ferré, Brel… pour moi le texte c’est aussi important que la musique. J’aime écrire.

Il y a dans tes textes un deuxième degré : c’est important pour toi ?

Les mots sont comme les trains ils peuvent en cacher un autre !

Comment peut-on se procurer le disque ?

Le disque est disponible sur toutes les plateformes numériques. J’ai opté cette fois-ci pour le tout numérique le CD c’est un peu fini, maintenant les gens écoutent sur leur ordinateur et sur leur téléphone…À part quelques vrais amateurs ils achètent de temps en temps un vinyl mais c’est pour mettre sur leur cheminée ! Pour la déco !

Vas-tu monter sur scène avec ce disque ?

Si je trouve un mécène pour financer un vrai groupe pourquoi pas ! Ou alors seul sur scène peut-être ? Mais c’est un peu triste…Je crains de m’ennuyer et aussi d’ennuyer ! On verra…

Quels sont tes projets ?

Vivre, voyager, faire de la musique et produire d‘autres artistes. L’expérience de production avec Sergei Papail m’a procuré énormément de plaisir. J’ai adoré me mettre au service d’un autre artiste. J’espère bien renouveler cette expérience… De plus, j’ai décidé de faire une vidéo pour chaque chanson, L’image pour moi est indissociable de la musique…

Quel regard penses-tu que le Philippe Maujard de 1982 aurait sur ce disque ?

Je crois qu’il serait à la fois heureux et déçu : heureux de constater que j’ai enfin pu réaliser tout seul un bel album sans dépendre d’aide extérieur.
Déçu en regardant le solde de mon compte en banque !

Lien vers les plateformes digitales :

https://bit.ly/42Naxpb

https://maujard.wixsite.com/maujard

https://www.facebook.com/philippe.maujard