Peux-tu te présenter ?
Pascal Layan, Auteur-compositeur-interprète, j’essaye de bricoler mes clips aussi. « Looking towards the Atlantic » est mon premier album en solo.
Comment la musique est entrée dans ta vie ?
J’avais 12 ans, le film « Help » des Beatles passait un soir à la télé, ce fut une totale révélation : la gueule de Lennon, la mélodie, les harmonies vocales de Mc Cartney et Harrison, comme une totale évidence, le coupe de foudre au premier regard comme disent les anglais. Le lendemain, j’achetais l’album puis en peu de temps, la discographie des Beatles. A 15 ans, j’ai passé un été dans une famille à Liverpool, et j’ai replongé dans ma passion obsessionnelle, pour Mc Cartney en particulier, il a sans doute structuré mes goûts musicaux à jamais.
Quel a été ton parcours musical jusqu’à « Looking Toward The Atlantic » ?
Début 2000, j’ai monté Bristol un groupe de pop en français, il y avait une vraie scène pour ce style de musique à ce moment-là, L’Affaire Louis trio, Orwell, Les Innocents. J’écrivais l’essentiel des compostions et j’étais le chanteur, on a sorti deux albums entre 2005 et 2010, une jolie aventure. J’ai quitté ensuite la France pour m’installer à Lisbonne. J’y suis resté quelques années sans plus faire de musique. Puis je suis rentré à Paris, j ‘ai commencé à écrire à nouveau avec Nicolas Ferney, le bassiste de Bristol, essayé de remonter un groupe sous le nom d’Estoril puis composé seul pour l’essentiel ensuite. J’ai écrit une quarantaine de chansons, enregistré et mixé une bonne vingtaine, et n’en ai gardé que dix au final. Celles qui me semblaient les plus abouties, que j’étais prêt à assumer et sortir sous mon nom.
Tu as vécu à l’étranger, Lisbonne, est-ce important dans ta musique ?
Oui, la côte Atlantique au sud de Lisbonne a été un autre coupe foudre pour moi, cela m’a renvoyé à mon enfance près de Bordeaux. L’Atlantique est un peu un fil rouge dans ma vie, une sorte de repère, un phare si j’osais cette image. J’y ai découvert la musique brésilienne au travers de la langue portugaise, Jobim, Caetano Veloso et puis Tim Bernardes plus récemment, cette science du songwriting, de l’harmonie de la mélancolie. Mais c’est surtout dans les thèmes de l’album que le Portugal m’a influencé, ce sentiment de découverte, la lumière, l’éternel été. Au-delà du Tage, Alem do Tejo comme on dit en portugais, il y a comme un nouveau monde à découvrir : l’Alentejo, c’est un endroit encore profondément authentique. « Beyond the river » une des chansons de l’album parle de ça. Le nom de travail de l’album était « songs from the Atlantic », comme un hommage au « Songs from Northern Britain »de Teenage Fan Club. J’ai fini par choisir « looking towards the Atlantic ».
Tu l’as fait où et avec qui le disque ?
C ‘est un album de rencontres : Nicolas Ferney a joué le rôle décisif dans ce projet, qui s’est étalé sur plusieurs années, à la fois en tant que musicien et arrangeur. J’ai rencontré Olivier Rocabois à la sortie d’un de ses concerts, avant qu’il ne soit plus largement reconnu, on partageait certaines obsessions musicales. Je lui ai proposé de travailler sur mes maquettes. On a fait pas mal de séance ensemble dans mon home studio, il m’a poussé à plus d’exigence dans l’écriture, et amené surtout son incroyable créativité, c’est un immense songwriter comme on a fini par le comprendre et un musicien et chanteur hyper inventif, il a 25 idées géniales à la minute et il a clairement fait passer un cap à certaines de mes chansons. On s’est un peu perdu de vue ensuite mais cela a été une très belle rencontre et je lui en suis reconnaissant.
J’ai ensuite rencontré Gael Benyamin, l’homme derrière Geyster. Gael a fait une vingtaine d’albums sous son nom et produit bien plus, tout cela a un rythme assez bluffant. Il est auteur compositeur, chanteur arrangeur, excellent ingénieur du son. Je cherchais quelqu’un qui porte plus de groove à certains de mes titres. Mon album fantasmé c ‘était un peu le premier Tahiti 80 « Puzzle », des pop songs bien écrites et très catchy. Il a retravaillé la production de 4 titres dont « To Julian » ou « Home Again ». On a ensuite enregistré 3 titres dans son studio, mes dernières compositions dont Mats Wilander. Sur ce titre, je cherchais l’esprit 70 soul du dernier Drugdealer ou de « 1972 » l’album de Josh Rouse. La collaboration a été fluide et productive. Gaêl est un artiste incroyablement complet et absolument bluffant.
Il sort chez qui et comment peut-on se le procurer ?
Il sort sur le GLAZ RECORDS, distribué par Believe, disponible sur les plateformes. On peut acheter le cd sur mon Bandcamp.
A l’écoute du disque, on entend une influence importante des sixties avec des groupes comme les Zombies : est-ce une de tes influences ?
Je trouve que la période la plus passionnante pour la musique est entre 65 et 76 de Rubber Soul à Songs in the key of Life. L’ambition de l’écriture, la chaleur de la production, c’est vrai aussi de la musique brésilienne. « Odessey and Oracle » est bien un des chefs d’œuvre de ce cycle béni.
Pourquoi l’anglais ?
J’ai fait deux albums en français, je voulais ne pas dépendre, être conditionné par le français, un album français se joue souvent plus sur le texte que la musique, je cherchais la fluidité de l’anglais et mes références musicales sont majoritairement anglo-saxonnes.
Sur ton album les claviers sont très mis en avant : c’est ton instrument de prédilection ?
Avec Bristol, j’écrivais à la guitare, je me suis mis au piano en rentrant à Paris. Cela a profondément modifié ma façon d’écrire. Je n’ai aucune formation, j’écris à l’oreille. Le piano est hyper intuitif pour cela et il ouvre assez facilement vers des compositions plus complexes, des suites d’accords intéressantes et bien sûr à la production d’album, tu peux accéder à une matière presque sans limite Rhodes, Wurlitzer, claviers analogiques…
Tu sembles aussi avoir une vraie obsession pour la mélodie ?
Exact, c’est ce que je cherche en premier dans les morceaux, là où je porte le plus d’attention. Sur mon panthéon, il y a évidemment, Lennon & Mc Cartney, Brian Wilson, Burt Bacharach, Elliott Smith, Stuart Murdoch… C’est peut-être hélas aujourd’hui une obsession un peu anachronique.
Tu as un morceau intitulé « Mats Wilander », pourquoi ?
Je suis fan des chansons avec le nom d’un personnage connu, « Danny Wilde » des Innocents, « what happened to Corey Naim » de The Thrills… J’avais intitulé une de nos chansons avec Bristol « Faye Dunaway ». Le nom de Mats Wilander collait au phrasé du chant et est facile à mémoriser, un peu intriguant aussi. Il amène ce genre de question : pourquoi Mats Wilander ? « But I was for a while your Mats Wilander ». Chacun fera sa lecture du texte…
As-tu fait des concerts avec ce nouveau projet et as-tu déjà des dates prévues ?
Pas encore mais c’est dans les tuyaux
Quels sont tes projets ?
Je pense sortir au minimum un nouvel EP de Bristol début 2026 avec mon ami Arnaud Gauthier avec qui on avait monté le groupe et composé. On a déjà pas mal de titres assez avancés.
Le mot de la fin !
Dites aux musiciens qu’il faut réhabiliter les ponts dans les chansons
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