La Totale, le retour de Franky Sinistra et Poup ou la vérité sur des rockeurs !

mercredi 28 mai 2025, par Franco Onweb

C’est le retour de nos deux écrivains rockeurs préférés, j’ai cité Franky Sinistra et Poup, deux éminents spécialistes de la chose rock, qui viennent de faire paraître ensemble leur quatrième livre : « La Totale » chez la super maison d’édition « L’Écarlate ». La répartition des rôles est assez simple : Franky écrit et Poup dessine et comme les deux compères connaissent vraiment le rock, ils ont décidé de nous raconter, avec beaucoup d’humour, et un style très personnel, la vérité sur un grand nombre de rockstars que vous ne saviez pas !

Vous saviez vous que Kurt Cobain a habité dans le Perche avec sa fille alors que tout le monde le croyait mort ? Que David Bowie a été enlevé par des aliens ? Il y a pleins de révélations aussi importantes dans cet ouvrage.

En plus nos amis écrivains sont des musiciens accomplis et ils ont proposé à pleins de supers groupes et artistes, comme les Cannon Fooder, les Doum Doum Lovers, le John Wayne Supermarket ou encore Christophe Sourice, l’ex-batteur des Thugs d’illustrer musicalement une nouvelle. Si j’ajoute que vous avez en plus une préface d’Alain Feydri, vous avez compris que ce livre est juste parfait pour lire cet été.

En plus de quelques dessins de Poup, j’ai décidé d’accompagner cette interview de vidéos de groupes présents dans leur recueil. Voici donc quelques explications de textes, pas très sérieuses, des auteurs qui ont réussi à me faire bien rigoler !

Vous sortez un nouveau livre « La Totale », comment est-il né ?

Franky : C’est en lisant Sharon Tate ne verra pas Altamont de Marc Villard, que m’est venue l’idée. Ça relatait notamment l’état des Hell’s Angels à Altamont, lors de la tournée des Stones. Je me souvenais des images vues à la télé avec mon frangin (on avait un magnétoscope à l’époque ha ha). Les Hell’s étaient complètement mais complètement défoncés (dont un sur scène, c’est hallucinant, regardez si vous ne connaissez pas !) et tabassaient tranquillement et sans vergogne les hippies dans le public. Les Stones étaient super mal, ils essayaient de calmer tout le monde, mais ça sentait le souffre. Donc je lisais le truc en connaissance de cause et là… je me suis dit, ce serait marrant de raconter qu’en fait, ces mêmes bikers étaient cools, qu’ils avaient super bien fait leur taff, pros, nickels, limite élégants. Partant de là… je pouvais détourner la vérité avec délectation : écrire que c’était le gardien du manoir de Brian Jones qui s’était noyé dans la piscine. Que Keith Richards et Anita étaient morts d’overdoses, Jagger tué sur scène… Bref, de quoi s’amuser.

Franky Sinistra
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Ce livre se compose de 14 nouvelles, pourquoi ce format ?

Franky : Le format« nouvelles » me convient bien. Honnêtement, je crois que je ne serais pas capable d’écrire des livres pleins de pages comme Robert Hugo ou Victor Zola. Avoir un fil conducteur, comme pour le précédent, Les sentiers de la poisse. Ça peut donner du rythme, des nouvelles courtes, efficaces (j’espère), et puis ça oblige Poup à faire plein de crobards. Qui s’en plaindra ?

Poup : Moi ! Esclavagiste !

Chacune de ces nouvelles, racontent une histoire autour d’un personnage de la mythologie du rock, comment avez-vous choisi ces personnalités ?

Franky : Je suis fan de quasi tous. Qui aime bien, etc… Les Stones, fan, les Ramones, c’est Dieu, Bowie idole ultime… Motörhead, ce sont des personnages, les Pistols des personnages Ikea rigolos (ou pathétiques, vaste débat), The Cure j’ai toujours adoré, Marley aussi, Nirvana aussi… Je suis moins passionné par le Boss, Springsteen. Mais ça m’a fait beaucoup rire d’imaginer le « mec », le « bonhomme » aux bras d’un homme… Et pas n’importe lequel ! Ha ha .

Poup
Crédit : Christophe Caezau

Poup : Et en plus des personnages bien typés. Keith Richards, Lemmy ou les Ramones ont presque l’air de sortir d’un cartoon. Des gueules quoi ! Donc ce n’est pas trop dur de ressortir les traits caractéristiques. C’est Springsteen qui m’a donné le plus de fil à retordre. Un peu passe partout dans le look et la tronche.

Avez-vous décidé de « mettre un terme » à la mythologie du rock avec ces histoires ?

Franky : Quand on n’est plus ado, qu’on a pris du recul, on comprend que beaucoup de fric était en jeu, qu’il y a eu beaucoup de cinéma et de l’hypocrisie autour de tout ça. Une sorte de grand cirque. J’avais beaucoup aimé la remarque de JD Beauvallet, dans Passeur, qui racontait avoir grandi dans un centre psychiatrique tenu par son père (ou à peu près ça). Il disait que lors d’interviews de rockeurs/rockeuses « barrés », ça le rendait complètement stoïque de voir leurs cinémas, car lui avait vraiment vu des aliénés se fracasser la tête contre les murs de l’hôpital. C’est quelque chose qui me parle. Mais c’est vrai aussi qu’ils nous ont fait rêver, danser, triper tous ces groupes. Le talent, le charisme, l’énergie que dégagent ou dégageaient certains étaient extraordinaires. Dans la formule « Sex, Drugs and Rock’n roll » on pourrait rajouter « Fun » aussi. En tout cas, dans nos expériences de petits groupes avec Poup et d’autres, il y avait toujours ce côté fun, se faire plaisir. D’où mon plaisir non dissimulé, de raconter ces histoires loufoques à base de sauce rock’n roll.

Poup : à mort le Rock ’n Roll ! Exercice très sain pour déboulonner les idoles. Ça les remet à leur place de simples mortels. Non mais…

Comment travaillez vous ?

Franky : On n’habite pas tout prêt l’un de l’autre. On bosse par email, phone et binouzes quand on se voit.

Poup : vivement qu’on puisse télécharger les binouzes…

Comment naissent vos histoires ?

Franky : La drogue, évidemment. Beaucoup de drogues ! Non, je plaisante. Cette fois-ci, j’ai décidé de m’amuser. Mon imagination fertile, débile, bizarre (?) fait le reste. Avec Poup, on a énormément de goûts communs ; sur les groupes, le cinoche, les lectures… Ça aide. Depuis mon adolescence (et Poup aussi, je pense), j’ai été passionné par le rock, et tout ce qui tourne autour. Il y a des passionnés de sport, de pêche, de mécanique… Nous, c’est dans la marmite touillée par Eddy Cochran qu’on est tombé. Poup est une encyclopédie et il a une mémoire de dingue. Perso, j’ai emmagasiné toutes ces infos depuis tant d’années, dans le désordre sans doute, mais ça fait partie de ma vie. On a tous deux une culture commune et ça nous « emmène » mutuellement pour ce genre d’aventure.

Poup : ça fait une paye, avec les fanzines, que je crobarde des rockers (Et des rockeuses). Toujours le même plaisir à dessiner des tronches et des looks pas possibles. Sans parler des poses. Un régal !

Crédit : Poup

Avez-vous décidé de « grossir le trait » de certains des artistes présents dans le livre ?

Franky : Bien sûr, c’est l’idée. De rendre Bowie assez content d’être peloté par les nombreuses mains des extra-terrestres, Robert Smith, à qui sa mère n’arrête pas de dire « arrête de manger Robert ! », de Yoko Ono avec qui je suis très méchant, Sid Vicious qui est en fait un… ha ha, suspens ! Et puis je sais que ces « stars » restent des humains. Que les hémorroïdes de Billy Idol qui lui ont fait un mal de chien, que Charlie Watts (ce gros pochetron vulgaire (c’est bien connu)) est très emmerdé avec ses mycoses entre les arpions. J’ai mes sources. Et oui Monsieur ! Pourquoi n’imaginerions-nous pas Scarlett Johansson pousser très fort sur les WC car constipée ? Avec de gros sons de pets quand ça sort enfin… Et oui. Tous égaux. Devant les mycoses et la constipation (rires). C’était une idée assez sérieuse que je développais aussi dans Les sentiers de la poisse. J’ai du mal à l’expliquer clairement mais les anonymes sont aussi importants que les célébrités. Quand Kennedy s’est fait assassiner, Bill Douglas, quidam inconnu, voulait se foutre en l’air car il était cocu. Quand Aldrin a posé son pied sur la Lune, au même moment, un père hurlait le décès de sa fille… J’en rigole dans ces fictions mais le pense réellement.

AC/DC
Crédit : Poup

Chaque nouvelle est accompagnée de morceaux de groupes, pourquoi ?

Franky : Faut revenir à l’histoire qui nous lie Poup et moi. On a joué dans Les Ambulances il y a très longtemps, puis Mystery Machine et enfin en duo avec Traffik Drone. C’est à l’époque de Traffik Drone (en 2016), qu’on s’est créé des personnages : Elwood Drone et Jack Traffik. Si vous n’avez pas la rèf, changez de site… Je blague ; restez un peu. Je suis alors parti dans un délire : écrire la généalogie fictive de nos deux personnages ». Et là, je me suis fait plaisir. Assez trash, rigolo, plein de références rock… Je suis très fier de Comme des chiens. Poup apportant évidemment sa superbe patte, on s’est vraiment éclaté. Et le clou sur la cerise du gâteau, c’est qu’on a joué les 6 morceaux qui accompagnait le bouquin. On avait été aidé par la FRACAMA à l’époque. Donc écriture, dessins et zique faites par nous deux. Très fiers du principe. J’adorerais ressortir Comme des chiens. En reprenant le texte. En le relisant, je m’aperçois de plein de petites ou grosses conneries de débutant, je mettais des points de suspension ou d’exclamation à toutes les phrases (rires) … Bref, si quelqu’un veut l’éditer, nouvelle version, ce serait un bonheur. N’hésitez pas à me contacter !

Donc… Après, on a sorti Crossroads, même principe, on a fait écriture, dessins, musique. Et puis on a arrêté de jouer de la zique tous les deux. Trop loin, trop lassé de faire des bornes pour jouer devant 15 personnes… Du coup, Les sentiers de la poisse ? Comment faire ? Et bien brancher des groupes de potes ou connaissances de potes. Philippe Gilard, Kinou nous ont donné des idées, des noms… C’était autre chose mais assez génial. Tous les groupes étaient partants (ils filaient un morceau inédit, gratos, sans retour). Une super aventure. J’ai même réussi à faire chanter François Lebas en français ! Je mérite une statue au Havre. Et là, pour La Totale, idem. J ‘ai demandé à pas mal de groupes, tout de suite partant. Sauf deux qui nous ont chié dans les bottes. Faut bien dire un peu de mal… Qui ? (rires)..

Poup : Pour revenir à une éventuelle réédition de « Comme des chiens », pareil, je referais certains dessins. Bon, c’est vrai que quand on regarde son boulot quelques années après, y a des trucs qui piquent et on se dit qu’on peut toujours améliorer telle ou telle chose.

Sid Vicious
Crédit : Poup

Pouvez-vous nous présenter les groupes qui sont dans ce livre ?

Franky : Que des jeunes ! Christophe Sourice (Ex-batteur des Thugs, NDLR) ! Oui monsieur. C’est Kinou qui m’a dit, « vas-y, propose-lui ». Et ça a été top. Plus simple, plus cool que Christophe, ce n’est pas possible. Il a même fait les chœurs sur le morceau que j’ai fait. Le bonheur absolu.
On a rameuté certains du précédent bouquin : Jean Jean et Kinou forcément (Doum Doum Lovers), Philippe Gilard et son John Wayne Supermarket, les Bad Chili and the Crabs (nos potes de Tours), Joel Calatayud qui cette fois-ci est venu avec son duo avec Françoise, Katápola.
Et puis d’autres vieilles connaissances, les Gun Egg Fryer, Arno Clément et Lucie du Havre (Crash Blind Test), qu’on avait rencontré avec Double Shot et lors de nos enregistrements au Havre avec la bande de François Lebas. Sacrés souvenirs.
GIL (le groupe de Gilles Moret) par l’intermédiaire de Christophe Sourice (et de Kinou) et un pote de Gilles, Ivan Eugène Joseph, que je ne connaissais pas. Son morceau est génial (Malcolm). Paddock and breakfast des potes directs de Poup. Rubber Legs, avec Fra et Warren (on s’était croisé à un concert des Bad Chili et de Doum Doum Lovers à Tours). Marquis de Coco, rencontré par l’intermédiaire des Bad Chili, ex-Lolitas, extrêmement doué. Un personnage. Les Cannon Fodder, des quasi- voisins, excellent groupe de Real rock’n roll et moi, qui me fais plaisir dans ces cas-là puisqu’on n’enregistre plus avec mon vieux Poup (emoticon « je pleure »).

Vous êtes édités chez l’Écarlate, comment avez-vous rencontré cet éditeur et pourquoi lui ?

Franky : J’avais cherché quelques éditeurs branchés un minimum rock et Jérôme m’a rappelé (je lui avais envoyé Les sentiers de la poisse). Il avait édité des bouquins sur Olive de Lili Drop, sur Bijou, sur Brigitte Fontaine et bien d’autres. Ça a tout de suite collé. Il a un humour terrible. Il avait aimé Les sentiers de la poisse, et a eu un coup de cœur pour La Totale. Il fait ça par passion et il est très professionnel. On se marre bien aussi en sa présence. Le talent de Poup (salaud d’artiste doué !) a beaucoup joué je pense. Nous sommes allés ensemble à Périgueux pour un concert/sortie du bouquin. Pas de doute, nous sommes du même côté de la barricade.

Il y aura-t-il une suite ?

Franky : Ce projet a mis deux ans et demi à sortir. C’est du grand plaisir mais du taff. Perso, je n’arrive pas à commencer autre chose tant qu’un projet est en cours. Et là, la sortie et la promo qui va avec, me prennent du temps et de (la bonne) énergie. Je fais quelques morceaux de zique seul. Je passerai peut-être un peu de temps à ça. Ou alors une idée surgira de nulle part ? J’avoue que je me suis bien éclaté sur la nouvelle avec les extraterrestres débiles… A voir. C’est d’ailleurs Poup qui m’avait fait découvrir l’excellent Martiens Go Home, qui m‘a « inspiré » sur celle-là. Je pense que ça viendra comme ça. Un coup de génie, un de plus. Nonnnn, je déconne…

Poup : il y a quelques temps on parlait de faire peut-être un projet pas forcément accompagné par de la musique. Un truc du style polar ou SF bien déjanté. A suivre…

Le mort de la fin !

Franky : Je ne suis pas trop dans le « c’était mieux avant » mais… Je me souviens de cette époque où Ambroise, mon pote du lycée, piquait des 33t des Ruts, de Madness, Joe Jackson, des Stranglers à Monoprix. On découvrait les groupes petit à petit. Fabuleux. Aujourd’hui, c’est mort.
Et puis l’arrivée des SMAC, qui a tué les soirées brinquebalantes des concerts qu’on organisait ou auxquels on participait. C’était vraiment fun.
Les groupes qui enregistrent des morceaux ne veulent plus les sortir en vinyle aujourd’hui, trop cher et tu en vends 40 à tes potes. Le CD, c’est fini, idem.
Les bouquins qu’on sort, c’est compliqué aussi. On ne fait pas ça pour le prestige ou la fortune (on s’en fout, je vis aux Bahamas, et Poup a ancré son yacht à St Trop’) mais quand tu fais ça, tu aimerais (comme tout le monde) que ce soit partagé.
Amis lecteurs, achetez La Totale !!! et faites raquer vos amis. C’est pour leur bien !
Cependant, qu’est-ce qu’on s’est marré ! On n’est pas morts. Poup me trouve un peu dingue et lui est tellement doué. A chaque retour d’un de ses dessins, je prends une claque. Wouahou. Et puis là, ça a vraiment été une aventure à 39. Trente-six musicos, Poup, Oim et Jérôme Martin. Mine de rien, un sacré truc.

Poup : Je confirme, ce mec est fou à lier. D’ailleurs Franky, si tu pouvais avoir l’obligeance de détacher mes chaînes qui me relient à ma table à dessin depuis une bonne année, je t’en serai extrêmement reconnaissant. Et puis cette cave commence à sentir un tantinet le poney quand même…

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