Floo Flash, « Rose Bonbon » ou le « come-back » d’un groupe de son époque !

lundi 1er septembre 2025, par Franco Onweb

C’est le « retour » le plus inattendu de l’année, Floo Flash l’incroyable groupe de « power pop » Mods des années 80 sort un nouveau disque ! Pour ceux qui auraient raté les épisodes précédents, on va rappeler que Floo Flash, groupe lyonnais, a existé au milieu des années 80 et a sorti un seul maxi 4 titres au cours de sa carrière. Mais le groupe avait marqué son époque par ses prestations énergiques et ses mélodies impeccables. En 2021, le label lyonnais Simplex sortait une compilation avec des titres rares et inédits du groupe. Cela aurait dû mettre un terme à Floo Flash, surtout que la même année le bassiste du groupe Denis Bourboulon nous quittait brutalement.

Et puis il y a eu cette rumeur et ce mail de Hervé Paul, le guitariste et compositeur du groupe : Floo Flash allait sortir un nouveau disque ! J’ai aussitôt répondu à Hervé pour lui demander des précisions et sa réponse se fit par le biais de cette interview dans laquelle il nous raconte toute l’histoire de ce disque. Je dirais juste que Floo Flash sort un nouveau disque et que même s’il ne s’agit pas d’une reformation au sens « classique », je suis juste ravi de retrouver un groupe qui emballa les foules à son époque !

Alors Floo Flash s’est reformé ?

On ne peut pas dire que Floo Flash se soit reformé. On a juste décidé d’enregistrer en 2025 des chansons écrites … Entre 1980 et 1985. Durant cette période qui correspond à l’époque active de Floo Flash, on a écrit une trentaine de chansons, pourtant seulement cinq se sont retrouvées sur disque, simplement parce qu’à l’époque c’était beaucoup plus difficile de sortir un disque qu’aujourd’hui. Il y avait une dizaine de directeurs artistiques, de labels, qui avaient le pouvoir de sortir ton disque ou pas. Si tu ne passais pas ce cap, si tu n’étais pas copain avec l’un d’entre eux ou que personne n’avait un coup de cœur sur ton projet, celui-ci restait dans un tiroir … Aujourd’hui c’est très différent : N’importe qui peut faire un disque. Partant de ce fait, je me suis dit que dans les 25 chansons qui nous restaient, il y avait des titres qui méritaient d’être enregistrés et c’est le cœur de ce projet.

Floo Flash au studio Ferber en 2025, de gauche à droite Hervé Paul, , Jean-Luc et Schuss
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Comment s’est faite la re formation ? La compilation sortie chez Simplex Records en 2020 a-t-elle joué un rôle dans ce retour ?

Je ne pense pas que ce soit une re formation parce que nous étions quatre individus très complémentaires et un d’entre nous, nous a quitté (Denis Bourboulon, le bassiste du groupe décédé en 2021, NDLR). Ça crée forcément un déséquilibre. Si tu prends les Clash sans Paul Simonon ou Mick Jones, ce n’est pas les Clash. On peut jouer les chansons mais le groupe ne s’est pas reformé. En revanche, la compilation sortie chez Simplex il y a quatre ou cinq ans est à l’origine de ce projet : on a eu beaucoup de presse, bien davantage que quand on était « actif » et plein de trucs sympas ont été dit sur nous. Ça m’a donné des idées. Ce qu’on avait sorti, c’étaient des Lives et des démos, pas toujours bien enregistrés. Je me suis dit « on a d’autres bonnes chansons, il faut bien les enregistrer ».

Qui joue dans Floo Flash en 2025 ?

Il y a trois membres originaux, Jean-Luc, Schuss et moi. Notre bassiste a été remplacé par Marc Upson, qui jouait dans GPS à l’époque et qui était un peu mon « bassiste français préféré » de ma génération. Avec les années, j’ai également développé une complicité avec Jeff Eyrich, le producteur d’« Everywhere at once » des Plimsouls, disque que j’ai usé sur ma platine. En plus d’être producteur, il se trouve qu’il est bassiste de formation et comme il aimait bien Floo Flash, il s’est proposé de faire des basses sur 3 titres. J’ai aussi mon ami de trente ans, Jacques Bastello, avec qui je collabore régulièrement, qui s’est beaucoup impliqué dans le projet.

Les influences du groupe ont-elles évolué avec le temps, sachant que tu as mené une carrière solo qui t’a amené vers d’autres terrains musicaux ?

Je ne peux pas dire que les influences de Floo Flash ont changé, puisque le but du jeu était d’enregistrer des chansons de « l’époque », en les prenant dans leur jus, sans les modifier, en restant dans l’esprit de l’époque. Les structures sont les mêmes, les guitares aussi. Les influences sont donc toujours les mêmes : les Beatles, les Who, les Clash, les Jam et tout ce qui s’est passé entre 1977 et 1980.

Les autres membres « historiques » de Floo Flash ont-ils eu aussi une activité musicale durant ces 35 dernières années ?

Non, les autres membres du groupe n’ont pas eu d’activités musicales, du moins professionnelles, depuis qu’on a arrêté. Mais je tiens à souligner que ce projet n’aurait pas pu avoir lieu si Jean-Luc, le chanteur, n’avait pas conservé un excellent niveau. La bonne surprise, c’est quand j’ai constaté qu’il était toujours au top et quand tu as un chanteur qui chante bien, ça solutionne beaucoup de problèmes.

Avez-vous fait des concerts depuis la re formation et en avez-vous déjà prévu ?

On n’a pas fait de concerts parce que le but était avant tout de bien enregistrer ces chansons. On n’en a pas de prévu non plus pour le moment. On le fera si on nous le propose dans de bonnes conditions. Je parle de conditions d’attention, que le public soit là pour nous voir, qu’ils ne soient pas là gratuitement ou pour dîner. Beaucoup de musiciens, aujourd’hui, acceptent un peu n’importe quoi et on ne fera pas ça.

Vous avez sorti un nouveau titre : « Nos idoles », peux-tu parler de ce titre ? Est-il nouveau ou fait-il partie des titres que vous n’aviez pas enregistrés à l’époque ?

Aucune chanson dans ce projet n’a été écrite en 2025. Ce sont toutes des chansons qu’on a écrites avec Jean-Luc quand nous avions vingt ans. Je me sentirais incapable d’écrire pour Floo Flash aujourd’hui. Cependant enregistrer, réaliser, produire avec les compétences acquises au fil des ans, oui. J’avais le souvenir d’une chanson de Floo Flash que j’aimais beaucoup mais dont j’avais perdu la trace. J’avais du mal à me souvenir des accords, des paroles … Il y a deux ans, une cassette d’une répétition est ressortie avec toutes ces indications et j’ai eu envie de l’enregistrer, ça a été un peu le déclencheur de cette histoire.

Floo Flash, version 2025 avec Marc Upson à la basse
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Vous l’avez fait où et qui l’a réalisé ?

On a enregistré les titres à Paris avec Jacques Bastello et ça a été mixé à New-York par Mark Plati.

Est-ce que vous préparez un nouvel album ?

On prépare un EP de 5 titres qui sort le 5 septembre sur lequel, il y aura notamment « Nos idoles », sorti au printemps et « Peur de te fuir » qui est sorti au début de l’été. Il s’appellera « Rose Bonbon » … C’est le nom d’une salle mythique du rock parisien, symbole d’une époque. Personnellement c’est la meilleure salle que j’ai connu à Paris pour un groupe de rock. Ça n’a pas duré longtemps … C’était en dessous de l’Olympia. Je pense que tous les groupes de notre génération ont essayé de jouer là-bas, ça n’était pas toujours facile. Il fallait séduire un certain Marc Barrière qui programmait le lieu.

Le titre est sorti, pour l’instant, qu’en numérique : peut-on espérer une sortie physique ?

Il y a une sortie physique CD et Vinyle, le 5 septembre. Ce sera un tirage limité., disponible sur le Bandcamp du groupe. Sinon tous les titres seront disponibles sur toutes les plateformes de streaming. Il faut malgré tout vivre avec son temps …

La première version de Floo Flash faisait très attention à l’esthétisme, en visionnant votre clip, on sent que tu continues à faire attention à l’image du groupe : tu es d’accord ?

Je pense que lorsqu’on est un groupe de rock, on fait toujours attention à ça. Je m’en occupais dans Floo Flash mais pas plus que d’autres musiciens dans d’autres groupes. Au début des années 80 beaucoup de groupes français étaient habillés en noir et faisaient la gueule. Ça n’était pas du tout notre cas. On était influencés par les Who et donc il y avait plus de couleurs et plus de rires dans les séances photos.

Vous étiez, à l’époque dans une esthétique Mod : est-ce toujours le cas ?

Oui, on était un peu dans une esthétisme Mod parce que j’étais très influencé par Paul Weller. Mais dans nos reprises on avait également une chanson des Ramones par exemple, parce que c’était un groupe qui nous plaisait à tous et qu’il a joué un rôle tellement important dans le mouvement de 77. On avait ce look un peu « mod » mais ce qui nous définit le mieux aujourd’hui c’est le genre « Power pop », ça c’est vraiment notre style.

Quels sont vos projets et tes projets, notamment en solo et en tant que réalisateur et artiste ?

Je suis un passionné de chansons et de productions, donc j’ai pas mal de projets. En cours, il y a un EP, et peut-être un album posthume avec Steve Donnelly (Dave Edmunds, Suzanne Vega, Bonnie Raitt …) mon guitariste préféré, qui nous a quittés en 2020 mais avec qui j’ai enregistré de nombreuses chansons inédites. Dans ce projet il y aussi Pete Thomas des Attractions et Jeff Eyrich. Ce sont des gens avec qui j’ai passé du temps depuis 20 ans et qui sont toujours là quand je les sollicite. A côté de ça, nous avons décidé avec Mark Plati de faire une version acoustique de chansons extraites de mes deux premiers albums. Ça permettra aussi de faire lien avec ce que je fais aujourd’hui parce que je suis plutôt parti maintenant dans l’Indie folk. Je suis passionné par ce genre. Je vais voir beaucoup de concerts, Ryan Adams, The Tallest Man, On Earth … J’adore Neil Young et Beck quand ils sont seuls avec une guitare également.

Que peut-on souhaiter à Floo Flash pour l’avenir ?

Il n’y a pas vraiment de souhait à avoir parce que notre temps est passé ! Mais c’est une belle histoire qui se termine avec ce disque. Je suis en train de lire la biographie de Paul Collins du Paul Collin’s Beat, qui était aussi le batteur des Nerves. Je trouve qu’il y a pas mal d’analogie entre leur histoire et la nôtre, même si eux ont quand même eu deux tubes mondiaux chantés par d’autres, ce qu’on n’a pas réussi à faire à ce jour ! (« Hanging on the telephone » par Blondie et « Come back and stay » par Paul Young) Mais le côté un peu vilain petit canard je l’assume et ça me fait rire. Le groupe qui a tout le temps un temps de retard ou d’avance sur les trucs, ça nous va pas mal (rires). Jamais là au bon moment, c’est assumé. De plus on a toujours pris ça avec beaucoup de dérision, on a tellement rigolé pendant ces années et c’est ce que nous retenons.

Floo Flash en concert dans les années 80
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Le mot de la fin !

Découvrez l’EP et dites-nous ce que vous en pensez. J’ai découvert comme ça, des gens qui suivent ce que je fais depuis longtemps et franchement ça fait plaisir d’échanger. J’ai plus de 30 k abonnés sur ma chaîne Youtube et autant sur ma page Facebook, ça occupe … J’espère qu’avec ce projet on clôturera de la meilleure façon l’histoire de Floo Flash. Bon on a également des « haters » mais par les temps qui courent c’est plutôt bon signe (rire).

https://absil.one/rosebonbon.OWE

https://flooflash.bandcamp.com/