Pouvez-vous vous présenter ?
Pleasures :
Stéphane : Le groupe existe depuis 2017 autour de Patrick Atkinson, londonien installé à
Marseille depuis une douzaine d’années (ex-John Moore & The Expressway…) et moi-même Stéphane (ex-Neurotic Swingers…). Un premier album « Feel it rise » est sorti en 2018. Depuis 3 ans, Loïc et Simon (ex-Dissonant Nation…) nous ont rejoint à la basse et batterie. Notre nouvel album « Shake that tree » est sorti il y a quelques mois et un nouveau clip « Trust the Night » il y a
une dizaine de jours.
François Premiers :
Cyril : Notre groupe existe lui aussi depuis 2017. L’idée semblerait avoir germé un peu avant mais nous gardons cette date anniversaire symbolique commune avec celle de la fondation de notre ville du Havre en 1517 par qui vous savez… Nous avons sorti quatre simples en vinyle et sommes en train d’enregistrer notre premier album qui présentera une majorité de titres d’inédits.
Il y a eu quelques mouvements dans la formation en sept années mais le quintet est désormais solidement uni avec par ordre d’ancienneté : François Pandolfi & François Lebas, moi-même, Laury Picard et Christophe Paillette. Ce serait un peu long de retracer ici les pedigrees respectifs de chacun..
Samedi 19 avril 2025, vous vous rencontrerez pour la première fois à Paris lors d’un concert à Supersonic Records. Quelle est l’origine de cette réunion dans la capitale ?
Pleasures :
Stéphane : La Nouvelle Machine est à l’origine de cette affiche : une rencontre amicale et musicale Le Havre-Marseille en terrain neutre à Paris, excellente idée !
François Premiers :
Cyril : C’est un autre normand - Thierry Vallette - qui œuvre pour le rock de la région depuis des années qui se cache derrière La Nouvelle Machine. Thierry avait organisé notre dernier concert à Paris en 2021, sur la barge “Petit Bain”. Nous avons la chance de compter sur de fidèles alliés qui nous aident sur bien des aspects. Malheureusement, nous venons d’en perdre deux en deux jours. Il s’agit d’Hervé Laplace (dit René Apallec ou encore Herbôt), talentueux et adorable collagiste à l’origine de la pochette de notre deuxième simple “Renaissance Man”, ainsi que de Christophe Fingonnet qui nous avait invité à jouer à Bordeaux en 2023 avec son asso Mégaphone Bacalan. Merci à eux. Merci également à celles et ceux qui sont encore là, beaucoup trop nombreux pour qu’on les cite ici.
François Premiers et Pleasures sont deux groupes originaires respectivement du Havre et de Marseille, deux grands ports français. Quel impact ont ces différents flux sur l’histoire musicale de vos villes ? Y a-t-il des liens entre votre musique et les activités portuaires ?
François Premiers :
Francesco : La différence fondamentale de nos deux villes est qu’il y a à Marseille une boutique pointue telle que Lollipop qui manque toujours chez nous depuis des décennies et des activistes tels que Paul et Stéphane pour perpétuer une certaine idée de la culture rock’n’roll qui a quasiment disparu ici chez les jeunes… je profite de la tribune qui nous est offerte ici pour rappeler au monde entier que nous sommes - avec Michel des Cowboys from Outer Space - les membres fondateurs du syndicat historique CGT (Confédération des Guitaristes de Trio) qui lie depuis nos deux ports par les liens sacrés et indéfectibles du jack mono et du Jack Daniels !… Disons plutôt du pastis pour certains… alors hein !
Cyril : Il y a tout de même un renouveau rock en Normandie mais il faut bien avouer que le vivier se situe plutôt à Rouen qu’au Havre même si les choses bougent un peu ici avec l’asso Fake Live et leur festival Foul Weather.
Ce qu’on attend, c’est un lieu dans lequel on pourrait dignement accueillir les groupes anglais qui débarquent du Ferry comme au bon vieux temps que je n’ai pas connu. C’est ça qui faisait toute la différence au Havre : des échanges réguliers avec le Royaume Uni.
Pleasures :
Stéphane : À part le fait que Patrick adore naviguer et parfois pêcher, je ne pense pas. Nous avons toujours eu les oreilles tournées vers l’extérieur : New York, Londres, Liverpool, Detroit, Australie etc…
Autre point en commun entre les deux formations : l’un des membres s’occupe du label qui sort vos disques. Poseur Records pour François Premiers et Lollipop Records pour Pleasures. Le DIY est-il bel et bien d’actualité quand on fait du rock en France en 2025 ?
Pleasures :
Stéphane : Lollipop existe depuis 1995 et a sorti plus de soixante disques. En comptant les albums, singles et compilations, cela doit faire plus d’une centaine de groupes. Les Backsliders apparaissent d’ailleurs sur une compilation 45T du label. Quand le premier album a été prêt, on n’a pas eu l’énergie, ni la patience de chercher un label. J’avais tout sous la main : un petit réseau promo et un distributeur. Allons-y ! Comme tu le soulignes, j’ai toujours été un adepte du DIY. Ce n’est pas maintenant qu’on va changer de cap..
François Premiers :
Cyril : Contrairement à Lollipop, nous avons activement cherché un label partenaire pour nous aider à produire et distribuer notre premier 45 tours “Franciscopolis”. N’ayant reçu aucune réponse positive sous le prétexte que le marché du vinyle 7 pouces n’est pas rentable, nous nous sommes lancés dans la bataille seuls avec Poseur Records que nous avons monté de toutes pièces spécialement pour l’occasion. Résultat des courses : tous nos disques sont épuisés ou sur le point de l’être. Nous avons même déjà une longue liste de réservations du coffret regroupant ces quatre opus à paraître prochainement. Mais il ne faut pas croire que les choses sont faciles ! L’industrie du disque a connu une crise importante pendant et après les confinements de 2020 et 2021 avec une flambée des prix qui n’est toujours pas retombée liée à des pénuries de matières premières et des fermetures de chaînes de productions. Il a été très compliqué pour nous de sortir nos deux derniers disques et nous ne sommes pas aussi satisfaits du résultat final que nous aurions pu l’être. Quelques aléas ont même mis notre caisse dans le rouge. Maintenant, nous nous dédions presque exclusivement à l’album et nous ne comptons pas les heures passées à “fignoliser” chaque détail comme dirait Francesco (ndlr François Lebas). Un grand merci pour sa patience à notre magicien du son - à la scène comme au studio - Antoine Köppe dit Tonio !
Quelles sont vos influences musicales respectives ? Lesquelles partagez-vous ?
François Premiers :
Frandol : Garage 60’s, R’nB, Surf, Glam Rock, power pop, punk rock…
Cyril : Très amateurs de bandes originales de films également : François de Roubaix, Ennio Morricone, Nino Rota, John Barry, Mark Mothersbaugh, Ry Cooder…
Pleasures :
Stéphane : Oui nous avons sensiblement les mêmes. Je suis pour ma part un grand fan des Dogs, je pense que les François Premiers doivent apprécier ce groupe également ?
Quel est l’état de vos scènes locales respectives ? Le Havre et Marseille sont toutes deux réputées être des villes berceaux du rock en France au même titre que Rouen et Rennes avec deux vagues successives au début des années 60’ puis au tournant des années 80’. Qu’en reste-t-il ?
François Premiers :
Laury : La première impulsion est née du concert de Bill Haley au Havre en 1958. De jeunes musiciens havrais se sont engouffrés dans la brèche et ont délaissé la chanson française et le bal musette pour le rock n’ roll. Les années 60’ arrivent et Little Bob prouve qu’il est possible de faire des concerts de rock ailleurs qu’au Havre. Il persiste et signe avec sa formation emblématique “Little Bob Story” dans les années 70’ et 80’. À partir de là, la scène rock havraise foisonne pendant les années 80’s : City Kids, Fixed Up, Marc Minelli… Les Roadrunners ont débarqué au Havre dans la foulée, attirés par l’émulation bouillonnante de la Cité Océane. Puis sont arrivées les années 1990 avec Croaks, Backsliders, Dickybird… Parmi les lieux qui ont permis cette effervescence locale et internationale : les salles François Ier et Franklin où on a pu découvrir Johnny Thunders, Lords of The New Church, The Damned. Les CLEC (ou Centres de Loisirs et d’Échanges Culturels) ont accueilli des groupes comme Moving Targets. Plus récemment, le café-concert emblématique L’Escale tenu par Saïd aidé par Pépère (Arnaud Clément) à la programmation a régulièrement proposé à des groupes locaux d’ouvrir pour The Fleshtones, The New Christs ou The Godfathers.
La scène rock est toujours assez active grâce à quelques associations et de nombreux groupes partent régulièrement en tournée dont City Kids, François Premiers, Pink Flamingos… Nous avons aussi une école de musiques actuelles : Le CEM. Frandol y est prof tout comme Thomas Schaettel, tous deux membres des Roadrunners. Il y a aussi Alan Fatras, batteur des Scamps et des Primitive Limousine ; entre autres musiciens havrais reconnus.
Pleasures :
Stéphane : Il y également eu une secousse au début des années 2000 avec Gasolheads, Elextrolux, Hatepinks, Cowboys From Outerspace, Lo, 25, Nitwits, Neurotic Swingers (?) etc… La période actuelle est très prolifique. Lollipop a modestement contribué à une compilation « Massilia’s burning », sortie avec Fracas records et l’Intermédiaire. Le vinyle regroupe 15 jeunes groupes marseillais actuels. Il y a vraiment une ébullition en ce moment !
Pour Pleasures : est-ce un avantage de compter un anglophone de naissance au sein du groupe ? Pour François Premiers : quel rapport entretient-on avec le chant en anglais quand on est français ?
François Premiers :
Frandol : Il y a au Havre une forte tradition du rock en anglais sans doute due à sa proximité avec la perfide Albion. Il y a aussi chez les havrais énormément de pudeur, peut être est-ce une certaine façon de se cacher, ne pas se « foutre à poil » en chantant en français. Et puis plus simplement, le R’n’R sonne mieux en anglais. Point barre.
Par contre il faut être vigilant dans l’écriture et la prononciation, faire gaffe aux accents toniques etc… On est bien conscients, l’anglais n’étant pas notre langue maternelle, contrairement à Patrick, des imperfections que cela engendre…
Pleasures :
Stéphane : Cela doit faciliter forcément un peu les choses. Sur le prochain album, nous allons tout de même tenter une chanson en français. Patrick est d’ailleurs étonné que les groupes rock français choisissent si peu de chanter dans leur langue maternelle.
Est-ce possible que ce concert annonce de futures collaborations ?
Pleasures :
Stéphane : Pourquoi pas dans l’idée ? Mais cela peut être difficile à mettre en place. Peut-être jouer cette même affiche dans d’autres villes ?
François Premiers :
Cyril : Je ne vois pas encore quoi ni comment mais s’il se passe quelque chose entre Lollipop Records et Poseur Records un jour, j’en serai très heureux.
Quels morceaux de musique vous inspirent chez les François Premiers (pour Pleasures) et inversement pour François Premiers ?
François Premiers :
Frandol : J’avoue à ma grande honte que je n’ai pas encore le plaisir de connaitre Pleasures. Ce que j’en ai aperçu me plait bien, power pop, Rickenbacker, good sound…
Pleasures :
Stéphane : J’aimais déjà les Backsliders et les Roadrunners, j’apprécie donc tout naturellement les François Premiers, dont les 45T sont présents dans notre magasin de disques marseillais.

François Premiers & Pleasures
samedi 19 avril 2025 - 20:00
Supersonic Records (Paris)
billetterie en ligne : https://link.dice.fm/b5b1c4242e1b
organisation : La Nouvelle Machine
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