Le John Wayne Supermarket chante les Fils de Joie !

mardi 29 avril 2025, par Franco Onweb

En voilà une bonne idée : le John Wayne Supermarket, le collectif musical monté autour du multi instrumentiste, Philippe Gilard, a décidé de reprendre sur « Sur la route d’Ainhoa » le titre des Fils de Joie.

Petit retour en arrière : le John Wayne Supermarket est né il y a quelques décennies autour de Philippe Gilard, musicien, producteur et surtout grand activiste du rock d’ici qui a eu la bonne idée de réunir autour de lui des copains musiciens pour ce projet original qui nous rappelle les Byrds, The Mamas and the Papas et autres groupes à mélodies. Le collectif a sorti il y a deux ans un superbe premier album, « Les Plus Grands Succès », sur lequel je vous conseille de vous précipiter. Philippe Gilard, ayant travaillé sur les deux albums des Fils de Joie a adoré « Sur la route d’Ainhoa » et a décidé d’en faire sa version, entouré de quelques membres de son collectif.

J’ai sauté sur l’occasion de cette reprise pour discuter avec Philippe Gilard mais aussi Fleck, guitariste et harmoniciste du JWS, Carole, la joueuse de Ukulélé et Véronique la chanteuse du titre pour savoir pourquoi ils avaient fait ça mais aussi, et surtout, pour prendre quelques nouvelles de ce collectif assez unique en France.

Vous êtes qui ?

Philippe Gilard : le John Wayne Supermarket.

Fleck : je suis Toulousain, je joue de la guitare dans Indian Ghost depuis une trentaine d’années et avant dans le Prehistoric Pop.

Philippe Gilard : nous jouons ensemble avec Fleck depuis plus de 35 ans, moi aussi j’étais dans le Prehistoric Pop puis nous avons fondé Indian Ghost avec Joël Calatayud en 1992.

Véronique : je suis la pièce rapportée parce que je ne suis pas musicienne mais je chante, notamment sur la reprise des Fils de Joie et sur le premier album de JWS.

Carole : j’habite Dijon et je joue du Ukulélé sur la reprise de « Sur la route d’Ainhoa ». Je joue dans des groupes de Ukulélé, notamment pour le John Wayne : j’ai joué sur quelques morceaux de l’album et lors de quelques shows case parisiens.

Philippe Gilard : j’ai fondé le John Wayne Supermarket quand j’habitais aux Antilles, en 1996. Je compose les chansons, les textes, j’enregistre les maquettes à la maison, je joue de la guitare, de l’orgue, je chante…

De gauche à droite Véronique, Philippe Gilard et Fleck
Crédit : Christel Parissenti

Vous êtes un groupe ou un collectif ?

Fleck : je n’en sais rien, je viens, je joue et voilà !

Philippe : c’est un collectif autour des chansons que l’on fait à la maison avec Véro. Fleck et Carole font partie du collectif depuis longtemps, d’abord parce que ce sont de vieux amis. Ils ont joué sur la reprise des Fils de Joie parce que la chanson leur plaisait et que leur style allait coller avec ce projet. Sinon, pour le nouvel album en cours nous avons Philippe Feydri à la guitare, Fred Salon à la basse mais ils ne jouent pas sur la reprise. Les musiciens sur les chansons peuvent varier en fonction de l’orientation que l’on souhaite donner au morceau comme de leurs goûts personnels. En tout, on est une bonne quinzaine dans ce collectif (dont Christel présente ce jour mais qui ne chante pas sur « Ainhoa »).

Pourquoi cette reprise ?

Philippe : en faisant le mastering de l’album du retour des Fils de Joie, cette chanson que je ne connaissais absolument pas auparavant, m’avait marqué. Le texte simple et efficace comme la mélodie étaient très accrocheurs. En masterisant il y a quelques mois le Live du groupe, j’ai découvert leur nouvelle version, plus électrique. J’ai alors pensé que ce serait bien de reprendre ce titre à la sauce John Wayne Supermarket dans un esprit « Africain », avec une rythmique lancinante à la manière de certains titres d’Amadou et Mariam. C’est pour cela qu’avant toutes choses j’ai travaillé sur une section rythmique très percussive avec tablas, congas et darbuka.

Fleck : on voulait faire du « Blues Malien », un peu comme Ali Farka Touré. Sur la reprise, j’ai joué de la guitare 12 cordes et aussi de l’harmonica.

Philippe : l’objectif était de conserver un côté acoustique avec des guitares sèches 6 et 12 cordes jouant en harmonie mais aussi du Ukulélé pour que les cordes carillonnent. Carole est venue un weekend et a donc enregistré le morceau.

Carole : ça s’est fait naturellement, comme d’habitude avec nous…

Fleck : je partais en week-end chez Philippe dans le Périgord. Il m’a appelé pour me dire qu’on allait reprendre un morceau des Fils de Joie et l’enregistrer. Je devais amener la 12 cordes et un harmonica.

Pourquoi voulais-tu que ce soit une fille qui chante  ?

Philippe : d’abord parce que Véronique chante beaucoup mieux que moi ! Ensuite, je pense que c’est une chanson qui doit être chantée par une fille ! Il fallait une voix assez haute, perchée, éthérée… avec aussi un joli grave. Ce titre convenait idéalement à la tessiture de Véro.

Pourquoi ?

Philippe : parce que c’est un texte qui est parfait pour une fille ! Même si Véro n’est pas forcément fan du Biarritz Olympique ni de rugby en général !

Ça représente quoi pour vous les Fils de Joie ?

Philippe : Christel, notre autre chanteuse, qui n’est donc pas présente sur la reprise, est une vieille fan des Fils de Joie et notamment du « Requin Vert ».

Fleck : pour moi c’est le lycée. Quand j’étais en seconde, on écoutait « Adieu Paris ».

Philippe : pour moi c’est pareil : ce sont mes années collège et lycée à Toulouse. J’ai redécouvert des titres il y a une vingtaine d’années comme « Tonton Macoute » qui m’a marqué. Le texte manie un humour noir très incisif pour qui connait un peu Haïti. Le côté pop du groupe, avec des titres comme « Allongé sur la Dune » par exemple, avec ce côté Daho, me plaisait aussi beaucoup.

Fleck : j’aime beaucoup « Ultime Pogo » et aussi « Nous ne dansons plus la nuit ».

Philippe : c’est le côté pop du groupe qui nous attire.

Carole : je ne connaissais pas bien le groupe. Je l’ai découvert avec cette reprise et j’ai beaucoup aimé.

Véronique : j’ai découvert le groupe parce que Philippe travaillait sur le live et j’ai tout de suite aimé « Sur la route d’Ainhoa ».

Carole Caucase et son Ukulélé
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C’est quoi la suite pour le John Wayne Supermarket ?

Philippe : on travaille sur un nouvel album avec Fred Salon à la basse, un ami de Périgueux fan de rock australien notamment, et Philippe Feydri à la guitare électrique (ex Real Cool Killers, Thompson Rollets, Scubba Drivers, Gun Egg Fryer…). C’est aussi un grand amateur des Byrds et son jeu, nerveux et intelligent, correspond parfaitement à nos ritournelles. Ce sera un disque majoritairement en anglais, plus power pop et rock’n’roll que le premier. On élargit la palette !

Tu vas intégrer la reprise pour le prochain album ?

Philippe : ce n’était pas prévu à la base mais plus ça avance, plus je pense qu’on le mettra. On a six ou sept morceaux en Anglais et celui-là s’incorporera bien en apportant de la variété avec le chant en Français.

Il sortirait quand le disque ?

Philippe : quand il sera fini (rires). Pour l’instant on maquette à notre rythme, mais ça avance bien. Nous n’avons pas d’échéance particulière donc on prend le temps de bien faire et que tout le monde en soit satisfait.

Vous auriez repris quel autre morceau des Fils de Joie ?

Philippe : « Nous ne dansons plus la nuit » probablement ! Mais notre préférée reste vraiment « Sur la route d’Ainhoa », chantée par une fille !

La version studio est très pop, la version « Live » est très rock alors que la vôtre est très posée avec un esprit « Americana Folk ».

Philippe : au niveau du tempo, on est beaucoup plus rapide que leurs versions. C’est la voix de Véro qui donne cette impression je pense. On a rajouté des percussions, de l’harmonica, du Ukulélé, un petit violoncelle… pour amener le côté acoustique, je la sentais comme ça… On a travaillé ensemble dans ce style ! On a effectué quelques modifications, quelques adaptations pour mieux s’approprier la chanson : on a enlevé le riff initial en le remplaçant par une boucle d’orgue et un harmonica comme on ne voulait pas de guitare électrique, on a un peu changé la manière d’enchainer les accords pour que ce soit plus coulant, Véro a posé le texte un peu différemment qu’Olivier… C’est une reprise, on n’allait pas la faire à l’identique, ça n’aurait pas eu de sens ni d’intérêt. Il s’agit de notre vision de la chanson avec un éclairage à la JWS.

Dans la chanson tu cites Joe Dassin, qui n’est pas dans la version originale.

Philippe : on adore Joe Dassin, voilà pourquoi ! Quand on part en voiture avec Véro on écoute Les Byrds, Bob Dylan et Joe Dassin. « Les Byrds », ça ne marchait pas au niveau du phrasé pour la chanson, il manquait un pied, mais les deux autres, Joe Dassin et Bob Dylan oui, alors on les a mis. On aurait pu mettre « Les Beach Boys », « Les Ronettes » voire « Black Sabbath » ou « Mötorhead »… ça collait aussi ! Je pense qu’Olivier ne nous en veut pas d’avoir pris quelques libertés avec sa chanson !

Pochette «  Les plus grands succès  », le premier album du John Wayne Supermarket
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Les projets c’est l’album ?

Philippe : Oui mais pas tout de suite, on écrit encore des morceaux. Après viendra le temps de savoir sur quel label le disque sortira (nous avons deux ou trois idées pour le moment mais rien n’est figé…). Mais en attendant vous pouvez toujours écouter notre premier album sorti chez Twisted Soul Records, le label de notre ami Thierry Baron.

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