Barnabé Mons : rencontre avec un artiste pluriculturel

lundi 27 janvier 2020, par Franco Onweb

Barnabé Mons est un personnage incroyable : voici quelqu’un qui est à la fois chanteur, auteur, écrivain et commissaire d’exposition. Un être multiculturel, sans cesse en mouvement et qui ne peut se contenter d’une seule activité.

A la base je l’avais contacté pour ses activités de chanteur, notamment au sein des magnifiques Gentlemen’s Agreements, qui démarraient une tournée très attendue. A la surprise générale, et notamment à la mienne, il profitera de cette interview pour annoncer son départ du groupe. Ne vous inquiétez pas, il reste toujours le chanteur de Sheetah et les Weissmuller, le splendide groupe de garage et il a suffisamment d’activités en cours pour que l’on entende encore beaucoup parler de Barnabé Mons.

Peux-tu te présenter ?

Barnabé Mons, 45 ans, yeux bleus.

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(Photo Elodie Kalanchoe Fougére) 

Comment la musique est entrée dans ta vie ?

La musique est entrée dans ma vie grâce à quelques disques qui trainaient à la maison : un double best of d’Elvis Presley, Rock’n’Roll Animal de Lou Reed, Magical Mystery Tour des Beatles et une compilation d’Eddy Mitchell.

Quelles sont tes influences ?

Comme beaucoup de passionnés des sixties, j’ai usé mes Pebbles, Nuggets , tous les classiques du rock garage, psychédélique, la sunshine pop et les yéyés. Mais je suis aussi passionné de Soul Music, de Funk , de Krautrock et de bizarreries inclassables. Des personnages comme Screaming Lord Sutch, Kim Fowley ou Moondog sont des gourous pour moi…

Quel a été ton parcours musical jusqu’à Sheetah et les Weissmuller  ?

J’ai commencé par taper sur une batterie dans des groupes Surf/Garage, puis j’ai pris le micro dans un énième groupe baptisé The Rippers. Le but ultime consistait à jouer en première partie des Cramps , des héros, et le groupe s’est séparé après l’accomplissement de cet exploit, en 1998.

Peux-tu nous parler de ce groupe : influences, les membres, les disques, les concerts marquants … ?

Depuis sa création en 2001, le groupe Sheetah et les Weissmuller a subi une série de mutations génétiques : on est passé du groupe « twist-trash au garage-band », puis du combo psychédélique au big-band Soul, toujours dans la langue de Ronnie Bird et Jacques Dutronc. En 18 années, je dirais qu’une trentaine de membres se sont succédés au sein des Weissmuller, c’est beaucoup mais c’était la condition pour durer, chacun a apporté sa pierre à la carrière du groupe.

Les grands moments, c’est surtout les soirées démentes aux parfums de Happening qu’on organise parfois avec des acrobates, un fakir, le chanteur Vigon, des combats de catch, des surprises en tout genre avant l’arrivée des Sheetah sur scène. Et parmi les grands souvenirs, il y a aussi les enregistrements des albums dans des studios incroyables, équipés de matériel de haute époque (Studio Circo Perrotti en Espagne, Studio Kerwax en Bretagne).

Avant de parler des Gentlemen’s Agreements , peux t’on évoquer tes autres activités : quelles sont-elles ?

Je suis commissaire d’exposition et chasseur de talents orienté Insolite, Art Brut, Arts Populaires, Fan Art… Là je prépare une exposition sur l’Art Psychédélique français pour le Musée International des Arts Modestes de Sète, j’y travaille depuis des années avec mes complices. Sinon j’écris et publie régulièrement des textes divers : textes pour catalogues d’expositions, récits autobiographiques, chansons, divagations…

Trouves-tu un lien entre toutes ces activités ?

Bien sûr, pour moi ces activités sont complémentaires, mais c’est difficile de faire comprendre qu’une seule et même personne se trouve derrière des projets si différents. Heureusement, je travaille depuis 2 ans en collaboration avec la photographe Elodie Fougère qui m’aide sur tous les plans à la fois : communication mais aussi production, suivi des dossiers, administration. Ensemble, nous avons créé le site Internet confusion.space qui présente toutes mes activités : expositions, rock, évènementiel, écriture.

En dehors de la musique quelles sont tes influences principales ?

Je dirais Youri Gagarine, Pablo Picasso et Mère Theresa. D’ailleurs ils auraient dû monter un groupe, le monde aurait pu être sauvé.

Quand The Gentlemen’s Agreements ont-ils commencé et à quelle occasion ?

Les Gentlemen’s Agreements se sont formés il y a maintenant 7 ans.

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(les Gentlemen’s Agreements - Droits réservés) 

Peux-tu présenter les musiciens dans le groupe ?

Alain N°9 à la basse, Alexandre à la batterie, Waldo Le Pacha à la guitare et Coog à l’orgue. Par le passé, il y a eu Yann Cracker et Vincent Vidor à la guitare, et Paolo Negri et Denis Troufleau à l’orgue.

Comment qualifierais tu les Gentlemen’s Agreements  ? 

Les GA sont un groupe beat/rhythm’n’blues avec des accents garage/psychédéliques.

Quelles étaient vos influences au début ?

Au début, le groupe ne jouait que des reprises plus ou moins obscures dans le seul but de faire danser l’assistance. Notre premier album pointe bien ces influences : « One Fine Day » de Shel Naylor, « I take what I want ” de Sam and Dave via les Artwoods , “There’s no place for lonely people” du groupe belge Adam’s Recital

Êtes-vous intégrés à la scène « Garage » Européenne qui est très active ?

Oui, on a participé à beaucoup de festivals Mods et psychédéliques en France, Espagne, Italie, Allemagne. Cette scène est en effet très active, elle est portée par des passionnés qui sont prêts à parcourir des centaines de kilomètres pour une bonne soirée du genre, c’est assez motivant.

Quelles ont été les dates de concerts importantes  ?

Les dates qui ont compté sont celles où la transe a emporté la salle et la scène vers des extases païennes aux saveurs d’orgies intersidérales.

Vous avez enregistré combien de disques ?

Les Gentlemen’s Agreements ont enregistré deux albums et deux singles.

Qui compose et qui écrit les morceaux ?

Les chansons originales sont venues au deuxième album, chacun a participé selon ses capacités mais rien n’aurait été possible sans les talents de musicien de Denis Troufleau qui tenait l’orgue à l’époque.

Les textes : d’où vient l’inspiration ?

Alors là je vais répondre un truc bizarre : la plupart des textes ont été inspirés du scenario d’un film américain qui ne verra jamais le jour. En fait, une productrice de cinéma nous a sollicités pour faire la BO d’un film, en proposant un contrat et des sommes astronomiques !!! Bien sûr on s’est mis au boulot, et bien sûr la productrice nous a oubliés… mais nous avons sorti le disque sur le label SoundFlat peu après. 

Comment se procurer vos disques ?

Sur la toile ! Et dans les bonnes crèmeries, qui se font rares…

Quel est pour vous l’importance de l’image ?

Pour certains membres du groupe, l’image est un élément extrêmement important : si vous saviez le nombre de foulards, boutons de manchettes et sèche-cheveux usés chaque année par le groupe, vous tomberiez dans les vapes c’est certain.

Etes-vous très présents sur internet ?

De moins en moins puisque j’ai quitté le groupe à l’instant où je te réponds.

Quels sont vos projets ?

En ce qui concerne ma participation aux Gentlemen, plus rien. Mais pour le reste il y a beaucoup de choses en cours : quelques concerts pour Sheetah et les Weissmüller et pourquoi pas un nouvel album. J’ai aussi le duo Adam et Dave orienté eléctro-dark qui continue d’avancer, mais c’est encore une autre histoire.

Le mot de la fin : vous pouvez dire ce que vous voulez ?

Nous voulons que les bons concerts des GA restent à jamais gravés dans les zones interdites du cerveau gauche de celles et ceux qui y ont assisté.