The Last Time rencontre avec un groupe insulaire

vendredi 23 mai 2025, par Franco Onweb

On avait quitté Olivier Popincourt avec un troisième album splendide remplis de chansons Pop et de mélodies remplies de ses influences Soul, jazz et disons le mot : Mod ! On le retrouve aujourd’hui comme chanteur, guitariste de The Last Time, un quartet de « power rock » plein d’énergie. Attention, il ne s’agit surtout pas d’un « Side-Project » d’Olivier puisque ce groupe a … 25 ans d’existence et sort un premier 4 titres absolument splendide !

The Last Time, ce sont quatre amis qui se retrouvent tous les étés à l’île d’Yeu pour faire de la musique pour le plaisir. Quelques répétitions, une scène, de l’énergie et c’était parti pour des concerts insulaires autour de reprises de très bonne facture. Et puis il y a eu cette envie de composer et puis d’enregistrer un quatre titres, ce que le groupe a fait au mythique studio Black Box d’Angers cet hiver. Depuis le groupe a organisé un crowdfunding (https://fr.ulule.com/the-last-time-ep/) et s’apprête à reprendre le chemin de la scène cet été.

Olivier Popincourt et moi sommes de vieux complices et quand il m’a proposé de discuter avec The Last Time, j’ai sauté sur l’occasion. C’est un dimanche matin, quelques heures après une défaite cinglante de la France à l’Eurovision, en visio, que j’ai pu interviewer les quatre membres du groupe.
Je terminerai juste en vous disant que The Last Time n’est pas le groupe ou le Side Project d’Olivier Popincourt mais un vrai combo qui a su trouver sa propre identité en arpentant les scènes. C’est souvent la marque des plus grands !

Vous êtes qui ?
Olivier Cha : The Last Time !
Pierre Borny : Bassiste
O : Guitariste Rythmique
Daniel Le Bris : Batteur
Olivier Popincourt : Je suis chanteur et guitariste

The Last Time, de gauche à droite Olivier Popincourt, Daniel Le Bris, Pierre Borny et Olivier Cha
Crédit : Anne Marzeliere

Quelles sont les origines du groupe ?

D : On s’est rencontré en 1988 avec Olivier (Popincourt NDLR) dans un groupe qui s’appelait ITT à l’île d’Yeu. À la suite de ça on a continué à jouer ensemble et cela s’est transformé en The Last Time.
OP : On joue ensemble depuis la fin des années 80. Il y avait Daniel, Pierre, un autre guitariste et moi. On se voyait tous les étés à l’ile d’Yeu. L’idée était simple : on faisait trois répétitions et puis un concert.

Au début, vous étiez un groupe de reprises ?

OP : Oui, On faisait des reprises des années 60 (Freakbeat, Nuggets) et de la période 77 – 79 anglaises avec ce que l’on pourrait appeler Post Punk et New Wave, même si cela ne veut pas dire grand-chose… On faisait du Jam, Clash, Undertones…

Pourquoi ce nom : The Last Time ?

OP : C’est le nom d’un morceau des Rolling Stones repris par les Who. C’est comme ça surtout que je l’ai connu… Pour nous cela voulait surtout dire que le groupe n’avait pas vraiment de visibilité et que c’était un peu la dernière qu’on jouait… C’était une blague entre nous !
O : Maybe The Last Time ? I don’t know !

Vous l’avez reprise ? Vous auriez pu aussi reprendre la version française de Ronnie Bird « Elle m’attend » ?

OP : Non, on ne la reprend pas. On a essayé mais ça ne marchait pas avec notre son. On devrait peut-être la réessayez !

Vous avez beaucoup joué ?

OP : On fait 3, 4 concerts tous les étés.
P : On jouait tous les étés…
OP : Depuis le Covid, et avec le télétravail, on se voit plus en hors saison et on arrive à jouer en dehors des périodes estivales. On a déjà joué trois fois à Paris et aussi deux fois deux dans l’est, à Nancy. On jouait tous les étés depuis 25 ans et avec l’âge et la maturité, on s’est dit « pourquoi ne pas enregistrer un disque ? ». A force d’échanger avec des groupes amis comme Lux The Band ou les Soucoupes Violentes qui avaient enregistré au mythique studio Black Box, près d’Angers, on se disait que c’était une bonne option, à la fois pour le son et la situation géographique.

Vous avez mis 25 ans à enregistrer un disque et à écrire 4 titres !

OP : Oui
D : Ce n’était pas le but à la base ! On faisait trois répétitions dans l’été et on jouait à fond pour les copains. On s’amusait bien et ça nous suffisait ! On s’est pris au jeu. On a changé de guitariste. Ça a fait évoluer les choses au niveau du groupe et puis l’idée a germé…

En concert à l’ile d’Yeu été 2024
Crédit : José Baud

Donc le groupe de copains qui faisaient des reprises dans les bars de l’île d’Yeu pour s’amuser est devenu un vrai groupe ?

D : Oui, on travaille tous à côté, on répète quand on peut et puis surtout nous sommes amis, on s’adore tous et cela donne une vraie énergie. C’est là le secret du groupe : nous n’avons pas nécessairement les mêmes goûts mais nous avons créé une vraie entité.

Dans le groupe il y a Olivier Popincourt qui mène une carrière solo avec plusieurs disques dans un style très éloigné. Tu arrives avec ce groupe très différent musicalement. Est-ce que le projet The Last Time n’est-il pas en train de prendre « le dessus » sur le projet Popincourt ?

OP : Non, c’est complémentaire. Je ne prends pas le groupe pour un « side project ». Je fais les choses très sérieusement. Je suis même un peu dictateur… (rires générales)
D : C’est bien, ça nous évite de le dire (rires).
OP : C’est un vrai groupe ! Quand je joue avec Popincourt je joue avec de supers musiciens mais là c’est un groupe. Quand on se branche, on a tout de suite le son que l’on veut ! On a essayé une composition. Puis, étant ravi du résultat, on s’est dit que c’était un peu con d’enregistrer une composition et trois covers. J’avais des titres sous le coude pour un prochain disque de « Popincourt ». J’en ai fait une sélection, les ai adaptés, notamment en les accélérant. On les a travaillés et chacun a amené ses idées, notamment Pierre qui a co-écrit la musique de « I’ve seen this movie a hundred times ». S’il y a une suite, chacun pourra évidemment amener ses idées.

Olivier Popincourt et Daniel Le Bris en concert à l’ile d’Yeu été 2024
Crédit : José Baud

On a l’impression que quand tu joues avec The Last Time tu es heureux, comme s’il n’y avait pas d’enjeux, que tu étais content d’être dans un groupe et que tu as une confiance totale avec les autres membres du groupe ?

OP : Pour moi ce ne sont pas des vacances : je prends ce groupe très au sérieux et avec les années, nous avons créé notre propre son. L’énergie qui se dégage de The Last Time, avec l’expérience, me donne effectivement une grande confiance.
O : Je voudrais dire quelque chose. Je suis la pièce rapportée du groupe. Je connais le groupe depuis 2007 et vais à l’île d’Yeu tous les étés depuis 1991. J’avais flashé sur leur reprise de « Pinball Wizard » des Who. Il y avait Cédric à l’époque à la guitare rythmique dans le groupe et Pierre m’a proposé de les rejoindre quand il est parti. Il savait que j’avais une SG de 1979. J’étais absolument ravi. Je connaissais leur répertoire. C’était vraiment jouissif de jouer avec eux. Cela a amené quelque chose qui, peut-être, a cimenté le groupe même si je suis le plus mauvais musicien des trois. J’ai beaucoup travaillé sur leurs conseils et je pense que mon arrivée a modifié des choses. Il y a un son Last Time et une énergie Last Time. Quand on parle aux autres musiciens à l’île d’Yeu, c’est ce qui dégage : le son et le côté jubilatoire du groupe !

Olivier Cha
Crédit : José Baud

Depuis trois ans, le groupe est devenu un vrai beau projet ! Ça s’est fait comment cette transition ?

OP : Après le Covid, nous avons eu plus d’opportunités de nous voir à Yeu et de répéter davantage. On est devenu meilleur. Et il était temps d’envisager un disque. J’ai dû un peu « ramer » pour que les autres acceptent, mais nous y sommes !
D : Ça c’est sûr (rires)
OP : Je pense qu’il fallait le faire mais surtout pas des reprises !
D : Je n’avais aucune envie d’enregistrer des reprises !

Vous avez enregistré au Black Box Studio, qui est très réputé, vous sortez un quatre titres… Vous auriez pu faire ces 4 titres à l’île d’Yeu dans votre local ou même en Live ?

OP : Je ne voulais pas un truc bricolé… même si on y a songé. Nous avons passé l’âge et il fallait nous donner les moyens.

Vous avez mis les grands moyens en effet !

OP : On le vaut bien. On avait un peu de budget avec les concerts et je ne voulais surtout pas un disque bricolo.

En studio
Crédit : Anne Marzeliere

Vous auriez pu faire un Live à l’île D’Yeu ?

OP : Oui mais on ne voulait pas. Pourtant il y a beaucoup de musiciens à l’île d’Yeu, grâce à Daniel il y a une association « Rock à Oya » depuis 35 ans. Dans le fort de la citadelle (l’ancien bagne de l’Île, NDLR), il y a un local de répétition avec des murs de trois mètres de large. Il y avait une vraie culture rock et punk grâce aux marins. Pendant les années 80, les jeunes marins se sont procurés du très bon matériel et un vrai creuset rock s’est créé, avec la possibilité de jouer dans x bars, avec la communauté de l’Île.
D : Même s’il y a maintenant un côté très bourgeois et conservateur sur l’île, il y a de la musique ! Quand on a commencé dans les années 80, il n’y avait rien ! Quand j’ai rencontré Olivier, au début on a répété un peu au Fort et puis on s’est fait jeter. Trop de bruit. On a répété dans des garages puis on a pu monter cette association, mettre de l’argent de côté pour avoir une sono, insonoriser cette salle dans le Fort qui fonctionne depuis 26 ans.

Qui a écrit et composé les quatre titres ?

OP : J’ai écrit trois titres et le quatrième est venu d’une superbe mélodie de Pierre.
D : J’ai écrit cette ligne et puis on a retravaillé ensemble !

Il y a d’autres morceaux inédits ?

OP : Il y en a en chantier.
O : J’ai un peu plus de temps, je viens de m’acheter une carte son et je vais m’y mettre. Je réfléchis, je travaille et je ferai écouter des choses aux autres, qui sont très exigeants…

Pourquoi chantez-vous en anglais ?

OP : On ne reprend aucuns morceaux en Français et c’est par cohérence avec le son c’est en Anglais. C’est un vrai sujet pour moi mais à priori ça restera en Anglais.
O : J’aimerais que l’on essaye, ça me ferait très plaisir. C’est une discussion que j’ai souvent avec Angela de Lux The Band qui devrait essayer de chanter en Français. Il faudra essayer entre nous et on verra.

Souvent les gens ont peur de chanter en Français, parce qu’il faut faire des textes puissants hérités de la « grande chanson française ».

O : Je ne suis pas d’accord avec ça. Il faut écouter Ronnie Bird ou Bijou : c’est cohérent et percutant.
OP : On ne se voit pas souvent, on ne répète pas toutes les semaines mais on vient de réussir ce projet de faire 4 titres. Je ne peux pas dire que je sois fier du résultat - ce n’est pas à moi de le dire - mais je suis fier d’avoir fait ce chemin avec le groupe ! On fera le bilan dans 6 mois et on verra ce qu’on veut faire. C’est un peu compliqué quand tu joues les meilleurs morceaux du monde, les Kinks, les Who, le Velvet, et que tu mets quatre morceaux à toi dans le set : il faut que cela passe, la barre est haute !
O : J’ai échangé à la fin de notre dernier concert avec des copains de l’ile d’Yeu qui sont musiciens et ils me disaient que ça passe très bien.

Après les 4 titres, il y aura un album ?

OP : C’est la question qui va se poser, si on continue. Il va falloir composer une dizaine de morceaux qui tiennent la route…

Pierre Borny
Crédit : José Baud

Mais vous allez continuer ?

O : C’est jubilatoire de faire de la musique ensemble !
D : C’est trop bien de faire du rock ensemble !

Tu agis un peu comme un leader ?

D : C’est sûr que c’est le meneur pour l’organisation de l’enregistrement, du Crowdfunding, de la promo… Nous, on est des suiveurs parce qu’on s’y connaît beaucoup moins que lui.
O : C’est nouveau pour nous : c’est à la fois étonnant et flippant mais on avance… ça fait quatre concerts que l’on a intégré les nouveaux morceaux et que ça fonctionne très bien.

Vous faites un crowdfunding en ce moment, pourquoi ?

OP : Il y a trois raisons : donner de la visibilité au projet, permettre aux gens d’acheter le disque parce qu’il n’est pas toujours disponible dans les magasins et avoir une avance de trésorerie.

Crédit : Anne Marzeliere

Vous ne craignez pas d’être considéré comme Olivier Popincourt and The Last Time ?

D : C’est le cadet de mes soucis, sur scène ça n’a rien à voir !
O : Je ne le vois pas comme ça, je l’ai souvent vu sur scène avec son projet Popincourt. Il a une manière de faire de la musique qui n’a rien à voir avec ce que l’on fait.
D : Certains vont dire que c’est du Popincourt à la sauce Last Time ou Olivier Popincourt and The Last Time, tant pis pour eux, moi je m’en fous. Olivier ne peut pas se dédoubler mais nous sommes tous les quatre the Last Time et c’est comme ça ! C’est la manière dont on interprète qui fait la différence.
O : Sur la construction il y a une richesse d’harmonie qui sont inspirées de son travail. Il y a une sophistication qui est très nette et qui est en rapport au travail d’Olivier.

Qui a réalisé le disque ?

OP : C’est Peter Deimel qui a fait le son mais nous l’avons réalisé, nous savions quel son obtenir.

Quels sont vos projets ?

OP : On a des concerts à l’île d’Yeu le 27 juillet et on sera le 19 septembre à Paris, à la Dame de Canton avec les Soucoupes Violentes en format duo (Stéphane et Elsa), pour la « Release Party ». On doit aussi caler des dates en août.

The Last Time avec Peter Deimel
Crédit : Anne Marzeliere

Et après ?

OP : On cherche des dates de concert. Le clip et le disque vont nous aider à en trouver.
O : C’est aussi pour ça que l’on a fait ce disque : trouver des concerts.

Vous avez fait quelques gros concerts dont une première partie d’Elmer Food Beat. Vous adorez la scène !

OP : La première partie d’Elmer Food Beat c’était génial, il y avait pleins de monde, c’était top ! On va essayer d’aller jouer plus loin si on a les moyens et l’agenda possible.

L’image a-t-elle une importance pour le groupe ?

O : Je n’y suis pas trop attaché mais je sais que c’est important. Il faut une cohérence.
OP : Pas de t-shirts, pas de baskets et de sandales.

Crédit : Anne Marzeliere

Il a été fait où votre clip ?

OP : Dans une boîte de l’île d’Yeu. On revient toujours à l’île d’Yeu mais on est de là-bas et on le revendique, ce n’est pas du marketing.

D’où viennent les textes ?

OP : C’est moi qui les écris. Je ne revendique jamais rien dans mes textes. Ce sont des histoires de relation entre les gens. Dans ce cas, ce sont quatre textes qui sont liés à des histoires autours de l’ile d’Yeu, de la jeunesse, du temps qui passe…

Vous faites de la publicité pour l’île d’Yeu. Avez-vous été aidé par la municipalité locale ?

OP : On représente certainement une autre ile d’Yeu que celle décrite dans les reportages qui se multiplient à la télé ou dans les magazines et nous n’avons pas vraiment essayé de rencontrer les autorités locales (rires).
O : On pourra demander une résidence un jour, peut être…

Crédit : Olivier Gadal

Quel disque donneriez-vous à un enfant pour l’amener vers la musique ?

D : "Highway to Hell" d’AC DC.
O : "Who’s Next" des Who
OP : "Snap", la compilation de The Jam et « Love Bites » des Buzzcocks
P : "High Voltage" d’AC DC

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