« French League », les soirées qui réveillent Paris

vendredi 2 mai 2025, par Franco Onweb

On avait quitté Palem Candiller comme étant « l’Ambulancier » un projet musical passionnant et on le retrouve comme organisateur de soirées. Au moment où jouer à Paris devient très compliqué suite à la fermeture de nombreux lieux, Palem continue d’organiser des soirées qui permettent à des artistes de monter sur scène.

Le 15 mai prochain, à la Mécanique Ondulatoire, trois groupes et artistes vont jouer dans le cadre des soirées « French League ». Il y aura l’Ambulancier mais aussi Titus d’Enfer et Ektore. Pour en savoir plus sur ces soirées et sur ces groupes, j’ai posé quelques questions à Palem.

On t’avait quitté musicien, on te retrouve organisateur, pourquoi ce changement ?

En fait, j’ai toujours organisé des concerts. J’ai monté mes premiers live il y a une vingtaine d’années, avec une sono empruntée à un copain, parce que j’ai vite compris qu’il fallait un minimum d’autonomie pour faire vivre sa musique et qu’on n’allait pas venir me chercher. Je crois aussi qu’au fond, j’aime coordonner et voir des trucs, même modestes, se monter. Ça a pris un peu plus d’ampleur ces dernières années avec L’Ambulancier et je pense qu’être artiste aujourd’hui implique toujours une bonne dose de débrouille. Ça peut même faire partie de l’identité du projet.

L’Ambulancier
Crédit : Jordan Dorey

Peux-tu présenter les soirées que tu organises ?

Les soirées “French League” ont lieu, pour l’instant, en région parisienne et proposent à chaque fois trois groupes pour un tarif entre 10 et 15€. Souvent, c’est une formule avec deux concerts et un showcase solo en tout début de soirée. J’en ai organisé une petite dizaine jusqu’à présent, sous différentes formes (et parfois avec un autre nom), dans des lieux comme le Batofar, la Péniche Antipode, l’Anti-Club et feu l’Olympic Café. Les groupes se serrent les coudes pour la promo et l’orga technique, je chapeaute tout ça et j’apporte la structure administrative. On partage les bénéfices en parts égales. Le public a été au rendez-vous jusqu’à présent et les gens font des découvertes à chaque fois.

Pourquoi les as-tu créés ?

Il y a une épidémie de fermeture inquiétante chez les petites salles qui accueillent des groupes en développement sur Paris et en Ile-de-France. Et mathématiquement ce qu’il reste de lieux devient inaccessible devant l’abondance de projets qui veulent jouer. Donc c’est plus dur que jamais de trouver des dates. Alors ma réponse, c’est de louer des espaces, d’organiser mes propres événements et de construire ça en bonne compagnie. Avec “French League”, je me fabrique mes occasions de concerts mais je crée aussi du lien avec des créatif.ves que j’estime et je pense que le public sent que ces soirées se font dans le partage.

Quelle est la ligne artistique ?

Je voulais faire quelque chose qui ait une personnalité. Pour commencer, j’avais envie que les artistes chantent en français, parce que c’est important à mes yeux de mettre en valeur la création dans notre langue. Je voulais aussi que ça suive au maximum le mot d’ordre #morewomenonstage, qui me parle énormément et qui donne une façon concrète d’aider à l’égalité des genres sur scène. Enfin, j’essaie de faire jouer des projets qui font rarement du live ou dont ce serait la première scène. En résumé : français, inclusif, exclusif. Alors je n’arrive pas toujours à cocher toutes ces cases. Les groupes dont je rêve ne sont pas forcément dispo et ce côté “contraintes” fait que je prends parfois beaucoup de temps à composer un plateau. Mais je fais de mon mieux sur ces points-là.

Comment les as-tu créés ?

C’est venu par hasard quand on m’a confié une date à l’Olympic Café en 2021, et que je pouvais la programmer comme je voulais. L’Ambulancier venait à peine d’être créé. J’avais déjà de l’expérience en organisation mais c’est à ce moment-là que j’ai pensé à développer une ligne artistique et à essayer de la tenir coûte que coûte. J’ai nommé ça instinctivement “French League” sans trop réfléchir, pour ajouter une ambiance “équipe de sport” et faire comprendre que le public vient voir des musicien.ne.s qui vont être bientôt en première ligue de la scène française.

Titus d’Enfer
Droits réservés

Comment trouves-tu les artistes ?

Je me tourne souvent vers des ami.e.s, des copain.e.s que je connais déjà et avec qui on s’était promis de jouer ensemble un jour. Mais j’entretiens aussi ma curiosité vis-à-vis de ce qui se fait en France. J’erre sur les réseaux sociaux et je découvre des nouveaux projets qui me parlent. On me conseille parfois des groupes, aussi, quand je suis en bout de course et que j’ai besoin d’aide pour finaliser le plateau !

As-tu eu des coups de cœur depuis que tu as lancé ce concept ?

Tous les projets qui sont passés par “French League” sont beaux et personnels, ce n’est pas évident d’en prioriser certains. Je suis content d’avoir donné une première date à Nuit Furie, qui sont aujourd’hui accompagné.e.s par Zebrock, et à Collages. Je suis saucé aussi d’avoir joué avec les copains Porcelaine et Mouse DTC. Je pense que toutes et tous ont une belle carrière à venir et j’espère que cette soirée y a contribué.

As-tu joué dans les différentes éditions ?

Oui, l’idée c’est quand même de pouvoir jouer moi-même alors que le booking est une activité difficile, et que c’est surtout un métier à part entière dans lequel je ne suis pas encore bien doué. Organiser, ça je sais faire, mais prospecter et relancer des programmateur.ices, ça reste un muscle à me faire pousser. En attendant donc, je figure dans le plateau 90% du temps et je fais en sorte que la soirée reste pertinente, qu’il y ait des liens entre les différents artistes et que le public ait envie de tout voir.

Quand aura lieu la nouvelle édition ?

Ce sera le 15 mai à la Mécanique Ondulatoire. Je n’y avais jamais joué jusqu’à présent mais j’y ai vu des artistes super importants pour moi dans les années 2010, comme The Coathangers, Eugene Robinson et Shooting Spires. La Méca est maintenant ouverte à la location et j’ai sauté sur l’occasion pour changer de mes salles habituelles et faire honneur à ce que je considère comme un lieu mythique.

Quels artistes seront présents ?

Je suis heureux de faire jouer Titus d’Enfer ce soir-là. C’est un artiste que j’estime énormément, il a créé un style et un vocabulaire qui lui sont propres, vraiment singuliers. C’est comme écouter une fresque moyen-âgeuse pleine de gloire mais avec des synthés et en jeans, je trouve son identité incroyable, personne n’a jamais fait ça avant. En tête d’affiche il y aura Ektore, qui fait de l’art rock narratif et épique aussi, emportée par la voix de Claire Borsoni. C’est un mélange ambitieux de chanson française 70s et de rock prog, hyper bien fait. Finalement, il y aura de quoi voyager en une soirée à travers le temps et le monde pour moins de 15€.

Ektore
Droits réservés

Comment jouer à tes soirées ?

Il n’y a pas mieux que venir me faire coucou sur Instagram (@lambulan.cier) et suivre mes aventures parce que je préviens ma communauté au moment de faire le plateau. Je profite d’ailleurs de cette interview pour inviter les groupes mixtes ou 100% féminins (et bien sûr minorités de genre) à venir vers moi pour continuer de créer de l’égalité sur scène. Ça fait “quota” dit comme ça mais je tombe très souvent sur des très bons projets par la même occasion donc personne n’y perd.

Quels seraient les artistes que tu rêverais d’avoir ?

J’adorerais faire une ou deux soirées vraiment consacrées à de l’electro vener et proposer à Sierra ou à d’autres créateurs et créatrices de synthwave et d’electro-punk de faire rugir les machines. Ça me ferait aussi plaisir que La Féline, que je considère un peu comme une marraine (mais elle n’est pas au courant), soit de la partie aussi, parce que pour moi elle incarne une réussite dans le fait de faire sonner le français comme si c’était une langue étrangère, sans effort.

Penses-tu délocaliser le festival pour un lieu plus important ou aller en province ?

Je ne vois pas vraiment “French League” comme un festival ou comme quelque chose qui pourrait le devenir, du moins avant un long moment. Je trouve que ça serait une opération immense à monter… Je pense que son avenir c’est plutôt d’en faire une franchise qui se développerait dans d’autres villes. Je suis totalement motivé pour en discuter avec quiconque voudrait mettre ça en place chez elle ou chez lui et qu’on se fédère sous cette bannière à plus large échelle. Cela donnerait aussi l’occasion de créer un maillage de lieux où les groupes labellisées “French League” pourraient tourner à travers le pays et se renvoyer l’ascenseur dans un cercle vertueux. Réussir à faire ce qui existe déjà dans la scène punk ou metal.

Quels sont tes projets en tant que musicien ?

Je prépare un album de remixes de mes chansons. Je crois que je n’aurais jamais pensé prononcer cette phrase il y a deux ans ! Et pourtant aujourd’hui je suis fier et impatient que les gens écoutent mes morceaux revus par des artistes electro, punk et pop que j’admire. J’organise aussi une tournée pour l’automne. J’écris des petits bouts de chansons qui deviendront plus grands au fil de l’année. J’aimerais sortir un clip aussi avant l’été pour continuer de faire vivre mon album “French Manhattan”. Du French partout, en fait !

Le mot de la fin !

On est toutes et tous au fond du trou avec le contexte ambiant, mais il y a le soleil qui perce, les copaines. Se rassembler, kiffer, soutenir notre scène musicale, c’est déjà résister et ne pas abandonner. L’urgence c’est d’être ensemble.

https://www.facebook.com/events/9983453221693817/

https://my.weezevent.com/soiree-french-league-6-ektore-lambulancier-titus-denfer

Tickets en ligne : 10 euros, sur place : 10 euros

Soirée French League n°6, plateau rock-pop-electro inclusif, exclusif et 100% en français.
 !! Coup d’envoi à 19h30 pour de vrai !!

Avec élégance et puissance, Ektore tisse un rock poétique où chaque chanson est le chapitre d’une histoire engagée, à la fois intime et résolument actuelle.
À la croisée du rock poétique de Pink Floyd et Supertramp, de la majesté de la musique classique de Debussy, et de la puissance expressive des chanteuses folk rock telles que Dolores O’Riordan (The Cranberries) et Janis Joplin, Ektore crée une expérience musicale riche, poétique et profondément engagée.
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Gyrophares allumés et sirènes hurlantes, L’Ambulancier fonce à travers un Manhattan francophone. Derrière le pare-brise de son ambulance customisée résonnent des refrains catchy qui carburent aux riffs grunge, aux beats synthwave et aux claviers monophoniques de l’Allemagne de l’Ouest. Le tout, dans la langue de Catherine Ringer. Aucun John Carpenter n’a été blessé pendant le tournage.
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Titus d’Enfer est le 22e roi de la prestigieuse famille d’Enfer.
Enroulé dans une Pop minimaliste et épique, le voici parmi vous, pauvre et bossu, Titus d’Enfer, Titus l’errant. Accompagné de son fidèle clavier Antonelli, ils vagabondent tous les deux à la recherche d’une oreille bienveillante…
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La Mécanique Ondulatoire, 8 Passage Thiéré, Paris 11e
Métro Bastille