Follow Me Not : Un groupe à suivre !

lundi 13 décembre 2021, par Franco Onweb

Un soir, un concert où l’on attend pas grand-chose et là il se passe un moment magique. C’est ce qui m’est arrivé avec Follow Me Not, un duo venu de Quimper ! En voyant le groupe sur scène, j’ai assisté à un de mes meilleurs moments musicaux de l’année. Nicolas et Mik, qui forment le groupe, ont parfaitement assimilé la scène post punk et la musique actuelle pour arriver à un résultat éblouissant. On peut penser aux Cure mais aussi à The Mission, The Essence ou autre Sisters Of Mercy. Un nouvel album est prévu au printemps et il est déjà dans ma liste des priorités de 2022.

Suite à ce concert j’ai posé quelques questions à Nicolas, le chanteur guitariste, pour en savoir un peu plus.

Je suis Nicolas et je joue dans le groupe Follow Me Not. A la base, ce n’était pas un groupe, c’était mon projet solo que j’ai commencé en 2009 quand j’ai commencé à diffuser des titres sur Myspace. J’ai sorti en autoproduction quelques disques comme ça. Après j’ai sorti un album sur le label Unknown Pleasures. Suite à la sortie de ce disques je voulais un nouveau challenge : monter sur scène ! L’idée d’y aller tout seul ne me plaisait pas trop. J’ai mis un message sur Facebook et Mik, que je connaissais déjà, m’a répondu. On s’est rencontré pour en discuter et on a vite commencer à répéter. On a fait notre premier concert en 2016. Depuis, on joue régulièrement.

Follow Me Not
Crédit : Anne Marzeliere

Ça fait longtemps que tu es dans le milieu des musiques « Dark » ?

Oui, au début des années 2000 je faisais une émission radio à Lorient sur « Radio Méduse » et mon émission « Black Planet » était consacrée à ces musiques. Je suis aussi rentré dans une association qui s’appelait Clyzenn, basée en Bretagne. On avait des gens de l’association dans toute la Bretagne. On faisait des soirées mixes et des concerts, ce qui m’intéressait le plus. On allait voir les salles à Lorient et à Quimper. On leur proposait une programmation et on les aidait pour la promotion. Ça permettait à ces salles d’avoir une programmation qu’elles n’auraient pas été chercher ! Dans ce cadre-là, on a fait venir Collection D’arnell Andréa, T21, Morthem vlade art, LTNO, Das ich, Punish Yourself ou Cinema Strange un groupe américain. Quand la radio a fermé, et donc l’arrêt de mon émission aussi, j’ai eu envie de me consacrer à ma musique. Mais attention, tout ça c’est du loisir, c’est un hobby. Nous avons tous les deux un boulot à côté ! Notre but c’est de nous faire plaisir et pas forcément de se prendre la tête.

Quelles sont vos influences ?

Pour synthétiser, je dis les Cure d’un côté, qui est vraiment le groupe que j’ai le plus écouté et que Mik adore aussi mais aussi le rock indé comme The Jesus and Mary Chain, qui est un groupe dont je suis hyper fan, mais aussi Ride, Slowdive, The House of Love … J’écoute encore beaucoup ce genre de musique. Dans notre musique il y a un côté hyper Dark mais aussi pop ! J’ai aussi beaucoup écouté Echo and The Bunnymen, un grand groupe, trop sous-estimé …

Et pour Mik ?

Le côté pop rock, ce n’est pas trop son truc. Il préfère les musiques plus Dark.

Et en Français tu dois aimer Marquis de Sade ou autre Frakture ?

Je suis trop jeune pour les avoir écouté à l’époque. Mais j’ai écouté Marc Seberg avec qui j’ai remonté la pelote, grâce à mon père qui m’a fait écouter cette musique.

Vous avez fait quoi depuis que vous êtes en duo ?

Pas mal de concerts, deux albums et un 45t. Au départ c’était mon projet et Mik ne venait que pour des concerts, maintenant il participe pleinement aux compositions, il s’occupe des visuels, des pochettes, il réalise les clips … La partie visuelle du groupe c’est vraiment lui !

Vous composez à deux ?

Maintenant on compose tout à deux !

Vous avez joué avec beaucoup de monde et certains trucs assez … bizarres pour vous !

Tu parles de Magma (rires) ! C’est un concours de circonstances. C’était à Penmarch. On avait ouvert pour les Stranglers dans cette salle. On avait dû les dépanner en urgence parce que le groupe de première partie ne pouvait pas venir. On y est allé avec plaisir et quelques mois après ils ont eu le même problème avec Magma. C’était bizarre mais on l’a fait. En même temps il y avait 1000 personnes dans une bonne salle et dans de bonnes conditions.

Ça s’est bien passé avec le public ?

Oui, on ne s’est pas fait huer (rires).

Vous avez joué avec Wayne Hussey (ex The Mission, NdlR) ?

Oui, on ne l’a pas rencontré (rires) !

Pourquoi vous êtes que deux ? c’est plus simple pour tourner ?

C’est exactement ça : tu as la question et la réponse (rires) ! Au départ quand j’ai demandé si quelqu’un voulait jouer avec moi, je n’ai pas eu beaucoup de retours non plus. Il y a surtout eu Mik. On n’a pas cherché à « gonfler » la formation. Nous avons une formule très souple : on débarrasse vite la scène, on peut facilement répéter… Avec un batteur par exemple, cela serait plus lourd, je pense. Là, cela nous va bien !

Vous n’avez pas peur d’être prisonnier de vos machines ?

Non, je n’en ai pas l’impression ! Après il y a un côté plus rigide : tu ne peux pas prolonger le morceau quand la boîte à rythmes s’arrête ! C’est juste ce problème parce que franchement on ne gonfle pas la prod sur scène. C’est un choix de ne pas mettre des sons de guitare dans les samples, par exemple. J’aime bien voir vraiment jouer les groupes. Quand j’entends une guitare, j’aime bien voir jouer le guitariste… Ça a des limites mais pour l’instant on n’y voit plus d’avantages que d’inconvénients.

Crédit : Steven Le Men

Vous allez continuer à chanter en anglais ?

Oui (rires) et tu ne me demandes pas pourquoi (rires) !?

Pourquoi (rires) ?

Il y a deux choses : les musiques qui nous ont marqué et qui nous marquent encore sont des groupes anglophones. Il y a un style de sons particuliers qui sonnent mieux quand c’est chanté en anglais. En même temps, chanter en anglais me permet d’avoir une forme de pudeur puisque nous jouons pratiquement que devant des français : on se cache un peu derrière la langue.

Ils parlent de quoi vos textes ?

Ça parle d’amour, de choses de la vie, je ne fais pas passer de messages en tout cas, même si parfois je parle de l’ambiance de la société mais j’essaye que ce ne soit pas trop direct. On a un nouvel album en finition qui a été composé pendant les premiers confinements et il y a des textes qui évoquent un peu ça.

Vous avez joué où ?

A part un weekend où on s’est échappé de Bretagne pour aller jouer à Rouen et à Paris au Supersonic, où ça s’est très bien passé en première partie de Modern English, on a toujours joué qu’en Bretagne : Rennes, Brest, Lorient, Saint Brieuc, Quimper … Mais aussi deux fois à Nantes, si on considère que Nantes est en Bretagne bien sûr (rires) !

Vous n’avez pas essayé de rentrer dans des réseaux pour aller jouer plus loin ?

Je ne me vois pas caler une date à plus de 600 km pour aller jouer dans un bar un samedi soir. Il faudrait que l’on organise une tournée et on n’a jamais essayé ça. On a essayé d’aller à Bordeaux mais avec le Covid c’est devenu compliqué… Mais bon, on n’est pas vraiment dans des réseaux, on n’a pas de tourneurs et on n’essaye pas de jouer à tout prix. On est donc un peu responsable de notre situation mais on n’a pas envie de jouer partout et n’importe comment … On est trop vieux pour ça (rires). On a essayé sur tout le grand ouest.

Vous êtes heureux comme ça ?

J’aimerais bien aller jouer de temps en temps un peu plus loin. Si on nous propose de rejouer à Paris, on ne dira pas non. Mais bon, je ne vais pas pleurer pour jouer : ce n’est pas mon caractère !

On parle de votre label « Unknown Pleasures » ?

C’est un label qui est basé dans le sud de la France et qui a sorti pas mal de productions. J’étais en contact avec Pedro qui gère le label tout seul. Il nous a proposé de sortir un de nos disques après avoir écouté nos démos et puis voilà il a sorti trois de nos disques. Mais le prochain ne sera pas chez lui.

Vous avez eu de bons retours ?

Oui, il a vendu tous nos exemplaires mais ce ne sont que des petits pressages. On a eu des bons retours mais que dans des petits magazines ou des webzines. On n’a pas le réseau pour avoir la presse nationale spécialisée. On n’a eu quasi aucun retour de ce côté-là.

Quels sont vos projets ?

Un nouvel album qui s’appellera « Away ». On va le sortir au premier semestre 2022 si tout va bien avec les délais de fabrication des vinyles. On va d’abord sortir les Cds et après les vinyles.

Vous le faites où ?

Chez nous, on le réalise nous-même.

Vous n’avez pas essayé de trouver quelqu’un d’extérieur pour le mixer ?

On l’enregistre mais c’est un copain à nous qui va le mixer.

Vous avez vécu comment la période où la culture a été mise au silence ?

Mal … On a fait un concert à Quimperlé le soir où Édouard Philippe a annoncé la fermeture des bars. C’était deux jours avant le confinement. C’était une soirée atroce avec une ambiance bizarre. On venait de sortir un album, on commençait les concerts et puis tout s’est arrêté net ! Après on l’a vécu pas bien …comme beaucoup !

Vous avez composé ?

Oui, je n’ai pas travaillé pendant plus d’un mois, donc cela a laissé du temps pour composer.

Tu penses qu’il y a un vrai public et un vrai réseau pour cette musique en France ?

Je pense que oui. Tu vois que des groupes hyper Dark comme Whispering Sons font 500 personnes à Lorient, mais il faut être un peu médiatisé, que l’on dise juste que nous avons sorti un album.

Vous êtes passés en radio ?

Un peu, souvent sur des radios où on a des copains ou des émissions spécialisées. Le truc bizarre c’est que nous sommes passés sur des radios à l’étranger comme en Amérique Latine ou dans certains pays de l’est grâce à la magie d’internet.

Tu apprécies quoi dans ces musiques « sombres » ?

Je n’écoute pas que ça déjà mais pour moi ça vient des Cure. J’adore ce côté mélancolique, l’ambiance et la musicalité ave cette basse présente et appuyée qui donne de la puissance au morceau.

Tu n’as pas encore évoqué Joy Division !

Ça fait partie totalement de notre ADN, moi j’aime beaucoup autant Joy Division que New Order alors que Mik ce sera uniquement Joy Division.

Mais votre musique a un côté dansant qui appelle des remixes ?

Je sais qu’on a des morceaux qui peuvent faire danser les gens mais on n’a pas vraiment réfléchi à des remixes. On tient beaucoup à la mélodie, j’apprécie beaucoup ça. Il faut le côté sombre mais il faut garder un peu de lumière.

D’ailleurs vos morceaux, ils peuvent se jouer au piano ou à la guitare.

Oui, encore une fois on y tient. C’est lié à notre manière de composer. Beaucoup de morceaux sont composés à la guitare acoustique., d’autres partent d’’une ligne de basse.

Êtes-vous prophètes en Bretagne ?

Non pas vraiment (rires), quand on joue chez nous des gens reviennent et c’est cool mais ça reste confidentiel. Là, on va attendre de sortir l’album pour rejouer.

Quel disque tu donnerais à un enfant pour l’emmener vers la musique ?

Avec mes enfants j’écoute beaucoup les Cocteau Twins, c’est mélodique et planant !

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