Les Soucoupes Violentes : 16 passions d’amour ou 16 reprises de luxe !

mardi 16 novembre 2021, par Franco Onweb

Et si c’était vraiment Noël ? Les Soucoupes Violentes, le groupe de Stéphane Guichard et d’Elsa Sadet, vient de nous faire un beau cadeau : un album de reprises qui contient 16 titres. Depuis leur début à l’aube des années 80, les Soucoupes Violentes n’ont jamais cessé de proposer des reprises avec leurs différentes sorties discographiques et quand l’occasion s’est présentée au groupe de toutes les réunir sur un même support, ils ont sauté dessus. C’est donc un super voyage dans l’univers des Soucoupes Violentes, un voyage où on retrouve Marvelettes, Modern Lovers, Lou Reed, the Jam, Slade, les Nerves ou encore JJ Cale…

Pour en savoir un peu plus, j’ai donc envoyé quelques questions à Stéphane Guichard pour qu’il puisse expliquer cette démarche !

Comment est née l’idée de cette compilation ?

Il n’y a pas eu grand-chose à faire pendant un moment t’as remarqué… Plus de studio de répètes, plus de dates de concerts. On a composé un peu, fait des démos en home studio, on a même pu faire un peu de studio au Blackbox à Angers. Comme pas mal de gens, on a fait des « live » sur Facebook, depuis notre salle à manger ou notre chambre, avec Elsa, deux-trois… Et il fallait un peu occuper le terrain sur les réseaux sociaux aussi. Un ami, fan des débuts et qui nous aide pas mal à ce niveau-là, me suggère de faire une ou deux playlists, et pourquoi pas thématiques, sur Spotify. A un moment est venue l’idée de faire une playlist à base uniquement de covers enregistrées par les Soucoupes. Ce qui pouvait être intéressant c’était qu’il y avait des titres un peu rares, sortis uniquement sur des compilations ou des « Tribute » ou split single pour des fanzines… Le truc c’est que le visuel que Spotify a mis d’office pour cette playlist, une mosaïque des pochettes, n’était pas top… A ma demande, Frank du label Nineteen Something a bien voulu nous faire une « fausse » pochette pour l’occasion. Et là on a tous flashé : classique mais vraiment réussie, belle. Un mois après, on passait un weekend vers le bled d’Eric, le boss du label, on se voit et là il me propose : on le sort en CD OK ??? Et on a dit oui bien sûr. Voilà.

Stéphane Guichard
Crédit : Benoit Fatou

Pourquoi sortir un album uniquement à base de reprises ?

Concept juke-box ! J’adore. Je suis un fanatique de musique. J’aime en faire et je me suis nourri de celles des autres. Et pas QUE du rock’n roll. Beaucoup, mais pas que. Et sinon, je ne suis pas habité par l’inspiration en permanence, je ne me relève pas la nuit pour écrire des chansons je veux dire… Et ça me demande du travail d’écrire des chansons. Et je suis exigeant, voire très exigeant… Là où je veux en venir c’est que reprendre un morceau de quelqu’un d’autre, parce que tu l’aimes, voire tu l’adores, c’est une vrai récréation. Un vrai truc de flemmard. Qui se tape une boîte de chocolats sous la couette tu vois ? Tu l’apprends gentiment… Tu la polis pour l’occasion… Ou tu la rends plus rugueuse ! En même temps, si tu la sors sur un support, la reprise, il faut arriver à en faire autre chose, à mettre vraiment dedans un truc qui n’est qu’à toi…

Dans le livret tu expliques très bien pourquoi ces reprises : est-ce façon de rendre hommage à tes goûts d’adolescent ?

En fait, ce ne sont pas QUE mes goûts d’adolescent. Si tu lis bien le livret tu verras que j’y parle de périodes différentes, autres que l’adolescence. Tu découvres des trucs à tout âge, encore heureux ! The Nerves par exemple, dont on a repris le génial « Paper Dolls » : j’ai découvert il y a quoi ? 20 ans ? Je ne sais plus vraiment… Mais je n’étais plus un adolescent. Pour ce qui est de l’hommage, non je ne suis pas dans l’hommage, ni dans la révérence. C’est bien plus que cela en fait… Hommage ça fait un peu pompes funèbres ! La révérence c’est pareil : c’est pompeux et c’est funèbre… Non : toutes ces chansons vivent encore, entre autre à l’intérieur de moi, et elles ne sont pas du tout mortes. J’ai un juke-box interne qui marche super bien. Et j’y mets une tune pour qu’il joue, tous les jours ! La musique a sauvé ma vie. Et c’est tout à fait vrai. C’est un fait. Simple, basique. Mais très efficace.

La reprise est un art difficile : comment appréhendes-tu cela ?

Difficile je ne sais pas. Mais ça peut rendre des trucs pas terribles, voire chiants. Et là : tirez-moi dessus si je massacre une reprise, j’assume… Nobody’s perfect ! Il faut s’y mettre, rentrer dans la chanson, voir ce que tu lui apportes… Après tu gardes ou tu laisses de côté. Et tu as le droit de te planter.

Comment s’est fait le choix de ces reprises ?

Ce sont des chansons qui m’ont marqué, construit. Si je les ai reprises, fait reprendre aux Soucoupes, c’est parce qu’elles m’habitaient : c’est un choix qui s’impose ! Quand j’essaie de jouer un titre de quelqu’un d’autre parce que je suis fan, je sens quasiment instantanément une fois que j’ai pris ma guitare si ça va fonctionner ou pas… Et puis il y a les titres que tu aimerais bien reprendre mais ça n’est pas du tout envisageable… Quoique. Il ne faut pas se donner de limites, ça marche au coup de cœur et à l’intuition je crois… Car au moment où je te réponds je pense par exemple à « God only Knows » des Beach Boys - ouh la la pas facile, vraiment !!! - mais repris magistralement sur scène par Teenage Fan Club. « Coz I luv U » pour exemple concret : c’est une vraie « scie » comme on dit, standard quasi intouchable… Et pourtant on en a fait quelque chose. Mais c’est un accident. Je crois beaucoup aux accidents, aux erreurs. C’est quand tu dérapes et que tu ne sais pas où tu vas aller t’encastrer que ta manière de réagir va faire un petit miracle… Ou pas. (Rires) A l’inverse il y a les morceaux quasi inconnus que tu fais découvrir aux autres : par exemple « Free Again » d’Alex Chilton, repris par les Coronados sur leur premier EP, cette tuerie absolue, leur version est presque mieux que l’original… Les Thugs aussi, j’y pense, on fait de « Moon over Marin » des Dead Kennedys un truc quasi mieux que l’original également, à mon sens. « The Beat » par les Batmen, pareil, terrible. « Bad Boy » par les Daltons, moins inconnu comme titre on va dire, mais pareil : démonté, puis remonté à leur sauce, génial. Il y a plein d’exemples. Je cite des « collègues » là, totalement innocemment…

Tu as repris Fantazio, qui est un artiste français contemporain, c’est presque le seul et un des rares Français sur ce disque avec Serge Gainsbourg, pourquoi lui ?

Pour reprendre l’idée qui est dans ma réponse à la question précédente : parce que sa chanson s’est imposée. Je l’ai entendue une fois et elle m’a tourné tout de suite dans la tête. Quelques jours plus tard, j’ai essayé de la jouer et ma version est sortie toute seule. Attend : il a fallu que je la travaille, et beaucoup encore… Mais ça a fonctionné au final, je crois.

As-tu envoyé les morceaux aux artistes que vous avez repris ?

Non pourquoi ? Pour avoir le tampon « validé », « je fais partie du club » ? Non, je ne suis pas du tout là-dedans. Pas non plus dans le « tu préfères quoi comme cirage ? Marron ? Vert ? ». Peut-être que je suis arrogant… Non. Juste : je n’en vois pas la nécessité.

As-tu l’impression d’avoir un rôle de « passeur » ?

Ouh la ! Je ne me prends vraiment pas assez au sérieux pour ce genre de choses… Et c’est tant mieux pour la suite non ?

Y aura-t-il des concerts uniquement avec des reprises ?

Non, aucun intérêt à mon sens. Il y a plein de « Taverne de la Bière » qui doivent faire ça très bien, pour ceux qui sont intéressés… Non ce disque est vraiment un truc à part, et vraiment pour le fun. Pas de comémo, d’événement spécial collé avec… Même si on a vraiment essayé de faire les choses bien : la remasterisation a été confiée à un monsieur totalement taré du son, et super pro, Fabrice Terrazoni au studio Parelies, qui a fait un boulot terrible, et qui est au final pour beaucoup dans l’unité sonore générale… Et aussi : Eric m’a demandé de faire des notes de pochette et je m’y suis collé avec application… Mais le but était de se faire plaisir.

Quels sont les projets des Soucoupes Violentes ? Peut-on s’attendre à un nouvel album avec des nouveaux titres ?

Normalement, un nouvel album pour 2022, on y compte bien. Avec plein de morceaux originaux. Et des concerts s’annoncent déjà : Chambéry, Thionville, Nancy, Paris…

Que veux-tu dire pour la fin ?

Une petite potion d’amour vous fera sans doute beaucoup de bien !!!

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