Pourrais-tu te présenter ?
DC Shell. Je suis un enfant de l’Occident de la fin du 20e siècle, baigné alternativement dans la Contre-Culture dans mon enfance (mon père est plumitif à Jazz Magazine...), la Pop Culture et la Culture Indie dès mon adolescence... J’en suis encore là...
(Droit réservé)
Comment as-tu commencé ?
Au lycée, comme tant d’autres, pour tromper l’ennui poisseux d’une petite ville de province enclavée, où les alternatives entre le rugby à 13, la pétanque et le loto des chasseurs étaient rares... Un petit disquaire affuté, (Paradisc, tout un programme ...) a sauvé nos vies, en important les productions Fiction, Rough Trade, Factory, Mute, 4AD, Blue Note, Garfield.... jusque dans son échoppe minuscule. Nous y avions notre quartier général, et c’est probablement de là que nous sommes sortis des rails de la standardisation... En montant un trio d’incompétents qui avaient le Feu Sacré : Man Mara...
Comment définirais-tu ta musique ?
Du rock. Quand j’étais adolescent, les disques de mes grands frères, « Transformer », « Five Leaves Left », « Strange Days », « Meddle » ou « Ziggy Stardust », par exemple, ça s’appelait du... rock. Donc, du rock.
Quelles sont tes influences ?
De façon générale, elles se renouvellent, comme les évènements inattendus qui ponctuent une destinée.... Pour parler des musicales pérennes, je dirai Nina Simone, Donny Hathaway, l’album « A Song » de Pablo Moses... la musique noire en général m’influence, même si comme tous les blancs fasciné par la Great Black Music, je ne suis évidemment qu’un black raté... Après, l’influence semi-consciente du Velvet Underground imprègne probablement ma musique, mais c’est pavlovien... Et après, la littérature des frères Powis est toujours une source d’émerveillement pour moi.
Tu as participé et tu participes encore à beaucoup de projets : lesquels ?
J’ai monté et/ou collaboré à des tas de trucs, mais ceux qui ont probablement une place importante dans ma vie ces dernières années, c’est un duo, nommé The Randolph Ash, en collaboration avec Alexandre Alquier . Projet en stand-by, mais la musique est très belle... Et Fontan, qui est mon nouveau groupe.
Peux-tu nous parler de ton dernier album ?
Il est sorti chez ZE Records sous le nom de Fontan, donc, et il s’appelle « Le Jazz Acrylique ». J’ai opté pour ZE, qui est un label mythique (Suicide, John Cale, Lizzy Mercier Descloux, Kid Creole... mais aussi Elli et Jacno, James Chance...) pour sa réputation internationale, son éclectisme pertinent, sa fraîcheur aussi... C’est un label toujours intelligemment hype, depuis 1978. Surprenant et cohérent à la fois dans sa politique de signatures. Quant à l’album, je l’ai enregistré en un mois en m’interdisant d’écouter autre chose pendant toute sa gestation. Ce qui explique probablement qu’il me ressemble vraiment...
C’est quoi le Jazz acrylique ?
C’est de la Black Music in Colors.
Tu es monté sur scène ? Comment se passe-t-il ?
Bien. Toujours bien. J’aime les belles guitares cheap, donc je joue souvent sur une semi-hollow Stagg Jazz, qui ressemble à une Gretsch, mais qui vaut trois kopecks. De façon générale, en termes d’équipement, j’aime le vintage cheap, le japonais 60’s, le russe, l’italien 70’s... et je fuis comme la peste le numérique, le technologique fluo en plastoc, tous ces accessoires superflus qui dénaturent l’âme de la musique, qui sont laids comme des poubelles, sans style, et qui, au final, donnent à toutes les musiques qui les intègrent un goût rance de surgelé de chez Lidll... D’autre part, je n’ai jamais joué « Le Jazz Acrylique » sur scène... Faudrait y songer... Si vous connaissez une organiste/pianiste vietnamienne aux cheveux rouges qui serait intéressée dans mon secteur, prévenez-moi ...
Tu as participé à la soirée des Jeunes Gens Modernes : peux-tu nous raconter ?
C’était aux Bains Douches, à Paris, sous les égides croisées d’Agnès B et de Naïve, il y a quelques années. J’avais sorti une cover de « Cherchez le garçon » de Taxi Girl sur la compilation thématique Naïve « Des Jeunes Gens Mödernes ». J’ai joué en live « Atmosphere » de Joy Division. Telecaster cerise et costume 2 pièces Brinsley.
Tu as dans tes activités le graphisme : quelles sont tes influences ?
C’est mon travail depuis de nombreuses années maintenant, et j’ai designé graphiquement pour des palanquées de labels/artistes/festivals. Je confesse une influence prégnante de Vaughn Oliver, évidemment, mais j’adore Bazooka, par exemple. Le cinéma de Bergman, d’Antonioni... Il me semble de fait, que l’influence majeure sur toutes mes modestes activités artistiques, mes productions... c’est par la déambulation et la contemplation qu’elle se fait. Dans le sauvage, si possible.
Tu as designé l’artwork de la compilation de Frakture : vas-tu travailler sur le premier album du groupe ?
C’est en discussion.
Quels sont tes projets ?
Je viens de terminer le premier chapitre d’un roman illustré, je participe à l’aventure d’un excellent label, monté par des jazzeux illuminés (Les Disques Linoleum), je rentre d’Australie où j’ai des projets en cours, j’ai monté une boite (Amanda) de développement d’artistes, je collabore régulièrement avec les dudes de L’Ambassade... Grosso modo, voilà l’état des lieux à ce jour.
Le mot de la fin !
L’Ere du Verseau est là. Soyons prêts.