Qui êtes-vous ? Et combien êtes-vous à vous occuper du label ?
Nous sommes le label Toulousain Pop Sisters Records. Nous avons monté le label en 2013 avec Rem Austin et moi-même afin de sortir les albums de nos groupes respectifs, The Crumble Factory et Indian Ghost. Depuis sont venus s’ajouter au « staff » Laurent Olivaud qui joue avec moi dans le Don Joe Rodeo Combo et Gianni Tremolo le leader du groupe nantais Hanky Panky. Donc nous sommes 4 à gérer le label.
(Indian Ghost, crédit photo Virginie Benazeth)
Pourquoi monter un label ?
Tout simplement pour éviter d’en chercher un ! Et essayer de maîtriser le truc de A à Z, comme ça si quelque chose déconne on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes !
Le label a-t-il une philosophie, si oui, laquelle ?
Une philosophie est un bien grand mot. Disons que nous nous fixons pas de limite a priori si ce n’est que les disques doivent nous plaire sur le plan artistique et les artistes sur le plan humain. Le nom du label évoque la Pop au sens large. Ce n’est pas un label de « genre », tous les styles peuvent s’y retrouver : classic rock, power pop, rock n’roll, psyché, etc. Malgré tout peu de chances à mon avis pour le death metal ou le jazz rock progressif…Je pense que nous n’avons même pas encore évoqué la question de « sélection » d’un groupe, ça se fait de façon assez informelle, au feeling.
Vous êtes guitariste- chanteur de Indian Ghost et de Don Joe Rodeo Combo, vous tournez depuis trente ans, avec avant les Boy Scouts, cela a-t-il joué dans la création du label ?
J’ai toujours été sur des petits labels indépendants. Attention je n’ai jamais joué la fable du gentil petit indé contre la grosse méchante major. Je pense même qu’à une époque j’aurais été ravi de signer sur un gros label avec plein de moyens. Il se trouve qu’il faut être réaliste et surtout être dans l’action. On a des disques dans les tiroirs, des projets à réaliser ? Eh bien bim sortons-les sans attendre !
Certains de vos artistes sont en co production ou en licence avec des distributions indépendantes pourquoi ?
C’est plus simple que ça. On a commencé sans distribution mais depuis l’année dernière Pop Sisters est référencé chez Pias France pour la distribution physique et digitale. On envisage des co-productions avec certains labels de même taille.
Quels sont les artistes présents sur le label ?
Indian Ghost (même si le dernier est sorti chez Closer) existe depuis 1993, 5 albums depuis. The Crumble Factory qui est en fait le projet solo de Rem Austin, 1 album et un second qui doit sortir à l’automne 2016. Don Joe Rodeo Combo, 1 single 45 t et un album, le second en préparation pour sortir début 2017. Hanky Panky, 1 single 45 t et un album pour l’automne 2016 et enfin Jim Younger’s Spirit, du psyché rock d’Aix en Provence qui viennent de sortir leur album en avril.
(Don Joe Rodeo Combo, crédit photo Virginie benazeth)
Vu de l’extérieur on a l’impression que l’on peut presque parler de collectif, quand pensez-vous ?
Bien sûr, nous sommes 4 avec nos 4 groupes. Nous essayons de mettre nos ressources en commun en matière d’enregistrements, de promo, de com, etc. Malgré tout chacun de nous s’occupe de son projet en cours en priorité…ce n’est pas un kibboutz quand même hein…
Quels sont les critères pour sortir un disque chez Pop Sisters Records ? On a l’impression que votre ambition est de dépasser le strict format musical : beaux objets, visuelle superbe …
Le critère est d’abord artistique sur le plan musical, sur la démarche du groupe etc…comme je l’ai dit il n’y a pas barrière de genre a priori, même si les musiques d’Indian Ghost, du Rodeo Combo, de Crumble Factory sont différentes, il y a un point commun dans l’esprit et dans la manière de voir les choses. Quant aux visuels, c’est gentil mais je trouve que justement nous n’avons pas été très cohérents pour le moment. Nous sommes loin de la qualité d’exigence de certains labels de référence comme Light In The Attic ou Damaged Goods par exemple. On va essayer de corriger ça.
Quelles sont, selon vous, les qualités d’un label et lesquels avez-vous ?
La principale qualité d’un label est d’être capable de vendre des disques ! Après tout c’est ce que l’artiste attend d’abord d’un label non ? Si c’est pour que les disques restent dans les cartons ce n’est pas la peine. Donc qu’on le veuille ou non il faut être bon sur le plan commercial, y compris faire du marketing et de la com. C’est peut-être du show business mais c’est du business quand même, il n’y a rien de honteux à ça. Sur ce plan, eh bien disons-le clairement on est encore mauvais hahaha. L’autre qualité d’un petit label est de financer lui-même les projets des groupes, donc de prendre des risques, d’avoir des coups de cœur. En gros de faire peu, petit, mais bien. Enfin assurer dans la promo pour faire vivre un disque au-delà des trois mois après sa sortie. Je le répète, pour l’instant nous sommes loin d’être au top dans tous ces domaines. Le fait de travailler avec Pias nous pousse à être plus professionnel en tout cas.
(Crumble factory, droit réservé)
Quel serait l’artiste et le disque que vous auriez aimé sortir dans vos rêves les plus fous ?
Nous sommes en négociation pour la signature de Wilco mais ça ne va pas être facile…Sinon on aimerait bien avoir des artistes étrangers, nous réfléchissons à quelques trucs australiens notamment mais rien de concret encore.
Vous êtes originaire de Toulouse, quel est l’importance de la ville sur le label, sachant que c’est une ville qui a une tradition musicale :Bracos Band, Classe X, les Fils de Joie, Shifters, Diabologum, Bubblies …. Est-ce plus facile de faire de la musique dans le Languedoc et dans le Sud-Ouest en général le ? Y a-t-il plus de structures ?
Euh non je ne crois pas. J’avoue que je ne me suis jamais vraiment rendu compte d’un tel paradis dans notre région sudiste…Même plutôt l’impression qu’au-dessus de la Loire c’est plus rock n’roll. Et puis nous ne sommes pas très « structure », pas très « institutionnel ». Au risque de choquer et de me répéter, il n’y que deux choses à faire : de l’artistique d’abord et du business ensuite. Ça n’engage que moi mais je souhaite par exemple que n’ayons jamais de subventions ! On en demandera pas de toute façon.
https://www.youtube.com/watch?v=YRV677R7WWg
Quels sont vos moyens de promotion
Limités. La communication réseau aide beaucoup mais faut être malin pour ne pas être noyé dans ce bordel. Encore une fois, qu’on le veuille ou non une bonne promo passe par des investissements financiers…qu’on n’a pas ! Un bon budget promo aujourd’hui dépasse le budget de création-fabrication lui-même. Il faut donc qu’on s’améliore aussi dans ce domaine ! Mais il faut surtout essayer d’être malin et innovant.
Vous qui êtes sur le circuit depuis longtemps, pensez-vous que internet et les réseaux sociaux vous aident beaucoup pour la promotion et la diffusion ?
Je viens de l’évoquer, Facebook par exemple est un outil génial a priori mais…on finit par se demander si ce n’était pas plus visible lorsqu’on en était aux press-books photocopiés envoyés par la Poste ! Le souci est d’être noyé dans la masse et l’ultra zapping du public. Il faut être fin, bien cibler, être à la fois présent et rare en même temps ! Ceci dit, c’est indispensable et bien pratique pour contacter et communiquer en temps réel.
(Jim Younger’s Spirit, photo droit réservé)
La plupart de vos disques sortent physiquement uniquement en vinyle accompagne d’un CD, pourquoi ce choix ?
A part une seule référence sortie uniquement en CD, oui nous tenons à faire du vinyle. Mais là non plus on ne va pas jouer les ayatollahs. Oui on aime le vinyle mais on va sortir aussi de beaux CD en digisleeve parce qu’on s’aperçoit que beaucoup de gens en sont encore là et pas du tout prêts à revenir au vinyle contrairement à ce qu’on veut nous faire croire ! Par conséquent, maintenant lorsque le budget existe on sortira le vinyle et un CD digisleeve vendu à part, voire même un CD tout seul.
Ou peut-on se procurer vos disques ?
La plupart sont en distribution PIAS dans le grand réseau FNAC, Gibert, Cultura, Leclerc, etc. On en garde pour quelques disquaires indépendants qu’on connait, et le reste est vendu par les groupes lors des concerts. Paradoxalement aujourd’hui nous manquons de disques à vendre de « la main à la main ». On peut commander aussi directement sur le bandcamp du label (https://popsisters.bandcamp.com/). Et évidemment comme tout le monde on est présent dans tout l’univers grâce à la distribution digitale sur amazon, I-tunes et tutti quanti…
Quels sont vos projets ?
A l’automne 2016, le nouvel album de Crumble Factory et le premier de Hanky Panky. Début 2017 il y aura le deuxième Don Joe Rodeo Combo et fin 2017 un nouvel album d’Indian Ghost en principe. Entre temps on pourra peut-être sortir des choses non programmées selon les rencontres et les moyens du bord. Je pense qu’on ne peut pas raisonnablement, vu la taille, travailler sur plus de 4 sorties par an.
(Hanky Panky, crédit photo Patrice Blanc)
Une dernière chose à ajouter ?
Oui, faut être un peu cinglé et avoir du temps à libérer pour s’occuper d’un truc pareil ! Je suis curieusement optimiste car, pour une fois, il me semble qu’on sait à peu près où on va et comment on y va !