Bye Bye Theresa, rencontre pour « second souffle »

mercredi 10 mars 2021, par Franco Onweb

Je pourrais commencer cette introduction en vous indiquant que Bye Bye Theresa est un groupe punk rock, pleins de chansons, d’énergie et de textes qui décoiffent ! Ce serait vrai en partie, à part que Bye Bye Theresa se résume à l’heure actuelle au seul Benjamin Richard et qu’il lui aura fallu beaucoup d’énergie pour arriver à sortir cet album. Épaulé par des amis, dont Spi l’impeccable chanteur des regrettés OTH et actuellement toujours avec les Naufragés, il a réussi à mettre en musique une collection de titres épatants. L’homme, en plus d’être tenace, a l’esprit ouvert puisqu’il a réussi à reprendre de manière « punk », « laisse pas trainer ton fils » de NTM

Pour saluer la sortie de cet opus qui place Bye Bye Theresa dans les groupes qui comptent, j’ai posé quelques questions à Benjamin.

Présentez-vous ?

Je suis Ben chanteur Guitariste du groupe Bye Bye Theresa, et actuellement je suis seul dans la formation

Benjamin Richard
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Pourquoi ce nom ?

Pour notre premier concert, nous devions trouver un nom, et parmi une grande liste de nom est ressorti Bye Bye Theresa.

Quel est le parcours musical de chacun ?

J’ai commencé à écrire des textes quand j’avais 20 ans, et un jour je suis allé acheter une guitare pour mettre en musique mes textes. Ensuite je suis venu habiter sur Lyon et j’ai créé le groupe avec Raph le premier guitariste.

Comment le groupe a-t-il commencé ?

On répétait à l’époque au Lyon’s Hall et à chaque répète, on en avait pour plus cher de bière que de local, une grande époque. On a commencé sur scène le 21 juin 2010 à Lyon, on était 5 à la base dans le groupe, on a très vite commencé à faire des concerts, petit à petit on s’est retrouvé à quatre.

Quelles étaient vos influences à la base du groupe ?

Les influences du groupe sont OTH, les Sherrifs le punk et le rock en général, le blues, du métal, néo métal, un peu de pop, et le rap même si cette influence ne se ressent pas vraiment dans les chansons, mais plus dans le processus d’écriture. Mais on va dire que le groupe le plus influent c’est OTH

Quelles ont été les principales dates de concerts ?

Je me souviens d’une date aux Tanneries de Dijon, on a joué avec « Los Tres Puntos » devant environ 600 personnes et cela reste une des meilleures ambiances que l’on a pu avoir. Sinon une fois nous avons joué au « Bar de la Rose » à Sumène et nous avons fait trois sets d’affilé parce qu’il n’y avait pas d’autre groupe, et que les gens aimaient ce que nous faisions, et à chaque fois que nous finissions un set, la patronne nous disait de recommencer parce que c’était génial. On a passé un excellent moment.

Vous avez joué avec qui ?

On a beaucoup joué avec OUT OF SCHOOL ACTIVITIES, on les considère un peu comme nos grands frères de concert. Sinon on a joué, avec : Pat Kebra, Les Naufragés, Brassen’s not Dead, Salut les anges, Los Tres Puntos pour les groupes les plus connus, et après on a joué avec des groupes un peu plus locaux comme nos amis Les Cocksuckeurs, Ze Cardiacs, Iron Monkeys et tout un tas d’autres

Quel a été le parcours discographique du groupe ?

En 2011 on a fait notre toute première maquette que je vous déconseille d’avoir. Ensuite suite à la nouvelle formation du groupe en 2013 on a sorti une maquette de 3 titres que vous pouvez trouver sur notre site bandcamp, et aujourd’hui en 2021 nous sortons L’album Second Souffle.

Vous sortez un nouvel album « Second souffle » : pouvez-vous le présenter ?

En 2015/16 Spi chanteur d’OTH avec qui je suis devenu ami entre temps parce que je l’avais contacté un jour pour lui faire part de ce qu’oth m’a aidé à surmonter dans ma vie, et du coup ça m’a valu que mon message se retrouve en conclusion de son autobiographie que je vous recommande (La révélation mystique du pendragon – Spi- éditions du joyeux pendu) Je reviens au sujet, donc suite à sa proposition il m’a dit qu’il voulait me faire faire un album et qu’il voulait être le directeur artistique. J’ai passé un an à échanger avec lui sur les nouvelles compos, pour qu’il m’aide à trouver les bons mots, les bonnes musiques, et on va dire que la maquette de l’album était faite avant 2018. A ce moment là j’étais juste avec le bassiste du groupe, et on cherchait des musiciens pour les former à jouer en live et pour l’enregistrement de l’album, on est resté un an avec eux et puis ça ne l’a pas fait. Donc un jour en déchargeant du matos de musique en bas de chez moi j’ai rencontré un voisin Jérémie Germain qui est un peu ce que j’appelle un couteau suisse. Il sait faire de la musique, des enregistrements, du visuel, du montage vidéo image, et il me dit qu’il peut m’aider pour l’album. Donc j’en ai parlé à spi et on s’est dit avec Jérémie qu’on allait tout recommencer, les week ends, le soir après le boulot, et tout en fait maison. Donc on a mis vraiment beaucoup de temps pour que tout soit propre et que cela nous plaise. Et voila en 2021 c’est la sortie.

Sur scène avec Spi
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Sinon dans cet album j’ai tenté de mettre plusieurs styles de musique que j’aime, plusieurs univers même si dans l’ensemble cela reste un album de guitare à fond les ballons. Il y a un duo avec Spi « No Past » il y a une reprise du groupe de rap « Suprême NTM » que j’affectionne tout particulièrement. Il y a une chanson sur le dessin animé Les Zinzins de l’espace « Bud », j’adore ce dessin animé et un jour je me suis imaginé ce que pourrait être une musique bis du générique du dessin animé. A savoir que le générique de ce dessin animé c’est « Monster Men » de ni plus ni moins que le grand Iggy Pop. J’ai aussi fait une chanson pop dans cet album « Je ne sais pas » qui est une chanson hommage à mon frère décédé en 2016, et puis peut-être un peu pour toutes les personnes qui ont perdu quelqu’un de cher un peu trop rapidement. Je ne voulais pas que cela soit un morceau triste, parce que je ne considère pas la mort comme quelque chose de triste, mais bel et bien comme un passage de vie. Dans cet album il y a aussi des chansons d’amour inconditionnel à la sauce punk rock, comme dans les titres « Je me fous de savoir », ou « Theresa vous aimera toujours » j’ai voulu éviter de faire un album de plus engagé qui va raconter une fois de plus ce que tout le monde sait déjà, j’ai préféré (et d’ailleurs c’est ma façon d’écrire tout simplement) écrire des choses de la vie courante, des humeurs, des constats d’humeurs. La chanson « On t’emmerde » a été écrite le lendemain des attentas de Charli, et le seul mot qui venait pour exprimer nos maux, c’était « on t’emmerde ». Mauvais Poil est un titre que je traine depuis longtemps, je l’ai écrite le lendemain de l’élection de Sarkozy, en me disant putain je suis tellement blasé d’avoir ce mec comme chef ultime de mon pays, que rien ne va aujourd’hui. La chanson Les Manifestants je l’ai écrite à l’époque des manifestations contre les lois el komery (désolé pour l’orthographe, mais je crois qu’on l’a déjà tous oublié celle-là). La chanson Theresa c’est une chanson que j’ai écrite au début du groupe, il fallait que je joue avec notre nom et que je construise un univers autour de ça. Alors plutôt que de dire « colère, rage, amour, amis, douleurs, bonheur, famille, souvenirs, et encore bien d’autres concepts » j’ai compacté tout ça dans le prénom « Thérésa » et ça a donné cette chanson.

Vous l’avez fait où et avec qui ?

L’album a été fait par
Chant : Benjamin Richard / Jean-Michel Poisson (SPI) sur No past
Guitares : Victor Simothé / Jérémie Germain / Benjamin Richard
Basse : Denis Razous
Piano : Lillian Boichon (sur Je ne sais pas)
Chœurs : François Masson, Antoine Gianina, Yannick et Eloise Denozoc, Raphael Gavoille, Manu, Nicolas Gervais, Clémentine et Gabrielle Sencier
Clavier et programmation : Jérémie Germain

Qui écrit la musique et les textes ?

La musique et les textes on été écrit par moi, et supervisé par SPI et Jérémie Germain

Il y a une reprise de NTM (Laisse pas trainer ton fils), pourquoi ? C’est un titre et un groupe qui vous a marqué ?

Oui NTM est un groupe qui m’a beaucoup marqué pendant mon adolescence, j’écoutais beaucoup de rap français à l’époque, vers 1996/98 Ce titre au-delà du fait d’avoir fait un carton sur la bande fm, me parle beaucoup, il fait écho à pas mal de choses de ma vie, et un jour j’ai regardé comment je pouvais l’adapter en rock et SPI a flashé de suite me faisant travailler la structure pour que cela ai un bon rendu. Avec Jérémie nous avons travaillé tous les claviers et l’arrangement, il nous a donné du fil à retordre, mais au final on en est tous fier et content. J’aimerai beaucoup pouvoir le faire écouter à Didier Morville (Joey Starr) et Bruno Lopes (Kool Shen). Pour la petite anecdote, le film biopic sur NTM qui devrait sortir cette année est venu se tourner en parti juste en bas de chez moi l’été 2020 et j’ai passé le casting pour jouer dans le film, j’ai été choisi pour jouer le rôle d’un dealer, et c’était vraiment une super aventure. Donc restez connecté et vous me verrez aussi jouer dans ce film un petit rôle de quelques secondes, deux fois dans le film normalement.

Il sort chez qui votre album ?

L’album ne sort chez personne, c’est tout autoproduit, nous n’avons pas de Label ni de maison de disque. C’est Kebra’s Rcds qui fait la promotion de l’album. Il fait cela très bien. 

Comment se le procurer ?

Pour l’instant il est dispo en dématérialisé sur notre site pour 7 euros et en écoute illimité, et à partir du 15 mars il sera dispo sur ce même site en version digipack pour 12 euros. Sinon il est en écoute sur toutes les plateformes streaming, spotify, deezer, youtube, bandcamp, soundcloud…

Quelle a été l’importance de Spi (Ex Oth et Naufragés sur ce disque) ?

Comme je l’ai dit plus haut nous sommes devenus amis, et il a su trouver en moi les ressources qui lui ont permis de me proposer de faire un album. Au départ je lui ai amené plusieurs morceaux qui ne lui convenaient pas, et il m’a incité à écrire de plus en plus et de mieux en mieux. Comme j’ai tendance à le dire il m’a poussé dans mes derniers retranchements, pour extraire le nectar. Au début ce n’était pas simple d’avoir enfin une personne critique sur mes chansons, je n’avais jamais eu ça auparavant. Mais petit à petit les morceaux que je lui proposais lui plaisaient, et il a su en retirer l’essentiel, la surprise, le thème des morceaux, pour faire cet album qui nous plait aujourd’hui. Je conseille à tous les groupes de passer par la vision d’un directeur artistique, parce que ça permet vraiment d’aller plus loin, de se rendre compte de ses « erreurs » si on peut considérer qu’il y en ai. Et surtout je trouve que cela permet de faire évoluer autant sur le plan perso qu’humain, parce qu’un mec qui va te dire d’un morceau dont tu es fier, que ce n’est pas un bon morceau parce que… et bien il faut apprendre à le recevoir pour en faire quelque chose de constructif par la suite. Si dès la première remarque tu te mets dans ton coin à bouder parce que le mec il t’a fait une remarque qui t’a un peu touché, autant jeter l’éponge direct. Puis avec un directeur artistique, tu vas avoir des idées nouvelles. A la base moi je savais juste composer du punk de base trois accord en boucle, aucune couleur et basta. Donc Spi a joué un rôle essentiel, et Jérémie a su comprendre le projet et amener les arrangements qui nous convenaient.

Spi en studio durant l’enregistrement de l’album « Second souflle »
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Il y a un morceau qui était déjà sur un album des Naufragés, « Poussière d’étoile », pouvez vous raconter l’histoire de ce titre ?

C’est un titre que j’avais écrit dans mon coin, un jour j’envoie juste le texte à Spi, et je ne le sens pas emballé. (il faut dire que j’ai une écriture qui peut parfois sembler naïve et légère) suite à ça je lui envoi avec la musique, donc un espèce de country punk, et là il me dit génial, tu as fais un tube. Suite à ça on l’a retravaillé ensemble, il a remanié les paroles, la musique, et comme avec les Naufs ils étaient en train de faire l’album « Vent D’ouest » on s’est mit d’accord pour que les naufs la reprennent. Un jour ils sont venus jouer à Villeurbanne et je suis allé la chanter sur scène avec eux. C’était un super moment. Comme il me plait à le dire Poussière d’étoiles, c’est peut-être le premier morceau de l’histoire du rock, pour lequel « la reprise » est sorti avant l’original. Cette anecdote me fait beaucoup sourire.

Quels sont vos projets ?

Mes projets actuellement c’est de terminer ma formation de kinésiologie pour quitter mon boulot actuel que je n’affectionne pas du tout. Mais sinon en musique, je ne sais pas trop. J’aimerai beaucoup retrouver des frères d’armes pour le groupe Bye Bye Theresa, et aller jouer cet album quand on en aura la possibilité, et puis si cela ne se fait pas, je ne sais pas. Je trouverai bien moyen de continuer à jouer soit dans un autre groupe, soit dans un nouveau projet. Quelque chose qui me plairait serait de faire un groupe de rock électro, avec des grosses guitares, un gros boum boum qui pulse et en avant Guingamp.

Que pensez-vous de la situation actuelle ?

Je pense que la situation actuelle est assez anxiogène pour pas mal de gens habitués à faire plein de choses, mais dans un sens je pense que c’est un mal pour un bien. Vu que l’on est forcé à rester chez nous au lieu de sortir nous divertir, profitons-en peut être pour apprendre à se recentrer sur l’essentiel dans nos vies, sur nous même, prenons le temps de tendre l’oreille et d’écouter ce que nous dit notre « moi » intérieur, notre enfant intérieur, qui trop souvent est étouffé par l’agitation du monde dans lequel on vie. Personnellement j’ai vécu le premier confinement un peu comme une reconnexion avec moi-même, ma famille, mes voisins, avec l’essentiel. Je comprends que beaucoup de personnes le vivent très mal, mais à titre personnel je dirais que « ça va ». Sinon pour ce qui est de la gestion de cette crise par nos politiques… Je vais me passer de répondre. Je citerai juste une phrase d’un morceau d’Oth (on est tous des acculés) venant d’un proverbe latin attribué au sénat Romain. « Diviser pour mieux régner »

Quel disque donneriez-vous à un enfant pour lui faire découvrir la musique ?

Je n’en ai pas la moindre idée. Je fais écouter de tout à ma fille de 17mois, ça va des gipsy kings, à la compagnie créole, en passant par Jacques Brel, OTH, Rammstein les comptines pour enfants, les chansons débiles qu’on invente avec sa mère, du blues, du rap, de l’électro, du jazz, de la musique sud-américaine, enfin voila on fait large. Je considère que c’est à elle de se faire son opinion de ce que doit être la musique. Si un jour elle me demande quels sont mes gouts, je me ferais un plaisir de lui faire découvrir, mais je pense que je vais avoir à faire des mises à jour de ce que je considère comme musique quand elle va se mettre à exprimer ses gouts.

Sinon petit détail je donnerai à un enfant qui aimerai démarrer la musique, l’album de Bye Bye Theresa « Second souffle » parce que j’ai toujours dit que je voulais que Bye Bye Theresa puisse être joué par un débutant. Je ne saurais pas expliquer pourquoi cela m’a toujours tenu à cœur au fond de moi.

Le mot de la fin !

Mon chat s’est cassé la figure du dixième étage il y a trois semaines, et il est en vie. Il se remet super bien. Chose rigolote c’est qu’il s’appelle ATTILA et qu’il est à la hauteur de son prénom. Merci Beaucoup pour cette interview.