Les Kitschenette’s, le retour triomphant des passeurs du Yé-Yé

mardi 21 mai 2024, par Franco Onweb

Et voilà le retour d’une des plus belles formations de pop sixties : les Kitschenette’s. Cela fait donc 18 ans qu’autour du couple de chanteurs, Ludo et Lucille, s’est formé le plus bel orchestre sixties de ce pays.

Cela faisait 5 ans que le groupe n’avait pas donné de nouvelles discographiques et voilà que sort un nouveau 45t (un quatre titres, comme dans les sixties), baptisé « Algorythm’n’blues ». Comme d’habitude le sextet a adapté deux titres anglo-saxons avec des titres en français mais il propose aussi deux compositions. Une grande première ! D’autant plus que les premiers n’éclipsent pas les seconds. Et puis l’orchestre breton a fait, comme d’habitude, très attention à son « art work ».

Alors que les Kitschenette’s ont repris la route pour prêcher la bonne parole du jerk, le chanteur Ludo a répondu à mes questions.

Que s’est-il passé dans le groupe depuis notre dernière interview ?

On a changé de guitariste ! Anne (ex Wave Chargers, NDLR) nous a quittés début 2020, juste au moment du confinement. On a réussi à sauver un concert pendant l’été 2020, avec Bastien qui était guitariste dans plusieurs groupes rennais (dont les Madcaps et Carambolage), et qui nous avait déjà filé un coup de main lors de l’enregistrement du dernier disque. Comme le confinement s’éternisait et qu’il n’y avait plus de concerts, on a juste continué à répéter à cinq pendant un an, un an et demi… On s’est même demandé si nous n’allions pas rester à cinq, avec Greg alternant entre orgue et guitare… Mais non ! On s’est bien rendu compte qu’il fallait vraiment qu’on soit six… On a donc cherché, même loin de Bretagne… On fait passer deux auditions. Mais ça ne l’a pas fait. Notre répertoire est beaucoup moins simple qu’il n’y parait ! Devant ces échecs, j’étais un peu inquiet, voire désespéré…

Les Kitschenette’s en 2024
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Et donc ?

Comme il y avait toujours le confinement, il n’y avait pas d’urgence… Au mois de septembre 2021, une nouvelle collègue de travail avec qui je discutais, notamment du groupe, m’a dit que son mari était guitariste. Le soir-même, j’avais un mail de sa part ! C’est comme ça que Stéphane est rentré dans le groupe. On l’a testé en répète, et hop c’était bon !

Tu nous parles un peu de lui ?

C’est un Rennais qui a une culture plutôt « indie pop ». Comme moi au départ. Mais comme on a quasiment le même âge, il connaît aussi bien Gainsbourg, Dutronc, Nino Ferrer. C’est générationnel. Il s’est mis dans le truc, et a rapidement été dans « le bain ». Et nous revoilà, à six !!

Est-ce que la formation actuelle est stable ?

Oui, j’espère (rires)… Si je fais le compte, Stef doit être le 31e ou 32e membre du groupe ! Vraiment ! On a eu 12 ou 13 guitaristes, donc ce serait sans doute trop optimiste de ma part de dire que cette formation est définitive… Mais, globalement, elle est stable. Après, les aléas de la vie ça existe. Y’a trois semaines, on était en concert à Paimpol, et ce n’était pas Claude qui était à la batterie parce qu’il s’était cassé le bras. C’était Romain Baousson (Bikini Machine, Dominic Sonic) derrière les fûts ! Et pour notre dernier concert (la semaine dernière à Toulouse), c’est Léo (de Tago Mago) qui a assuré (Romain était booké avec Archimède). Oui, je sais, faut suivre…

On a l’impression qu’après le Covid, vous avez moins joué qu’avant ?

Peut-être… On a quand même fait pas mal de concerts, mais on a un peu fait le tour de tout ce que nous pouvions faire dans l’Ouest. Comme nous sommes quatre en Ille-&-Vilaine, un à Paris et un à Lille, c’est toujours compliqué de se réunir et d’aller jouer loin de nos bases. Comme nous ne sommes pas intermittents, et qu’on travaille tous à côté, on a peu de temps à consacrer au groupe. Et puis, pour aller jouer loin, il faut du temps. Temps de transport où on ne joue pas… Et se pose aussi la question du financement. Les cachets dans ces petits clubs rock, c’est 300-400 €, rarement plus. Qu’on vienne de la ville d’à-côté ou d’un autre pays…

J’ai l’impression que vous restez surtout dans vos bases de l’ouest, et que vous bougez moins ?

L’année dernière, on a joué à la pointe sud de l’Espagne (à Alméria), puis trois autres concerts dans le nord de l’Espagne en novembre. Donc, non, on a bougé ! Et puis, on aussi enregistré un nouveau 45, tourné deux clips… Et puis, il ne suffit pas de vouloir jouer, il faut aussi que les programmateurs veuillent bien de nous !

Mais vous êtes dans un réseau sixties, ça devrait vous aider ?

Oui, mais c’est une scène qui vieillit, comme toute la scène rock, qui est moins à la mode… Et il y a moins de lieux pour jouer. Moins d’assos. En plus, on est sans doute un peu plus sélectifs. Donc, au final, ça fait un peu moins de concerts. Enfin, au lieu d’en faire quatorze, on va juste en faire douze !!

Ludo Kitsch sur scène en 2024
Crédit : Philippe Remond

Considères-tu Les Kitschenette’s comme un groupe, ou juste toi et Lucille avec des musiciens derrière vous

J’espère bien que c’est un groupe ! Parfois, je parle des Kitschenette’s comme d’un « orchestre », mais c’est pour rigoler… Pour faire un clin d’œil aux années 60, qui sont nos références. Dans l’équipe, tout le monde s’entend bien et est impliqué. Mais nous, les quatre Bretons, on a seulement les Kitsch comme groupe. Claude et Lou (respectivement batteur et bassiste) jouent chacun dans des groupes qui tournent eux-aussi. Lucille et moi, nous avons créé les Kitsch il y a 18 ans, et c’est nous qui faisons management et la com’. Donc, forcément, on nous identifie plus comme leaders. Mais leader ne signifie pas dictateur, j’espère… Et puis, Claude est quand même là depuis 17 ans, Greg 13, et Lou 6 !

Lucille en concert
Crédit : Eric Guyot

Musicalement, vous restez dans une ambiance sixties. Vous comptez évoluer vers les années 70 ?

Pas du tout ! Moi vivant, ça n’arrivera pas (rires) ! Plus sérieusement, c’est la musique qui m’éclate. Et on n’en est pas fatigué. S’il y avait des envies vraiment fortes d’évoluer, ce ne serait plus le même groupe. Et on changerait de nom. Sur notre nouveau disque, nos compositions sont dans ce style. On a un créneau assez précis, avec notamment nos reprises (millésimés 1963-67). Même si nous ne nous interdisons aucunement d’aller à la fois vers la surf, le blues, le garage, pour plus de diversité dans le set... C’est notre ADN plus pop, groovy, french beat, kitsch, qui fait notre différence à apporter à la scène 60’s. Il faut que nos compositions rentrent dans ce répertoire. Et soient du niveau ! Pas si facile…

Sur scène, Les Kitsch c’est la fête. Un vrai spectacle, avec tous les instruments d’époque, et vos tenues vestimentaires. Est-ce, qu’avec tout ça, vous vous considérez comme un groupe rock ?

Bien sûr, nous sommes un groupe rock, fantasmé des années 60 ! Un peu comme les B52’s, qui lorgnaient aussi sur cette époque. Plusieurs Anglais nous ont dit ça : qu’on était un « party-and » comme les B52’s. Ça nous va !

Après six ans, vous sortez enfin un nouveau disque. Pour vous, faire des disques ce n’est pas l’objectif final ?

Non, enfin pour moi ! L’objectif premier du groupe : c’est le live ! Comme on est un groupe de covers et d’adaptations, la part de création n’est pas si importante. Jouer et adapter ce répertoire n’est pas si simple, et ce qui nous éclate c’est d’être sur scène. Et aussi de passer du temps ensemble. En plus, on est très lent, la musique n’est pas notre travail. On ne vit pas dans les mêmes villes, voire régions… On a une vie à côté, des enfants pour quatre d’entre-nous… Le groupe, c’est notre loisir. Mais un loisir qu’on fait sérieusement. Ceci dit, on aime bien enregistrer et sortir des disques, c’est juste que l’on n’a pas le temps de ne faire que ça…

Vous n’avez pas fait d’album !

Oui, c’est vrai. Mais dans les sixties, c’étaient les singles qui comptaient ! Et puis, encore, on n’a jamais vraiment eu le temps d’en faire un. Tout se fait toujours dans l’urgence, et avec peu de moyens (les nôtres). Il aurait fallu que l’on soit plus stables. Et puis, deux de nos membres sont très éloignés géographiquement. Quand on se voit, il faut que l’on soit efficaces, notamment pour répéter. On n’a quasiment jamais l’occasion de se retrouver tous ensemble, autour d’un apéro pour discuter. Rien que ça, c’est compliqué ! Alors, le reste… On pourrait faire ça par visio, mais je ne suis pas très fan de tout cette merde : ce n’est pas la vraie vie ! Ou si, justement… Et ça l’est déjà beaucoup trop ! Surtout, ça n’existait pas dans les 60’s, baby !

Greg, le guitariste et organiste des Kitschenette’s
Crédit : Philippe Remond

Vois-tu des gens en France qui vous ressemblent ? Ils sont peu en France avec cette vision culturelle et de spectacle.

On se connaît tous dans la scène : on est tous « amis » sur les réseaux sociaux. En habitant à Saint-Malo, on est assez excentrés. Il y a des gens comme « les Terribles » qui nous ont influencés au début, mais ils sont séparés y’a déjà pas mal de temps… Depuis, je ne vois pas vraiment d’autres groupes avec le même crédo…

Vous sortez un nouveau 45 t, baptisé « Algorythm’n’blues ». Vous l’avez fait où, et avec qui ?

À Cesson-Sévigné, à côté de Rennes, il y a un plus d’un an, au studio ZF. C’est Romain Baousson, qui avait déjà produit notre précédent 25 cm, qui nous a emmenés là-bas. C’est d’ailleurs lui qui l’a réalisé. En un weekend, on a enregistré six titres. Donc, nous avons encore deux inédits !

Claude, batteur des Kitschenette’s
Crédit : Eric Guyot

Vous avez enregistré en numérique ou analogique ?

En numérique. On a essayé l’analogique il y a quelques années. Mais cela n’avait été concluant… On se voit trop peu pour être opérationnels en analogique. S’il y a besoin de refaire des choses, c’est très compliqué pour le peu de temps où on se voit. Par expérience, il est bien plus important de préparer l’installation en studio, choisir le matériel pertinent pour avoir le bon son. C’est d’ailleurs cette étape de démarrage qui est la plus longue en studio. Ceci fait, après, ça roule ! Romain a l’habitude du numérique, il connaît notre son. Il est parfait pour nous.

Ce sont toujours tes propres guitares qui servent pour le groupe ?

Globalement, oui. Sauf la basse qui n’est pas à moi, mais à Greg, l’organiste, qui a aussi commencé à acheter du matériel 60’s.

Lou, le bassiste des Kitschenette’s
Crédit : Eric Sztelma.

On a l’impression que ta vie, c’est la quête des années 60 avec la recherche d’objets de cette époque ?

C’est un peu vrai avec les instruments. Même si je ne prends pas les plus chers ! Mais au final, acheter 20 guitares c’est quand même un budget ! Et il faut les stocker (rires)… C’est surtout une recherche esthétique qui a commencé avec le groupe.

Pas le son ?

Si, forcément. Mais pour moi, c’est avant tout esthétique. Bon, là je me suis un peu calmé, même si je recherche encore des modèles précis de guitares… J’avoue que c’est un peu bizarre pour un type qui ne joue même pas de guitare ! (rires).

Tu as essayé d’apprendre ?

La basse, un peu dans les années 80, mais bon je suis trop feignant (rires) ! Et puis, j’aime être chanteur. Quand on veut faire un groupe, on s’en rend bien compte : des chanteurs, il n’y en a pas tant que ça. Je me suis donc engouffré dans ce créneau !

Stéphane, le guitariste des Kitschenette’s
Crédit : Eric Guyot

Donc, un nouveau single avec quatre titres. Pourquoi deux reprises, et pas que des originaux ?

Parce qu’on n’a pas assez de temps pour se voir. Et parce qu’on n’est pas assez compositeurs ! Ceci dit, les deux reprises sont tout de même des versions originales françaises dont nous avons écrit les textes. Comme à l’époque.

Vos titres sont largement à la hauteur !

Merci, c’est gentil. Mais on n’a pas de vrai compositeur dans le groupe. Ce qui est particulier dans notre cas, c’est que les deux fondateurs et membres les plus actifs du groupe, ce sont les deux chanteurs. Et moi, je suis le moins musicien de tous ! Lucille a joué en orchestre classique quand elle était ado… Elle connaît son solfège. Pas moi ! Et surtout nous sommes déjà pas mal affairés à manager, trouver les concerts, réaliser la com’, organiser toute la logistique… Pour un loisir, c’est déjà beaucoup de travail ! Vu nos contraintes (de temps et d’éloignement), c’est donc beaucoup plus simple de faire des reprises et des adaptations en refaisant un texte en Français. Là, on a réussi à faire que deux titres. Et encore, sur plusieurs années ! Et pour ces deux compos, elles ont été majoritairement mises sur pied au moment où Anne était encore dans le groupe. Son rôle là-dessus a d’ailleurs été prépondérant. Elle serait restée, on en aurait sans doute fait plus de compos… Ceci étant, notre éloignement géographique et le peu de temps qu’on donne au groupe ne nous facilitent pas les choses. Ça a toujours été comme ça. Et puis, il y a tellement de morceaux géniaux à porter en live ! Je dis depuis longtemps : « Mieux vaut faire une bonne reprise qu’une mauvaise compo ». Mais tant mieux si nos compos tiennent la comparaison…

Comment choisissez-vous vos adaptations ?

Tout d’abord, il faut que le morceau nous plaise à Lucille et moi. Car c’est souvent nous qui sommes force de propositions. Il faut qu’il fonctionne avec notre ADN. Comme on écoute beaucoup de trucs de cette époque-là (on fait aussi dj), on a toujours des envies qui naissent quand un morceau nous plaît vraiment. On s’imagine les chanter. Voire les jouer sur scène… On fantasme des morceaux. Des fois pendant des mois. Des années… Rien que pour moi, y’en a un ou deux qui attendent qu’on ait le temps de s’occuper d’eux depuis peut-être… dix ans !
« Breuvage del amor », par exemple, est un morceau que Lucille a trouvé. C’est le titre « Love potion n°9 » popularisé par The Searchers en 1965. Mais Lulu l’a redécouvert par la version réalisée à l’époque par la chanteuse mexicaine, Angelica Maria. On l’a trouvé super, et Lucille a voulu en faire une version française. Je m’y suis collé. En une heure, c’était plié pour le texte. Là, on a fait écouter l’original aux autres Kitsch. Et comme le morceau leur plaisait aussi, je leur ai lu le texte que l’on proposait. On l’a essayé en répète. Et comme ça a bien sonné direct : voilà c’était parti !

Vous êtes toujours en recherche de musique, d’esthétisme ?

Ce sont des morceaux qui peuvent passer en Dj set lors des soirées sixties sur lesquels on a dansé. Comme je te le disais plus haut, il y a des morceaux que j’adore qui attendent depuis des années. Mais je n’arrive pas toujours à faire une version française satisfaisante. Sans parler qu’on n’a pas toujours le temps de s’y mettre…

C’est là où vous êtes dans une recherche perpétuelle !

C’est vrai. Et comme on compose peu, on doit évoluer en trouvant de nouveaux morceaux à reprendre. Et surtout à adapter. C’est vraiment notre propos, notre originalité. Et moi, j’adore ça !

Vous avez un côté « passeur », mais sans aucunes prétentions. Vous êtes vraiment des amoureux des sixties !

Je crois bien, oui… Quand tu montes sur scène, tu dois avoir une certaine prétention. Ne pas s’excuser d’être là… J’aime vraiment ces morceaux, il faut qu’on soit à la hauteur. Dans la scène 60’s, il y a des gens qui connaissent déjà ces morceaux. Comme nous, ils n’ont pas envie que l’on fasse n’importe quoi avec ! Je pense que ces « connaisseurs » reconnaissent ça chez nous : le respect de cette musique, de cette esthétique, tout en y apportant une certaine fraîcheur.

Je trouve que vous avez un côté « Buena Vista Social Club » ou « Celtic Social club » : faire revivre de vieux morceaux…

Bien sûr, il y a de ça. Mais notre vraie motivation, c’est de jouer des morceaux qui nous plaisent, la musique qui nous plaît, et de faire des concerts pour faire danser les filles… Et les minets (dixit Lucille) !

On revient au 45t. Avec « Plus personne », vous avez réussi à faire sonner « Paper sun », un morceau de Traffic, le groupe de Steve Winwood. Et ça, c’est fort !

(Rires) On ne connaissait pas le morceau par Traffic, mais par un groupe féminin américain les Murmaids, via une compilation de groupes féminins américains : « Girls go zonk ». On voulait la faire depuis longtemps. Il y a deux ans, quand on est parti jouer à Lyon, on a écouté ce morceau dans le van. Tout le monde dans le groupe a accroché direct, et voilà ! Par contre, le texte en français, pour une fois, n’est pas de moi… Je n’y arrivais pas. Greg m’a dit « de confier çà à d’autres ». J’ai demandé à Erwan Roux (le chanteur de Coupe Colonel). Franchement, son texte est super.

Il y a un bel habillage sur le disque. C’est un objet collector vintage qui est magnifique !

Merci, c’est Lucille qui a fait l’artwork. Comme pour le dernier 25 cm et 90 % de nos visuels. Mais le processus a été long. Elle avait fait une première pochette qui n’a pas plu au groupe. C’est la deuxième qui a fonctionné. Elle y a passé pas mal de soirées à se prendre la tête. Tout le monde a l’air de la trouver très belle cette pochette, tant mieux ! Et pour le clip de « Breuvage del amor », c’est Cyril Cucumber qui a fait le montage, drivé par Lucille.

Quelle importance, accordez-vous à l’image ?

C’est super important, c’est la manière dont on se présente. Étant un groupe à répertoire, avec un style bien particulier, il faut que les pochettes et nos looks soient un minimum raccords. Sans être « ayatollesque », car il ne s’agit surtout pas de nous déguiser, mais de rester nous-mêmes, dans notre époque, avec nos personnalités. C’est ce qui me plaît, même dans les autres « chapelles »… Il y a une esthétique et chacun y va à fond. C’est aussi ce qu’il restera après nous !

Vous vous êtes mis des visières sur votre dernière communication !

Ça s’est joué pendant le tournage du clip. C’est Lucille qui a décidé de nous habiller en combinaisons blanches, visières et sous-pulls de couleur. C’est un peu un hommage à Mondrian des années 60 et à la nouvelle vague ciné française (« Demoiselles de Rochefort » de Jacques Demy, Mocky, Godard, Tati, Clouzot)… Nos références ce sont les années 60, mais avec un côté frais et coloré, un peu décalé. On essaye de ne pas rester sur les rails. Les B52’s, encore…

Mais tu vis dans un monde 60’s, notamment chez toi, non ?

C’est quasiment ça ! C’est d’ailleurs une recherche esthétique qui ne s’arrête pas à la musique et aux guitares italiennes… J’ai deux autres passions sur cette période-là en ce moment : la vaisselle et les tissus. J’achète de la vaisselle des années 50 et 60. Pareil pour les tissus, j’achète plein de belles pièces qui serviront peut-être un jour pour des vêtements ou de l’ameublement… Ou qui finiront en tapisserie murale. Certains de ces tissus sont des œuvres d’art. Vraiment ! Quant à Lucille, plutôt focus sur la mode, le mobilier, les objets à l’entre-deux des années 50-60.

On peut se le procurer comment ce 45t ?

Sur le site de Soundflat, notre label allemand. Ou directement auprès de nous, via notre page Facebook. Mais le mieux, c’est directement aux concerts. D’ailleurs, on fait la sortie de notre disque le vendredi 24 mai au Bistrot de la Cité (à Rennes). Et y’aura Vire le lendemain, et la brocante où on a tourné le clip (à Précey, dans la Manche) le dimanche 26. On va aussi le mettre en vente chez quelques disquaires à Rennes : Rockin’Bones, Blind Spot… Ce sera probablement la seule ville où il y aura le disque dans les magasins. C’est trop de travail de l’envoyer et de gérer le truc à distance. Je fais déjà suffisamment de paperasserie comme ça ! Le plus sympa, pour nous, c’est de vendre après les concerts. Comme ça, on peut rencontrer des gens, discuter avec eux, faire des photos, des dédicaces, boire des coups…

Crédit : Titouan Massé

Vous attendez quoi de ce disque ?

Sortir un 45 t, ça a déjà été une aventure ! Les 45, ça coûte trop cher à produire. Peu de labels en sortent encore… À un autre niveau, c’est bien d’avoir une actualité pour le groupe. Sortir un disque tous les 4 ou 5 ans, c’est quand même le minimum pour un groupe ! On va essayer de toucher de nouvelles personnes. Et puis, j’aimerais bien que le disque et le clip nous permettent d’aller dans les endroits où nous n’avons pas encore joué…

C’est quoi vos projets ?

Justement : c’est d’aller jouer dans des lieux (clubs, festivals ou villes) où nous n’avons pas joué. Retourner jouer en Angleterre, on a un copain qui aimerait bien organiser une petite tournée là-bas. J’aimerais aussi retourner jouer en Allemagne, où on n’a pas été depuis 10 ans. Même si j’ai l’impression que, là-bas, la scène 60’s s’est beaucoup calmée. Claude, notre batteur (qui est dans le groupe depuis 2007), me disait que déjà en 2008 je lui disais « que 2009 serait la dernière année du groupe ». Et quinze ans après : on est toujours là ! (rires). Ce qui est sûr : s’il faut terminer l’histoire, j’aimerais que ce soit avec un beau truc !

Je ne te vois pas arrêter !

C’est ce que tout le monde me dit… Mais c’est beaucoup d’énergie pour maintenir une équipe opérationnelle… Les choses ne sont pas simples : on n’est pas dans la même ville et donc faire jouer le groupe coûte cher, rien qu’en billets de train ! Et, en tant que manager, je donne beaucoup au groupe. Mon temps en tant que chanteur cela représente quoi ? 3 à 4 % de ce que je consacre au groupe. Ça fait quand même 18 ans que l’on existe… À un moment, faudra quand même arrêter !

Il faut faire comment pour rentrer dans l’univers des Kitschenette’s ?

En allant aux concerts, très cher ! Et pas besoin de préparation psychologique pour venir à nous ! Il suffit juste de se laisser porter par le rythme, l’énergie et les textes. Nous pouvons aussi bien réunir les générations que des publics plus connaisseurs. La plupart des gens du milieu rock quand ils entendent parler de nous, ils voient ce nom, et ils se disent « c’est trop kitsch, trop pop, trop féminin… ». Jusqu’au moment où ils nous voient en concert. Là, beaucoup s’assouplissent à notre encontre, tant on envoie !

Pourtant, vous y allez au charme !

Certes, nous sommes élégants. Mais pas que ! En concert, on envoie du rock et du groove. Enfin, on n’a pas d’effet pyrotechnique ! C’est dansant avec un côté théâtral, surtout avec mon personnage. C’est carré et énergique. Ce n’est pas une musique facile à faire. C’est sans doute pour cette raison d’ailleurs, que nous sommes si peu à aborder ce répertoire… Quand tu nous vois, tu te dis qu’il y a du niveau, mais que ça reste frais. Enfin, je l’espère… En tout cas, on ne veut pas être plan-plan.

Le mot de la fin ?
Si vous avez des assiettes ou tissus modernistes, je prends !!

https://www.facebook.com/LesKitschenettes

En concert le vendredi 24 juin au Bistrot de la Cité à Rennes