Camille Lemaire : Mode d’emploi féminin pour un retour dans les sixties

jeudi 20 juillet 2023, par Franco Onweb

Dans le cadre de ce site, j’ai beaucoup présenté de groupes « garages » qui se référaient aux sixties, j’ai reçu beaucoup de demandes pour comprendre et surtout pour avoir une sorte de « mode d’emploi » pour vivre cette culture. Après avoir présenté l’angle masculin avec Martin Kubasik, j’ai décidé de présenter la version féminine de cette scène avec Camille Lemaire.

Égérie de cette scène, Camille est surtout une Djette reconnue de ce milieu. Je lui ai donc proposé de décrire sa passion des sixties mais aussi de présenter quelques-uns de ses titres favoris pour ses mixes. Bienvenue dans l’univers de Camille Lemaire, toujours fan des sixties !

Peux-tu te présenter ?

Hello ! Je m’appelle Camille, j’ai 29 ans, je suis la maman d’un adorable garçon de 6 ans et mon deuxième prénom c’est Mélodie. Comme une référence implicite à mon amour pour la musique. Je suis une mélomane, mélodramatique… et je suis aussi DJ !

Crédit : Gérald Chabeau

Comment est née ta passion des années soixante ?

Depuis notre naissance mon frère jumeau et moi passions beaucoup de temps chez ma grand-mère. On a été bercé par le Jazz, Nina Simone, Sacha Distel, les Shadows, Nino Ferrer, The Mamas and the Papas… On regardait Ma Sorcière bien aimé tous les soir après la sortie de l’école. Les films de Dean Martin et Jerry Lewis, les émissions et séries TV de l’époque. Notre père est batteur depuis ses 16 ans. Un jour il nous a montré la vidéo de Keith Moon jouant avec un kit transparent et des poissons rouge dans ses toms, on était plié de rire ! C’est comme ça qu’on a découvert les Who. Et par la suite Quadrophenia. On mettait des morceaux de carton entre les rayons de nos roues de vélo pour imiter le ronronnement de moteur des scooters. On se baladais de village en village dans la campagne pour rejoindre nos copains en criant « I’m just talkin’ ’bout my g-g-g-generation !! ». On avait 14 ans, on rêvait de Brighton et c’était drôle.

Comment se concrétise-t-elle ?

En fait, dans tous les matins remplis de musique, de découvertes, de nouvelles rencontres et de nouvelles commandes discogs ! Dans le plaisir de jouer des disques pressés il y a 56 ans sur des platines dans un bar en 2023.

Vis-tu dans un monde « relooké » sixties ou de 2023 ?

C’est un mélange des deux. J’ai beaucoup d’objets vintage et j’ai aussi une assistante virtuelle qui allume et éteint les lumières à ma place.

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Pourquoi es-tu fascinée par les sixties ?

Ce qui me fascine dans les années 60s c’est la légèreté, la fraîcheur, la liberté et toutes les jolies couleurs. C’est tellement cliché de dire ça mais c’est vrai. Si vous regardez les voitures d’aujourd’hui, tout est en noir et blanc ! Je suis nostalgique de la coolitude et l’esthétique des années 60 mais je ne pense pas que c’était mieux avant. Simplement le monde avait quelque chose en plus avant l’arrivée de la « fast fashion » et des Renault kangoo.

Pour découvrir ton univers, tu conseillerais quoi en musique ?

Quelques artistes de mon univers musical ; Ray Barretto, The Mills Brothers, Sarah Vaughan, Walter Wanderley, Julie Driscoll, Brian Auger, Ben Webster, Milt Jackson, The Kinks, Rufus Thomas, Chris Farlowe, The Specials, Blossom Dearie, Georgie Fame, Peggy Lee, Freddie Hubbard, Jacco Gardner, Astrud Gilberto, La femme, Coleman Hawkins, Leon Bridges, Count Basie, The Zombies, Moose Allison, Elis Regina, The Gestures, The Cyrkle, The Luv’d Ones, Buddy Colette, Sylvie Vartan, Keely Smith, The Bittersweet, Gerry Muligan Quartet, France Gall, Mina, Oscar Brown, Young Holt trio, Chet Baker, Bass Drum of death, Nick Waterhouse, Carmen Mc Rae, Hugo Montenegro, Oscar Peterson…

Au cinéma ?

J’adore les film de la nouvelle vague, Échappement libre de Jean Becker avec Jean Seberg et Jean Paul Belmondo, Les Tricheurs de Marcel Carné, Masculin Féminin de Jean Luc Godard avec Anna Karina et Jean Claude Brialy, Le rendez-vous, de Jean Delannoy avec Jean Claude Pascal que j’adore aussi en tant que chanteur, La collectionneuse de Éric Rohmer, Le Désordre à vingt ans de Jacques Baratier avec Juliette Greco ma beatnik muse, et une distribution de dingue notamment Claude Nougaro, Sidney Bechet, Boris et Alain Vian, Zouzou, Qui êtes-vous Polly Maggoo ? de William Klein avec Dorothy McGowan et Jean Rochefort, Saint Tropez blues de Marcel Moussy avec Marie Laforet et Jacques Higelin et leurs magnifique chanson. J’aime aussi le côté 50s pop culture Californien, parfois tiki, de toutes les animations de Pixar, Toy Story, Soul, Vice Versa… L’atmosphère et les banlieues américaines des films de Joe Dante, Tim Burton, les teen movies…

En littérature ?

En littérature j’aime beaucoup Ernest Hemingway, Jack Kerouac, John Fante, Andrew Ridker, Nick Hornby, Charles Bukowski, Bret Easton Ellis, Lily Brett, Harper Lee, Boris Vian, Kafka, Zola, Sartre, Ionesco, Françoise Sagan, George Sand…

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Pour beaucoup cet univers commence avec la mode. Comment conseillerais-tu de s’habiller pour être élégant comme dans les sixties ?

Pour les filles, comme le dit la chanson de Lloyd & Glen, une minijupe et des gogo boots. Et puis une robe trapèze, des collants colorés assortis à un béret. Des rayures, du vinyle, des franges, des sequins, du tartan, et des pièces « cut out ». Évitez le look soirée à thème des robes hippie en polystyrène et fermetures à scratch, parsemées d’accessoires envahissants. Les soirées 60s au bureau oui, si vous avez la garde-robe de Joan Holloway, Don Draper ou Peggy Olson bien sûr. Pour les garçons, un sta prest, un polo en laine, des desert boots ou des chelsea et un foulard en soie.

Comment fais-tu pour t’habiller ? As-tu des adresses ?

Je porte les mêmes vêtements vintage depuis très longtemps, et je commande sur Etsy, eBay et Vinted, il faut chercher les bon mots-clefs !

Quels sont les lieux pour sortir ?

J’adore la Mécanique Ondulatoire, les clubs de jazz du quartier latin, le no Pi, le supersonic, l’international…

Peux-tu nous conseiller quelques artistes ou groupes de la scène sixties ?

Of course Le Chiffre Organ-ization, the New Sensation French Library Psychedelico Pop Groove Early Funk and Jerk !!! Il n’y a rien de plus sixties dans la scène !

Pourquoi s’habiller ainsi et vivre à fond la passion sixties en 2023 ?

Je ne me pose pas cette question car cela fait partie de moi. Et puis la mode ça tourne en rond.

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Est-ce un signe d’élégance (qui est subjective) ?

C’est vraiment subjectif car l’élégance peut-être aussi bien intérieure qu’extérieure, mais si les deux s’accordent alors là...

Quels sont tes projets dans ce « milieu » ?

Mes projets ; Encore plus de concerts, de festivals, de week-end et d’autres DJ sets outre atlantique !

Le mot de la fin !

Pour mon mot de la fin, je choisi ce passage des paroles d’une de mes chansons préféré de Ella Fitzgerald et Joe Pass, à l’origine de Eden Ahbez, et merveilleusement bien reprise par Bobby Darin, je cite Nature Boy « The greatest thing you’ll ever learn Is just to love And be loved In return ».

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