Institut, rencontre pour un album que vous allez chercher !

vendredi 5 février 2021, par Franco Onweb

Institut vient de sortir un nouvel album et c’est une des meilleures nouvelles de ce début d’année ! Quatre ans après « Spécialiste mondial du retour d’affection », le trio nous offre « L’effet Waouh des zones côtières », un disque à son image : élégant et plein de mélodies.

Attention, on parle ici de chansons que l’on pourrait qualifier de « pop » avec des arrangements impeccables et des textes sur-mesure pour notre époque bien … compliquée ! Un disque que je ne saurais trop vous recommander pour vous accompagner, le compagnon idéal du moment. Vous ne me croyez pas ? J’ai demandé à Arnaud Dumatin, l’un des membres, et principal compositeur du trio, ne m’en dire un peu plus !

Qu’avez-vous fait depuis quatre ans et votre dernier album ?

On a sorti un EP en 2017, « Épanouie socialement », donné quelques concerts, composé la BO d’un documentaire québécois ’https://www.onf.ca/film/labrecque-u...), écrit les chansons de l’album à paraître. Emmanuel Mario, qui travaille avec moi depuis le début, a son propre projet, Astrobal (https://www.astrobal.com/). Il a récemment sorti un nouvel album et il collabore avec de nombreux autres musiciens, en tant que producteur ou batteur.

Institut
Crédit : Philippe Lebruman

Qui sont les membres d’Institut maintenant ?

Nous sommes trois : Emmanuel Mario, Nina Savary et moi. Nina a ses propres projets en tant que chanteuse et comédienne. Elle sort son nouvel album à la fin du printemps.

Peux tu nous présenter ce nouvel album « L’effet Waouh des zones côtières » ? Il a été fait où et avec qui ?

En équipe très réduite (on a quasiment tout fait à trois). C’est vraiment une économie minimale sur tout le processus. J’ai commencé à l’écrire il y a 3 ans. Mais je ne trouvais ni le fil conducteur ni l’énergie. En octobre 2019, Nina et Emma m’ont proposé de venir enregistrer chez eux, dans le sud de la France. Je suis arrivé avec 4 ébauches, à peine des notes d’intention. La semaine d’enregistrement a tout débloqué. Le résultat n’était pas satisfaisant mais il y avait une ossature. J’ai beaucoup écrit entre novembre et février et on devait finaliser l’enregistrement en mars 2020.

De mars à mai, j’ai écrit de nouvelles chansons, réécrit certains textes pour donner une cohérence d’ensemble. L’état d’urgence aura finalement donné la teinte générale de l’album. Nous avons fini l’enregistrement en juillet. Les étapes suivantes, les arrangements, le mixage, sont toujours un peu longues et fastidieuses. C’est un terrain idéal pour alimenter ma monomanie.

Musicalement on pourrait situer le disque entre la pop et « l’easy listening ». Qu’en penses-tu ?

Peut être. Avec des petites touches ambiant dub et acid rock, bien assimilées. Ce sont vraiment des influences que je revendique.

Quelles musiques écoutiez-vous au moment d’enregistrer le disque ?

Quand on enregistre chez Emma et Nina, je suis plongé dans un environnement musical qui n’est pas fondamentalement le mien, j’élargis mon horizon. Cette fois-ci, on a beaucoup écouté Bernard Ilous. Mais aussi Francis Lai que j’adore.

Pour ma part j’ai trouvé que ce disque pouvait se rapprocher de Michel Houellebecq et de son album « Présence humaine », es tu d’accord et es tu fan de ce disque et de cet écrivain ?

C’est un disque que j’ai beaucoup écouté quand il est sorti. Il y a sans doute une proximité : les thématiques abordées, l’humour dépressif.

C’est un album qui a été fait pendant le confinement ? Le texte de « Prenez soin de vous » s’y réfère.

Oui. Initialement, ce morceau devait être sur un EP. J’ai écrit 3 chansons sur ce thème pendant cette période. J’ai finalement préféré les intégrer à l’album.

C’est un album de désillusion sur l’époque actuelle mais avec beaucoup d’humour, n’est-ce pas le journal d’un dandy désillusionné sur son époque ?

En tous cas, pas évident de conserver son sens de l’humour en ce moment.

Crédit : Philippe Lebruman

Ne crains tu pas que le disque ne soit trop marqué par notre époque avec toutes les références actuelles qu’il y a dans les textes ?

Tous nos albums sont inscrits dans le contexte de l’époque, celle d’une modernité hyper régulée, d’un capitalisme aliénant, déliquescent. C’est ce qui nourrit mes textes. C’est un peu mon fonds de commerce. Là, c’est plus évident, c’est vrai.

Mais quand tu dis ça, j’ai l’impression que tu suggères que cette époque est transitoire et que ces chansons paraitront rapidement exotiques. Il me semble plutôt qu’on assiste à un basculement. Aussi, je parie sur une durée longue pour offrir une belle carrière à ces chansons.

Comment peut on se procurer le disque ?

Dans les magasins de disques qui existent encore, en commande sur le site d’Inouïe, notre distributeur, sur notre bandcamp (https://institut.bandcamp.com).

Allez-vous donner des concerts ?

Non. J’ai vite évacué cette idée. Au-delà de la période qui n’est pas propice, je n’en ai pas envie. Il y a trop de distorsion entre le travail représenté par la scène et la satisfaction que j’en retire. J’ai un rapport ambivalent aux concerts : j’adore l’idée mais je suis toujours frustré. Les conditions (retours son, accueil des salles) sont trop souvent merdiques. Je préfère avoir un rapport fantasmé au public.

Quel est votre avis sur la situation actuelle ?

On a la chance de vivre un moment historique, les prémices d’un nouveau monde. La peur a instillé, alimentée par une forme de pensée unique, par un matraquage permanent. On ne peut pas nier le contexte sanitaire. Mais le débat est pauvre, sans aucune mise en perspective. Pendant ce temps, l’état d’urgence s’installe, des lois liberticides passent, de nouvelles habitudes se prennent, nos vies se racornissent, les ventes d’écrans géants explosent.

Le mot de la fin ?

J’aime les fins ouvertes.