Les Gunners : le retour d’un groupe de « Pretty Boys »

jeudi 31 mars 2022, par Franco Onweb

Les nouvelles n’étaient pas terribles : guerre en Ukraine, retour du Covid.. mais moi je m’en fiche parce que j’ai discuté avec un mec hypra cool : Patrick, le chanteur des Gunners, qui est aussi l’un des groupes les plus cools du moment.

Les Gunners sont une bande de copains qui ont décidé de se reformer 21 ans après avoir fait « carrière » dans les années 90. A l’époque leur punk-rock mélodique leur avait permis de parcourir la France et l’Europe en donnant des concerts mémorables. Aujourd’hui, le groupe n’a comme ambition que d’écrire de bons morceaux, d’enregistrer de bons disques, de donner de bons concerts et surtout de se faire plaisir. A l’écoute de « Pretty Boys », leur nouvel album, on peut dire que la mission est accomplie. Ici, pas de pression, pas de nombre de Stream ou d’écoute, juste le plaisir de jouer de la bonne, musique. Je vous le redis, c’est l’un des groupes les plus cools du moment !

Alors les Gunners sont de retour ?

Oui, plus de 20 piges plus tard, nous revoilà, et en pleine forme !

Crédit : Joël Legal

On va commencer au début du groupe ?

Les Gunners ont été créés en 1988. Au départ, c’était un trio avec Bruno et Gen’Roth, les actuels bassiste et batteur, et Gwena, un chanteur guitariste. J’ai rejoint le groupe en 1990 comme guitariste rythmique. Lorsque le chanteur est parti, j’ai pris sa place, et on a enrôlé un guitariste lead, Bernard. Il est resté 4 ans avec nous et Paulo, l’un des guitaristes actuels l’a remplacé jusqu’en 1997. Ensuite, Pierre a intégré le groupe durant jusqu’à la fin. La structure actuelle est simple : la même section rythmique, les deux derniers guitaristes et moi à la voix et à la guitare électro-acoustique.

Il vient d’où ce nom ?

Aucune idée ! (rires). Je n’étais pas dans le groupe lorsqu’il a été choisi. Je pense que c’est juste un nom qui sonne bien. En tout cas, ça ne devait pas forcément être un clin d’œil à Guns N’ Roses, et certainement pas à l’équipe de foot d’Arsenal (rires).

Dans les années 90 vous avez beaucoup tourné, notamment dans les pays de l’Est !

Effectivement ! On a « bouffé » du concert à n’en plus pouvoir. On avait pas mal de contacts à l’Est. On a joué en Roumanie, en Tchéquie, en Slovaquie.. Mais aussi en Suisse, Allemagne, Belgique. On a fait près de 600 concerts en 10 ans. On a roulé notre bosse (rires).

C’étaient quoi vos influences ?

Les groupes essentiels : Ramones, Undertones, mais aussi Hard-Ons, Bad Religion, et d’autres formations hard-core mélodique des années 90.

Et en Français ?

On aime beaucoup les Sheriff et OTH. D’ailleurs, à propos d’OTH, on va prochainement reprendre en concert « Les Révoltés du bloc B ».

Vous vous êtes arrêtés en 1998. Il y a eu des reformations « éphémères » avant celle-ci ?

Oui, à deux reprises, pour des soirées Ramones et Undertones au Mondo Bizarro, à Rennes. Le groupe a eu quelques envies de reformation pour d’autres concerts ou des soirées privées, mais moi, j’avais tiré un trait sur le groupe. Et puis, en 2019, on a été sollicités par les animateurs de l’émission de radio les Grignou, de Canal B, pour participer à une soirée anniversaire au Mondo Bizarro. Bruno, le bassiste, m’a sollicité. J’ai d’abord dit non, mais je me suis rapidement ravisé. On n’a qu’une vie après tout, autant en profiter à fond ! (rires). On a donc remis le couvert en octobre 2019.

Tout le monde était partant, même si ça a été compliqué pour certains… ?

(Rires) Effectivement, Gen’ le batteur a souffert de quelques tendinites au départ. Il faut dire qu’il n’avait pas joué depuis 20 ans, moi non plus d’ailleurs… Bruno, le bassiste, avait évolué dans différents groupes, comme les Trotskids ou les TV Men, Pierre, le guitariste, avait intégré des groupes en Vendée, où il s’est installé, et Paulo Guitare n’avait jamais cessé de gratouiller. Mais bon, c’était super important que tout le monde soit partant, dans l’unique but se faire plaisir.

Et donc ?

Ça a roulé tout de suite, dès la première répétition, en 2019. J’ai eu l’étrange sensation qu’on s’était quitté la veille.

On a l’impression que vous n’avez pas bougé, comme si vous aviez été cryogénisés et que vous ressortirez comme il y a 21 ans ?

Euh, disons qu’on a pris un peu de bide et quelques rides quand même !

Les Gunners en 1998, peu avant leur séparation
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Vos influences n’ont pas évolué ? Vous aviez écouté d’autres choses ?

On a forcément écouté des choses différentes, mais on est resté sur nos acquis. Pour le nouvel album, on a souhaité faire un truc assez basique autour de quelques accords, et des mélodies qui restent en tête. On n’a pas cherché à « moderniser » notre musique. Elle est peut-être un peu plus pop sur certains morceaux, mais ça reste les Gunners. C’est assez proche de ce que l’on faisait à nos débuts finalement.

C’est pop mais avec une belle énergie !

Tant mieux ! On ne voulait surtout pas jouer les vieux cons sur le retour (rires).

Tout de suite, avec votre reformation, il y a un côté très pro où tout se remet en place.

On a travaillé très différemment d’avant, en raison des confinements et du fait que l’on est tous dispersés géographiquement. On vit dans plusieurs départements de l’ouest. Avant, on composait les morceaux en répétition, et je posais une voix dessus. Cette fois, on a fait l’inverse. De décembre 2020 à février 2021, j’ai composé des morceaux à partir d’une mélodie, et j’ai envoyé mes maquettes aux autres. On s’est retrouvé ensuite en répétition pour structurer les morceaux. Chacun y a mis sa touche perso. On a enregistré en juillet 2020, en Vendée, chez un pote (Youl’s prod), qui a pris le temps de faire du super boulot.

Vous avez tout de suite voulu faire un album ?

Non. Au départ, on souhaitait juste faire un EP de reprises légèrement décalées, façon Gunners. Avec du recul, ça nous a paru un peu con, et on a opté pour des compositions. Notre nouvel album, « Pretty Boys », sorti en novembre 2021, est composé de 11 titres, dont deux reprises.

Vous avez beaucoup joué depuis ?

On a eu quelques annulations à cause Covid. On a vraiment démarré en décembre 2021. On en est à sept concerts dans l’ouest.

Et votre ancien public, il vous a suivi ?

Oui, d’abord les vieux potes, et ça fait plaisir. Tout le monde a la banane : nous et le public ! C’est parfait !

Est-ce que le fait d’avoir réédité vos premiers albums en vinyle a aidé ?

Peut-être, mais c’est difficile à dire. A noter qu’on a aussi refait des T-shirts qui sont partis comme des petits pains (rires).

De quoi parlent tes textes ?

On ne se prend pas la tête pour les textes. Ce sont souvent des histoires d’amour qui finissent bien, ou mal, et des trucs de la vie quotidienne… On n’a pas vraiment de textes engagés, à part peut-être « No, No, No ». L’écriture c’est un peu devenu un truc familial parce que ma fille et ma femme ont écrit des textes. Mais l’essentiel reste la mélodie.

Qui vient voir les Gunners à l’heure actuelle ?

Je note que sur nos réseaux sociaux, la majorité sont des gens ont entre 45 et 65 ans, et ce sont des mecs à 75%. ça se confirme lorsque l’on rencontre le public en concert. Ce sont des gens de notre génération. Il y a aussi quelques jeunes curieux (rires).

Est-ce que le fait d’avoir été membre des Gunners vous a aidé dans vos vies après ?

Sans doute. C’est une expérience magnifique. Je dis toujours que si c’était à refaire, je ferais exactement la même chose. C’est une expérience ultra enrichissante. On a voyagé, et croisé une foule de gens passionnants, même s’ils sont parfois un peu barrés (rires).

Mais le rock vous a permis d’avoir une promotion sociale ?

Promotion sociale, c’est beaucoup dire ! En tout cas, ça nous a enrichis. On a vécu de belles émotions ensemble ! C’est un peu pour ça qu’on se reforme : pour vivre encore des trucs forts.

Crédit : Laurent Guizard

Vous voyez une fin à cette histoire ?

On s’est dit que si l’un d’entre nous commençait se lassait, on arrêterait ! Mais franchement, pour l’instant, ça m’ennuierais. Il y a une belle dynamique qui s’est mise en place. Je recommence à composer d’autres morceaux, donc pas question de baisser le rideau tout de suite. La devise punk s’est « No Futur ». Disons qu’on vit l’aventure au jour le jour., comme c’était le cas dans les années 90. En 1998, la fin du groupe s’était amorcée presque naturellement. Un jour, en répétition, j’ai confié ma lassitude aux autres. En réalité, tout le monde en avait marre, mais on n’osait pas se l’avouer. On est très pudiques chez les Gunners (rires).

Aujourd’hui, vous ne tentez pas de « moderniser » votre musique ? De chanter en Français ?

Le chant en français n’a jamais été concluant chez les Gunners ! Notre culture est purement anglo-saxonne. Mais on a un peu fait évoluer notre musique en intégrant de la guitare électro acoustique dans quelques morceaux, et même du violon dans deux titres. Certes, après toutes ces années d’abstinence, on s’est un peu assagi, mais on a conversé l’énergie du départ, et, je pense, une certaine fraîcheur dans les compos.

On peut le trouver où votre album ?

Il est présent sur toutes les plateformes de téléchargement. On peut aussi commander le CD à la Fnac, ou nous contacter en direct. On peut aussi l’acheter à la Trinquette à Rennes (Café-concert de Rennes qui est tenu par le bassiste des Gunners, Bruno, NdlR) avec, en prime, une dédicace de Bruno en sirotant une bière (rires). On espère que le vinyle sera dispo en avril ou en mai. Le Covid a retardé énormément la production de ce support.

Quels sont vos projets ?

Continuer à se faire plaisir en faisant des concerts, et composer de nouveaux morceaux, même si on est toujours très heureux de rejouer les anciens titres.

Tout le monde arrive à se libérer pour le groupe ?

C’est compliqué, mais comme on est hyper motivés, on y arrive. On organise des week-ends de répétitions chez les uns et chez les autres.

Mais c’est aussi le plaisir de retrouver des vieux potes pour boire des bières ?

Bien-sûr ! Mais on aime surtout le whisky en fait. D’ailleurs, l’un de nos titres se nomme « Gen’s whiskey », en hommage à notre cher batteur (rires). On éprouve un vrai plaisir à être en nous et à revoir de vieux potes lors des concerts !

Le mot de la fin ?

Perso, depuis la réformation des Gunners, je revis un peu, c’est comme une cure de jouvence. Ça nous fait du bien à tous, et c’est ça quoi sert le rock : lâcher prise, et oublier le quotidien un peu pourri du moment !

Aujourd’hui ce n’est qu’un plaisir : vous ne jouez plus vos vies ?

Exactement, on n’a plus rien à prouver : on a tous plus de cinquante piges. On joue, et on ne se prend pas la tête !

Les Gunners en 2022
Crédit : Laurent Guizard

Quel disque tu donnerais à un enfant pour l’emmener vers la musique ?

Un album des Rolling Stones. Pour moi, c’est la genèse du punk-rock !

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