Julien Ribot : le multi artiste pop

mardi 9 novembre 2021, par Franco Onweb

C’est l’un des événements de la rentrée : la sortie du nouvel album de Julien Ribot, « do you feel 9 », un disque pop et coloré, pleins de mélodies et de chouettes morceaux. Sorti sur le très beau label December Square, ce disque est un concentré de pleins de musiques qu’on aime beaucoup comme la pop ou le jazz. Le disque parfait pour passer les fêtes !

En plus d’être un chanteur convaincant, le sieur Robot est cinéaste, dessinateur et peintre. Un artiste complet que je me devais de mieux connaître, la suite c’est juste en dessous !

Comment la musique est entrée dans ta vie ?

Par le film « Rencontres du 3e type » que j’ai vu vers 7 ans. J’ai été très marqué par la mélodie simple (ré-mi-do-do-sol) qui est présentée comme un véritable langage, un moyen de communiquer avec une autre civilisation.

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Quelles sont tes influences ?

Tellement nombreuses. Je peux déjà te dire ce que j’écoute en cet instant précis : l’album « Two Virgins » de Ono et Lennon. C’est un début !

Quel a été ton parcours musical jusqu’à ce disque « do you feel 9 ? »

Il suit une trajectoire qui bifurque de plus en plus vers le croisement avec d’autres disciplines comme le théâtre, les sciences, le cinéma, etc.

Peut-on évoquer tes autres activités : quelles sont-elles ?

Oui, bien sûr. Dessin, film d’animation, peinture, écriture d’un long-métrage avec la scénariste Bahareh Azimi. Il y a aussi des projets en attente comme un livre pour enfants écrit avec ma compagne Annabelle Jouot. Nous sommes à la recherche d’un éditeur. Ou encore la mise en scène d’une pièce de théâtre d’après Victor Segalen.

Trouves tu un lien entre toutes ces activités ?

Il est de l’ordre du rhizome. Pour reprendre Gilles Deleuze et Félix Guattari, j’imagine ces différentes activités comme une seule structure évoluant en permanence, dans toutes les directions horizontales, et dénuée de niveaux, opposée donc à une hiérarchie en pyramide. Et où tout élément peut affecter ou influencer tout autre.
Ce lien permet de révéler des choses invisibles. Les activités évoquées plus haut sont comme les fruits sortis de terre de la croissance du rhizome.
Le lien est donc déjà trouvé. Il existe sans avoir besoin de le chercher. Ce qui m’intéresse c’est justement de ne pas le définir. Le plus intéressant est souvent la question-même. Et c’est mieux que la réponse reste « au-delà des mots ». Comme la musique.
D’ailleurs, cela m’amène à évoquer une œuvre que j’aime beaucoup : « The Unanswered Question » (1908) , composée pour un ensemble de cordes, trompette solo et quatuor à vent par Charles Ives.
C’est d’ailleurs aussi le titre d’une série de conférences passionnantes données par Léonard Bernstein en 1973 sur les liens musique et langage.
(et on revient au film de Spielberg cité plus haut).

En dehors de la musique quelles sont tes influences principales ?

Les sciences, le cinéma, la poésie, la littérature, la nature, mes enfants Ninon, Coco Jo et Ringo, ma femme Annabelle… Mais je ne qualifierai justement pas ces influences comme étant « en dehors » de la musique. C’est aussi parce qu’ils existent que cette musique existe.

Quelles ont été les dates de concerts importantes ?

Je peux au moins en citer trois.
Un concert avec une chorale d’enfants et une trentaine de musiciens classiques dirigés par la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani.
Également, un concert à la Villa Médicis dans le cadre du Festival Villa Aperta en 2018, pour lequel j’ai conçu tout un film d’animation/vidéo projeté en géant sur la façade de la Villa. En arrière-plan, la vision de Rome éclairée la nuit.
Enfin, je peux évoquer le concert avec une vidéo-projection sur la façade du MAMAC (Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice). Nous avons joué sous un Stabile d’Alexander Calder ! Mon film conçu spécialement pour l’ouverture du Festival Européen du Court-Métrage était projeté sur les 2 façades de marbre de 22 mètres de hauteur.

Tu as enregistré combien de disques avant ce disque ?

3 albums et 1 EP.
Mon 1er album « Hotel Bocchi » est sorti il y a tout juste 20 ans.

Tu vas sortir un nouvel album : « do you feel 9 ? ». Tu l’as fait où et avec qui ?

Cela fait 9 ans que j’ai commencé à l’enregistrer. Le chiffre 9 du titre y fait d’ailleurs aussi référence (même s’il a plusieurs autres significations). Donc, au vu de la longueur du processus, il y a eu beaucoup de monde et c’est difficile de les citer toutes et tous, et je m’en excuse. Je peux dire que les dernières phases de l’enregistrement se sont resserrées autour de moi et du mixer, Niko Wasterlain qui a été d’une aide, d’un talent et d’une patience hors du commun, et qui a largement dépassé son rôle de mixer. Ma compagne Annabelle Jouot a aussi joué un rôle immense par son écoute attentive, sa direction artistique très précieuse et toujours juste (aussi bien sur la musique que sur l’artwork), et sa voix sur un titre. Beaucoup des prises finales ont été faites directement à la maison (piano, saxophones, guitares, etc.). D’autres prises ont été faites en Italie, aux USA (Oakland et NYC), en Finlande. Des ami(e)s sont venu(e)s chez nous faire les chœurs, mes filles Ninon et Coco Jo ont aussi assuré certains chœurs (mon fils Ringo est encore un peu petit, mais on entend sa jolie voix à la toute fin du disque). Joseph Holc, un ami, a aussi été d’un grand soutien « technico-linguistico-philosophique » (rires) et l’idée du disque s’est aussi nourrie de nos conversations et de la confiance qu’il a su me donner.

Il y a des invités sur ce disque : peux-tu les présenter ?

Bien sûr. Il y a déjà beaucoup d’amis, comme le pianiste Mathieu Geghre par exemple qui a joué une magnifique improvisation à partir de la grille harmonique de la chanson « Idiorrrythmie », ou encore le guitariste Jérôme Pichon.
Il y a aussi Fred Frith (Robert Wyatt, Brian Eno,…), compositeur et improvisateur de génie, rencontré à Rome en 2018, qui a joué des guitares sur 5 titres.
Enfin, Jimi Tenor dont j’admire énormément la musique et son goût à partir dans des projets très variés, a joué une flûte sur Annabelle (part. I).

Il y a pleins d’influences sur le disque comme la pop ou le jazz : c’est voulu ou cela s’est imposé ?

Ce n’est pas réfléchi. Il est vrai que chez moi, j’écoute énormément de jazz (Alice Coltrane, Thelonious Monk, Pharaoh Sanders, Sun Ra, Gerschwin,…).Mais aussi beaucoup de B.O.s de comédies musicales comme The Sound of Music. Comme je le disais dans les questions précédentes, je préfère souvent céder ma place à la « porosité du hasard ». C’est un perpétuel va-et-vient entre le lâcher prise et les questionnements induits par ce lâcher-prise.

Les textes : d’où vient l’inspiration ?

Je suis très inspiré par les histoires hors-norme, la science, le fantastique, la philosophie.
Et puis l’amour !

Parle nous de ton label December Square.

Ils sont extraordinaires !

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Tu réalises tes clips et tes pochettes : quel est pour toi l’importance de l’image ?

L’image - qu’elle soit fixe ou animée - est un espace de recherche. Dans sa fixité, comme pour une pochette, elle m’intéresse car elle crée un arrêt, contrairement à la musique qui s’appuie sur le temps pour se développer.
L’image animée m’intéresse aussi. Elle est comme un espace parallèle qui bouge en même temps de celui de la musique. Elle permet de ralentir ou accélérer la musique, et vice-versa.

Quels sont tes projets ?

L’écriture de 2 bandes originales pour 2 films de nature très différente.
L’une d’elles va être enregistrée avec un orchestre symphonique d’ici la fin de l’année.
C’est très excitant.
Je travaille aussi sur la réalisation du 2e clip issu de cet album ( « Hey You Know Wonderland ! »). Il s’agit de la suite du 1er clip à la fin duquel j’entre dans le fameux œuf.
Je souhaite mettre en images les 9 chansons de l’album, chaque clip se terminant par l’entrée dans un passage dont la sortie donne sur le clip suivant.
En gardant toujours Neon Juju comme personnage principal. Dont le visage est dessiné.
Donc projet titanesque !

www.julienribotstudio.com