Pascal Chomet : un champion de Kick Boxing se raconte

lundi 11 octobre 2021, par Franco Onweb

Dans l’imaginaire collectif, les sports de combats fascinent. Depuis les années 60 et l’avènement de Bruce Lee dans le cinéma populaire, ils font partie de la culture populaire, à travers notamment le cinéma. 

Pascal Chomet est un champion de Kick Boxing et de Muaythaï deux sports de combats qu’il a pratiqué au plus haut niveau international et que désormais il enseigne. Pour mieux comprendre ces disciplines, la rigueur qu’il en ressort et tout ce que ces sports peuvent apporter, j’ai envoyé quelques questions à ce grand champion de sport de combat qu’est Pascal Chomet !

Pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour, mon nom est Pascal Chomet, né à Tours mais d’origine bretonne par mon Père et Normand par ma mère. Je suis né en 1962, (Bientôt 60 ans) Je suis professeur diplômé BPJEPS de sport de Contact, j’ai un BMF2 de Kiclk Boxing, un BMF2 de Muaythaï, un BMF2 de K1 et un BMF3 de sport de combat, BF2 de M.M.A. Je suis ceinture noire 1er Dan de Karaté, ceinture noire 2e Dan de Kyokushin-budokaï, 1er Khan de Muaythaï et Gant d’Argent de Kick Boxing (ceinture noire 6e degré).

Pascal Chomet
Crédit : Angelique Chomet

Quel a été votre parcours ?

J’étais un enfant compliqué, très actif, bagarreur, avec un esprit de contradiction prononcé. J’étais réfractaire à toutes formes d’autorité. Que ce soit parental ou scolaire. Très solitaire, j’avais peu d’amis jusqu’à ce que je rencontre Marie-Paule, celle qui allait devenir ma Femme et la mère de mes enfants.

J’ai quitté l’école et la maison à 15 ans à la demande parentale (LOL) et Je suis parti à l’armée a 17ans1/2 en bataillon disciplinaire en Allemagne.

Quelle est votre pratique sportive ?

J’ai commencé très jeune (7 ans environ) à pratiquer la Boxe Anglaise à Tours au Gymnase de la Rotonde avec M. Mahoudeau, un très bon professeur puis parallèlement j’ai commencé un peu plus tard le Karaté avec M. Elie Colico, je devais avoir 10 ans. J’étais un gamin curieux et avide d’être le meilleur à une époque où je ne savais même pas à quoi ressemblait Bruce Lee (MDR).

Comment avez-vous commencé ?

Nous habitions une maison mitoyenne et notre voisin avait été Champion de Suisse de Boxe Anglaise. J’étais un petit gamin de 6/7 ans mais il m’impressionnait car il s’entrainait tous les jours. Footing, Travail au sac dans son garage, Musculation. Je voulais devenir comme lui. C’est lui qui m’a emmené et inscrit à mon premier cours de Boxe au Gym de la Rotonde, dans un vrai Club de Boxe à l’ancienne.

Quelles ont été les étapes importantes pour votre carrière ?

Chaque étape a eu de l’importance pour moi, mes débuts a 6 ans en Boxe Anglaise avec M. Mahoudeau , ma rencontre et mes débuts en karaté a 9 ans avec M. Elie Colico, Plus tard, a 15 ans, ma rencontre avec Joël Dumarest, un précurseur du Full contact (Forme de Karaté au K.O) qui possédait une souplesse incroyable. Vu mon parcours sportif, quand je me suis inscrit chez lui, très vite, je suis devenu son assistant et à 17 ans je faisais souvent les cours de Full contact à sa place. A l’époque, on s’entraînait 2 fois par jour comme des pros. Puis je suis parti à 19 ans en Thaïlande où j’ai découvert le Muaythaï grâce à un ami Laotien. J’ai été hébergé par sa famille, ce qui m’a permis de découvrir ce sport, de m’entraîner et d’y effectuer 3 combats avant de revenir en France. Je pense que c’est ce qui m’a le plus marqué ! Une autre étape importante pour moi a été la rencontre, lors d’un stage à Paris, avec le Champion d’origine Mexicaine, Benny « the Jet » Urquidez, Il avait un style de combat qui se rapprochait de ce que je faisais, de ce que j’aimais et cela a été un déclic pour la suite de ma carrière.

Pourquoi le Kick Boxing et le Muay Thaï ?

Grâce à mes entraînements en Thaïlande et aux différentes rencontres que j’ai pu faire, je trouvais que c’était des styles de combats très efficaces, agréables à voir, avec de vraies valeurs sportives et humaines. Ce sont des sports de combats durs, exigeants mais qui vous apportent le respect et l’humilité. Ce sont des sports individuels et lorsque vous perdez, vous ne pouvez-vous en prendre qu’à vous-même ! J’ai aimé la Boxe et le Karaté et je ne regrette pas d’être passé par là mais le Kick Boxing et le Muaythaï m’ont apporté d’autres satisfactions beaucoup plus motivantes.

Qu’est-ce que cela vous a apporté dans votre vie quotidienne ?

Avec la pratique, les combats, l’enseignement dans mon rôle de coach, je suis devenu plus sociable, plus compréhensif et, surtout, j’ai apprivoisé cette violence qui était en moi, ce mal de vivre, certainement dut à une enfance assez dure.

Quel a été votre palmarès ?

J’ai été 3 fois Champions de France de Kick Boxing (83-84-85), Champion intercontinental de Muaythaï (90), Vice-Champion de France de taekwondo (82) , Vainqueur de la Coupe d’Europe de Kung Fu Contact (90). Je dois totaliser, tous styles confondus plus d’une centaine de combats (Karaté, Kung Fu, Boxe Anglaise, Boxe Française, Full Contact, Kick Boxing & Muaythaï).

Vous êtes allés vous perfectionner sur ces sports en Thaïlande pourquoi ?

Mon ami Laotien me parlait d’un sport de combat qu’il avait pratiqué quand il était à Bangkok. Il me parlait de coups de coudes, coups de genoux, coups de pieds, saisies, etc… ! Je pensais, naïvement, qu’il me racontait des histoires et qu’un sport aussi dangereux ne pouvait pas exister. Je trouvais cela un peu extrême pour un sport de combat. Il faut savoir qu’à l’époque, dans les années 80, internet n’existait pas et les moyens de communications concernant les sports de combats étaient très limités. A l’époque on fantasmait tous sur Bruce Lee (J.C Vandamme était encore inconnu) et sur l’efficacité mystique du Kung Fu ou du Karaté. Je suis parti pour découvrir l’Orient avec l’espoir de revenir en France avec des techniques secrètes (un pur fantasme évidemment. MDR !!!) Quel surprise de découvrir un sport dur mais avec de véritable règles sportives et une pratique physiquement éprouvante mais toujours pratiqué dans la bonne humeur. Rien à voir avec ce que j’avais imaginé.

En pleine séance d’entrainement
Droits réservés

Ces sports ont une « mauvaise réputation » , pourquoi selon vous ?

Il peut y avoir plusieurs raisons. Parfois les face to face lors des conférences de presse avant les combats ne se passent pas très bien et donnent une mauvaise image. Certains Kick Boxeurs font parler d’eux dans les journaux, dans les faits divers et non pas dans les pages sportives mais dans l’ensemble, je trouve que le Kick Boxing et le Muaythaï ont meilleur réputation que « certains sport collectif » si vous voyez ce que je veux dire !

Vous avez ouvert un club de Kick Boxing et de Muay Thaï en Corse : pourquoi et pouvez nous en parler ?

Chose amusante, je ne voulais pas ouvrir de Club en Corse, je voulais juste continuer à m’entrainer mais très vite, venant d’une grande ville ou j’étais très actif, je me suis ennuyé. Je voulais repartir et aller m’installer en Thaïlande à Phuket. Ma femme qui est Corse (Sartenaise par son père et Cognocolaise par sa mère) ne voulait pas repartir afin de profiter de sa famille et a eu l’excellente idée de reprendre en 1990 un Club déjà existant, rue Salcetti près du Lycée Lætitia. En 1 mois, nous avions déjà plus de 200 adhérents. Les dés étaient jetés et je me suis repris au jeu. En 1995 J’ai ouvert une autre salle à Pietralba puis en 2002 j’ai ouvert l’actuelle salle qui est devenue un peu le temple du Muaythaï en corse. Je ne regrette rien car j’ai fait de formidables rencontres et formé de nombreux champions et Coach qui ont ouvert à leur tour leur propre salle !

Droits réservés

Vous travaillez avec des jeunes : avez-vous vu une évolution des sports de combat depuis vos débuts ?

Les années passent et les mentalités changent. C’est l’évolution. Il y a 30 ans, quand je suis arrivé en Corse, la plupart voulaient combattre, monter sur un ring ou du moins auraient aimé. Il y avait peu d’enfants, très peu d’ados, peu de femmes mais beaucoup d’hommes de 19 à 30 ans.

Trente plus tard, nous avons énormément d’enfants qui pratiquent, une recrudescence incroyable de femmes, beaucoup plus d’ados, moins d’adultes et surtout moins de compétiteurs. La plupart pratique pour le loisir, le plaisir, se détendre et se défouler

Quels sont vos projets ?

Mes projets restent les mêmes depuis des années. Formés des Champions. J’aime enseigner, j’aime partager mes connaissances mais quand vous enseignez à un compétiteur, vous parlez un langage différent. Et puis quand vous emmenez vos Boxeurs en Championnats vous éprouvez des sensations incroyables. J’ai plus de montées d’adrénaline pour mes Boxeurs que j’en ai eu pour mes propres combats.

Quelles ont été les conséquences pour vous et vos disciplines des différents confinements ?

Nous avons évidemment perdu quelques adhérents mais au Club, j’ai une devise, « je ne lâche jamais rien » ! Nous avons demandé à la mairie d’Ajaccio qu’elle nous prête un terrain de sport, et nous les remercions pour nous en avoir attribué un pour toute la durée du confinement. Et nous avons continué à faire des cours en extérieur. Il était hors de question de lâcher mes Boxeurs sous prétexte que je ne pouvais plus faire de cours en salle. Je pense que nous avons été un des rares Club de Boxe insulaire à continuer notre activité. Payer un loyer pour se retrouver à faire des cours dehors n’est pas plaisant mais c’est toujours mieux que de rester chez soi attendre les directives d’un Gouvernement qui ne savait plus trop comment gérer cette crise.

Quelle serait la bande-son idéale pour vous et vos disciplines ?

J’aime beaucoup Archangel de Two Steps From Hell

Que pensez-vous d’internet et des réseaux sociaux pour le développement de vos disciplines ?

C’est un moyen de communication incroyable. Je me suis mis sur Facebook et Instagram juste pour faire la Pub de ma Salle. J’ai essayé les affiches, les annonces radios, les sites internet mais grâce a Facebook, Instagram, on peut toucher des gens qui ne connaissent même pas notre sport et qui le découvrent grâce à des vidéos, des photos. Pour ma part, c’est un excellent outil de communication. Je remercie également Corse-matin qui suit nos Boxeurs et mentionne toujours nos activités sportives dans le journal.

Le mot de la fin !

Parler de soi est toujours difficile car on a l’impression de se livrer impudiquement et en même temps c’est tellement résumé que l’on oublie beaucoup de choses. J’ai commencé à m’entraîner à 6 ans, j’en ai bientôt 60, cela fait beaucoup d’années de privation, de choix, de souffrances, de blessures. J’ai passé ma vie sur et autour des Rings (En dehors des boîtes de nuit ou j’ai bossé également plus de 40 ans), résumé tout cela en quelques pages est évidemment frustrant. Ceux qui ont boxé savent de quoi je parle. Le ressenti avant et après les combats, la préparation pour être prêt le jour J !

J’ai tellement de souvenirs que je pourrais écrire un annuaire sur ce que j’ai ressenti et vécu grâce à mes combats et à mes Boxeurs qui ont su prendre le relais !

Je souhaite à tout le monde de vivre ses rêves et si possible de sa passion

https://www.facebook.com/pascal.chomet