Whodunit et Miners Of Muzo : rencontre autour d’un single de reprises de Jacques Dutronc

mercredi 29 mars 2023, par Franco Onweb

C’est une histoire d’amitié entre deux groupes : les mythiques vétérans Hollandais du rock Garage, les Miners Of Muzo, et les français des Whodunit. Suite à un concert en commun les deux groupes ont décidé d’enregistrer un 45t de reprises splendides de Jacques Dutronc, une face par groupe, « les Playboys » pour Whodunit et « On nous cache tout, on nous dit rien » pour les Miners of Muzo. Des réinterprétations épatantes de l’œuvre du grand Jacques qui rend ce 45t indispensable.

Une rencontre qui annonce quelques concerts en commun. Pour comprendre l’histoire de ce disque et pour en savoir un peu plus, j’ai envoyé quelques questions à Luc, le bassiste de Whodunit et à Lee le chanteur des Minors of Muzo.

Pouvez-vous vous présenter chacun ?

Luc : Hello, et bien nous c’est les Whodunit, groupe Parisien qualifié de Garage Blues Punk qui existe depuis 20 ans. On a eu le temps d’enregistrer 4 LP ainsi que quelques EP dont le dernier en split avec The MIners of Muzo sur le label Down at the Night-Club.

Lee : Bonjour, je suis Lee, chanteur, guitariste, compositeur et fondateur des Miners of Muzo en 1981, comme teenagers encore, avec Hans le lead guitariste. ( à Tilburg Pays Bas) Depuis 1983 -1993 nous avons fait 7 albums puis de 2012 à 2014 nous en avons fait 2 autres. En 2023 nous souhaitons faire notre dixième, un dernier, notre opus magnus.

Miners of Muzo
Crédit : Willem Wouterse

Comment s‘est faite la rencontre ?

Luc : Bonne question, c’est une longue histoire, au début des années 90, en 92 je crois, j’ai assisté à l’un des derniers concerts des Miners première période, j’étais déjà assez fan du groupe et le concert a été mémorable, mémorable également la fin de soirée très saine, jus de fruit et chocolat (sourire), avec Hans le guitariste qui s’est terminée chez un pote qui avait une collection impressionnante de Vinyles garage 60’s.

28 ans plus tard, c’est-à-dire au printemps 2020, j’ai retrouvé le contact du groupe sur Facebook, je suis devenu ami virtuel avec Lee, le chanteur. Un jour Lee m’a écrit pour me demander comment on faisait pour jouer à l’Eden (un super bar/resto concert en Lozère qui n’organise plus de concerts hélas) et en m’expliquant que Hans vivait en France, dans le Lot, qu’il se souvenait avoir bu trop de jus de fruit et de chocolat en ma compagnie 28 ans auparavant et que le groupe serait chez lui en aout et dispo pour un concert.

Nous avions justement prévu notre seule et unique date de 2020, Covid oblige à l’Eden, j’ai donc appelé les patrons pour leur proposer le plateau Whodunit/Miners of Muzo.

Lee : Nous avons toujours été bienvenus en France, où nous avons beaucoup joué à l’époque. J’ai un bon souvenir, mais le concert du début des années 90 où nous avons rencontré Luc, je ne m’en souviens plus. Hans se rappelle qu’il devait écouter de la musique toute la nuit.

Hans a déménagé en France en 2001 et nous étions calmes pendant certaines années. Notre batteur GJ voulait juste répéter et enregistrer mais plus jouer en live. En 2011, nous avons dû jouer en direct et avons utilisé un stand-in guitariste et le stand-in batteur Kasper. Mais depuis la mort tragique du batteur GJ, Kasper est devenu membre du groupe. Depuis 2012 nous faisons à nouveau des shows réguliers, quand le travail et la vie quotidienne le permettent. Alors maintenant, en avril, une mini tournée en France se prépare. 5 gigs et 3 avec Whodunit.

Whodunit en 2018
Crédit : Pascal Lejeune

Avez-vous partagé beaucoup de scènes ensemble ?

Luc : Non, hélas, toujours à cause du Covid, les projets ont été reportés pendant 2 ans, jusqu’à la sortie du 45 tours, et puis il faut être en forme pour supporter les Whodunit en tournée. Nous avons cependant organisé une date à Montreuil en octobre 2022 avec nos copains les Brain Eaters, puis nous avons calé la tournée d’avril.

Lee : oui, c’est ça

Avant ce « split single » aviez déjà participé à des disques en commun ?

Luc : Non, aucun, nous ne sommes pas de la même génération, c’est d’ailleurs pour ça qu’on a décidé de jouer ensemble. On commençait à se sentir vieux, donc on a décidé de rajeunir en ouvrant pour un groupe encore plus vieux que nous. On fête nos 20 ans et les Miners leurs 40 ans !!!

Lee : Écoutez, nous avons commencé très tôt et jeunes. Whodunit ont commencé un peu tard. La différence d’âge n’est pas 20 ans.

Luc : Ah ah ah, il ne fallait pas le dire…si peut être avec notre batteur et avec Tom l’ancien guitariste.

Comment est née l’idée de de disque ?

Luc : Ça c’est fait en 2 temps, Lorsque Christophe Goffette le rédacteur en chef de Crossroad magazine a vu qu’on jouait à l’Eden avec les Miners, il nous a demandé si on pouvait improviser un bœuf avec eux lors des balances et nous avons décidé de faire « On nous cache tout on nous dit rien » qui était déjà au répertoire des Miners.

Puis à la fin de notre concert Lee m’a proposé d’enregistrer un titre pour figurer sur une compilation de leur label (Down at the night-club). On a voulu faire un clin d’œil à cette soirée en décidant d’enregistrer un titre de Dutronc, c’est Tom notre ancien guitariste qui a choisi le morceau. Le titre a été enregistré à la maison pendant le second confinement, je l’ai envoyé au label et le projet a évolué, mais la c’est à Lee d’expliquer la suite…

Lee : Quand j’ ai entendu « Les playboys » de Whodunit, je le trouvais très bon, mieux que l’original ( que je ne trouve pas être un des meilleurs morceaux de Dutronc) . Et comme ca j’ ai proposé de faire ce split. C’ est rigolo, c’est une chose amusante et nous faisons 2 reprises bien faites . Des chansons bien connues en France. On jouait "On nous Cache Tout" depuis 1987, mais on ne l’a joué qu’en France. Tout le monde est devenu fou à l’époque, et je ne connaissais même pas tous les paroles (grâce à Internet maintenant, je les sais). Alors entendre leur excellent « Les Playboys » m’a fait penser à cette joint-venture et notre label a également aimé l’idée. C’est aussi un outil de marketing, nous pouvons donc jouer plus ensemble comme un package-deal.

Et on peut envoyer un 45T facilement par la poste. Et nous avons fait un clip pour ce titre.

Pourquoi reprendre Jacques Dutronc ?

Luc : Ah, ben c’est un peu à cause ou grâce aux Miners , mais on a aimé l’exercice, du coup on va reprendre également « Sur une nappe de restaurant » mai au-delà de ça il y a un paquet de bons titres dans sa discographie et on aime le personnage et puis notre chanteur fume le cigare.

Lee : Dutronc aux années 60s était cool, pas toute sa musique, mais il y avait quelques excellentes chansons. Pour un groupe néerlandais c’ est pas évident de jouer ça, à cause de ça je le voulais

Pourquoi ces titres ?

Luc : Une reprise plus garage et plus speed aurait été trop prévisible, Tom a eu une excellente idée en choisissant ce titre, l’idée était de « garagiser » une chanson un peu plus variétoche.

Lee : Parce que j’ai aimé ce titre de Dutronc le plus.(et L’idole et Les Responsables). Mais c’est une chanson sans solo de guitare et sans break ni bridge. Pour cette raison et pour le rendre plus intéressant, j’ai ajouté un petit morceau des Élucubrations d’Antoine. Bien réussi et c’ est vraiment une chansons Miners of Muzo, garage, plus droit que l’original, mais assez du maintenant.

Whodunit en concert en novembre 2022
Droits réservés

Que pourriez-vous dire de vos interprétations (notamment chez les Whodunit où il y a presque une réinterprétation) ?

Luc : Alors, comme je le soulignais à la question précédente, l’idée était de ne pas faire de copier/coller et de Whodunitiser le titre, de jouer sur les contrastes d’intensité et de faire un refrain assez pêchu. Je pense que c’est assez réussi, car lorsqu’on a annoncé qu’on allait reprendre ce titre, tout le ponde était dubitatif sur le choix du morceau, y compris Lee, mais au final ça ne pouvait être qu’une bonne surprise. Tu as aimé non ?

Savez-vous s’il a entendu ces titres ?

Luc : Aucune idée, c’est peut-être mieux comme ça…

Lee : J’ espère quand même

Parlez-nous de la suite !

Peut-on espérer une tournée commune, ou des concerts, autour de reprises de Dutronc ?

Luc : Pour la tournée commune, elle se déroulera la semaine du 10 avril, avec 5 dates pour les Miners et 4 dates pour nous, dont 3 en commun, Clermont Ferrand, Valence et Montpellier. Sinon le EP sortira en version 4 titres sur toutes les plateformes numériques en même temps que la tournée. Bien entendu les titres du EP seront joués sur cette tournée mais à priori pas d’autres titres de Dutronc, on n’est pas un cover band non plus (rires).

Lee : en effet

Lee des Minors of Muzo en concert en octobre 2022
Droits réservés

Comment se procurer le disque ?

Luc : Il est disponible via le label et sur pas mal de sites, on le trouve aussi chez les principaux disquaires indés de la capitale, Gibert, Plus de bruit, Born Bad, le rideau de fer. Et par correspondance en m’écrivant en direct.

Lee : Down at the Nightclub Records est du Pays Bas et distribué international par Clear Spot pour les magasins (www.clear-spot.nl) ou par Shiny Beast pour la publique (www.shinybeast.nl)

Quels sont vos projets respectifs ?

Luc : Bosser enfin sur notre 5e LP, vu qu’on a enfin trouvé notre nouveau guitariste qui sera présenté officiellement à Paris le 31 Mars à l’International en compagnie de The Suttles et de The Speedways.

Lee : après ces 5 concerts, nous allons continuer de travailler sur nouveau matériel pour notre dernier album, no. 10

Le mot de la fin

Lee :Venez nombreux à nos concerts. It’s a Blast !

Luc : Et tâchez d’arriver à l’heure pour ne pas louper la première partie !