Rencontre avec un facteur de chansons pour « Olivier Rocabois Goes Too Far » !

lundi 5 avril 2021, par Franco Onweb

On l’attendait avec impatience et il est enfin arrivé : le premier album solo d’Olivier Rocabois ! Le surdoué de la pop hexagonale s’est enfin lancé dans le long format et on peut dire que le résultat est à la hauteur de nos espérances. « Olivier Rocabois Goes Too Far » est un disque splendide, plein de mélodies et d’arrangements merveilleux avec des vraies cordes, des guitares, des claviers … Un album d’esthètes pour un artisan de la pop, et qui veut le rester.

Avec Olivier, on se connait bien. Depuis qu’Olivier Popincourt, nous a présentés chez un disquaire, un samedi après-midi, j’ai suivi ses différentes aventures au sein de All If, son précédent groupe, ou son premier single solo. C’est pour ça qu’il était plus que naturel qu’on se parle pour la sortie de ce premier album. Cela s’est passé il y a quelques semaines. Quelques jours avant j’avais reçu le disque et au moment pile où je l’ai posé sur ma platine, un rayon de soleil a illuminé la pièce : la meilleure manière de saluer un disque miracle qui est déjà un des événements de l’année musicale 

Enfin on a un premier album solo. Il aura fallu combien de temps ?

Ça dépend à partir de quand tu mets le compteur ! Il n’y aura eu "que quatre ans entre cet album et l’album de ALL IF. Et moins de deux ans depuis le double single. Si tu enlèves les mois du Covid, on a bossé assez vite en fait. Sinon, mes premières démos c’était en 1996 à Rennes et j’étais très loin d’imaginer qu’un jour je sortirai un album sous mon nom. C’est vraiment très récent le fait que j’assume de faire de la musique sous mon propre nom. C’est le truc classique de la pop : tu te caches derrière un pseudo ou un groupe avant de reprendre ton nom. J’avais aussi fait partie de pas mal de formations avant de monter ALL IF en 2008 dont je tentais d’être le despote éclairé !

Olivier Rocabois
Crédit : Matthieu Dufour

Pourquoi tu n’as pas mis ton nom en avant dès 2008 ?

Je ne sais pas trop … Peut être un problème d’identité ou je n’assumais pas trop. Encore aujourd’hui j’ai du mal… Il a fallu plusieurs étapes. J’ai dû m’habituer à tout ça, il m’a fallu du temps pour accepter que mon nom apparaisse sur une pochette et m’auto-proclamer ainsi facteur de chansons (rires). 

Quand j’ai écouté cet album, j’ai pensé : mélodies, acoustique et ensoleillé. Sur ce disque il y a beaucoup de mélodies mais tout est joué. On est dans une ambiance presque « Summer of love » ou avec des groupes comme les Beatles.

Tout ça, c’est une longue quête. Je prends des chemins tortueux pour exprimer mes envies. Quand je me mets devant mon piano, j’essaye vraiment de trouver la source en moi-même pour aller au fond de ma musique, comme lorsque que l’on exprime le jus d’un citron. Un jour, Leo Hellden de Tristesse (On jouait à Cologne avec Slove) m’avait dit « tes chansons sont belles mais pas assez généreuses ». J’avais pris ça comme une gifle, rétrospectivement bienfaitrice, et j’espère que maintenant elles le sont devenues, généreuses 

Mais toi tu es un mélodiste acoustique, tu te sers peu de l’informatique ?

Je bosse avec de vrais instruments et de vraies gens, même si on a rajouté quelques sound fx glanés ici et là, en plus des vagues de l’île d’Yeu qui ouvrent le disque et les oiseaux de notre jardin qui le referment. Je suis vraiment de l’ancienne école : il me faut juste un piano et une guitare pour écrire, j’enregistre seul des maquettes assez élaborées sur Logic mais j’ai besoin de bien m’entourer pour entrer en studio et mettre en forme. En tous cas, j’ai commencé à écouter ce que les gens me disaient : avant je mettais plein de trucs ensemble, je superposais… peut-être trop ! A ce titre, j’ai un peu de mal à écouter l’album d’ ALL IF maintenant. Il a fallu ce single il y a deux ans comme transition pour arriver à ce côté plus organique. 

En réécoutant l’album d’ALL IF, j’ai trouvé que c’était un disque plus fermé que celui-là, moins organique…

Pour cet album j’étais le seul décideur, alors que pour l’album de ALL IF, je devais tenir compte des envies et du travail des autres. Sur le fond, rien n’a vraiment changé : je peux toujours suivre les conseils de quelqu’un mais il faut que cette personne ait sur moi un vrai ascendant. Besoin d’être admiratif. Je suis peut-être devenu un brin mégalo. J’ai un côté versatile. Lennon disait qu’il pouvait se sentir Dieu Tout-Puissant ou le dernier des losers ! C’est quelque chose que nous vivons tous. J’ai grandi dans le Golfe du Morbihan où dans la même journée, tu as tous les climats et donc ton caractère s’en ressent. Il m’a fallu plein d’étapes pour me sentir mieux : la paternité, le mariage, quitter Paris, l’arrêt de l’alcool, … bref la vie d’un homme normal 

Tu l’as fait avec qui ce disque ?

On a commencé fin 2019 à bosser le répertoire avec Jan Stümke au piano, Guillaume Glain le batteur qui sait arrondir les angles et qui est capable de faire baisser la tension et Laurent Saligault un super bassiste qui a sorti un disque l’année dernière. On a juste fait une poignée de répétitions. On a commencé avec une quinzaine de titres que nous avons ramenés à dix. On a ensuite fait une résidence dans la Maison de Quartier Henri Barbusse à Malakoff (MQB). Cela nous a beaucoup aidés dans la préparation de l’enregistrement. On y est restés trois jours en février 2020. On a quitté la MQB le 14 pour entrer en studio directement le 17 : l’Entresol Sound Studio avec Olivier Bostvironnois comme ingénieur du son et Laurent Lavaur le boss. C’est un studio qui m’a été recommandé par mon ami Olivier Popincourt. On est restés trois jours et on a fait les basses et batteries des neuf morceaux. Ce fut une superbe collaboration. Ensuite ont commencé les problèmes du Covid. On avait déjà mis pas mal de choses dans la boîte. J’ai dû prendre mon mal en patience comme tout le monde, j’ai un peu composé … En juin, on a fait les chœurs, début juillet les cordes et fin août – début septembre les dernières prises, notamment les cuivres. Au total, du premier jour d’enregistrement au mastering, il y aura eu 30 jours de studio. Le disque est prêt depuis l’automne. 

On parle de tes collaborations et des gens qui ont beaucoup fait sur ce disque ?

Bien sûr, il y a Jan Stümke tout d’abord. On s’est rencontrés en 2014 à un concert au Chinois (un club de Montreuil), grâce à une amie commune Eva Peel (DJ et chanteuse). Je jouais avec ALL IF et Eva qui m’a proposé de chanter un titre avec lui. Il me plaisait bien : très élégant et polyglotte. On a répété un morceau de Divine Comedy « Mastermind » et ça s’est super bien passé. C’était l’époque où on faisait beaucoup de concerts, on a formé le duo de reprises Puppets Of Digression et il m’a beaucoup accompagné sur scène depuis. Maintenant il fait tous les claviers. Il est une figure centrale de mon dispositif (rires). Et avant tout un ami et confident/conseiller. Un des mecs les plus drôles que je connaisse aussi.
Guillaume Glain le batteur : on joue ensemble depuis deux-trois ans. On se comprend en deux secondes et on rit beaucoup. Laurent Saligault nous a rejoints plus récemment, c’est un musicien chevronné et un grand bassiste. Quand je repense à toute la conception et la réalisation du disque, je me remémore les épiphanies (quand j’ai compris que Tonight I Need devenait peut-être un classique, comment on a agrégé les éléments très disparates du "péplum" comme l’avait surnommé Laurent, pour en faire "My Wounds Started Healing", le titre de clôture) et les gloussements comme les éclats de rire libérateurs.

Olivier Bostvironnois ?

Bost, comme on l’appelle entre nous, a un rôle important. Il était plus qu’ingénieur du son, il a eu un vrai rôle de conseiller aussi. Quand les musiciens avaient fini leurs parties, on se retrouvait tous les deux. On était prêts tous les deux à beaucoup travailler : on faisait des journées de 10h à 20h le soir. Ça fait de grosses journées pour travailler en studio. Ça reste de la pop mais assez élaborée, donc il y avait beaucoup de boulot d’edit. Si tu prends « My Wounds Started Healing », le dernier morceau composé et enregistré, il y avait plus de 100 pistes. Tu imagines le truc ? Ça a été un travail herculéen sur le mixage et il m’a beaucoup éclairé et encouragé sur les chansons . Il a été très patient parce que franchement je suis hyper exigeant voire méga relou (rires) ! Parfois c’était vraiment compliqué et il a eu un rôle capital, je pense que pour lui comme pour moi ça restera comme une belle histoire. L’un des mots d’ordre pendant l’enregistrement était "on doit faire l’album qui va casser l’underground". C’était comme un motto lorsque on traversait une zone de turbulences (rires)

Crédit : Alain Bibal

Et enfin Olivier Popincourt !

Au fil des années, on est devenu très amis. On s’est rencontrés pendant l’enregistrement de l’album d’ALL IF , au moment où je me lançais enfin à corps perdu dans la musique. Il est toujours là pour moi et j’essaye de lui renvoyer l’ascenseur quand je peux. Il m’a présenté aussi Sébastien Souchois qui a fait les arrangements de cordes du péplum… On se connait grâce à Franck Zeisel de Life is Minestrone. Oliv fait les grattes électriques sur Hometown Boys

Mais ce disque c’est un peu l’album de l’amitié et de l’émergence d’une nouvelle scène pop en France ?

L’idée est séduisante mais dans les actes c’est plus compliqué, surtout depuis que nous ne pouvons plus faire de concerts et nous voir librement.

Tu m’avais promis de mettre de la harpe celtique en hommage à tes origines bretonnes ?

(Rires) Je suis désolé de ne pas avoir tenu parole mais a priori il n’y a pas d’instruments bretons ! Je joue déjà des Frankenstein’s timpani sur « I’d Like To Make My Exit With Panache » et c’est déjà très fort. 

C’est quoi ?

Timpani ? C’est le nom anglais des timbales. Guillaume en joue sur plusieurs titres. De vraies timbales enregistrées dans un conservatoire lors d’une séance mythique l’été dernier. Il faisait 38, Guillaume jouait des cloches tubulaires à moitié à poil tandis que je jouais des marimbas (la fin de Sound Of The Waves). Je m’étais contenté de fixer un max d’idées sur les démos, notamment un passage de timbales, synthétiques cette fois, lorsque j’ai maquetté tous les morceaux à la maison. On les a gardées, vous pouvez les entendre à la fin d’ I’d Like To Make My Exit With Panache. D’où « Frankenstein’s timpani » pour les distinguer des vraies. Ça permettait de dégonfler un peu mon ego ! Mon projet est ambitieux mais à la base c’est juste un mec en banlieue sur son Mac qui essaye de faire une musique accessible et un peu barrée ou l’inverse.

Tu as travaillé à l’Opéra : c’est là que tu as rencontré tous ces musiciens qui jouent les cordes ?

Oui, ce sont des musiciens de l’Opéra de Paris. Grâce à Arnaud, un copain de l’Opéra (premier violon) qui avait déjà joué sur Ship Of Women et Somewhere In A Nightmare en 2019, on a pu enregistrer avec eux de manière très simple. Je lui ai envoyé les chansons et dans la journée il m’avait trouvé six musiciens en un clin d’œil et ils ont découvert les partitions le jour même. C’est une autre dimension pour moi. Je viens d’un monde DIY, où on doit se démerder avec ce qu’on peut et là j’étais avec des gens qui jouent des choses très puissantes et complexes. Le simple fait qu’ils acceptent de passer quatre heures avec moi et mes copains sur deux de mes morceaux, c’est une belle histoire ! J’ai arrangé les cordes de Hometown Boys, Sébastien Souchois, qui est beaucoup plus aguerri, celles de My Wounds Started Healing et ce fut une très belle expérience. Ce disque est l’alliance de mon amour pour la musique pop sur lequel se greffe une fascination pour la musique dite « classique ». A chaque fois que j’ai travaillé à l’Opéra, j’ai assisté à des moments incroyables et j’ai beaucoup appris. 

J’ai eu l’impression qu’il y avait du Alice Coltrane sur ce disque ?

Ça se sent ? C’est quelqu’un que j’écoute souvent : elle me fait du bien ! Il y a une dimension très spirituelle dans sa musique. Journey in Satchidananda ou la compil Reflection on Creation and Space sont des disques de chevet : dès que je sens que le sol se dérobe ou que j’ai peur d’être envoyé ad patres plus tôt que "prévu", je me les mets.

Tu penses quoi de la situation actuelle ?

Comme tout le monde, je pense, une fois passée la phase de sidération il y a un manque, une lassitude … On aimerait se déplacer, jouer … Il va falloir faire avec et les perspectives même si elles ne sont pas bonnes, je reste optimiste. 

On va parler de tes textes : ton premier single c’est « Hometown boys », c’est un adieu à tes copains ?

Oui, c’est plutôt un hommage à certains amis. Comme toutes mes chansons, c’est un mélange de chroniques de ma vie avec des éléments fantasmés, des visions un peu comme Dylan Thomas (rires). En fait c’est une chanson sur la gratitude : je remercie mes amis de tout ce qu’ils m’ont apporté, de leur amitié. C’est souvent grâce à eux que j’ai découvert d’autres musiques, d’autres univers et que le monde est devenu plus supportable. 

Justement tu n’as pas un niveau d’exigence proche de Gainsbourg ?

Mon Dieu, je n’oserais jamais me comparer à lui. Je connais bien son œuvre et je vais au moins une à deux fois par an en pèlerinage rue de Verneuil. Mais exigeant, c’est certain. Je veux que mes flashes limpides se matérialisent sur disque. Comme chacun sait, il avait un portrait de Chopin sur son piano, moi c’est Lennon & McCartney, une photo prise le 28 juillet 1968 au cours du fameux Mad Day Out (celle où John a un perroquet sur l’épaule, prise par Don McCullin au Mercury Theatre de Notting Hill).

Mais c’est lui ton vrai modèle non ?

Je ne sais pas, en tout cas je suis Français et pour nous c’est un vrai modèle. En France, on a produit des trucs incroyables dans les années 70 en pop. Ma culture est française mais ma culture musicale est anglo-saxonne. J’adore Christophe et Polnareff mais je les écoute très peu. Gainsbourg, je l’écoute souvent et il est au-dessus du lot. C’est un peu un « soleil noir » comme chez Nerval. Dans mon grand magma créatif, il y a une bonne dose d’artistes anglais, américains, brésiliens et chez les Français c’est Gainsbourg, Daho, Philippe Katerine… Il y a beaucoup de gens que j’aime mais disons qu’ils m’influencent moins. 

Quels sont tes projets ?

J’espère faire de la scène et bien sûr avec les mêmes musiciens que sur le disque, il y une belle chimie entre nous quatre, on forme un groupe. J’espère qu’ils répondront présent ! Allez soyons fous : j’espère faire des dates avec eux, le quatuor à cordes, une trompette et un chœur féminin !

Justement tu as un gros travail sur les voix ?

Oui, j’ai particulièrement soigné cet aspect. J’aime les hommes qui chantent haut. Je me suis habitué dans mon éducation musicale à chanter haut (il paraît que je serais ténor) et on a vraiment passé du temps à faire les chœurs. Jan m’a aidé à les arranger. Il y a aussi Helen Ferguson, une collègue qui chante sur « Let Me Laugh Like A Drunk Witch ». Il y a aussi Valeano Valeani qui a eu un rôle moteur dans l’histoire du disque par sa présence sur le titre mais aussi parce qu’elle est fan de mon travail et m’a beaucoup soutenu pendant ce projet. Elle m’influence beaucoup ! Et bien sûr, le chanteur et compositeur anglais John Howard qui interprète Tonight I Need en duo avec moi. Une vraie belle rencontre.

Tu espères faire une date à Paris et une tournée en province ?

J’espère ! Mon souhait serait de jouer chez moi, dans le Morbihan. J’ai quelques contacts. Faire une tournée dans les îles du Ponant serait parfait (rires) ! Olivier Popincourt, si tu m’entends, faut monter une double bill !

En Showcase au Walrus
Crédit : Matthieu Dufour

Tu vas faire des clips 

Oui, je travaille dessus. Avec Christophe Alexandrie qui avait réalisé celui de Ship Of Women. Il a monté également le clip de Tonight I Need et le teaser de l’album.

Ce sera quoi ta suite discographique ?

C’est difficile de se projeter mais pour l’instant j’ai l’impression d’avoir constitué une équipe avec les musiciens mais aussi Pascal Blua qui s’est occupé de l’artwork, c’est le graphiste avec qui je travaille depuis plusieurs disques. Il y a aussi Alain Bibal, qui est photographe et avec qui je fais régulièrement des séances. Avec tous mes potes, j’ai un bon feeling. Pour répondre à la question avant que tu me la poses, pour le prochain album je voudrais aller vers un truc plus épuré : une guitare acoustique, un piano, des chœurs féminins et peut être des trucs un peu plus électroniques avec des basses très profondes. Et des cuivres. J’écoute beaucoup d’afrobeat ces temps-ci, ça m’excite et ça me transporte.

Et avec Antoine Pichot (ancien membre d’ALL IF, ndlr) 

C’est un mec que j’adore, je lui ai proposé de participer au projet mais il était trop occupé avec sa famille et professionnellement pour pouvoir se rendre disponible. II savait que ça allait lui prendre du temps et il n’a pas pu. Franchement, je le regrette parce que c’est mon pote. La vie a fait qu’il n’a participé au disque et c’est dommage. Sur le prochain 

Il sort chez qui ?

Acoustic-Kitty, un label du nord de la France qui a été fondé par une talentueuse musicienne : Isabelle Pollyanna et c’est distribué par Kuroneko/Differ-Ant. 

Qu’est ce que tu écoutes en ce moment ?

Moon Safari de Air, des chants grégoriens hongrois, Nick Drake, des instrus mid-70s de Serge Gainsbourg, Abba , Popincourt, Divine Comedy , le dernier album de Brel, de la pop mexicaine, Andrea Laszlo de Simone, Field Music…. C’est assez éclectique 

C’est quoi ton but ultime 

Continuer à faire des disques qui me/vous comblent ! La musique m’a sauvé 

Olivier Rocabois – album « Olivier Rocabois goes too Far » disponible sur :
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