Principles Of Joy ou le son hexagonal de la Soul Music !

vendredi 1er mars 2024, par Franco Onweb

La Soul Music est, peut-être, la plus belle musique au monde. Elle est l’héritière de tellement de cultures qu’elle est souvent fédératrice. C’est ce qu’on compris depuis longtemps les activistes du label Q-Sounds Music qui ont créé et accompagné des formations qui jouent à la perfection cette musique. Selon les intéressés, Principles Of Joy est un des joyaux de ce label aussi unique que obligatoire.
Principles Of Joy vient de sortir son troisième album « It’s Soul That Counts », un disque magique qui regroupe tous les éléments de cette musique : des morceaux pop, une chanteuse envoûtée et des musiciens impeccables. Tous ceux qui les ont vus sur scène vous le diront : ce groupe est immense. A l’écoute du disque, j’ai été emballé et j’ai donc posé quelques questions à Ludovic Bors, le compositeur et clavier du groupe mais aussi un des cerveaux de Q- Sounds Recording, et Jérôme Makles, bassiste et coproducteur du groupe. Une rencontre passionnante pour mieux présenter un groupe qui est déjà grand !

Comment le groupe a commencé ?

Ludovic Bors (clavier et principal compositeur du groupe) : L’aventure a commencé en 2017. On avait initialement écrit un répertoire pour un autre groupe auquel on a dû mettre fin quelques mois avant. On avait donc des morceaux vraiment super qui n’avaient plus d’interprètes. On a décidé de garder les chansons et de redémarrer avec un nouveau groupe. On a fait appel à différentes musiciens de notre entourage et on a également mis des messages sur nos réseaux. C’est comme ça par exemple que Jérôme (Makles, bassiste NDLR) que je connaissais à travers des salons regroupant des labels indépendants auquel nous avions assisté ensemble, m’a proposé de prendre la basse sur ce nouveau projet. De fil en aiguille en huit mois environ on avait une équipe prête à avancer. C’est ainsi que s’est construit Principles Of Joy.

Principles of Joy
Crédit : Gérald Chabaud

Il y avait qui dans le groupe ?

Jérôme Makles (bassiste) : Ludo et moi au départ, ensuite sont arrivés les deux guitaristes Harysson Jean-Baptiste et Loïc « The butcher » Betems (qui n’avait pas encore son célèbre surnom !), puis Cédric Dolanc qui a pris la batterie. C’était le combo de départ.

L : Sarah Ibrahim a été notre première chanteuse, mais à partir du deuxième album, Sarah a commencé à être très prise par ses activités de comédienne. On a donc décidé très rapidement d’intégrer une deuxième voix lead (Rachel Yarabou) afin de ne pas se retrouver dans la situation de devoir refuser des concerts. C’est pour ça qu’Il y a deux voix sur le deuxième album. Finalement Sarah a quitté le projet pour se consacrer pleinement au théâtre. C’est désormais Rachel (Yarabou, NDLR) qui est notre « front woman » attitrée. C’est elle qui interprète tous les morceaux de ce troisième album.

J : On a changé de batteur également pour cette album. Il y a un peu plus d’un an, Schaël Michanol nous a rejoint lorsque Cédric a arrêté de jouer avec nous.

Vous définiriez comment le groupe musicalement ?

J : C’est de la Soul (rires) ! On est 6 dans le groupe, Ludo compose et Christelle écrit les paroles et les mélodies. Ensuite on met tout ça à notre sauce en répétition. On essaye de rester dans l’esprit de la Soul… et c’est large ! Mais le point important est que cela reste de vraies chansons avec, parfois, quelques passages plus expérimentaux.

L : On fait de la Soul contemporaine ! Cette musique existe depuis plus de 60 ans avec beaucoup de « chapelles » différentes. Pour ma part au fil des ans, j’ai assimilé ses codes et ses caractéristiques, sans même avoir besoin de vraiment les conscientiser. Notre musique est donc forcément chargée de son histoire qui agit comme une émanation. Quand tu crées, tu es toujours le fruit de ce qui te traverse : histoire personnelle, déterminismes sociaux, culturels, politiques. On laisse tout agir et guider notre son sans toutefois chercher à entrer dans une démarche muséographique qui consisterait à redonner vie à un certain âge d’or . C’est ce qui rend notre Soul à la fois contemporaine et intemporelle : La Soul est vivante et c’est la musique que nous créons et jouons.

Ne seriez-vous pas le groupe de Q Sounds qui respecte le plus la Soul ?

L : Il faudrait demander ça à la Soul (rire général). Pour être sérieux, la Soul a juste besoin d’être jouée et composée. En créant de nouveaux morceaux, un répertoire original, on la fait exister. Si c’est cela la respecter alors oui on le fait, comme chaque groupe de notre label, apportant ainsi également sa pierre à l’édifice.

J : On fait ce qu’on peut (rires) !

Jérôme tu viens d’une scène Mods et toi Ludo du Hip Hop. Deux scènes qui ont beaucoup fait pour la musique « noire ». Est-ce que ce n’est pas le croisement de ces deux scènes qui ont donné le son de Principles Of Joy ?

J : C’est possible. Quand j’ai rencontré Ludo, je n’avais jamais joué cette musique mais j’en écoutais beaucoup. J’étais un fan des Beatles et des Who, qui étaient tous des fans de Soul ( de la Motown par exemple). Ils empruntaient tous des éléments à cette musique en la jouant comme ce qu’ils étaient : des blancs becs anglais (rires). Au final tout ça reste de la pop. Je n’aime pas trop les barrières en fait. Pour moi il n’y a que deux styles : la bonne et la mauvaise musique !

L : On a eu des chemins différents mais qui nous ont menés tous deux à la Soul. Je viens du Hip Hop, qui est la musique qui m’a enthousiasmé quand j’étais ado à la fin des années 80. Je n’ai pas écouté beaucoup de rock, je n’étais pas fan. Comme disait NTM « Tu crois passer du Rock au Rap en claquant des doigts, mais pour t’assassiner, pas besoin de contrat » ! Aujourd’hui je suis moins radical et j’ai découvert des groupes qui me plaisent dans le Rock. En écoutant de la Soul, j’ai pu tirer des fils en sens inverse et découvrir toute la musique qu’écoutaient les Mods en plus de la Soul et du Modern Jazz, comme les Jams, ou la musique anglaise des années 90. Même si ça ne me parle pas vraiment intimement, j’entends que ces mecs ont aussi écouté de la Soul, du Rhythm ‘n Blues dans leur manière d’aborder la composition, les mélodies. On se rejoint sur ce terrain et comme le dit Jérôme, la Soul ce sont avant tout de bonnes chansons.

Principles Of Joy en concert en 2023 au Freedom Sound Festival
Crédit : Ashley Greb

Vous avez joué où jusqu’à présent ?

L : Un peu en France et surtout beaucoup à l’étranger. En France, on a joué dans l’Est, dans le Nord, en Normandie, à Paris et en Ile de France. C’est compliqué de jouer en France en fait. En revanche on fait au moins une tournée par an en Allemagne dans des salles de l’équivalent de la Maroquinerie alors qu’en France on a toutes les peines du monde à jouer dans des salles ou dans des bars pouvant accueillir six personnes sur scène.

Sur scène vous êtes très impressionnants !

J : J’adore aller à des concerts et j’ai du mal avec les artistes où il ne se passe pas grand-chose en concert. Moi, je considère que sur scène il faut donner, donner, donner…. Quand tu donnes beaucoup le public te répond beaucoup. C’est de la Soul et donc les Tempo sont très variés. On peut aussi aller vers des trucs quasi Gospel. Il faut que le public passe un bon moment. On se fait plaisir, il faut vraiment que le public s’amuse. On répète une fois par semaine toute l’année et on fait notre maximum sur scène. Même si nous n’avions pas tous le même niveau au départ, on a toujours eu l’exigence de faire des concerts qui tiennent la route. La force d’un groupe, c’est d’arriver à jouer ensemble. C’était l’exigence de départ !

L : Je suis entièrement d’accord. La scène avec la Soul, c’est un peu l’équivalent profane de l’église pour le Gospel : il doit se passer quelque chose. Tu dois transpirer pour faire passer une émotion. Cela va beaucoup plus loin que lorsque tu écoutes un morceau sur ton disque. Le lieu du concert est le lieu d’une forme de transcendance, même si elle ne s’adosse plus à la religion. On vit dans une société de l’immanence permanente et ça se retrouve aussi dans la musique, beaucoup de groupes ou d’artistes ne considèrent plus la scène comme un lieu de transcendance mais comme l’alternative économique à l’effondrement des ventes disques. Ils se contentent de jouer leur morceaux parce que tu as payé ta place et qu’il faut bien que tu reçoives quelque chose en échange. Mais souvent tu t’emmerdes. Tu ressors de là en ayant lâché au moins 30 balles sans avoir rien vécu ou traversé qui fasse que ton âme, ton esprit et ton corps aient transcendé le monde qui fait ton quotidien. C’est cette transcendance qui nous anime. Certainement que chacun d’entre nous le verbalisera de manière différente, mais je crois qu’on se rejoint tous là-dessus et c’est ce qui fait qu’au final, un concert de Principles Of Joy est toujours une expérience forte. La force du label (quels que soient les groupes) c’est de proposer des concerts qui sont plus que de la simple musique jouée !

Tu m’avais présenté Principles Of Joy comme étant le fer de lance de Q Sounds ?

L : Oui, c’est le premier groupe de notre label à avoir enchaîné trois albums. C’est aussi le groupe qui a le plus joué, notamment en Allemagne et qui retourne les salles à chaque apparition. Quand on joue bien, c’est une vraie machine de guerre Principles Of Joy ! On espère qu’on entrainera dans notre sillage les autres groupes du label qui sont tout aussi impactants en concert.

Vous sortez un nouvel album : vous l’avez fait où et avec qui ?

L : Avec Jérôme, on s’est installé un studio. On s’est acheté une grosse console analogique et quelques autres machines en plus de notre parc d’instruments et d’amplis déjà très bien fourni. On a également notre 16 pistes à bandes sur place. On savait ce qu’on voulait comme son et comme avec Jérôme on a déjà chacun pas mal produit d’enregistrements, on a décidé de le faire tous les deux cette fois.

Tout a été enregistré là-bas : les cuivres, les violons…

J : Absolument tout ! A partir du moment où on a acheté cette grosse table de mixage qui venait d’un très gros studio parisien et que l’on avait tout le nécessaire au niveau des amplis, micros etc, on était prêt. On voulait assumer totalement notre travail. On a eu le temps qu’on voulait pour chercher, peaufiner notre son.

C’est aussi un album où Ludo n’a pas tout composé ?

L : Oui, Jérôme a composé une chanson sur cet album !

J : Ça fait partie des trois seules chansons que j’aurai composées dans ma vie (rires) ! J’adore jouer de la musique mais j’ai toujours préféré les compositions des autres. J’ai juste trouvé cette suite d’accords. J’en ai parlé à Ludo, qui en a parlé à Christelle (autrice des titres pour le groupe, NDLR) et voilà ! J’ai proposé et ça a plu à tout le groupe.

Tous les textes sont toujours de Christelle ?

L : Oui, elle fait aussi partie du groupe et surtout du label.

J : A chaque concert on dit que Christelle a écrit les textes et les mélodies. Je n’en peux plus du mythe de l’auteur, compositeur et interprète. Dans l’histoire de la musique tu verras qu’il y a de supers compositeurs, de supers artistes, de supers auteurs, de supers producteurs et ce n’est pas les mêmes personnes à chaque fois…. Ce qui compte c’est que ce soit bien !

Ludovic Bors, Loïc Betems et Rachel Yarabou sur scène
Crédit : Ashley Greb

Pourquoi ce titre « It’s Soul That Counts  »

L : Cela signifie que ce qui compte c’est la Soul, au sens style musical, mais aussi au sens de l’âme. Cela rejoint ce que je te disais tout à l’heure à propos de la transcendance. C’est un jeu de mots qui englobe aussi le titre du dernier morceau de l’album « All that counts ». Il existe une consonnance en Anglais entre « It’s Soul that counts » et « It’s All that Counts ». Le tout reflète le détail et inversement. A la fin (de ta vie, de ta journée, du concert ...) ce qui compte c’est la Soul, ce que tu as fait de ton Âme.

J : Il y a un côté simple que j’aime beaucoup.

Il y a un morceau que je trouve incroyable dans cet album : « No Justice, No Peace »

L : Merci, ça fait plaisir ! C’est un morceau qui dure 10 minutes effectivement. Ce n’est pas dans les standards actuels de faire un morceau aussi long. Ce n’était pas vraiment non plus dans les standards de la Soul des années 60 dont le format de prédilection était le Single gravé sur 7inch. Mais depuis la fin des années 60 (Isaac Hayes a ouvert la voie avec « Joy ») il existe de nombreux morceaux longs qui chassent sur les terres du Jazz (sans en être) et de la musique cinématique. Je pense à des morceaux comme « Girl You nNeed a Change Of Mind » d’Eddie Kendricks, « Move on Up » de Curtis Mayfield ou encore « Ball of Confusion » d’Edwin Starr. Ces morceaux sont souvent le lieu d’expression d’une prise de conscience de ce qui se joue dans le monde au moment où ils sont écrits. Leur longueur est un espace fictionnel dans lequel se déploie la confusion et les interrogations qui s’expriment chez les artistes qui composent, écrivent et interprètent ces morceaux. La Soul (comme le Hip Hop) est une musique dans laquelle on retrouve à toutes les époques ce qui constitue le quotidien de ses acteurs. Les productions du début des années 70, contemporaines de la première crise pétrolière, de la guerre du Vietnam qui s’enlise, de l’émergence des mouvements révolutionnaires marxistes, de l’expansion de la drogue dans les ghettos, n’échappent pas à cette fonction de miroir de la société.
On vit une époque qui prend racine précisément à cette période. L’ultra libéralisme destructeur à l’oeuvre aujourd’hui prend son envol au début des années 70 aux USA et en Angleterre. On le vit aujourd’hui dans notre chair à travers la violence d’Etat, la paupérisation des classes populaires ou la catastrophe climatique à l’oeuvre. Ce morceau répond au même besoin d’espace que ceux produits il y a maintenant plus de 50 ans.

C’est presque une musique de film ce morceau.

L :Oui il raconte une histoire, ou plutôt il répond à une histoire tragique et injuste, celle de Nahel, assassiné par la police en juin 2023. La dimension cinématographique coulait de source, elle permet de plonger l’auditeur dans le récit. Si tu écoutes bien on peut y retrouver les échos d’un François de Roubaix ou même de l’incroyable B.O de « Shaft in Africa » de l’inspiré Johnny Pate.

J : C’est un morceau qui au départ n’était pas prévu dans l’album. Il s’est imposé à nous à travers les événements et l’actualité. Christelle a composé ce court texte chanté de la partie 1. Ca a donné à Ludo l’idée d’écrire cette compo avec tous les arrangements, dans une veine très blaxploitation. Pour la partie deux on a décidé de saisir l’énergie et la spontanéité du moment. c’est une partie jouée en une seule prise, une improvisation collective pour faire contraste avec la partie 1 très structurée, et retranscrire une autre facette du sentiment qui nous animait : quelque chose de plus free et rough, pas loin de certaines formes de free jazz – funk. Inspirée par le résultat de ces 6 minutes, Christelle a écrit le spoken words en quelques minutes. Quand on est comme nous, indépendants, on peut se permettre ce genre de choses : un instantané ! Je suis très fier de ce titre ! Si je l’avais entendu j’aurais voulu l’avoir produit ! Tous les musiciens qui jouent dessus ont vraiment passé un super moment ! En plus, on l’a mixé très facilement !

L : Je pense que c’est un morceau qui marquera les amateurs du genre !

C’est un album qui balance entre des morceaux qui pourraient être des Singles mais aussi des morceaux incroyables qui sont dans la veine de « No justice, No Peace » ?

L : On est d’accord. Par exemple « What did you mean ? » est un Single de Northern Soul. C’est fait pour que les gens dansent ! C’est de la pop ! Soulmate est un midtempo deep et intense, une vraie chanson d’Amour...La Soul est protéiforme par nature puisqu’elle reflète la vie et l’âme des gens qui la font, l’écoutent et la dansent.

En concert
Crédit : Ashley Greb

Est-ce que pour toi Jérôme, Paul Weller ne serait pas ton modèle de référence, avec tout ce qu’il a fait pour la musique noire avec ses différents projets ?

J : Peut-être... J’aime bien le début des Jams, mais je ne suis pas fan de tout ce qu’il a fait avec Style Council par exemple. Cela tient beaucoup au son et à la production. Par la suite il a fait de super albums et je respecte beaucoup le musicien qu’il est.
Il y a peu de temps j’ai compris que le bassiste qui m’a le plus influencé c’est Klaus Voorman, un bassiste allemand proche des Beatles (il a notamment dessiné la pochette de Revolver, NDLR). Sur certains morceaux de l’album, des potes m’ont dit que je faisais des plans à la Mc Cartney. Hé bien non ! C’est lui qui m’a influencé !

Est-ce que ce disque ne serait pas un rassemblement de plein de musiques entremêlées ?

L : Oui, mais passés à notre moulinette ! La Soul, comme le Hip Hop, la House, la New Jack, le Funk, a la capacité de se nourrir de plein d’éléments hétérogènes, venus d’autres styles musicaux et de les transformer en Soul. C’est dû au fait que la Soul ne se limite pas à une forme rythmique et harmonique, c’est plus que la somme de ses parties.

Ne craignez-vous pas qu’avec un disque pareil vous soyez « trop cultivés » ? Votre musique a été mise dans un rayon cultivé, intello alors qu’elle peut plaire à tout le monde.

L : Cette classification ne dépend pas de nous. Et puis faire de la musique cultivée n’est pas un gros mot ! Il est normal lorsque tu pratiques un art ( au sens populaire du terme), que ce soit la Soul, le Foot, la boxe ou la cuisine, de connaître ce qui constitue le passé de ta pratique. Ainsi tu sais d’où tu viens. J’ai en plus la faiblesse de croire que plus tu t’intéresses à quelque chose, plus les autres choses autour t’intriguent et t’intéressent également. On vient de la banlieue et on le revendique ; notre culture découle donc de nos vies. Pour moi la banlieue c’est le Hip Hop, puis, au delà la musique, les films d’horreur, la littérature de genre, le foot … J’ai jamais arrêté de regarder des films, d’acheter des disques, de lire des bouquins, de me mêler de politique... il est donc normal qu’arrivé à mon âge (53 ans) j’ai accumulé un certain « bagage culturel ». Je crois que c’est le cas pour chacun d’entre nous. On met tout en commun, on agite bien et on obtient POJ !
Enfin, on ne cherche pas à plaire à tout le monde à tout prix, mais si tout le monde aime ce qu’on fait et veut participer à la fête, on dit oui bien sûr ! On fait de la musique populaire.

Qu’est-ce qui vous manque pour aller vers un public plus large ?

J : Qu’est ce qui nous manque pour aller vers un public tout court (rires) !

L : C’est qu’on nous fasse jouer en France, c’est tout !

J : Quand on a joué à la Fête de L’Humanité par exemple, grâce à Zebrock, devant un public très diversifié et généraliste, on a eu un accueil incroyable. Les gens ont dansé, crié et partagé ce moment avec nous. Quand on nous laisse notre chance généralement ça se passe très bien.

Avez-vous du matériel d’époque ?

L : On est fan de son et donc on se donne les moyens d’avoir le matériel nécessaire pour avoir le son qu’on recherche. Je peux te dire que le Van est bien rempli de matos énervé quand on part jouer. Sur scène, j’ai toujours mon Rhodes et son ampli par exemple : c’est lourd, ça prend de la place mais ce n’est pas remplaçable.

J : Ça fait partie de notre identité.

Ils parlent de quoi vos textes ?

L : C’est assez varié : ça parle de la vie. La Soul est une musique qui doit t’aider à traverser la vie. Ce n’est pas religieux comme le Gospel mais ça peut avoir un côté mystique. C’est une musique qui est connectée avec le réel, comme le Hip Hop, et donc qui parle du monde qui t’entoure. Ça parle d’amour et de tout ce qui peut t’arriver, des rapports de forces à l’oeuvre dans la société, des drames ou des bonheurs humains etc... En partant de son expérience personnelle et de ses sentiments profonds, Christelle arrive à modeler l’individuel pour en faire du collectif, ressenti et reçu par des dizaines d’autres individualités en connexion à travers les morceaux, et le vécu commun exprimé. On en revient toujours à la transcendance de la Soul.

Ludovic Bors en concert
Crédit : Ashley Greb

C’est quoi vos projets ?

L : Vendre nos disques (rires) ! On fait une release party le 9 mars au Jazz Club Etoile à Paris. On part en tournée en Allemagne de la mi-Mai à la fin Mai et on a quelques dates de festivals pour l’été. On travaille également sur de nouveaux morceaux pour POJ. Mais la priorité des mois à venir reste ce nouvel album dont on est très fiers.

Vous en attendez quoi de cet album ?

L : On en attend beaucoup mais on garde la tête froide car on sait comment s’organise le milieu musical en France. Il ne suffit pas de faire un bon disque pour que l’on parle de toi. C’est très différent en Allemagne où le disque est déjà très bien reçu et recueille de nombreux articles et soutiens. On est vraiment content de pouvoir sortir ce disque. On espère qu’il nous fera jouer le plus possible en France et qu’il se vendra suffisamment pour financer le suivant. On espère aussi ouvrir la voie aux autres groupes du label et pourquoi pas à d’autres groupes de Soul en France.

Je trouve que votre pochette est magnifique  !

L : Merci, c’est moi qui ai eu l’idée de la conception. La photo a été prise par Bruno Veyrier, mon beau-fils, qui s’avère être un jeune photographe talentueux. Le maquillage de Rachel est l’oeuvre de ma presque fille Lisa Razniewski, une jeune make-up artist et surtout l’ancienne chanteuse du groupe Lisa Melissa & The Mess qui a sorti un album et trois 45t chez Q-Sounds Recording. Cette pochette est à l’image de la musique du groupe : très référencée (elle fait penser à des pochettes de classiques du genre comme celle de l’album de Gloria Scott) mais aussi très ancrée dans la modernité à travers sa mise en scène et le travail de make-up.

J : On fait des références à des choses mais on n’est pas passéistes . On sort un album d’aujourd’hui qui s’inscrit dans une continuité cependant. C’est ce que reflète cette pochette selon moi.

C’est quoi les projets de Q-Sounds justement ?

Continuer à sortir des disques ! A la fin de l’année on fêtera les 15 ans du label et on aimerait bien marquer le coup d’une manière ou d’une autre. Plus de 50 disques en 15 ans, ça se fête !

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