GAMI : la pop origamique

mercredi 2 mars 2022, par Franco Onweb

Musicienne, chanteuse, instrumentiste et surtout artiste, Capucine Trotobas vient de sortir un premier disque épatant : un mélange subtil de pop, de rock, de jazz et de Trip Hop. Cette artiste, qui a grandi dans un monde artistique, propose une musique unique largement inspirée de ses études au conservatoire d’Aix et Nîmes et de son travail avec des chorales de gospel.

J’ai voulu en savoir plus, c’est pour ça que j’ai décroché mon téléphone et que j’ai discuté avec Capucine de ce son travail.

Je m’appelle Capucine, je suis musicienne et chanteuse sous le nom de Gami. Je suis aussi instrumentiste et chef de chœur. Je viens de Marseille où j’ai fait le conservatoire. Mes parents sont musiciens, j’ai donc toujours baigné dans la musique.

Capucine Trotobas
Crédit : Fabb

Quel est ton parcours musical ?

J’ai toujours suivi mon père qui fait du gospel et du jazz. J’allais à ses concerts. J’ai fait mon premier stage de gospel à 12 ans avec Cyrille Martial qui deviendra mon mentor. Je suis rentrée dans mon premier chœur de gospel à 14 ans. A 16 ans je suis rentrée au conservatoire d’Aix en Provence en jazz et musiques actuelles. J’ai fini mon cursus avec mon DEM à 21 ans.

Peux-tu présenter ton projet solo : Gami ?

C’est une histoire qui a commencé au conservatoire. On devait écrire des morceaux pour passer notre diplôme. A ce moment-là, j’étais pas bien dans ma vie et écrire des morceaux m’a permis de me sentir mieux. Finalement, j’ai monté le projet avec des musiciens de Nîmes, du conservatoire. Ils sont ensuite partis à Paris. Je suis revenu à Marseille et là j’ai cherché un guitariste qui avait le son que je voulais, c’est capital pour moi le son de guitare. J’ai rencontré Rémi Bernard en allant le voir en concert avec son groupe. J’ai adoré ! On a monté le projet à deux en cherchant un batteur. Le projet à la base avait été écrit pour cinq musiciens. Il a donc fallu tout remonter à trois, tout réarranger…

Comment qualifierais- tu, ta musique ?

Du pop rock introspectif (rires) !

Je trouve que cela a un son Trip-Hop mais avec parfois un côté jazz. Ne ferais-tu pas du jazz moderne ?

Un peu, quand j’ai composé tout ça j’étais au conservatoire et j’écoutais beaucoup de jazz moderne. Cela a dû m’influencer, au même titre que Radiohead avec ce côté psyché alternatif. Il y a aussi mes influences de jazz à l’ancienne que mon père écoutait, du gospel qui mélange tous les styles mais aussi le rock de mon adolescence, le rock des années 90… Il y a beaucoup d’influences qui se sont mélangées dedans mais globalement c’est Radiohead, Jeff Buckley, The Do…

Mais tu as mis de la modernité dans des techniques anciennes. Si des jazzmen d’antan faisaient aujourd’hui de la musique, ils feraient peut être ce que tu fais ?

Peut-être… Ça se retrouve dans « Regret », le morceau qui clôture l’album et qui est dans la veine jazzy avec des mesures asymétriques… même si on ne s’en rend pas trop compte. A la base je ne l’ai pas composé dans cet esprit-là mais dans ce morceau on retrouve du jazz, surtout au niveau du jeu de batterie et des accords de guitare.

Tu es très diplômée en musique en musique, notamment sur de la musique organique mais ta musique est très électronique. Est-ce qu’il y a une part d’improvisation parce que tout ce côté « électro » ça doit te peser ?

C’est prévu pour les phases d’écriture des prochains morceaux. Avant tout était très écrit, jusqu’à la batterie. J’ai vraiment indiqué ce que je voulais que mon batteur fasse. J’étais assez intransigeante avec ça. Maintenant je laisse plus de place à l’improvisation et je me sers des machines pour improviser… même si ça reste assez écrit.

Il y a-t-il des artistes dont tu te sens proches en France ?

En France, je dirais Last Train. Musicalement, cela n’a pas grand-chose à voir mais j’aime cette dynamique qu’ils ont de ce prendre en main et de tout maîtriser de A à Z. Ils ont tout créé tout seul : leur label, la tournée… J’aime ce côté « Do it yourself » : ils savent où ils vont et ils font les choses en rapport. Ils ont une vision globale et franchement ça m’inspire beaucoup.

Mais pour l’instant, musicalement, tu es la seule en France à faire ce type de musique ?

Oui, je ne sais pas trop où est ma place. Je sais que la plupart des gens qui apprécient ce que je fais sont des connaisseurs mais j’ai conscience que cela peut plaire à des gens qui ne connaissent pas vraiment la musique. Mais ils ne viendront pas me voir s’ils ne m’ont pas entendu avant. Il va vraiment falloir créer son trou et avancer.

Ta musique est définie comme du « pop rock origamique ». Ça vient d’où ?

L’origine de mon nom, Gami, vient de là : de l’origami ! Ca me plait cette idée de partir de quelque chose de simple et d’en faire quelque chose de joli et assez complexe mais qui transmet des émotions.

Tous tes morceaux sont composés à la guitare ou au piano avant d’être produits ?

Oui mais généralement je vais assez vite pour composer un morceau. Je compose quand j’ai l’inspiration et aussitôt je vois tout de suite les arrangements et la production. Par exemple, très vite, je place des nappes.

Tu as fait beaucoup de concerts avec ce projet ?

Quelques-uns, avec Rémi. Dès qu’on a monté le duo on a fait la première partie d’Amir à Aubagne, ce qui n’a rien à voir avec notre musique. Juste avant le confinement on a fait deux dates en trio. On a profité du confinement pour enregistrer. Cet été on a joué deux fois en duo et on a joué en trio pour la Released Party à Aix. Ça c’est très bien passé. On a des concerts qui arrivent avec des festivals pour cet été. Mais là, on cherche un tourneur.

Tu l’as fait où ce disque ?

On l’a fait entre copain au Cool Train Studio. On habitait dedans, c’était parfait. On a vraiment tout fait avec des copains, y compris le graphisme. Je suis ravie du résultat.

C’est ton premier disque avec ce projet ?

Oui, avant j’avais fait des disques avec des chorales de Gospel ou j’avais enregistré sur des singles pour des collaborations.

Les claviers sur le disque ont un côté très psyché années 70.

Ça vient du gospel où on peut trouver ce genre de sons. On a un côté un peu vintage sur les claviers parce que je cherche à mélanger les sons électro et organiques.

Gami en concert
Crédit : Marie Vdh

Ça se passe comment sur scène ?

J’ai des machines et la basse. Je viens de simplifier en enlevant un clavier et pour rendre plus vivant le show. J’avoue que je n’aime pas beaucoup être sur le devant de la scène et avoir ces instruments me permet de me cacher.

Tu as un côté gospel qui revient souvent sur scène ?

Ça peut arriver avec le côté organique. Souvent j’ai écouté de belles balades de gospels, je peux danser dessus et j’essaye de retranscrire ça sur scène.

Pourquoi chanter en anglais ?

C’est ma culture musicale que je tiens surtout de mon père. J’ai une assez mauvaise culture de chansons françaises

Est-ce que ce n’est pas de la pudeur ?

Peut-être ? En fait tout me vient en anglais, je pense même parfois en anglais. Quand je chante mes textes, je suis vraiment dedans et je pense à ce que je raconte.

De quoi parlent tes textes ?

Introspection, questionnements, dépression, angoisse, comment gérer ces impressions…

L’image a beaucoup d’importance pour toi ?

Oui, j’essaye vraiment de travailler dessus pour que le public adhère : on est vraiment dans un univers avec les origamis, le graphisme… On a commencé à travailler dessus et on va continuer à le faire.

Quel est ton sentiment par rapport à la situation que nous avons vécu ?

C’est très pénible de rester enfermé et de ne pas pouvoir jouer, surtout quand c’est un jeune projet comme nous. C’est compliqué de se projeter mais durant les périodes de confinement on a pu aussi s’arrêter, voir où on voulait aller et prendre du recul. J’ai aussi pu composer.

Ton futur album a été composé pendant le confinement ?

Pas vraiment, pendant le confinement j’étais plus dans la réflexion de là où je voulais emmener le projet, de savoir si je pouvais aller loin et comment. Maintenant je suis à 200% sur ce projet !

Mais Gami c’est un groupe ou un projet solo ?

C’est une question très intime dans le groupe : le batteur est musicien, je suis au centre du projet mais Rémi, le guitariste, m’aide beaucoup et m’épaule beaucoup donc je suis au centre du projet mais il ne pourrait pas exister, sous la forme actuelle, sans Rémi à qui je fais confiance totalement.

C’est quoi tes projets ?

Continuer à avancer, de bien s’entourer professionnellement. Travailler avec ma chorale de gospel pour la faire venir sur un titre et rendre ma musique plus accessible mais pas au sens musical du terme, la rendre plus accessible pour toucher le public.

On peut le trouver où ton disque ?

Gami est présent sur toutes les plateformes avec Spotify et Bandcamp en particulier.

Ombre
Crédit : Fabb

Tu veux dire quoi pour la fin ?

On va tout péter

https://www.facebook.com/GAMI.rockmusic/
https://www.youtube.com/channel/UCa94JKdjkCuS556_6JaUcyQ
https://open.spotify.com/artist/667QMhXUI3srGUDPc70sGd
https://gamimusic.bandcamp.com/