Gunwood : un trio de baladins électriques

jeudi 1er juin 2017, par Franco Onweb

C’est juste un disque ! Vous savez cet objet rond avec un trou au centre que l’on met sur une platine pour écouter de la musique ! C’est par cet objet que j’ai découvert la musique de Gunwood. Une musique qui m’a épatée par sa simplicité et sa beauté. Une musique pleine de mélodies et d’émotions. Attention, ici nul grand orchestre ou de production grandiloquente : juste trois types qui remettent la chanson au cœur du débat.

Une telle musique ne pouvait pas me laisser indifférent. J’ai donc rencontré Gunnar le chanteur, leader et guitariste de ce trio qui vient juste de sortir un épatant premier album « Travelling soul ». 

Je suis Gunnar Ellwanger, le chanteur du groupe Gunwood. Un groupe qui existe depuis quatre ans et demi et qui vient de sortir son premier album « Travelling Soul ».

Tu as un parcours très particulier ?

Oui (rires), je suis allemand. Mon père est physicien et quand j’ai eu onze ans il est venu en France pour des raisons professionnelles. C’est à lui que je dois mes influences folks : folk Irlandais, Blue Grass ou le rock des années 60 comme Ten Years after, Janis Joplin ou les Stones … Il jouait dans un groupe de traditionnel Irlandais et de Blue Grass. Il y avait les Dubliners (groupe Irlandais traditionnel de légende Ndlr) en boucle à la maison et beaucoup de répétions avec ses copains.

Cela t’a donné envie  ?

Oui, il y avait des guitares qui trainaient un peu partout à la maison. J’ai commencé comme ça. Dès qu’il jouait j’étais à côté de lui et je lui demandais les accords (rires). J’ai commencé à l’accompagner et puis j’ai monté mon premier groupe, au lycée, comme tout le monde …

A l’écoute de ton disque on découvre une grande influence de la littérature et particulièrement de Herman Hesse avec « le loup des steppes » ?

Oui, un livre un peu … « Dark » mais qui me ressemble par certains côtés : j’ai toujours eu du mal à me situer et la musique a toujours été pour moi un bon refuge. J’étais dans ma bulle, dans mon imagination… Quand j’étais enfant je me racontais des histoires. Mes frères et sœurs venaient à côté de moi pour les écouter !

Droits réservés

(Gunwood en 2017 - Photo Richard Schroeder) 

C’est comme ça que tu as commencé à écrire tes textes ?

Pas vraiment puisqu’avant d’écrire des textes j’ai beaucoup et surtout travaillé la musique et les instruments. C’est après quand j’ai commencé à prendre des mots pour en faire une histoire que j’ai compris qu’il y avait dedans des détails de ma vie.

Tu as aussi beaucoup voyagé ?

Oui, quand j’étais plus âgé je suis parti avec ma guitare et un sac à dos à dos : en stop et en faisant la manche dans la rue. C’est comme ça que un jour quand je jouais dans la rue à Dublin que on m’a indiqué que Shane Mac Gowan (chanteur des Pogues Ndlr) dédicaçait son autobiographie dans la librairie à côté, j’y suis allé et il m’a signé ma guitare.

Tu as fait longtemps de la musique de rue ?

Pas vraiment, c’est quelque chose de très particulier mais une très bonne école. J’ai fait ça pendant un peu plus de un an vers 2004, 2005. Par contre je ne l’ai jamais fait en France. Quand je suis rentré j’ai encore travaillé ma musique, j’ai fait quelques projets et je me suis formé à l’ingénierie du son. C’était une forme de prolongement pour moi. J’ai travaillé un peu comme ingénieur du son en live et en studio. J’ai fait un peu de réalisation, notamment pour un chanteur à Davout qui s’appelle Kesina mais qui est passé un inaperçu …

Tu es dans une sorte de DIY, la volonté de tout maitriser ?

Oui, c’est un peu ça, je voulais ne dépendre de personne et je me suis formé pour ça !

Tu écoutais quoi à l’époque ?

J’étais dans une phase de réconciliation avec la musique de mon père. J’ai aussi beaucoup écouté Radiohead et Rage Against the Machine

Tu as eu une période grosse guitare ?

Oui, comme tout bon adolescent j’ai eu une période punk, hardcore, heavy métal … Je sais ça ne s’entend pas trop aujourd’hui !

Tu as continué à faire des groupes entre ces moments et la création de Gunwood en 2013 ?

Oui, bien sûr, j’ai fait un projet rock progressif un peu King Crimson ou Pink Floyd. J’ai travaillé sur un album d’un artiste super : Kesiena, bon l’album a foiré … J’ai aussi travaillé avec Larry Croket ou encore un projet Anti Folk : John and Betty … 

Comment tu arrives à monter Gunwood ?

Cela faisait plusieurs années que je voyais que les morceaux que je composais seraient mieux avec un trio électrique. Je voulais mettre de la folk électrique pour les rendre plus vivants sans que cela sonne country western …. Je donnais des cours de guitare et je travaillais dans un local d’une association du côté de Sèvres, la SUM, et je n’avais plus vraiment de projet fixe. C’est dans cette association que j’ai rencontré David Jarry Lacombe le batteur et Jeff Joao Franscisco Preto qui joue de la basse. Ils avaient déjà beaucoup joué ensemble et ils étaient aussi de très bons chanteurs. Comme les harmonies vocales sont très importantes pour moi, c’était indispensable que la rythmique chante. Ils avaient aussi une approche globale de la musique, ils se mettaient au service du titre ! On a fait la plupart des arrangements ensemble.

A partir de là vous commencez à tourner avec tes compositions ?

Oui, ça a commencé là !

Je voudrai que l’on s’arrête sur tes compositions : la mélodie pour toi est très importante non ?

Oui absolument, pour moi une bonne chanson peut être jouer dans n’importe quelle condition : guitare – voix ou avec un orchestre… La mélodie doit pouvoir ressurgir tout le temps !

Tu as une rythmique très discrète ?

Oui, ils sont vraiment là pour être au service du morceau et surement pas pour se mettre en avant en tant qu’instrumentiste : c’est une condition indispensable et c’est pour ça que cela marche !

Et donc le premier concert ?

C’était un petit festival à Sèvres et ensuite une tournée que j’ai organisée dans des petits clubs en Allemagne, notamment à Berlin. On a du faire une cinquantaine de concerts avant de signer pour le disque… On voulait vraiment d’abord jouer avant d’enregistrer.

La première grosse date ça a été la première partie Hugh Coltman à Paris, au Trianon ?

Oui, c’est quelqu’un que j’ai beaucoup croisé sur des projets avant Gunwood, notamment Kesina on avait des musiciens en commun et son tourneur nous a un peu aidé. Ce concert s’est super bien passé, on a tout de suite programmé une autre date avec lui. C’est quelqu’un de généreux et de super talentueux !

Vous avez aussi fait un premier EP, autoproduit ?

Oui, on l’a enregistré en 2014 et il est sorti en 2015. Cela nous a permis de tourner un peu.

Vous avez tourné où ?

On est surtout resté en région Parisienne mais on a quand même réussi à faire une petite tournée en Bretagne, quelques concerts en Bourgogne et donc en Allemagne…

Et arrive l’album « Traveling Soul » ! Un disque sobre, mélodique mais avec une grosse notion de silence, tu es d’accord ?

Oui, en même temps simplicité et silence c’est un peu pareil (rires) ! Mais c’est vrai on a enregistré presque en « live » à Ferber, l’été dernier pendant onze jours ! C’est un lieu magique !

Droits réservés

(Pochette de l’album Travelling Soul - Droit Réservé) 

Qui a produit ?

Zamora Production et nous, on l’a coproduit en fait (rires) !

Et pour la production ?

Derrière la console c’était Guillaume Dujardin, un ingénieur du son de Ferber et moi je l’ai réalisé en grande partie avec lui.

Pourquoi « Traveling Soul » ?

C’est une sorte de voyage dans plusieurs étapes de ma vie … Comme beaucoup de premiers albums l’écriture s’est passée sur une dizaine d’années (rires). Il a beaucoup été inspiré par mes voyages.

Tu as tout composé ?

Oui, je suis donc une sorte de leader (rires) !

Il y a quelqu’un que tu n’as pas encore cité c’est Neil Young

Oui bien sûr, c’est assez évident à l’écoute du disque, c’est effectivement quelqu’un qui est une grosse influence mais indirecte !

Pardon ?

Oui, mon père n’aimait pas spécialement et il n’écoutait qu’un peu de Crosby, Still, Nash and Young. Au fil du temps je l’ai redécouvert mais que par mes propres moyens. Par exemple j’ai adoré sa musique sur « Dead Man » et je suis fasciné par son côté intègre. Mais concrètement son projet que je préfère c’est le « Crazy Horse » (groupe de rock de Neil Young Ndlr).

En même temps votre disque est très américain dans l’esprit ?

Oui, mais n’importe quelle Amérique : le Texas ou la côte Ouest. Je suis fan du Bluegrass, du folk. Je n’ai pas choisi ce son : il est venu naturellement parce que j’ai écouté enfant. J’aime le côté songwritter de ces musiques.

D’ailleurs votre album n’a pas du tout de côté Français

Ce n’est pas ce qui m’a nourri musicalement ! Je ne vais pas dire qu’il y a aucun groupe de rock français que j’aime mais pas loin. Il y a Noir Désir et puis pas beaucoup d’autres ….

Et l’Allemagne ?

Les seuls allemands qui m’ont influencé ce sont les punks allemands comme Nina Hagen ou éventuellement Hannes Wader, lui même très influencé folk américain. D’une manière générale il n’y a pas beaucoup d’influences européennes.

Quelles étaient tes ambitions pendant l’enregistrement ?

C’était de faire sonner l’album en live !

Vous avez tout fait à trois ou il y a des musiciens additionnels ?

Non juste nous trois y compris pour les chœurs ! On les a juste doublé à quelques moments !

Le single c’est « Rainchild » avec une vidéos splendide enregistré avec Hugh Coltmann 

Merci, on a enregistré dans l’orangerie du château de Sceau. Depuis le début les vidéos ont toujours été très importante pour notre communication. Elles sont toujours live et c’est le média obligatoire. C’est un bon reflet du groupe ces vidéos.

Les retours sur l’album sont comment ?

Ils sont tous bons, on a aucune mauvaise critique. Quelques radios comme Fip nous passent, la promotion vient juste de commencer !

Et le live ?

On a joué un peu depuis l’enregistrement et cet été on fait des festivals. La grosse date Parisienne sera à la Maroquinerie à la rentrée.

Et pour la suite ?

J’ai déjà des titres pour le prochain album ! Je vais essayer de rester le plus honnête possible.

Vous mélangez l’acoustique et l’électrique ?

On essaye ! En live c’est plus facile et plus « naturel » pour moi d’aller vers l’électrique. Il n’y a réellement que quelques titres comme « Rainchild » et notre reprise de Cindy Lauper qui sont en acoustique en concert.

On en parle de cette reprise 

Oui, « Girls just you want to have fun » et en plus on fait parfois un traditionnel Irlandais. Pour Cindy Lauper c’est un peu une blague, une manière de se rappeler nos 15 ans et de s’approprier un titre que l’on n’imagine pas chez nous !

Vos projets ?

Des concerts, des concerts, des concerts … au moins deux ans de tournée en France et dans le Benelux. J’aimerais beaucoup aller en Allemagne mais ce sera après dans une deuxième étape.

Tu as envie d’aller jouer aux USA ?

Bien sûr, mais ce n’est pas mon but absolu ! On a conscience qu’ils nous n’attendent pas, avant ça on va essayer d’aller au Canada je pense dans un premier temps.

Tes ambitions artistiques ?

Continuer à écrire dans la lignée de cet album, faire de la guitare folk électrique dans un esprit rock’n roll !

Justement si tu devais faire un concert avec quelqu’un ce serait qui ?

Feist, les Pogues … ce genre d’artistes !

 Quel disque tu donnerais à des enfants pour les amener à la musique ?

« Nevermind » de Nirvana, un groupe que j’ai toujours adoré