Le concert événement de l’année : les Eagles of Death Métal le 16 février 2016 à l’Olympia

jeudi 18 février 2016, par Franco Onweb

Ils l’avaient dit dès le lendemain des tragiques événements du Bataclan : les Eagles of Death Metal voulaient revenir jouer à Paris pour finir un concert tragiquement interrompu. Le 16 février Jesse Hugues et ses troupes investissaient la mythique salle Parisienne pour un concert chargé d’émotion, récit d’un événement peu concert dépassant le strict cadre musical 

Mardi 16 février, autours de l’Olympia les équipes de télévision s’activent. Dans un hôtel du centre de Paris Jesse Hugues donne interview sur interviews, à la presse Française et internationale. Le chanteur des EODM ne masque pas son émotion. La veille, dans la plus grande discrétion, le groupe a offert une soirée privée à quelques rescapés du Bataclan et toujours aussi discrètement s’est rendu dans différents hôpitaux pour prendre des nouvelles de leurs fans toujours hospitalisés. Le matin le chanteur donnera une interview controversée à ITélé dans laquelle il défendra l’idée du port d’arme. Provocation ? Probablement, puisque dans l’ensemble des entretiens qu’il donnera à la presse écrite il dira l’inverse. Une chose est sure : le groupe est content d’être là ! Dans la journée on apprendra que depuis le 13 novembre les musiciens et leur staff n’ont eu de cesse d’être présent auprès des victimes et qu’ils multiplient les actions pour venir en aide aux familles et au blessés. Le groupe ne souhaite pas communiquer sur ça : c’est tout à leur honneur !

19 h, les abords de l’Olympia se remplissent. On distingue une très grosse présence policière. Bientôt les premiers spectateurs arrivent, la plupart étaient au Bataclan (les billets du Bataclan offrent automatiquement une entrée gratuite !) et on sent une certaine tension dans l’air. Quelques béquilles, des fauteuils roulants rappellent que les blessures sont toujours présentes. Quelques peoples aussi, Jack Lang en tête sont venus pour un concert événement. Tout à coup fendant la foule, Jesse Hugues lui-même se présente et aussitôt embrasse des spectateurs. Il répète inlassablement que tous ces gens sont ses amis et qu’il a avec eux un lien indélébile.

 

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A l’intérieur de la salle, les consignes de sécurité sont distribuées et des tracts pour une aide psychologique sont déposés sur le bar ! L’ambiance est lourde, très lourde … L’association Life for Paris, fondée après les attentats de novembre est aussi présente et largement représentée !

A 20 h 15, la première partie le duo Autrichien « White Miles » attaque ! Ils faisaient déjà la première partie au Bataclan et eux aussi ont souffert des attaques. L’accueil est poli et puis rapidement l’ambiance monte et le groupe se fait acclamer ! 40 minutes plus tard, le set se termine et chacun se retrouve au bar. Le stand de merchandising est assailli : les T shirts de la tournée « Nos amis Tour » font un tabac. Une photo hommage à Nick Alexander, responsable des ventes de souvenir du groupe et tué au Bataclan est discrètement posé. Un hommage simple et humble qui contraste avec l’exubérance habituelle du groupe !

21h20, dans un vacarme assourdissant les EODM arrivent sur scène ! Le premier à apparaitre est le bassiste Matt Junkins tout en sourire ! Surprise, deux batteries sont montées sur scène et derrière l’une d’elle s’est Josh Homes, le co-leader, non présent au Bataclan, qui s’installe. Et puis arrive sa majesté Jesse Hugues vêtu d’une cape de père Noel qui s’approche de la scène. Il enlève sa cape et là il va regarder le public pendant une minute avec un grand sourire. Il fait le cœur sur sa poitrine et marche de long en large comme s’il voulait saluer tout le monde. En fond sonore le classique de Jacques Dutronc « il est cinq heures Paris s’éveille » rajoute à l’émotion. Jesse Hugues hurle dans le micro « Je vous aime » et c’est parti dans un vrombissement de guitare.

Le groupe l’avait annoncé, ils ne joueront pas « Kill the devil » le titre qu’ils finissaient quand la tuerie a commencé ! A la fin du premier morceau Jesse Hugues demande une minute de silence pour les victimes. Celle-ci sera interrompue par des « Rock’n Roll » et des « Ta gueule connard ! » et le groupe reprend.

Le concert sera un grand moment d’émotion, le groupe établissant un contact particulier et très proche avec le public. Les 6 (les cinq du Bataclan et Josh Homes) musiciens s’en donnent à cœur joie et ont une vraie bonne humeur communicative. Plusieurs fois, Jesse Hugues hurlera dans le micro : « I love you, you are my family ! ».

Au moment des rappels il sort une guitare peinte en bleu, blanc, rouge ! Le public hurle sa joie. Il quitte la scène, grimpe au balcon et va longuement enlacer une spectatrice présente au Bataclan. Il se promène dans le public, ne veut plus partir. Les spectateurs font corps avec le groupe qui est tout en sourire et en joie de jouer. Finalement après une reprise de « Brown Sugar » le groupe quitte la scène non sans avoir très longuement salué le public, son public…Une marseillaise spontanée et inédite monte du public, le groupe se tient au bord de la scène, ému aux larmes et puis rideaux !

Les spectateurs se retrouvent dans la rue, il est 23h30, les visages sont heureux, tous ont la sensation d’avoir assisté à autre chose qu’un concert. La musique a gagné ! Jesse Hugues le confiera juste après : Paris est désormais sa ville, le public Parisien ses amis et jamais il ne pourra oublier ce qui s’est passé un certain 13 Novembre ! Désormais c’est autre homme