Daniel Jea : « Se taire et écouter », rencontre pour le troisième opus de sa trilogie

lundi 9 janvier 2023, par Franco Onweb

Depuis trois ans, Daniel Jea, s’est lancé dans un projet aussi passionnant qu’incroyable : la sortie d’une trilogie discographique. Voici donc la troisième livraison de ce projet passionnant, « se taire et écouter », un titre prémonitoire de notre époque. On retrouve sur ce disque, les caractéristiques qui ont fait des deux premiers volumes, des disques impeccables : de la guitare, une rythmique entraînante, des compositions de hautes tenues et surtout des textes engagés dans notre époque.

On s’était rencontré pour les deux premiers volumes et donc, il était naturel que l’on se parle pour la troisième sortie. Daniel vient, encore une fois, de prouver qu’il est désormais un artiste complet avec qui, il faudra compter à l’avenir.

Comment vas-tu ?

Très bien ! L’année 2022 a été pour moi bien dense et riche, avec plein de rebondissements divers et variés, et je suis ravi de te retrouver pour parler de ce nouvel album, troisième volet de ma trilogie d’albums 2020/2021/2022 !

Daniel Jea
Crédit : Christophe Crénel

Que s’est-il passé depuis un an et la sortie de « En suspens » ?

Le précédent album « En suspens » sorti en septembre 2021 a eu un très bon accueil auprès des médias, mais cette année-là nous étions encore en plein dans les effets de la crise sanitaire sur la scène, sur le spectacle vivant, donc nous avons fait aucun concert et nous n’en avions que très peu en perspective. Alors j’ai enchaîné très vite sur la préparation du nouvel album, le troisième de ce triptyque, pour qu’il soit prêt pour une sortie vers la fin 2022. En m’attelant à l’écriture, la composition, le planning studio, les répétitions etc.

Tu sors donc ce nouvel album, le troisième de ta trilogie, « Se taire et écouter » : pourquoi ce titre ?

Le titre à deux significations. D’abord et surtout il fait référence à ce que j’entends souvent lorsque les femmes dénoncent le patriarcat, la domination masculine, dans cette société faite par et pour les hommes. Je trouve ça vraiment très pertinent pour aider à être vigilant face aux signes de la masculinité dominante. Et c’est d’abord un message pour moi-même ! Ensuite en seconde lecture plus primaire, cela fait référence à ma musique ! On peut voir ce titre comme une devise, voire comme un cri de ralliement ahah, à prendre tout simplement au premier degré : une invitation à se poser et à prendre le temps d’écouter cet album, à notre époque où tout va et passe si vite !

Tu l’as fait où, quand et avec qui ?

Exactement comme les deux précédents albums, et dans les mêmes conditions d’urgence ! C’est ce qui fait d’ailleurs le concept de base de cette trilogie, ce qui lie ces trois albums : Ils ont été enregistré dans le même studio d’enregistrement, Midilive, en banlieue parisienne, avec le même ingénieur du son aux prises et au mix, Stéphane Prin, et bien sûr avec le même groupe, les deux mêmes musiciennes, France Cartigny et Émilie Rambaud. Dans les mêmes conditions de temps, en trois jours seulement à chaque fois, dans le même lieu et avec la même équipe. Dans cette urgence, avec cette énergie, pour garder une cohérence autant dans la couleur musicale que dans le ton général. « Se taire et écouter » a été réalisé juste avant l’été 2022, donc il y a peu.

A l’écoute de ce disque et en écoutant les deux précédents, on sent une « hargne » de plus en plus forte. Tu es un homme en colère ?

Disons plutôt que je suis connecté, ou tout du moins j’essaye de rester connecté à mon époque, au temps que je traverse, et je trouve que l’époque est assez violente, voire de plus en plus violente même. Il y a donc vraiment matière à être en colère ou révolté parfois.

Tes influences ont-elles évolué ? A l’écoute du disque on pourrait penser que tu laisses apparaître des influences beaucoup plus rock qu’avant.

C’est sûr que j’avais d’abord envie de mettre ça en avant, dans le son et l’énergie. Déjà parce que j’écoute beaucoup de rock, et régulièrement. Parmi beaucoup d’autres différents styles musicaux certes, mais je reste passionné par ça ! J’essaye de suivre l’actualité musicale, de me tenir au courant de ce qui sort. Je suis quand même principalement imprégné, habité par le rock, au sens large ! Et puis aussi je dois avouer qu’à travers mon parcours de musicien guitariste sideman, ces dernières années j’ai surtout pas mal exploré la chanson française, en jouant avec de nombreux artistes de ce style-là. C’est-à-dire aux côtés de chanteur.se.s qui sont dans un registre de chansons à textes, sans batterie qui cogne et encore moins de guitares électriques avec le volume de l’ampli poussé à fond ahah ! De fait, l’électricité de la guitare, la saturation, les larsens, l’énergie du rock, la danse, la fureur des rythmes, tout cette folie que j’adore me manquait vraiment beaucoup !

De quoi parlent tes nouveaux textes ?

Contrairement aux deux précédents albums qui avaient plus une seule thématique centrale propre à chacun d’eux, dans celui-là ce coup-ci plusieurs thèmes sont abordés : les mouvements de prise de parole des femmes et le fait qu’il est temps pour les hommes de se défaire du pouvoir, la folie de la guerre qui est à portée de main, la violence des réseaux sociaux, et pour finir l’album, la passion amoureuse. Et ainsi avec cette ode à l’amour en final, c’était une manière de boucler la boucle de cette trilogie en faisant écho à l’album « À l’instinct, à l’instant », premier volet de la trilogie.

Daniel Jea avec Emilie Rambaud à gauche et France Cartigny, à droite
Crédit : Christophe Crénel

C’est quoi cette pochette ?

C’est une photo prise à la volée, juste après un concert que j’ai fait en février dernier à Paris. Je faisais un showcase en solo dans le cadre d’une expo photos et séance de dédicace de Christophe Crénel autour de son livre de photographies « Big Bang, Musiciens du nouveau monde », dans un magasin de vinyles, The Mixtape, à Paris dans le 18e. À la suite mon petit set, Christophe a fait quelques images. Et parmi ses photos, l’une m’a donné l’idée de la pochette. J’aimais vraiment beaucoup ce mélange sexy avec un petit côté punk, tout en gardant le smile !

Vas-tu défendre ce disque sur scène ?

Absolument, et je dirais même plus, enfin, après ces mois et années d’abstinence liée à la crise sanitaire. Nous avons commencé les concerts l’été dernier et d’autres se profilent déjà. Et notre prochaine date parisienne est prévue le 10 juin 2023 au Point Éphémère.

Maintenant que tu as réalisé cette trilogie, quelle est le programme pour la suite ?

Jouer et tourner autant que possible. Le plus possible même, ça nous a trop manqué ! Et ce sont donc ces trois albums que nous défendons sur scène en trio, avec France et Émilie. Ensuite à l’horizon 2024, j’ai déjà en tête aussi un prochain album, mais d’abord les concerts !

Que veux-tu souhaiter pour 2023 ?

Des choses simples et évidentes, plus l’amour et plus de bienveillance. Et aussi à tous.tes, de savoir se taire et écouter un peu plus parfois !

Le mot de la fin ?

Écoutez la trilogie d’albums et venez nous voir en concert !

https://www.danieljea.com/
https://danieljea.bandcamp.com
https://bfan.link/se-taire-et-ecouter