Arsène Obscène and the Loozers : le retour rock’n roll du quatuor niçois !

lundi 19 septembre 2022, par Franco Onweb

Arsène Obscène and the Loozers viennent de sortir leur nouvel album et ça, c’est déjà une bonne nouvelle parce que le quatuor niçois me fait plaisir depuis plusieurs années en sortant des albums aussi jouissif qu’épatant ! Ici, on fait du rock et rien d’autre et c’est tant mieux.

Ce nouveau disque est plein d’une énergie communicative avec un sens inné de la mélodie. Ajoutez à ça que Arsène Obscène and the Loozers est, peut-être, l’un des groupes les plus élégants de France, il me fallait leur poser quelques questions sur ce nouvel opus, ce que Arsène et Raoul, le bassiste, ont fait avec leur habituelle bonne humeur.

Comment vont Arsène Obscène and the Loozers ?

AO : Ça va très bien, nous allons sortir un deuxième LP, quasiment 365 jours après le premier ! Comme la dernière fois, on a beaucoup bossé en studio pour vraiment faire au mieux. Nos LP c’est comme nos chansons : aucun compromis, aucun remplissage, aucun temps mort, tout en dessous de 2 minutes. On ne veut pas de disques où on s’emmerde ! Et c’est mon zin qui a fait la pochette, il est artiste-graffiteur sur Paris. C’est un des « historiques » du courant.

Raoul : « mon Zin » ????

Arsène Obscène and the Loozers
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Qu’avez-vous fait depuis deux ans ?

AO : Beaucoup de travail de compo et de mise en place essentiellement. On s’imagine qu’on fait un truc facile, mais c’est loin d’être le cas. Il faut que chaque son trouve sa place et soit excitant.

Raoul : Arsene est méticuleux !

Qu’avez-vous fait comme concerts ?

AO : Alors là par contre, pas beaucoup de concerts ! 3 en 1 an je crois, dont 2 sur Fréjus. C’est très difficile à Nice depuis qu’Estrosi a massacré toutes les salles une à une pour faire plaisir aux vieux qui votent pour lui. Tous les groupes se rabattent sur les 1 ou 2 lieux possibles « avec batterie » (un instrument qui devient de plus en plus difficile à caser dans une ville « apaisée » !). Puis quand je demande à certaines salles (sur Marseille par exemple), personne ne répond. Ça devient un truc de piston pénible.

Raoul : je n’aime pas faire des concerts, j’ai le trac dès 24h avant, je trouve ça pénible. En fait je déteste faire des concerts.

Vous êtes le groupe le plus classe de la Rivera : n’êtes-vous pas les derniers mods du sud ?

AO : Oula si les autres groupes lisent ça, ils ne vont pas être d’accord ! Non, les plus classes, ce sont plutôt la génération Playboys, Dino, Warmbabies, Dum Dum Boys, etc. Par contre, on fait du rock’n’roll depuis tellement longtemps qu’on doit avoir quelques trucs stylés dans nos armoires si ça fait cette impression ? Le tout étant d’éviter le trop comme le pas assez, c’est peut-être ça le secret de la classe ?

Raoul : à chaque fois que j’ai voulu ressembler à un jeune mods je faisais vieux hool… Seuls Baldu (DDB), son frere jumeau de XYZ et Tav Falco sont élégants.

Vous sortez, enfin, un album : pouvez-vous nous en parler ?

AO : C’est la suite logique du premier, toujours aussi radical, avec une ouverture pop. C’est très dangereux d’aborder punk, et de mettre le mot « pop » derrière. Perso, ça me fait toujours penser à ces trucs horribles à skateboard qui ont niqué la musique, ou à la « power pop », style que je n’aime pas vraiment pour sa lourdeur (les machins post-mod UK des 70s par exemple), à part des faux-nez comme les REAL KIDS, les UNDERTONES ou les SOFT BOYS entre autres. On veut que nos morceaux ressortent très forts, soient très accrocheurs, avec un maximum de simplicité. Pas d’intro, pas de solo, pas de pont, pas de fin, le but étant d’expurger tous ces trucs qui ne servent à rien. C’est un retour aux fondamentaux du rock’n’roll : court, excitant et « desperate » !

Raoul : il est très bien, faut l’acheter, cher !

Quels disques tournaient sur vos platines pendant la composition et l’enregistrement ?

AO : Vraiment aucun en particulier. Je continue à acheter plein de trucs qui partent dans tous les sens et tous les styles (de la musique improvisée au black metal en passant par le proto-punk et le drone-ambient), mais c’est souvent des vieux machins réédités. Je ne m’en sers jamais comme influence consciente.

Raoul : les deux Lp de Mike trouble

Il a été fait où et avec qui ?

AO : Toujours au studio Meancat à Nice avec Patros. Comme c’est notre studio de répète, on est parfaitement au point là-bas. 3 ans avec les mêmes réglages sans rien toucher (on a pris des photos des potards).

Il sort chez qui ?

AO : Toujours sur nos deux mêmes labels favoris ; Mone-Tone Records et Dangerhouse Skylab. Sans doute les deux meilleurs labels actuels en France, donc on est très content.

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C’est toujours Arsène qui écrit tout ?

AO : Oui je fais tout, c’est vraiment le concept de « backing band », en accord avec le groupe. J’ai le concept et la vision d’ensemble en tête. C’est très important de partir d’une idée imaginée, pour arriver à des morceaux dans le réel, et non de gratouiller au hasard en espérant qu’il se passe un truc (à mon avis, la meilleure façon de se planter). Quand j’étais gosse, j’avais lu que Danzig composait à la voix, c’est aussi mon cas dans 90% de mes morceaux. Ça me vient tout seul, dans la journée, voire la nuit en dormant. J’imagine qu’avec tout ce que j’écoute depuis tout ce temps, mon esprit « recrache » naturellement de la musique en proposant ses propres agencements qui colle à mon concept du moment. Exemple pour ce groupe : court, ramones, triste, charley 4 temps rapide, voix monotone, saints, basse à l’octave dans les refrains, riffs simples, son propre.

Raoul : Arsene c’est un fainéant doublé d’un négrier , il nous bat quand on marche pas comme il l’entend.

Peut-on espérer vous voir un jour chanter en français ?

AO : On l’a déjà trop fait, j’en suis épuisé ! Que ce soit dans VEINES, les ELECTRIC MORMONS, ou même Arsène Obscène, quand j’étais tout seul, entre 2009 et 2019, tout était en français, des centaines de morceaux. J’ai eu besoin de retourner à l’anglais, ça permet d’avoir un autre son pour la voix. Le français ne sonne pas du tout pareil, c’est plus militaire, moins poétique sur du son. Mais c’est mon impression.

Raoul : on reprend quand même parfois en live « partir à la guerre », ce morceau est une bombe !

Musicalement, j’ai l’impression que vous allez plus vers le Garage que vers le punk, vous êtes d’accord ?

AO : Non pas vraiment. Au contraire, l’idée de ce groupe, c’est se couper des plans rock’n’roll qu’on a épuisé pendant des années, et du son crado, qu’on a également épuisé. Le terme « garage » devient même compliqué. J’adore le garage 60’s, comme je pratiquais dans les B-Monsters fin 90’s, mais je ne suis plus trop fan du « garage punk » des années 80 et 90. Du KINKS avec un son pourri, ça ne me branche plus des masses.

Raoul : j’y comprends rien à ces appellations c’est un truc de spécialiste.

Sur scène, vous êtes impressionnants : c’est pour vous « l’exercice » obligé ?

AO : Disons qu’on manque surtout de possibilités pour jouer ! Sur scène on fait un truc hors sol, puisqu’on joue 22 morceaux en 35 minutes, et ce n’est pas du hardcore. On doit être les seuls à faire ça, donc je pense que c’est fun pour le public. Pour autant, ça m’intéresse plus d’écrire des morceaux et de les enregistrer que de jouer.

Raoul : sur scène Marco est impressionnant : c’est une machine de guerre et il me fait marrer !

De quoi parlent les textes : êtes-vous « engagés » ?

AO : C’est toujours un peu les mêmes sujets : du cul et du sociétal, les deux mamelles des textes rock’n’roll ! Je lis beaucoup, et je m’intéresse à ce qu’il se passe, surtout en ce moment. Je ne suis pas surpris par la situation actuelle de la société du Spectacle en roue libre avec cet accroissement du durcissement et de l’abêtissement généralisé. On a l’impression d’un grand monolithe de connerie, façon 2001 mais en connerie, qui vient se planter au milieu de l’humanité et on ne peut plus bouger une oreille. Je me sens embarqué dans une société de contrôle de plus en plus oppressante. Après, il serait difficile de placer une chanson qui s’appelle « Fascist Police » en track 1 du nouvel LP et de ne pas y voir de critique politique.

Raoul : Je fais les chœurs sur des morceaux dont je ne comprends absolument pas les paroles, comme quand j’étais minot et que je chantais en yaourt sur les groupes seventies de l’époque. (deep purple, woman from tokio…)

A quand une tournée française ?

AO : C’est vraiment impossible quand on a un job normal. C’est pour les étudiants ou les rentiers !

En concert
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Avec quel groupe voudriez-vous jouer ?

AO : M.O.T.O par exemple, ça va bien avec ce qu’on fait.

Raoul : J’aime pas les concerts mais avec les ddbs, les soucoupes violentes ça me plairait bien ;j’etais content aussi d’avoir joué avec Dino Farfiza parce que y’a des gens que j’aime bcp dans ce groupe et qu’ils jouent magnifiquement bien.

Faudra-t-il encore deux ans avant d’avoir de vos nouvelles ?

AO : Ah mais non, c’était 1 an notre premier LP ! Dans 1 an, on aura sûrement de quoi faire un troisième album, sauf si ça coûte 5 fois plus cher pour en faire 1 !

Quels sont vos projets ?

AO : Se concentrer sur la sortie de notre nouveau disque, faire quelques concerts pour que les gens entendent nos derniers morceaux, et poursuivre en cherchant toujours d’autres chansons en espérant faire mieux à chaque fois !

Raoul : faire du rôti de veau.

Le mot de la fin !

AO : émotion + intelligence = création.

Raoul : Gene Vincent × Gene Vincent = Gene Vincent² : truc super puissant à manœuvrer avec des pincettes.

https://arseneobscene.bandcamp.com/