Johanna Wedin et Jean Felzine : « Jo et Jean », un album plein de chansons d’aujourd’hui

jeudi 16 décembre 2021, par Franco Onweb

Après un premier album remarqué en 2017, le duo formé par Jo Wedin et Jean Felzine, sort un nouvel album « Jo et Jean ». Un disque superbe, extrêmement marqué par la musique des années 70’s et du début des années 80 et où les rapports dans le couple sont le thème central des chansons. Attention, on parle ici d’un vrai travail d’orfèvre musical, tant chaque morceau est extrêmement travaillé.

Jean Felzine, par ailleurs chanteur des superbes Mustang, et Johanna Wedin ont réussi dans ce disque à nous chanter le quotidien des couples, loin des clichés habituels, mais beaucoup plus proche des réalités. Il s’agit ici, peut être, du disque parfait pour cette période de fêtes !

Que s’est-il passé avec ce premier album ?

Jean Felzine : Pas mal de choses ! On a sorti un premier single début 2020 « Jamais envie de » qui était prêt depuis 2019. Il y a eu un changement de distribution chez notre label… puis le Covid et les confinements qui ont tout retardé...

Jo et Jean
Crédit : Marie Planelle

Vous avez composé cet album pendant le confinement où il y en avait qui étaient prêts avant ?

Johanna Wedin : Il y avait des morceaux qui étaient prêts avant. On en a composé à peu près la moitié pendant le confinement.

Quand on écoute le disque, on a l’impression d’un disque très féministe. C’était voulu ?

JW : Pour ma part oui, pour Jean un peu moins (rires). Ce n’est pas pour être dans « l’air du temps ». C’est quelque chose que je revendique depuis longtemps et pas du tout pour être dans « l’actualité ». Je suis suédoise et c’est quelque chose d’acquis depuis longtemps chez nous… En France, j’ai l’impression que c’est plus récent. Cela fait quelques années que l’on en parle entre nous, de ces questions-là et des chansons qu’on peut en tirer. « Jag vill inte höra (je ne veux plus entendre) » on l’a écrite il y a 5 ans.

JF : On le jouait déjà sur la tournée précédente. A la base nous voulions faire des chansons sur la guerre des sexes. Quand on a commencé à composer ensemble des perspectives qu’un duo mixte ouvrait, qu’on pouvait dialoguer en chansons. On se contredit souvent dans la vraie vie et c’était intéressant de mettre ça en scène dans nos titres.

Vos textes sont un peu comme des petites scénettes : ils racontent des histoires ?

JF : C’est bien comme terme scénettes ! Ce sont un peu des scènes de ménage, parfois très tristes et violentes mais aussi avec de l’humour.

J’ai l’impression que c’est un disque qui s’adresse aux femmes qui ont entre 35 et 50 ans ?

JF : On a passé la trentaine : on fait des chansons pour adultes.

JW : Je pense que c’est normal que les femmes se retrouvent dedans !

JF : Les problèmes de couples, de fric, de cul, c’est le quotidien des adultes… Ce serait ridicule pour nous de ne pas assumer notre âge et de faire semblant qu’on est des ados éternels. Il faut écrire sur ce qu’on connaît.

Vous pourriez écrire pour d’autres ?

JW : C’est arrivé, pour une chanteuse qui s’appelle Alma Forrer. On n’est pas assez sollicités, Jean un peu plus, mais pas le duo, or je pense qu’on fait mieux à quatre mains !

Le titre de l’album est assez simple : Jo et Jean

JF : On voulait changer le nom du groupe qui est un peu compliqué à retenir : on voulait s’appeler Jo et Jean, mais c’était compliqué administrativement parlant, alors on a décidé de nommer l’album comme ça ! Tout le monde autour de nous nous appelle « Jo & Jean »...

Il y a deux morceaux « Jamais envie » et « Quand le Mal vous quitte » qui m’ont fait penser à du Blondie à la fin des années 70 à New York, le Club 54, le disco…

JF : On avait beaucoup de références de musique des années 70 quand on a commencé ce disque. Cela allait du rock au disco, beaucoup de soul 70’s... C’est une décennie que nous avions en tête. Blondie, forcément j’ai un amour un peu spécial pour eux, puisqu’on a fait leurs premières partie avec Mustang.

Mais avec ces deux titres vous pouvez prétendre au « dancefloor » ?

JW : Je ne pense pas qu’ils soient dance floor !

JF : On ne les a pas fait pour ça en tout cas ! Par contre on s’est beaucoup intéressé à la manière de faire « groover » les morceaux avec les musiciens et particulièrement avec la rythmique.

Crédit : Marie Planelle

Sur le disque il y a du jazz, de la soul, du folk, de la pop… C’est une grande partie de la musique de la période fin 70, début 80. Vous venez de là musicalement ?

JW : Je pense que sur ce disque on a mis toutes nos influences, sauf l’influence rock de Jean. Moi j’aime beaucoup le jazz mais je ne pense qu’il y a de grosses influences jazz sur le disque. Il y a juste quelques harmonies jazz de temps en temps.

JF : On voulait vraiment des harmonies qui se rapprochent de la soul des années 70’s plutôt que 60’s, des choses plus sophistiquées. C’est peut-être là nos influences jazz, avec de belles suites d’accords et une ambition harmonique. On est peut-être dans une soul plus intimiste, avec un côté folk parfois avec de à la guitare acoustique. On est tous les deux très fan de Curtis Mayfield, de Bill Withers.

Il y a une reprise de Kraftwerk avec une guitare acoustique, ce qui est plutôt étonnant. Vous savez si ils l’ont entendu ?

JF : Je ne sais pas du tout. On avait fait une reprise en vidéo de ce morceau pour le site Facezine. Ca nous avait plu et on trouvait que le texte fonctionnait bien avec le reste du disque. En studio on s’est dit qu’il fallait faire un arrangement différent, non électronique. On a mis des guitares, du vibraphone…

C’est une idée originale ?

JW : En fait c’est une idée du réalisateur du disque.

JF : On a enregistré cet album très vite : on ne s’est pas posé de grandes questions. On voulait juste que ça fonctionne.

JW : On l’a fait en quatre jours !

Il a été fait où le disque et avec qui ?

JF : Les deux premiers titres ont été faits dans le studio de Louis Sommer, le bassiste qui nous accompagne parfois sur scène ? Les huit autres titres ont été faits à Montreuil au studio Melodium par Adrian Durand.

Vous avez qui comme musiciens avec vous ?

JF : Maxime Daoud à la basse qui a son propre projet : Ojard. et Louis Sommer sur deux titres, donc.

JW : Cyprien Jacquet à la batterie, Pedro Barrios aux percussions. Il y a aussi Nicolas Musset qui a fait aussi quelques batteries.

JF : Louis Sommer a fait aussi un peu de clarinette basse

Ça va se passer comment sur scène ?

JF : On est à quatre sur scène : Vincent Pedretti (ex Aline, ndlr) à la batterie et Louis Sommer à la basse.

Jean, tu n’as pas eu envie d’aller plus loin vers le rock ?

JF : J’ai Mustang pour ça. Avec Johanna, on ne fait pas du tout une musique qui repose sur l’énergie.

Vous définiriez comment ce disque : de la pop ? Chez les disquaires vous êtes en « variété française ».

JF : Dès qu’on chante en Français, on est classé en variété. C’est comme ça, ça ne sert à rien de lutter, ça ne me choque pas. Aux USA ils diraient pop, ici c’est variété.

JW : On fait de la pop indé je pense.

JF : Je m’en fous un peu en fait de savoir comment on nous classe !

Crédit : Marie Planelle

Mais avez- vous conscience que votre disque a un plus américain et plus international que ce qu’on entend ici en ce moment ?

JW : Mes influences ne sont pas françaises ! La seule chose française ce sont les textes. En Suède on est très influencé par la culture américaine et donc je baigne dedans depuis que je suis toute petite.

Vous avez joué ailleurs qu’en France ?

JW : En Suède

JF : En Angleterre aussi mais rien de vraiment significatif…

Vous avez beaucoup travaillé sur la pochette : les photos sont très belles. Quelle est l’importance de l’image pour vous ?

JW : C’est moi qui m’occupe du stylisme dans le groupe. Ce n’est pas important pour nous : c’est naturel !! Ma mère est couturière et moi j’ai toujours adoré ça. Je suis né dedans. Jean a été plus influencé par des images d’artistes, des coupes de cheveux… ce genre de choses…

JF : Pour expliquer simplement : on aime les vêtements un peu brillants… Dans la musique c’est pareil on aime tout ce qui est sur son 31, bien habillé.

Quels sont vos projets ?

JF : Des concerts ! Une tournée est en train de se monter. Il y aura une belle date le 1er juin au Café de la Danse. Et des dates en France au premier semestre. On a FIP qui nous passe et quelques autres radios, comme Neo et RFI

Vous avez un gros potentiel commercial : qu’est-ce qui vous manque pour toucher le grand public ?

JW : Un entourage, de l’argent, de la chance peut être… je ne sais pas trop en fait.

Mais vous appartenez à une scène en France ?

JF : On connait des gens, on travaille avec certains d’entre eux. Mais si on prend l’exemple de la scène Indie Pop Française, où on a quelques copains et bien il n’y a pas grand-chose qui marche : peu de tournées, peu de disques… et c’est dommage parce qu’il y a pleins de gens talentueux dedans.

JW : En France c’est compliqué de tourner : il faut « booker » trois à quatre mois avant, surtout maintenant à 4 sur scène. Aux USA, dans certains clubs il suffit d’appeler deux jours avant et c’est bon ! Ils passent un chapeau et voilà !

C’est quoi votre ambition avec ce disque ?

JF : Faire un bon disque, plus profond que le précédent

JW : Tourner, faire des concerts…

Le mot de la fin ?

JF : Achetez le disque !

JW : Achetez le disque, passez le à la radio si vous êtes programmateur, mettez-le dans vos playlists…

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