13th Hole ou la rencontre avec l’un des plus beaux secrets musical de Rennes !

vendredi 11 juin 2021, par Franco Onweb

Cela fait 30 ans que les Rennais de 13th Hole jouent ensemble ! Une histoire qui a démarré au collège et au lycée. En trente ans, le quintet rennais aura participé aux Transmusicales de Rennes, la même année que Sonic Youth ou Pavement, enregistré une Peel Session, fait plusieurs tournées aux USA, joué dans toute la France et sorti six albums…

Les années ont passé et 13th Hole est toujours là ! Il y a eu quelques changements de personnels, Isa au chant et Stéphan à la batterie, mais la formation est stable depuis 1999 ! Leur secret ? Une vraie amitié entre eux et un grand amour de la musique. Alors que sort « Mantra » leur septième album, j’ai discuté avec tous les membres d’un groupe que vous allez adorer 

Loïc : On est les 13th Hole, il y a Isa au chant, Pascal et Hervé à la guitare, Stephan à la batterie et moi Loïc à la basse. 

13th Hole
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D’où vient ce nom 

L : Ça vient d’un titre de « Chapeau melon et bottes de cuir », une série anglaise, « the Avenger » en anglais. A l’époque nous étions fans de cette série et 13th Hole est le titre d’un des épisodes : au niveau du 13éme trou, les gens disparaissaient. Il nous fallait un nom de groupe et on a flashé sur ce nom avec des chiffres et des lettres. On a trouvé que cela sonnait bien à l’oreille. Ce n’était pas évident à prononcer mais on aimait bien. 

Ça a commencé comment le groupe 

L : C’est une vieille histoire ! Ça fait plus de trente ans qu’on joue. Je connais Hervé depuis le lycée et Pascal depuis le collège. Ça s’est structuré au début des années 90 avec la rencontre de Alan Gac qui dirigeait le label Rosebud à Rennes. Il nous a proposé de faire un premier album et donc suite à ça il a fallu se structurer et se mettre à bosser les morceaux à fond. 

Vous allez faire beaucoup de choses dans les années 90 

L : Oui, à l’époque il y avait beaucoup de groupes rennais sur ce label : Lighthouse, Sloy, Married Monk, Katherine… On garde un super souvenir de cette période. Par exemple, il avait envoyé des disques à John Peel qui était le grand Dj de Radio One en Angleterre et comme ça nous avons pu faire une Peel Session en 1994 à Londres. C’était énorme. On a fait les Transmusicales de Rennes en 1992 : l’année des grandes guitares avec des groupes comme Sugar, Pavement ou Sonic Youth… C’était un très grand moment 

C’est quoi vos influences musicales à la base 

L : On écoutait pas mal de « Noise » comme My Bloody Valentine, Spacemen 3, Ride, House of Love… Pascal est un immense fan de Jesus and Mary Chain et donc on les a beaucoup écoutés aussi. 

Vous êtes les derniers à Rennes à faire cette musique 

Stéphan : Je ne pense pas que nous soyons un groupe de « Noise » maintenant. Notre avant dernier album avait un peu d’électro. Sur le nouveau on a des morceaux pop-psychés. On est pop, rock, électro… 

Vous avez fait des tournées aux USA 

L : On a eu la chance de faire trois tournées aux USA. C’est rare pour un groupe français mais ce n’est pas évident à monter. Pour la dernière, on a envoyé trois cent messages et on a reçu six ou sept réponses positives. On a tout filé à notre tourneur qui a organisé cette tournée. On l’a fait en 2008 et 2015 sur la côte ouest, notamment à Los Angeles et San Diego . On a même joué à Tijuana en 2015 , où l’ambiance était un peu … chaude 

Explique 

L : Il y a beaucoup de criminalité. Quand nous avons passé la frontière à San Diego, on a été accueillis par nos amis mexicains qui nous attendaient de l’autre côté de la frontière. On est monté dans leurs 4x4 et tout de suite ils nous ont dit « si tu vas aux toilettes, on t’accompagne, si tu veux boire un coup, on t’accompagne… » (rires). Le concert qu’on a fait là-bas était excellent 

S : C’était la fête d’Halloween et le club était blindé : des gens déguisés et des fans de rock ! On a été très bien reçus ! Il y a une vraie chaleur là-bas. 

13th Hole en concert à Phoenix en 2015
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La formation a évolué depuis vos débuts 

L : La formation a connu des changements. On a eu un premier batteur, Franck, et Stéphan est arrivé en 1994. 

S : Pour la Peel Session 

L : Pour la petite histoire, on répétait avec lui depuis trois semaines quand on lui a dit : « on part faire une Peel Session ! » 

S : C’était la panique totale (rires) ! Les morceaux qu’on avait joués rapidement en répétition, il fallait les faire à la BBC. C’est étonnant comme expérience (rires). Mais c’est un super souvenir. Isa est arrivée après en 1999 en remplacement d’Anne. On l’a rencontrée par petites annonces. 

L : On a passé une petite annonce dans un journal local et on a vu arriver Isa et c’était parfait. 

Tu es italienne Isa, je crois ? Tu faisais de la musique avant 

I : Je suis arrivé à Rennes par le boulot. Je faisais déjà de la musique en Italie, mon propre projet, et j’avais un groupe qui a duré le temps de quatre concerts, surtout des reprises. Comme je voulais continuer à faire de la musique, Rennes était parfait pour ça. Il y a beaucoup de groupes et de lieux pour ça. 

Est-ce que son arrivée à modifier votre son 

S : Pour les roulages de R, déjà (rires). Elle a emmené des plans de guitare à elle et sa voix a un peu changé les choses…

Vous avez beaucoup évolué depuis vos débuts : il y a un peu d’électro, vous êtes plus pop. Comment ça s’est passé 

S : On va pas mal dans les festivals et les concerts. On est assez friand de tous les styles et on a évolué depuis nos débuts. On écoute beaucoup plus de choses, ce qui est normal !

Vous avez sorti plusieurs albums chez Limbo Records, un label rennais 

L : Au début, on était chez Rosebud/Barclay. On venait de sortir de Barclay parce que nous n’avions pas assez vendu. On répète à BalloonFarm et Guillaume, qui est le frère de Vincent, le propriétaire, avait ce label et nous a proposé de continuer avec lui. On a fait 4 albums avec Limbo. 

Vous avez joué où à l’époque 

L : On a surtout joué dans la région Bretagne. On a un format précis : on sort un album, on trouve des dates dans le coin et ensuite on essaye d’aller un peu plus loin. Là, avec notre album, l’idée c’est de le présenter aux Rennais et puis ensuite d’aller un peu plus loin. 

Vous avez joué où à Paris 

L : Au Rex Club, au Glaz’Art, au New Morning et à la Flèche d’Or. 

Qu’est-ce qui vous fait tenir ensemble depuis aussi longtemps 

L : C’est une histoire d’amitié ! C’est rare un groupe ensemble pendant aussi longtemps. Ma théorie c’est que si ça dure, c’est parce qu’il n’y a pas de leader. Quand on crée les morceaux, chacun amène sa partie. Dans certains groupes, c’est le leader qui amène tout et c’est parfois pour ça que cela ne dure pas. On est pote, on se retrouve tous les mercredis à Balloon Farm pour répéter, on boit de la bière et on fait de la musique 

13th Hole en concert
Crédit : Renphotographie

C’est votre petite récréation de la semaine 

L : Oh oui ! On a tous des boulots à côté et pour moi la répétition du mercredi c’est mon Efferalgan (rires général). 

Hervé : Les concerts sont un plus ! si on peut avoir des concerts dans des endroits qui nous plaisent et qu’on rencontre des gens sympathiques, c’est vraiment le bonheur. Maintenant, ce sont les gens qui viennent nous chercher 

Qui écrit et compose 

Pascal : Tout le groupe 

Isa : On est très basique : les guitaristes écrivent les guitares, le batteur la batterie et le bassiste, la basse et la chanteuse elle écrit (rires). 

L : Chacun amène sa partie, on joue et ça prend 

Les textes d’Isa ne sont pas très… joyeux 

L : C’est « dark ».

I : (rires), je pense qu’on écrit plus quand ça va pas forcément bien plutôt que quand tout va bien. Ou aussi quand on n’est pas contents. Ça peut être des petites histoires aussi, ce que je vois autour de moi.

On parle de Balloon Farm 

P : On a été les premiers clients de Vincent et c’est devenu un ami. Il a enregistré la plupart de nos albums, notamment le dernier. Pendant les enregistrements, il est capable de nous emmener assez loin. On discute beaucoup avec lui. 

On parle de « Mantra » votre dernier album ? Pourquoi ce titre ?

P : Ça vient d’un morceau assez long, qui est sur l’album, avec une répétition. Ça nous faisait penser à un mantra et ça collait bien avec le visuel de l’album, une femme loup, une chamane, de la photographe Flore-Aël Surun. Cette image a inspiré le titre de l’album. 

I : D’autres morceaux aussi, Loop et Kill time, sont dans la répétition, comme certaines mélodies du clavier, qui est une nouveauté sur cet album. Je dirais que ce côté répétitif est aussi une influence de la musique qu’on écoute, entre autres l’électro.

Neuf titres avec beaucoup plus de claviers qui donnent un côté plus pop et électro. Il y aussi un peu de rock, de psyché et de noise et on a l’album : vous êtes d’accord 

P : C’est un peu le résumé de tous nos albums. Depuis le début, on a un peu tout ça. C’est plus condensé et avec une maturité différente bien sûr. 

Le son de vos guitares est anglais 

P : On est issu des années 80 et de la compilation « C86 », de la noise et de l’indie anglaise. Mes influences sont plus américaines mais cette scène copiait déjà les américains. Ils sont très forts les anglais pour travestir leur musique 

Vous avez aussi cette évolution sur le clavier. 

P : On va essayer de pousser un peu plus les claviers à l’avenir, du moins on va essayer, on verra ce que cela donnera. 

Avec ce son j’ai pensé que vous pourriez remixer vos titres 

P : Pourquoi pas ? On n’y a pas pensé. Gilles Morillon, qui a fait le mixage de l’album, nous avait remixé plusieurs morceaux il y a quelques années et on pourrait faire pareil avec une rythmique à fond. 

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Ça se passe comment sur scène ? Il y a des moments d’improvisations 

P : Sur certains morceaux, au niveau de la longueur, cela dépend aussi de comment on est, comment ça se passe, comment est le public et ça dépend aussi du batteur sur certains morceaux : s’ il veut continuer : on continue. 

Mais sur un morceau comme Mantra vous pouvez improviser 

P : Je pensais précisément à celui-là et il y en a d’autres sur les albums précédents. Des morceaux qui n’ont pas une fin très précise et s’il y a un répondant du public, on sait que Stéphan le batteur va remettre la sauce, et donc on va continuer le morceau. 

Vous m’avez fait penser au Brian Jonestown Massacre sur certains morceaux. 

P : C’est une bonne référence même s’ils ont une discographie disparate et importante comme The Fall, c’est un groupe que j’apprécie. 

Vous vous sentez comment sur la scène rennaise : vous êtes loin de la musique de Marquis de Sade, Frakture ou des Nus 

P : On est arrivé après tous ces groupes et on se sent loin d’eux. On est arrivé au creux de la vague, du rock et de cette scène en particulier. Aujourd’hui il y a un renouveau de cette scène mais qui est très jeune et on est assez détaché de ça. 

Il sort chez qui disque 

L : On vient de signer avec West Music Industry. C’est un label qui est issu de l’usine de pressage M Com. On connaissait le boss et on a signé. A la base c’est un label de réédition avec des groupes comme les Gunners ou les Garçons Bouchers. On est dans une structure qui nous a permis de sortir en numérique il y a un mois. Les Cds arrivent et les vinyles vont être pressés. On va avoir une distribution avec Baco qui va mettre des disques partout en France. 

Comment sont les premiers retours en radio 

P : Ils sont plutôt bons. On a pu faire un partenariat Férarock, l’album a été largement diffusé depuis avril et cela continue. On attend les disques physiques pour la suite de nos envois mais les gens qui ont chroniqué le disque sur Bandcamp sont plutôt très positifs. 

Vous en pensez quoi de la situation actuelle où la culture a été mise à l’arrêt 

P : Ça a été compliqué pour nous mais ça a été dur pour les jeunes groupes et les structures émergentes qui ont explosé en vol. 

L : C’est la galère totale : on a commencé à démarcher des clubs pour jouer et là on ne sait rien. A l’heure actuelle on a aucun concert ! Les clubs attendent les nouvelles mesures gouvernementales. On espère juste faire la release de l’album en septembre à la Mie Mobile à Rennes. C’est un bar qui a un jardin et tous les ans ils montent un chapiteau. On espère pouvoir faire notre soirée 

Quel disque donneriez- vous un enfant pour l’amener vers la musique 

L : Ty Segal, « Manipulator » 

P : Un bon vieux Rolling Stone ou un bon vieux Beatles… 

H : Une compilation de la Tamla Motown, c’est facile et ça ouvre des horizons. 

S : Sergent Peppers des Beatles 

I : Moi, aussi les Beatles 

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Le mot de la fin 

S : Je cherche à acheter une voiture pas trop cher, dans les 3000 euros à Rennes 

H : Merci pour l’interview et on espère jouer bientôt 

I : Merci François ! Et à toi lecteur qui a tenu jusqu’à la fin.

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