Oslo Tropique : rencontre avec un groupe de son époque

vendredi 21 mai 2021, par Franco Onweb

Venu de Toulouse, le groupe Oslo Tropique, sous haute influence Rock, vient de sortir un premier EP remarquable. Voici un groupe qui est totalement dans son époque, à la fois dans sa musique mais aussi dans les textes qui abordent les grands problèmes actuels. Cet EP déborde d’une énergie communicative et le groupe sera probablement une des grandes découvertes de l’année.

Bref, il n’en fallait pas plus pour que je pose quelques questions au groupe pour en savoir plus !

Qui êtes-vous ? Présentez-vous musicien par musicien.

Nous sommes le groupe Oslo Tropique de Toulouse. Megane à la Basse, Metty à la batterie, Fred à la guitare et Christophe au chant et à la guitare.

Oslo Tropique
Crédit : Emmanuel Delpix

Pourquoi ce nom Oslo Tropique ?

Nos textes traitent de thématiques sociales, de surconsommation et d’écologie. Le défi numéro un de notre époque est sans aucun doute le réchauffement climatique et l’environnement de manière générale. Le nom « Oslo Tropique » peut évoquer le jour où les palmiers pousseront à Oslo ; ce que personne ne souhaite vu les bouleversements que ça engendrerait. Oslo Tropique est un oxymore climatique et notre projet en quelque sorte est que ça le reste. ;)

Quel a été votre parcours en musique pour les uns et les autres ?

Nous avons tous eu de multiples formations et expériences musicales auparavant. Et à vrai dire, essentiellement autour du rock et de la chanson. Metty a certainement le parcours le plus original d’entre nous puisqu’il fait parti de la compagnie d’arts de la rue Les Commandos Percus qui associe percussions et feux d’artifice.

Quand le groupe a-t-il commencé et à quelle occasion ?

A l’origine, nous étions trois (Megane, Fred et Christophe) à avoir écrit un répertoire entre pop et rock et Metty nous a rejoints à la batterie en 2018. Il a une frappe très puissante. On a du coup quasiment réécrit tout le répertoire dans un axe beaucoup plus rock qui nous correspondait bien. C’est là qu’est né le groupe sous sa forme actuelle.

Quelles étaient vos influences à la base du groupe ?

Comme pour beaucoup de groupes, nos influences sont diverses mais en ce qui concerne Oslo Tropique, on a réuni ce qui nous rapprochait le plus. Un rock puissant et abrasif tel Royal Blood, Qotsa ou encore Blood Red Shoes avec quelques détours par Deus.

Quelles ont été les dates de concerts importantes ?

Le projet a émergé en pleine crise sanitaire. De ce fait, pour ce qui est des concerts, les expériences sont encore assez limitées ! Ceci dit nous avons eu l’occasion de jouer devant un public masqué et assis au Rio Grande à Montauban, c’est assez étrange comme expérience car notre musique ne s’y prête pas trop . Nous avons aussi joué au Mediator en Streaming Live à Perpignan, il n’y avait pas de public mais une vingtaine de techniciens et membre de l’organisation debout et à fond. C’était très cool !

Êtes-vous intégrés à la scène Toulousaine, qui est très active ?

Oui et non, nous connaissons bien la scène musicale de Toulouse puisque nous la fréquentons depuis longtemps, soit en tant que public, technicien ou encore musicien. Toutefois, la scène toulousaine est assez vaste comme vous le notifiez. Il y a nombre de musiciens et de nouveaux groupes que nous ne connaissons pas et que nous découvrons peu à peu.

Vous sortez un premier EP : il a été fait où, avec qui et quand ?

Nous avons enregistré avec Serge Faubert du studio l’Imprimerie à Toulouse. Il avait déjà travaillé sur des titres que nous avions fait à trois (Megane, Fred et Christophe) mais que nous n’avons finalement pas exploités avec l’arrivée de Metty. C’est un petit studio mais on peut faire de bonnes prises acoustiques. Il dispose également d’un parc d’amplis vintage très intéressant. Et surtout, on est en confiance là-bas. Il a enregistré les deux albums d’I Me Mine qui est sur le même label que nous : Les Jeudis Du Rock. C’est la famille en somme ! Pour le mixage, on a choisi de travailler avec Lionnel Buzac, qu’on a connu par le biais d’I Me Mine aussi. C’est un mixeur-producteur qui monte ! Il commence d’ailleurs à avoir une belle carte de visite : Benabar, Charlie Winston, Noah, Vanessa Paradis… Quand on l’a choisi, il n’était pas aussi en vue qu’aujourd’hui mais on savait qu’il venait du rock et du rock puissant de surcroit. Il a fait un essai sur un titre et ça tout de suite fonctionné. Il est super efficace.

Pourriez-vous décrire le disque ?

C’est un disque brut, direct. 4 titres piochés dans notre répertoire qui résument assez bien nos axes musicaux. Notre musique est avant tout un défouloir. Il faut que ça sente la sueur et la bière. Par la suite, viennent la poésie des textes et les réflexions sur l’époque si cruciale que nous vivons. Les arrangements et la production ont été pensés pour retrouver sur scène ce que vous entendez sur disque, avec volontairement peu d’artifice. Il y a comme un retour aux sources du rock ou du moins à son esprit abrasif et révolté.

Crédit : Emmanuel Delpix

Qui a composé et qui écrit les morceaux ?

Les morceaux sont composés à quatre mains. Quand le groupe a été au complet, on est quasiment reparti d’une feuille blanche. Afin de potentialiser l’énergie et de tirer un maximum de chaque titre, on souhaitait que chacun d’entre nous s’y retrouve. Pour l’écriture des textes, c’est la partie de Christophe, comme la batterie est la partie de Metty. Il y a un accord sur les thématiques mais techniquement c’est lui (Christophe) qui a l’expérience. Surtout que faire sonner du français sur du rock ça n’a rien d’évident.

Les textes : d’où vient l’inspiration ?

Les textes portent principalement sur le consumérisme et l’écologie. Mais ils parlent aussi du désarroi d’un monde qui sait qu’il n’a d’autres choix que de changer ses habitudes, son fonctionnement, mais ne sait comment faire ou s’en sent incapable. Ce n’est pas pour rien qu’il n’y a encore aucun pays occidental qui a élu un vrai gouvernement écologiste. Et pourtant ça fait déjà trente ans que l’urgence climatique est médiatiquement là.

Il suffit de voir le décalage entre les déclarations d’intentions et les actes. Des gouvernements bien sûr mais aussi de chacun d’entre nous. Changer ses repères, abandonner ce qui nous a construit pour des incertitudes, c’est un défi.

Vous avez intégré le label « les Jeudis du rock » pouvez-vous en parler ?

Les jeudis du rock est un petit Label toulousain à l’esthétique rock voir pop rock. Pas mal d’artistes de la région y sont signés tels I Me Mine, Fabulous Sheep, Fanel ou encore Guilhem Desq. C’est une structure qui accompagne les artistes de A à Z (management, booking et production).

Comment se procurer le disque ?

L’EP sort en digital, sur toutes les plateformes de streaming sauf Amazon. donc il n y’a pas de disque physique pour le moment. Mais dès que les concerts reprendront, on proposera certainement CD et Vinyle.

Quels sont vos projets ?

Dans un premier temps, faire des concerts, partager avec le public, ça nous manque ! Et un maximum avant mai 2022, histoire de distiller la bonne parole ;). Nous avons également le projet de sortir un album par la suite.

Y a-t-il des concerts prévus ?

Avec les reports, on a une quinzaine de concerts en prévision. On sait qu’on a eu aussi suscité l’intérêt d’un certain nombre de programmateurs donc on espère que tout ça pourra se décanter et nous offrir un maximum de scènes. C’est tout de même la finalité de ce projet.

Quel est votre avis sur la situation actuelle : concerts compliqués, peu de salles ouvertes …

Peu de salles ouvertes voire pas du tout ! Il nous semble que tout cela risque d’être compliqué encore un long moment. Beaucoup de lieux ont des agendas remplis de concerts reportés ne laissant pas la place aux nouveaux projets. Heureusement, ce n’est pas le cas partout. Ça donne l’impression que chacun fait comme il peut pour tirer son épingle du jeu. Le plus fatiguant dans tout ça, ce sont les incessants faux départs qui vous empêche de vous projeter. Aujourd’hui encore, on parle de réouvertures de salles mais on omet de dire que les concerts debout, c’est pas encore pour tout de suite. Le retour à la normale n’est pas prévu avant octobre.

Le mot de la fin : vous pouvez dire ce que vous voulez ?

Comme la plupart des gens du spectacle vivant, nous avons été particulièrement blessés d’avoir été catégorisé comme Non Essentiels. Ça n’a pas d’ailleurs pas concerné uniquement le domaine du spectacle vivant. On ne trouve de sens dans l’existence que dans l’utilité que l’on apporte aux autres. Dire à une partie de la population vous êtes non-essentiels, c’est lui dire qu’elle est inutile, que son existence ne sert à rien. Il faut avoir une vision de la société bien déformée et très parcellaire pour avoir choisi de tels qualificatifs. Le président n’en est pas à son coup d’essai en la matière, entre les « premiers de cordée » et « ceux qui ne sont rien ». Mais on dirait qu’il n’apprend rien même d’une telle crise. Ceux qu’il a désigné comme n’étant rien (Les infirmières, les caissières, les éboueurs) ce sont eux qui ont fait tourner la boutique au plus fort de la crise. Il pourrait bien apprendre à ses dépens qu’il y a de l’essentiel chez les Non Essentiels.

 
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