Frandol : un amoureux de la musique se raconte !

jeudi 3 décembre 2020, par Franco Onweb

C’était au début des années 90, ou peut-être à la fin des années 80 je ne sais plus trop mais ça n’a pas une très grande importance, que j’ai vu mon premier concert des Roadrunners  ! Un moment magique, incroyable, un pur moment de plaisir tant le groupe avait tout  : des vraies chansons, des mélodies impeccables mais surtout sur scène ils avaient une fougue et une maîtrise absolument unique à ce moment-là par chez nous.
J’ai revu le groupe plusieurs fois et à chaque fois avec le même plaisir. Frandol, François Pandolfi de son vrai nom était le chanteur et le chef d’orchestre de ce groupe exceptionnel  !

Six albums plus tard et plus de 1000 concerts dans toute la France, l’Europe et les USA, les Havrais se séparaient, laissant derrière eux beaucoup mais alors beaucoup de regrets… Frandol se lança dans une carrière solo avant de remonter un premier groupe, les Kitchenmen. Aujourd’hui il vit toujours au Havre et chante dans les François Premiers.

Alors que j’étais en contact avec le groupe, j’ai demandéà Cyril Doche (qui en plus de jouer avec les François Premiers s’essaye au poste d’attaché-presse) s’il était possible d’interviewer Frandol. Je savais d’avance que c’était compliqué  : le bonhomme n’aime pas mais pas du tout les interviews et je ne crois pas qu’il en ait beaucoup donné (même que j’en suis sûr)…
Quelques jours plus tard, Cyril me fit savoir que Frandol pouvait accepter de répondre à quelques questions par écrit. Je me suis empressé de lui en envoyer et quelques jours plus tard j’ai reçu les réponses. L’homme se fait tellement rare que ce que vous allez lire est précieux  !

Un très grand merci à Cyril pour son implication et à Frandol pour avoir pris le temps de me répondre. Au moment où le superbe label « KizzaMe » va rééditer (entre autres) les Roadrunners, cet entretien est plus que d’actualité pour saluer le talent d’un musicien qui a marqué, et qui continue de marquer, tous ceux qui ont eu le bonheur de le voir sur scène.

 

C ’é tait au d é but des ann é es 90, ou peut- ê tre à la fin des ann é es 80 je ne sais plus trop mais ç a n a pas une tr è s grande importance, que j ai vu mon premier concert des   Roadrunners   ! Un moment magique, incroyable, un pur moment de plaisir tant le groupe avait tout   : des vraies chansons, des m é lodies impeccables mais surtout sur sc è ne ils avaient une fougue et une ma î trise absolument unique à ce moment-l à par chez nous.
J
ai revu le groupe plusieurs fois et à chaque fois avec le m ê me plaisir. Frandol, Fran ç ois Pandolfi de son vrai nom é tait le chanteur et le chef d orchestre de ce groupe exceptionnel   !

Six albums plus tard et plus de 1000 concerts dans toute la France, l Europe et les USA, les Havrais se s é paraient, laissant derri è re eux beaucoup mais alors beaucoup de regrets Frandol se lan ç a dans une carri è re solo avant de remonter un premier groupe, les   Kitchenmen. Aujourd hui il vit toujours au Havre et chante dans les   Fran ç ois Premiers.

Alors que j ’é tais en contact avec le groupe, j ai demand é à Cyril Doche (qui en plus de jouer avec les   Fran ç ois Premiers   s’essaye au poste d’attach é -presse) s il é tait possible d interviewer Frandol. Je savais d avance que c ’é tait compliqu é  : le bonhomme n aime pas mais pas du tout les interviews et je ne crois pas qu il en ait beaucoup donn é (m ê me que j en suis s û r)
Quelques jours plus tard, Cyril me fit savoir que Frandol pouvait accepter de r
é pondre à quelques questions par é crit. Je me suis empress é de lui en envoyer et quelques jours plus tard j ai re ç u les r é ponses. L homme se fait tellement rare que ce que vous allez lire est pr é cieux   !

Un tr è s grand merci à Cyril pour son implication et à Frandol pour avoir pris le temps de me r é pondre. Au moment o ù le superbe label «  KizzaMe   » va r éé diter (entre autres) les   Roadrunners, cet entretien est plus que d actualit é pour saluer le talent d un musicien qui a marqu é , et qui continue de marquer, tous ceux qui ont eu le bonheur de le voir sur sc è ne.

 
D O Ù VENAIS TU G É OGRAPHIQUEMENT, TA FAMILLE É TAIT M É LOMANE   ?

Corse et normand par mon père, auvergnat et nordiste par ma mère, je suis né à Granville dans la Manche, j’ai vécu à Évreux où avec Gene Clarksville nous avons fondé les Roadrunners.
Mon père aimait Brahms, Satie (qui, enfant, me collait un bourdon insupportable). Et le jazz, Fats Waller, Louis Armstrong. Il est d’ailleurs allé le voir en concert, j’ai la chance d’avoir un bouquin de Hugues Panassi é dédicacé par Satchmo himself  !

Anecdote assez marrante, quand il était petit mon père était pote avec Gainsbourg, camarade de collège, qui venait jouer du piano chez ma grand-mère.

 

Droits réservés

(Photo Maho) 

COMMENT LA MUSIQUE EST RENTRÉE DANS TA VIE  ?

QUELS SONT LES ARTISTES ET LES GROUPES QUI T’ONT MARQUÉ ET QUI RESTENT TES INFLUENCES  ?

Mon père que je vénérais est mort jeune, à 43 ans. En 1974 j’en avais 9 et le monde s’est écroulé.
Un jour, peu de temps après, dans la cuisine « Yellow Submarine  » passait à la radio, j’ai trouvé ça super.La mélodie, les bruitages… je voulais être « marin  » quand j’étais gosse ! … Ma mère m’a parlé des Beatles et semaine suivante elle m’offrait mon 1er LP, une compil : « Oldies But Goldies  ».
Je suis devenu absolument fanatique des Fab Four. Je me suis enfoui dans les Beatles . J’écoutais ce disque en boucle, puis les autres. Je pense que ça a été le remède à la douleur que je vivais à ce moment-là. Comme un père de remplacement. C’était harmonieux et joyeux et beau.
La musique a pour moi des vertus curatives. Angoissé de nature ça m’évite de barjoter. J’ai toujours un air ou un rythme dans la tête. Quand je compose un morceau, le 1er auditeur à qui j’ai envie de faire plaisir, c’est moi. Bien sûr je suis soucieux des retours, et si ça peut apporter du plaisir aux autres c’est formidable mais par exemple je me suis toujours dit « putain, on s’éclate et en plus on est payés pour faire ça ?!?  »
Bref. Du coup, par la suite je me suis passionné pour les groupes des 60’s, les Stones qui m’ont amené au blues, les Who que j’ai eu la chance de voir en 79, quelle claque ! et les Kinks, Troggs, Small Faces , les groupes garage américains etc…

Dès que j’avais un peu d’argent de poche je le dilapidais en disques. J’étais obsédé, possédé. Et puis début des années 80 je me suis mis à écouter de la Soul, du vieux Rock’n’Roll et des trucs plus récents, du pub rock, du punk rock, les Jam, les Saints, les Soft Boys. Les Dogs , les grands frères rouennais, évidemment. Et puis plus tard Robyn Hitchcock aussi.

 

 https://www.youtube.com/watch?v=-rheXN-8o7c

A QUEL ÂGE AS-TU FONDÉ TON PREMIER GROUPE  ?

Le tout premier groupe dans lequel j’ai joué devait s’appeler « Black Machine  » c’était déjà avec Gene Clarksville avec qui on s’était rencontrés en 6e au collège. On devait avoir 11, 12 ans. Lui était déjà un petit prodige du piano. Moi, je tapais sur une fausse batterie avec des barils de lessive et des boites à gâteaux en ferraille. C’était moins prodigieux. Et puis je suis passé à la guitare.
J’ai pris des cours avec un prof très baba cool, spécialiste de folk, blue grass. Ce n’était pas exactement ce que je voulais faire. Mais sous son côté hippie, il était très rigoureux et ça m’a apporté les bases, plus des techniques de finger picking que j’utilise encore ! (je donne moi-même des cours de guitare maintenant au CEM, une fameuse école de musique havraise !)
Ma mère, qui m’a toujours soutenu, m’a acheté ma 1re guitare électrique, une Morris imitation Les Paul Gibson qui pesait 3 tonnes.

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(Roadrunners, Frandol au premier plan - Photo Roger Legrand) 

QUAND ET COMMENT ONT COMMENCÉ LES ROADRUNNERS  ?

Les Roadrunners ont dû être créés en 81 ou 82. C’est à ce moment que je me suis dit que je ne voulais pas faire autre chose. On a commencé par tourner dans le coin en Normandie et puis Paris, le « Rose Bonbon  », « le Gibus  » etc… Et puis plus loin. En 86 on a enregistré notre 1er disque, un 6 titres produit par Little Bob .

Le line up avait changé, Gene Clarksville avait intégré les Dogs et, tournant avec la même agence que Little Bob , on s’est rapprochés du Havre. La ville de Bob, Fixed Up, City Kids, Minelli . Bien plus excitante qu’Évreux. Je suis tombé amoureux de cette ville. Nito , ex-Bad Brains nous a rejoints et on a pendant 7 ans sillonné les routes de France, on a joué pas mal à l’étranger aussi et enregistré quelques albums chez Boucherie Prod. Bruce Springsteen avait commandé tous les disques  !
D’ailleurs l’excellent nouveau label « KizzaMe  » va les rééditer très très bientôt en vinyles. J’ai écouté les masterings (avec un très fameux ingénieur du son aux manettes !) et ça dépote.

 https://www.youtube.com/watch?v=0XXKOXI5LLQ

AS-TU CONSCIENCE DE L’INFLUENCE QUE LE GROUPE A EU SUR DE NOMBREUX MUSICIENS EN FRANCE  ?

On n’était quand même pas super connus, même si on a fait quelques télés et joué énormément partout ! Ceci dit, ça arrive de voir passer sur Facebook ou autre un groupe qui reprend un vieux morceau des Roadrunners, ça fait plaisir bien sûr !
Il y a peu de temps, j’ai eu le bonheur d’être invité sur scène par les Grys- Grys, que j’adore, pour jouer « Roadrunner  » !

 

 

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(Les Roadrunners à New York en 1989 - Droits réservés) 

POURQUOI LE GROUPE S’EST ARRÊTÉ  ?

En 96, après quasiment 15 ans à tourbillonner avec les RR, j’ai décidé de passer à autre chose. Fou des mots , je voulais écrire en français et tenter des nouveaux trucs. C’est allé de pair (de père !) avec la naissance de Jules mon premier fils et mon départ pour Paris.
Après avoir enregistré à Brest un 5 titres « Démodémo  » avec quatuor à cordes, boucles électro, expérimentations diverses et textes à doubles sens en français, une grosse boite s’intéresse à mon travail et je signe chez eux. Champagne.

Le problème c’est qu’on est le 11 septembre 2001. 2 heures après les attentats de New York. Hahaha… Un signe… Je n’ai jamais été très « commerçant  » doux euphémisme, j’ai toujours détesté les « plans de carrière  » toutes ces dégueulasseries, mais en plus là j’étais un produit. Avec des chefs de produits. Et zéro poil d’humour.

Je m’attendais à ce qu’on parle des textes, de la musique, d’ Esthétique. « L’État poétique, le sel de la vie  » comme dit Edgar Morin. Hahaha…. Ben non. Bien fait pour ma gueule, j’aurais dû m’en douter. Au moins chez Boucherie Prod, même si je n’étais pas trop fan de l’imagerie « alternative  » bidocharde que le label véhiculait, on avait affaire à des vrais êtres humains, souvent musiciens eux-mêmes.

Là c’était kafkaïen. Lors du mixage d’« Oulipop  », le directeur artistique s’est pointé (5 mn en coup de vent) et a eu cette phrase magnifique : « mélangez bien les sons pour que ça sonne bien  » Pointu le mec. Directeur artistique.

 https://www.youtube.com/watch?v=BNdxHUv3vmc

POURQUOI AVOIR COMMENCÉ UNE CARRIÈRE SOLO ET PUIS REVENIR À UN GROUPE  ?

À Paris un pote fan des RRs m’a présenté des musiciens et on a monté les Kitchenmen . Le problème c’est que le clavier Fredovitch jouant aussi avec King Khan and the Shrines habitait à Berlin, et le batteur à Caen, donc pas très pratique pour répéter, pour avancer…

On a quand même sorti un album « What’s Cookin’  ». Et puis j’ai regagné le Havre et les Fran ç ois Premiers

 https://www.youtube.com/watch?v=y-a9sBsUHXs

AVEC LE TEMPS TES INFLUENCES ONT-ELLES ÉVOLUÉ  ?

Honnêtement non. Mais j’aime énormément de trucs. Il faut simplement que la mélodie, la suite d’accords, l’émotion dégagée soient en harmonie avec ce que ma chimie interne réclame. En toute subjectivité.

« Parler de musique c’est comme danser de l’architecture  »

Je ne sais plus qui a dit ça… Petite recherche google…

- cela ne t aura pas é chapp é , ami lecteur que toute cette interview est faite à distance,

par é crit wink wink - en fait je hais v é ritablement les interviews, (parler de musique c est comme danser de l architecture) l à je me suis pr ê t é au jeu parce que c est toi ;-)

 

… Steve Martin me dit-on ? Naaan, tant pis la flemme de chercher…

En tout cas j’écoute plus de trucs anglais qu’américains et plus de trucs américains que français. Et en parlant d’anglais je vous invite à poser une oreille sur les formidables Galileo 7 avec qui nous avons tourné (tourner avec Galilée, quoi de plus normal) et qui aussi bien sur disque que sur scène arrachent tout ! Alan, le chanteur guitariste jouait avec the Prisoners pour qui nous avions ouvert avec les Roadrunners en 1984 !
Ça me fait penser que l’année dernière j’ai produit un groupe espagnol « 091   » découverts également en 84 ! Les mecs sont toujours là, avec la même gniaque !

Droits réservés

(Les François Premiers - Photo Wilfried Lamotte) 

TU JOUES MAINTENANT DANS LES FRANÇOIS PREMIERS   : POURQUOI CE GROUPE  ?

Just for fun ! Par gourmandise ! Avant j’étais dans l’ « Absolu  », dans l’Absolurde… Tout était importantissime, vital. Je me mettais une pression incroyable. Monter sur scène était à chaque fois torture et jouissance. Je picolais avant le concert pour évacuer le trac, et après le concert aussi, comme un trou.
Maintenant, avec le grand âge et 3 mômes… normal, je relativise. L’idée c’est juste de prendre du plaisir (et d’en donner, j’espère) en jouant avec des potes co-régents, en revisitant cet esprit rock’n’roll havrais qui nous habitait Cesco et moi dans les 80’s, tout en évitant de donner dans le nostalgique dégoulinant de vieux croulants.
Et somme toute d’essayer de produire encore des choses intéressantes. Et puis, finalement, il n’y a plus trop de groupes de R’n’R en France aujourd’hui...

 https://www.youtube.com/watch?v=uNb-cyBBf18

TES PROJETS  ?

Pour l’instant, sortir du Pot au noir comme tout le monde ! Les concerts nous manquent ! Et puis sortir avec les Fran ç ois Premiers quatre 45t (déjà 2 de réalisés, « Franciscopolis  » et « Renaissance Man  » (trouvables sur Bandcamp) et un album l’année prochaine.
D’autre part il m’arrive encore dans mon petit home studio de fabriquer, en humble artisan besogneux, des petits morceaux en français. Quand j’aurai le temps et l’envie, je les sortirai peut être !

Apr è s avoir synchronis é nos montres, les Fran ç ois Premiers ont choisi de d é voiler le teaser de leur prochain single «  Renaissance Man   » en m ê me temps que la publication de cette interview. On peut y entendre quelques notes retenues et entrevoir une partie du visuel r é alis é par le collagiste Ren é Apallec   !