Rencontre avec Hélène Robert écrivain biographe

mercredi 2 septembre 2020, par Franco Onweb

Raconter, se raconter ou vouloir être raconté, voilà le travail de Hélène Robert. Cette passionné de littérature a fait de l’écriture son métier et met son talent au service des autres. Cette personnalité et cette activité atypique méritaient quelques explications : les voilà !

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Hélène Robert, j’ai 29 ans et je vis à Paris. Je suis critique de cinéma et écrivain public, spécialisée dans l’écriture de biographie.

Quelle est votre activité ?

En tant qu’écrivain public, je délivre des prestations à caractère social (rédactrice de courriers personnels ou administratifs) et je propose des services d’écriture créative (biographe, coach littéraire / accompagnatrice en écriture de romans / scénarii, ou simple correctrice). La communication écrite étant un outil essentiel dans la stratégie des entreprises, je réponds également aux besoins des sociétés en rédigeant leurs livres blancs, communiqués de presse, sites internet, etc.

Mais je suis surtout spécialisée dans l’écriture biographique.

Quel est votre parcours ?

Je possède une licence en cinéma-audiovisuel / lettres modernes ainsi que deux masters. Mon premier master est spécifiquement orienté vers le cinéma, tandis que le second, obtenu à la Sorbonne, s’intitule « Métiers de l’audiovisuel et de l’édition ». Ces diplômes m’ont permis de travailler dans le développement, la production et la distribution de films (recherche d’adaptations littéraires, lecture de scenarii, rédaction de fiches de lecture, rédaction de projets audiovisuels à proposer aux diffuseurs, gestion d’un tournage : planning, DUE, notes de frais, contrats techniciens /auteurs, livraison de matériels, etc). J’ai effectué diverses tâches variées et passionnantes et j’exerce celle que je préfère en tant qu’écrivain public : sonder la valeur d’un projet d’écriture et aider son porteur à le réaliser. C’est un métier « utile » dans la mesure où j’établis une relation d’aide à l’autre auprès de personnes « en difficulté » (car ne maîtrisant pas la langue française ou en panne d’inspiration). J’apprécie cette dimension humaine. Aujourd’hui, j’ai adhéré au syndicat des écrivains publics (le SNPCE) et je passe actuellement un agrément d’écrivain public (l’AEPF) et un certificat d’orthographe (Voltaire) pour asseoir ma crédibilité en tant que coach littéraire et biographe.

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Comment est née votre passion de l’écriture et comment s’est-elle traduite ?

J’ai grandi dans un milieu modeste, où l’accès à la culture était possible grâce à l’école et aux livres. Entre mes 10 ans et mes 15 ans, j’ai lu énormément de romans, à la fois « classiques » et « contemporains ». J’étais éprise par la richesse de certains univers et admirative du style de certains auteurs. Je trouvais la lecture nourrissante pour mon esprit et j’avais le soucis de poursuivre une activité qui me ferait grandir. C’est à l’adolescence, quand il a fallu écrire les premières rédactions que j’ai vraiment pris goût à écrire. Je n’excellais pas toujours mais j’aimais réécrire mes phrases pour trouver le bon mot. J’ai alors commencé à me rêver à l’âge adulte écrivain, auteur d’une grande œuvre, comme tout le monde ! Je prenais aussi mes camarades comme personnages : avec une amie, nous avions lancé un journal satirique appelé « Petits Potins sur Paperasse ».

Vous êtes biographe : comment définir la notion de biographie ?

Dans toute biographie traditionnelle, il y a ce que Roland Barthes nomme des biographèmes. Ce sont les passages obligés d’une biographie : date et lieu de naissance, formation reçue, mariage, naissance des enfants, etc. Une biographie est le récit de ces éléments clés façonnant l’existence. Ni journal intime ni cahier de doléances, la biographie est à mes yeux un exercice d’équilibriste où il s’agit de mêler le factuel d’une vie et l’émotionnel d’un individu, sa psychologie et son regard sur le monde.

Quels sont vos clients ?

Mes clients ne se ressemblent guère. Certains ont mené une existence atypique par la profession exercée (ancien espion, journaliste célèbre...). D’autres sont au commencement de leur vie mais ont déjà beaucoup à transmettre (un orphelin qui se découvre aristocrate, une personne souffrant de bipolarité, etc). Ils ont généralement plus de cinquante ans et voient la biographie comme un outil pour faire le point sur le chemin parcouru.

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Pouvez-vous expliquer votre processus de travail avec vos « clients » ?

Même si les demandes varient selon les clients (thèmes à aborder, nombre de séances d’enregistrement et de pages à écrire, choix des illustrations et des modalités d’impression), ma façon de procéder reste assez immuable. Je vais au domicile du client et je lui pose des questions. Nous enregistrons l’entretien, je le retranscris et je le mets en forme. Le client apporte ses corrections puis nous procédons à un nouvel entretien à partir de nos précédents échanges. Ce va et vient lui permet de voir en temps réel ce qui apparaîtra dans sa biographie et d’orienter éventuellement ses confessions au fil des séances, selon ses préférences. En général, il faut compter un minimum de huit séances d’une heure pour l’écriture d’une biographie. Elle fera alors une centaine de pages au format A5. Le système de tarification est à la séance. Je propose également des services optionnels comme l’auto-édition du manuscrit, la soumission aux maisons d’édition dans l’espoir d’une publication en librairies ou l’impression de l’ouvrage.

Quels sortes de récit en tirez-vous ?

Je propose de nombreux types de récits, des plus conventionnels aux plus originaux !

  • La biographie dite traditionnelle : l’histoire est chronologique et chaque grande thématique de l’existence équitablement abordée.
  • La biographie spécialisée : une partie seulement de l’existence est évoquée (vie professionnelle, sentimentale, engagement idéologique, événement marquant, etc).
  • La biographie post-mortem : le livre relate la vie d’une personne décédée. Je procède alors à un travail d’enquête auprès des proches du défunt.
  • La biographie familiale : elle regroupe et retrace le parcours de plusieurs personnes d’une même famille.
  • La biographie créative : sous forme de chanson, de poème ou de film.
  • La biographie thérapeutique : elle recouvre plusieurs champs d’expertise. Premièrement, elle peut s’adresser à des personnes malades ou en fin de vie cherchant à mourir « l’esprit serein » après s’être confiée une dernière fois. Deuxièmement, elle peut être destinée à des personnes en itinérance lors d’un pèlerinage (la marche pouvant être propice à un échange inédit au long cours). Troisièmement, elle peut s’inscrire dans le cadre des thérapies de psychogénéalogie et transgénéalogie, afin de soigner toute une lignée familiale de certains faits récurrents de génération en génération.
  • La biographie animalière (sur votre animal de compagnie et le lien qui vous unit).

Pouvez-vous donner quelques exemples de biographies ?

Il est vrai que nous retenons plus facilement les autobiographies de personnes célèbres que leurs biographies. Parmi les personnes célèbres dont j’ai apprécié la biographie, je citerais deux ouvrages qui à mon sens éclairent vraiment leur vie. Tout d’abord, « Marilyn, le dernier secret », de William Reymond. L’ouvrage revient sur la mort mystérieuse et polémique de l’actrice. Le travail d’enquête autour de cet événement précis est remarquable, qu’on adhère ou non aux thèses de l’auteur. Je conseillerais également la lecture du livre inachevé en trois tomes de Jean-Paul Sartre, intitulé « L’idiot de la famille ». C’est une biographie sur Gustave Flaubert facile à livre et très bien écrite. Suite à un travail de recherche colossal, Sartre nous fait ressentir la psyché toute entière de Flaubert.

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Que pensez-vous de cette phrase tirée du film « L’homme qui tua Liberty Valance » : « si la légende est plus belle que la réalité alors imprimez la légende » . Ne s’applique-t-elle pas à vos travaux ?

Je n’avais jamais envisagé mon travail de biographe en ces termes, en premier lieu car je crois en la parole de mes clients. Quelle raison auraient-ils à édulcorer leur vie ? En position d’observatrice, je remarque souvent au détour de deux ou trois flatteries qu’ils peuvent s’adresser, leurs manquements, faiblesses ou défauts. Il me semble que nous dévoilons malgré nous, des pans moins glorieux de notre vie.

Mais pour vous répondre de manière plus précise, j’estime qu’il n’y a rien de mal à imprimer sa légende, du moment qu’elle n’implique pas de réécrire l’histoire des autres. Notre légende, c’est notre vie imaginée. Or peut-on imaginer ce qui n’aurait aucun prise sur le réel ? Au lieu de condamner toute légende, il me parait plus intéressant d’y trouver la part de vécu réel et de se demander pourquoi nous avons pu installer un écrin fantasmagorique autour de celui-ci. Enfin cette idée d’une exactitude pure, d’un récit totalement objectif d’une vie, n’est-ce pas un absolu impossible à atteindre ?

Quelles motivations poussent une personne à se faire écrire sa biographie ?

Généralement, une personne souhaite écrire sa biographie afin de laisser une trace de sa vie pour ses proches. Ce n’est pas une démarche narcissique, contrairement à l’idée que nous pourrions nous en faire. Avec le temps, nous oublions des faits ; la biographie permet de se les remémorer et de les graver définitivement dans le papier. La vie est faite de telle sorte que nous disons rarement le plus important de qui nous sommes aux gens que nous aimons ; la biographie est un moyen d’y remédier.

N’est-il pas paradoxal de se faire écrire une biographie à une époque où tout le monde se raconte sur internet et particulièrement sur les réseaux sociaux 

Je ne vois aucun paradoxe ici. Lorsque vous écrivez votre biographie, vous êtes face à une personne qui vous écoute, avec qui vous allez converser de nombreuses heures. Un lien amical se noue malgré soi. Sur les réseaux sociaux, vous êtes face à des curieux, souvent respectueux mais parfois aussi malveillants. Votre temps de parole est plus haché que dans la vie quotidienne et ce que ce que vous dites pourra être retenu contre vous, déformé et critiqué par des gens vous connaissant peu ou pas du tout. Vous ne rencontrez pas un tel risque dans l’écriture de votre biographie où vous restez le possesseur de votre existence et de votre histoire.

Ne pensez-vous pas qu’internet va prendre le pas sur le papier et que le format classique de la biographie va évoluer ?

Je pense que la biographie papier ne disparaîtra pas de sitôt. Nous avions évoqué la fin du livre papier lorsque les ebooks sont apparus et dans les faits, les ventes de livres papier n’ont jamais drastiquement chuté (du moins avant des circonstances exceptionnelles : le COVID). Nous restons attaché au papier en tant qu’objet, même en lisant beaucoup sur les écrans. Mais effectivement la biographie doit aussi prendre en considération les formats actuels de diffusion de l’information. C’est pour cela que je propose par exemple des biographies filmées.

Que pensez-vous d’internet et surtout des réseaux sociaux ?

J’aime beaucoup internet et les réseaux sociaux. C’est une très bonne chose que chacun puisse exprimer ses opinions et ses connaissances. Au fil des décennies, nous avons constaté que le savoir officiel des médias traditionnels n’était pas toujours l’équivalent de la vérité. La grande difficulté consiste à faire la part des choses et à savoir ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas. Mais ce problème existe sur twitter comme devant la télévision !

Le mot de la fin !

Consultez ici mon site internet pour connaître davantage les services que je peux vous offrir : https://www.helenerobert.fr

Merci Buzz On Web pour vos questions vastes et sans langue de bois !