Hanky Panky : Rencontre avec le groupe

jeudi 26 septembre 2019, par Franco Onweb

Attention voici une des meilleures surprises de la rentrée  : Hanky Panky  ! Ce quintet Nantais vient de sortir un premier album épatant chez les activistes de Pop Sisters : « Life is not a fairy tale ». Un disque plein de chansons et de mélodies, un album où la pop rencontre le rock et le rythm’n blues. Cette démarche ne pouvait que me plaire. J’ai donc envoyé quelques questions à Gianni le guitariste du groupe et Emy la chanteuse pour avoir des précisions sur un groupe qui va désormais compter dans le paysage musical 

Qui êtes-vous ?

Hanky Panky. Groupe « Power Pop » de Nantes signé chez Pop Sisters Records.

Présentez-vous musiciens par musiciens

Gianni Tremolo (guitare/chœurs)/ Emy Magic (chant)/ Vincent Pichon (guitare/chœurs), Julien Catherine (basse) et Michel Catel (batterie).

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(Hanky Panky version 2019) 

Pourquoi ce nom Hanky Panky  ?

Gianni : Je ne sais plus trop bien... C’est souvent un problème de trouver un nom de groupe. Évidemment il y a le morceau de Tommy James & The Shondells  « Hanky Panky ». On s’est arrêté là-dessus. Ça sonnait bien et puis la signification collait bien aux premiers textes écrits par Emy, un peu désuets, un peu sucrés, un peu sexuels...

Emy : Désuet … Sucré … Sexuel... C’est un peu écœurant non ?

Gianni  : …

Quel a été votre parcours en musique pour les uns et les autres ?

Gianni  : Michel , notre batteur, a longtemps joué avec Malted Milk , un groupe rhythm and blues Nantais qui marche plutôt pas mal ces temps-ci. Il faisait partie de la première formation avec qui il a pas mal tourné, aux Etats Unis notamment.  

Emy participe à de nombreuses formations. De la Pop Indé un peu sombre (IDPNT Duo ), à l’électro italo-disco (Digital Romance ) en passant par un groupe de cover du loner (Blond Neil Young).

Vincent a participé à de nombreuses formations et joue encore aujourd’hui dans Brume (chanson française).

Julien est un ex-spécialiste de lutherie sauvage. Un concept dont j’ignore tout si ce n’est que ça nous vient de Picardie.

Emy  : Avant l’arrivée de Michel et Vincent, c’était surtout le seul à avoir étudié la musique et jusqu’à présent il est celui qui a des compétences techniques inestimables pour des brêles comme nous...

Gianni  : J’ai joué dans quelques formations entre le milieu de années 80 et le milieu des années 90. Les Bad Clams puis Bananatrash à Nantes et ensuite avec les Cactus à Toulon. Une autre époque.

Quand le groupe a-t-il commencé et à quelle occasion ?

Gianni : On a commencé à trois, il y a quatre ans.Julien, Fabien (notre ex-organiste) et moi-même. On bossait en mode « home studio ». On maquettait beaucoup. D’abord quelques covers, puis les premières compositions dont « Precious Bitch ».

Emy : C’est qui Julien ?

Gianni : C’est à ce moment-là que l’idée d’avoir une chanteuse s’est imposée. On nous a présentés Emy avec qui cela a immédiatement fonctionné et puis on a rencontré Michel dans la foulée. On a eu beaucoup de chance de trouver ces deux-là sans avoir eu à les chercher très longtemps.

Emy : C’est un ami à moi qui nous a mis en relation , il savait que les gars cherchaient une chanteuse. Nous avons été prendre un verre et en balançant des vannes moisies aux gars qui descendaient des bières pendant que moi je buvais un diabolo menthe, nous nous sommes dit que nous ferions un essai.

 

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(Emy Magic - Photo Patrice Blanc) 

Quelles étaient vos influences à la base du groupe ?

Gianni : Dès le départ, il y a eu la volonté d’avoir une identité très « Pop », en ayant comme références ce qui a pu se faire dans ce registre du milieu des années 60 au début des années 90. Du coup le spectre est assez large. Des Beatles à Teenage Fanclub en passant par Blondie si tu veux. Il y avait aussi cette volonté de sonner ou du moins d’être dans l’esprit de tous ces groupes que l’on avait aimés dans les années 80. Je suis un enfant de « Nineteen » (le magazine Toulousain). Je me suis nourri toute ma jeunesse des groupes qui faisaient son sommaire. Les Dogs, Kid Pharaon, les Batmen, les Bad Brains, les Coronados, les Prisoners, les Barracudas, les Miracle Workers, le Rock Australien, Closer records, New Rose,... La liste est longue...

Je crois que nos morceaux doivent beaucoup à ces groupes, à ces labels et à cette époque-là.

Emy : Pour que les choses soient bien claires, perso je ne connais aucune des références dont parle Gianni. La première fois qu’ils m’ont envoyée leurs démos, ce n’était tellement pas ma came que j’ai cru qu’ils m’avaient envoyée 3 fois le même morceau avec quelques variantes... J’ai quand même bossé sur une démo vocale et cela leur a plu. On a bien ri par la suite de ma méconnaissance du sujet. Ils ont vraiment mesuré l’étendue des dégâts le jour ou je leur ai demandé qui était Debbie Harry après une comparaison de ma voix avec la sienne par un internaute ( probablement sourd) ...

Quelles ont été les dates de concerts importantes  ?

Gianni : Incontestablement les premières puisque d’abord on n’en a pas fait cinquante et ensuite parce que l’on a assuré à nos tout débuts la première partie des Fleshtones à deux reprises. De chouettes souvenirs et pour un début, c’était plutôt pas mal comme affiche.

Emy  : Évidemment , je ne savais pas qui étaient les Fleshstones , donc du coup zéro pression pour ma part si ce n’est ne pas chanter faux. J’ai compris l’ampleur de notre chance quand je les ai vus retourner le Petit Minou à Brest et le Dynamo à Nantes et quand une de mes collègues de boulot m’a dit les avoir suivis aux States avec une de ses copines au siècle dernier.

Vous avez enregistré combien de disques avant cet album ?

Un 45t (Precious Bitch/A Queen Without A Crown) enregistré à Toulouse et paru chez Pop Sisters Records, il y a trois ans. Pour la petite histoire, Michel, notre batteur actuel n’était pas encore opérationnel et du coup ce single a été enregistré avec David le batteur d’Indian Ghost .

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(Pochette du premier single ’Precious bitch" - Photo Patrice Blanc)

Êtes-vous intégrés à la scène Nantaise, qui est très active ?

Gianni : Je ne sais pas trop ce que tu veux dire par « intégrés ». On a tous ici des amis qui jouent dans des groupes... pour autant on est signés sur un label Toulousain.

Je te dirai donc que je me sens plus « intégré » à la scène Toulousaine qu’à la scène Nantaise.

Emy  : Les gens savent un peu qui nous sommes, nous avons fait quelques concerts dans des lieux emblématiques à Nantes comme le Dynamo, le Grigri et Madame Rêve. De plus, le fait que nous soyons dans d’autres formations pour certains nous intègre de fait dans un certain milieu musical.

Comment êtes-vous arrivés sur Pop Sisters ?

Gianni : Longue histoire... En 2015, par le biais des réseaux sociaux, je rencontre Philippe Gilard (Closer Records) qui était tombé sur la première démo d’Hanky Panky que j’avais mise en ligne un peu partout. A l’époque, il collabore à la renaissance de Closer Records que venait de ressusciter Phillipe Debris. On sympathise et il me propose de leur donner un coup de main... Moi qui était un « fan » absolu de Closer à l’époque, j’accepte évidemment et voilà que je me retrouve à assurer une partie de leur promotion. C’était le moment où le label sortait le premier album de Hope que j’avais adoré. C’était plutôt sympa comme aventure. Ma modeste contribution a été de courte durée mais c’est à cette même période que Philippe Gilard m’a présenté à Don Joe (Indian Ghost/Don Joe Rodéo Combo ) qui gère Pop Sisters Records. Joe me dit qu’il a bien aimé la démo, il nous propose d’enregistrer chez lui et de sortir le 45t sur le label. Encore un fois, on a été plutôt vernis. C’était très enthousiasmant que l’on vienne nous chercher et qu’on nous fasse ce type de proposition alors qu’on en était qu’aux prémices de notre histoire.

Emy  : Zzzzzzzzz

Pourquoi ce label ?

Gianni : Pour les raisons évoquées dans ta question précédente. On a bien sûr accepté la proposition de Joe. L’enregistrement s’est bien passé, le 45t est sorti et le temps de bricoler tout ça, je suis devenu assez proche de Joël. J’ai rencontré Rem (The Crumble Factory ) et Laurent (Don Joe Rodeo Combo ) qui gèrent avec Joe le label. J’ai fait un certain nombre d’aller/retour entre Nantes et Toulouse. Me suis un peu investi dans l’activité du label. Indian Ghost et le DJRC sont venus jouer à Nantes à plusieurs reprises... C’est devenu assez vite une histoire de potes et ça semblait donc évident qu’on allait pas en rester là même si la gestation de cet album a été assez longue.

Emy  : Vu que Gianni est trop BFF avec les Toulousains, il nous a entraînés avec lui là-bas et il les invite aussi à jouer par ici.

Vous êtes fan des artistes dessus ?

Gianni : Moi totalement oui ! :-) Je suis incollable sur le catalogue.

Emy : Moi je n’apprends pas les catalogues...

Vous sortez un album « Life is not fairy tale » : il a été fait où, avec qui et quand ?

Gianni : L’album a été enregistré au studio de la Trappe, près de Toulouse. Enregistré et mixé par Triboulet et Don Joe. Triboulet.. Encore une super rencontre. Un mec doué, totalement impliqué et adorable. On sort un peu du même sérail. Cela permet d’avoir un langage commun. Les sessions se sont du coup passées idéalement... Idem pour le mix et le mastering. Je suis plus que satisfait du résultat. On a précisément le son que l’on souhaitait. La suite a été un peu plus délicate à gérer puisqu’entre l’enregistrement et aujourd’hui, il s’est passé plus de deux ans. On avait pris un peu de retard sur l’agenda, et notre organiste a ensuite quitté le groupe peu de temps après la finalisation de l’album. Il a fallu se réorganiser. On a fait le choix de différer la sortie notamment pour pouvoir défendre le disque sur scène. On a encore eu finalement pas mal de chance puisque Vincent nous a rejoint assez rapidement. C’était notre « premier » choix donc on a pu remettre le couvert sans trop de difficultés et avant que le soufflet ne soit totalement retombé.

https://www.youtube.com/watch?v=Jxd83goQ1C4

Pourquoi ce titre ?

Gianni : C’est le titre d’un morceau qui n’apparaît pas sur le vinyle mais qui figure en bonus sur le CD. Pourquoi celui-là ? Je sais pas.:-) C’est un titre à rallonge. Un peu musical. Ça raconte une histoire...

Emy : C ela résume assez bien l’ambiance générale du disque, tantôt des sujets un peu frivoles et généralistes (Queen, Precious Bitch , No Strings Attached) et tantôt des situations moins légères et plus sombres. (Make Way, Break Up, Vanishing, Runaway)

Pourriez-vous décrire le disque ?

Gianni : 11 titres, 9 compositions et 2 reprises (une d’Elvis Costello et une autre de l’inévitable Don Joe). Disons que c’est de la « Power Pop »... Si il faut un qualificatif, c’est sûrement celui qui décrit le mieux le contenu de cet album. 11 pop songs chantées en Anglais par une voix féminine, des guitares un peu « crunchy » et quelques touches de Fender Rhodes.

En écoutant l’album on trouve beaucoup d’ambiances différentes mais globalement c’est de la pop : êtes-vous d’accord 

Gianni : 100% d’accord.

Emy : C’est quoi de la pop ?

Gianni : On a mis dans cet album un certain nombre d’ingrédients que l’on associe habituellement au genre. La plupart des titres sont écrits dans un format très standard. Il y a un souci permanent de la mélodie... de la chanson. Et puis après, il y a le son. Les instruments que l’on utilise, la façon de jouer... Le fait d’avoir une chanteuse enfonce certainement un peu le clou.

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(Hanky Panky en concert en septembre 2019 - Photo Xynthia Kerroch)

Qui a composé et qui écrit les morceaux ?

Gianni : Emy a écrit les textes. J’ai composé les morceaux originaux. Don Joe a composé une ballade « Break Up » sur laquelle Emy a écrit un texte. On a aussi enregistré « Watch Your Step », un cover d’Elvis Costello. Tous les membres du groupe ainsi que Don Joe ont participé aux arrangements.

Il y a un morceau de Don Joe, le chanteur des Indian Ghost (entre autre) et une reprise de Elvis Costello : pourquoi ces deux titres ?

Gianni : « Break Up » aurait du être à l’origine enregistré par Joël et Emy pour un autre projet qui n’a pas vu le jour... J’ai entendu la démo que les deux avaient maquetté... Ça m’a immédiatement plu et du coup le morceau s’est invité sur l’album sans crier gare. La reprise d’Elvis Costello vient elle de la découverte d’une version live de ce titre enregistré sur un plateau télé. Je suis tombé dessus sur YouTube et j’ai tout de suite compris que ça fonctionnerait parfaitement avec le Fender Rhodes qu’on utilisait à l’époque. On a essayé et ça a tout de suite collé. Super morceau. Super texte. A l’époque où on commençait à le jouer, je suis allé voir Costello à l’Olympia. Après ça, j’étais incapable d’envisager l’album sans ce morceau.

https://www.youtube.com/watch?v=IYO0LJXXzzQ

Y a-t-il des invités sur l’album ? Si oui qui et sur quel titre ?

Gianni : Joe (encore lui !) a placé quelques guitares. Sur « Milk », « Break Up » et « Watch Your Step ». J’aurais aimé que, comme sur le 45t, Rem Austin nous place quelques guitares acoustiques mais ça n’a pas pu se faire.

 Les textes : d’où vient l’inspiration ?

Emy : Les textes me viennent comme ça , j’imagine un contexte , une situation personnelle ou non et je brode … Les mots sortent un peu tout seuls et si la musique est déjà existante, elle peut aussi m’inspirer dans mon écriture. Gianni fonctionne à l’inverse en créant des musiques sur des textes existants et vu que j’avais beaucoup écrit de textes pour d’autres occasions mais que ces derniers n’avaient pas toujours été exploités , je les ai envoyés à Gianni ou j’en ai remanié certains et cela s’est avéré fructueux puisque Queen Without a Crown et Make Way ont vu le jour.

Certains textes sont caustiques, d’autres plus sérieux et d’autres plus « légers » : vous assumez tout ça ?

Emy : Complètement , je suis d’un naturel très cynique mais ce genre a ses limites surtout quand on fait de la pop sucrée. Il est aussi compliqué d’aborder des thèmes trop sérieux pour la même raison. Je me souviens un jour que Gianni m’avait demandée d’écrire autrement qu’à la première personne et c’est ainsi que Runaway et Milk sont sorties. On ne peut pas non plus s’inspirer que de sa propre vie si on veut toucher un maximum de monde … Punaise c’est trop beau , on va en faire un T-shirt !

Gianni : Ou des badges... Ou un tatouage...

Comment se procurer le disque ?

Emy : En venant nous voir en concert ou en le commandant sur internet.

Gianni : Pop Sisters distribue une partie de son catalogue via PIAS. Sur cette sortie, cela ne sera pas le cas mais on trouvera tout de même l’album chez quelques disquaires même si en terme logistique cela n’est pas si simple. Il sera surtout sur bon nombre de plateformes de téléchargement et de streaming, à commencer par Bandcamp et Deezer. On peut aussi tout simplement commander l’objet (gianni.tremolo@gmail.com) et le recevoir dans sa boîte aux lettres.

Quels sont vos projets ?

Gianni : Faire le plus de concerts possible, vendre ce disque et en enregistrer rapidement un second.

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(Pochette de l’abum "Life is not a fairy Tale" - Droit réservé)  

Y a-t-il des concerts prévus ?

Emy : Pour fêter la sortie de l’album, nous serons sur la scène du Quai Léon Sécher le 28 Septembre. On a ensuite quelques dates de calées : le 5 Octobre à la Motte aux Cochons, le 11 Octobre au Petit Café de Rezé et une autre à Guémené au Tempo dans le cadre de Bar-bars le 23 Novembre. Nous espérons en faire plein d’autres !

Gianni : J’aimerais aller jouer en Espagne.

Emy  : Trop , on accepte même de se faire payer en poulpe !

Le mot de la fin

Gianni : Avec la sortie de ce premier album, le groupe entame un autre chapitre. On a remanié notre line-up en faisant le choix de remplacer notre organiste par un second guitariste. Vincent nous a rejoint il y a maintenant un an. On a retravaillé tout notre répertoire avec lui et il a fait un super boulot quand il a fallu réarranger les titres de l’album pour la scène. On a également commencé à écrire de nouveaux morceaux et si ceux de l’album restent très pop, ils ont gagné, sur scène, en énergie et en intensité. Le « Hanky panky  » nouveau est arrivé.

Emy  : Je suis aussi très contente de notre nouvelle recrue, il s’intègre avec intelligence dans un groupe qui en manque cruellement et ses vannes sont au même niveau que les nôtres, c’est dire. Sa subtilité prend corps dans son jeu de guitare et c’est tout ce qui compte après tout. Sans reprendre l’expression réservée au Beaujolais et que Gianni emploie sans rougir, je dirais plutôt que « « Hanky Panky » a pris un nouveau départ et qu’il compte bien inonder les bars de sa pop sucrée et collante.

 

https://hanky-panky.bandcamp.com/

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https://popsisters.bandcamp.com