Labotanique : Rencontre avec un groupe du 47 eme Parallèle

lundi 6 mai 2019, par Franco Onweb

Voici un groupe d’avenir, enfin difficile de parler de groupe quand on parle de Labotanique. Il serait plus simple ici d’évoquer un projet que un simple groupe, puisque ici la musique est un média qui permet à Ronan et Thomas, les deux entités de Labotanique, de pouvoir s’exprimer sur plusieurs formats et supports.

Mais puisque nous sommes ici pour parler de musique, on dira juste que Labotanique vient de sortir un splendide EP, 47 éme Parallèle où une pop enthousiasmante est le support élégant de textes incisifs. Une rencontre passionnante avec deux artistes complets qui ont l’avenir pour eux !

Ronan : Nous sommes LABOTANIQUE un duo de pop urbaine dans lequel j’ai le rôle du poète-français, je suis auteur-interprète dans ce projet. Nous venons de sortir un projet six titres qui s’appelle « 47e Parallèle », c’est une invitation à être les touristes de nos propres quotidiens.

Thomas : Et moi je suis le botaniste russe, compositeur, producteur et claviériste. Nous avons conçu ce nouveau projet comme un voyage sous nos latitudes. Dans notre EP précédent « L’aventure des plantes », nous explorions l’Amazonie aujourd’hui c’est de nos villes dont on souhaite parler.

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(Labotanique, Ronan et Thomas - Droit réservé) 

Vous avez commencé comment ?

R : On a fait des études d’agronomie à Toulouse : on est tout les deux ingénieurs agronomes. On a commencé à faire de la musique là-bas, et de file en aiguille on s’est pris au jeu… En 2016 c’est devenu plus sérieux avec la sortie de notre premier EP « L’Aventure des plantes ».

Quelles étaient vos influences à la base ?

T : Nos influences viennent à la fois la chansons française avec des personnes comme Brassens ou Moustaki, du rap avec Oxmo Puccino, Gael Faye ou encore Odezenne, mais notre horizon musical est beaucoup plus large, il va puiser dans la scène future beat de Los Angeles, le jazz et même l’indie pop.

R : Notre musique est assez hybride, on peut même dire que nos influences ne se cantonnent pas à la musique, mais vont piocher dans le cinéma ou les arts visuels.

Vous n’êtes pas que un groupe : LABOTANIQUE est un vrai projet avec des ateliers …

R : Aujourd’hui on fait de l’action culturelle dans les écoles primaires, les lycées, les collèges et même les universités. Cela peut prendre plusieurs formes, de l’initiation à la musique assistée par ordinateur, à la pratique du rap ou la création de chansons, jusqu’à la conception d’écosystème sonores. On intervient aussi pour parler de la vie des projets musicaux, leurs réalités, leur économie, le monde de la création. On développe également le projet ‘Expressions Végétales’ avec le Jardin des Plantes de Nantes, et soutenu par la région et la ville de Nantes. Avec une inauguration prévue en juillet 2019, nous donnerons la parole aux plantes du jardin via des installations et des balades sonores.

 https://www.youtube.com/watch?v=AjJv1b3wRDI

Vous imaginiez votre projet comme cela à la base ?

R : Au tout départ on faisait de la musique dans notre coin, puis on a voulu s’ouvrir, partager notre création. Et comme on fait également du graphisme et de la vidéo, ça nous a plus de développer cet aspect. Quant à la médiation, c’est venu assez naturellement, l’artistique étant pour nous une manière d’échanger.

Quand j’écoute votre musique j’entends surtout de la pop ?

T : Oui, à l’écoute de « 47e Parallèle » on peut nous voir comme un duo de pop urbaine, c’est ce que l’on a en nous aujourd’hui, notre envie est d’apporter un peu de couleur au béton. Ce disque est plus pop que notre précédent, c’était une volonté de s’ouvrir, d’aller chercher d’autres sonorités.

 

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(Labotanique - Droit réservé) 

Pour moi c’est de la pop puissante, surtout le premier morceau « Générique » 

T : Ce morceau est très inspiré des 70’s. On se retrouve pas mal la dedans, on souhaite créer de grands univers dans lequel l’auditeur est invité à se plonger.

On a l’impression que tout ce que vous faites a du sens : c’est une volonté ?

R : Oui bien sûr à travers le média musical et artistique on veut questionner ! Là avec notre maxi on parle de notre ville, de notre quotidien. On veut faire passer le message qu’il est possible de découvrir des choses en bas de chez soi, le voyage c’est finalement plus un état d’esprit qu’un déplacement géographique. C’est en ça que nous sommes proches de rappeurs comme Oxmo Puccino et MC Solar qui décrivaient leur réalité, des tranches de vie, leur quotidien, leurs rues … J’aime penser que le rap est une photographie de l’histoire… Il y a peu j’intervenais auprès d’étudiants qui se préparaient à rentrer en école de journalisme et on a abordé la question : le rap peut il être un témoignage de l’histoire ? Leurs points de vue étaient passionnants.

Votre premier EP en 2016 « L’aventure des plantes » se basait sur l’Amazonie, quelles ont été les évolutions entre les deux EP ?

T : Un travail de déconstruction du propos rap... On c’était à la base, orientés vers ce style car c’est de là que l’on vient, d’ou « L’aventure des plantes ». Quand on est retourné en studio pour composer « 47e Parallèle », on s’est aperçu que l’on avait envie d’aller vers quelque chose de plus pop en adéquation avec nos personnalités et notre propos.

Tu as un projet à côté ?

T : Oui ça s’appelle Oï Tomkin  : un projet plus R’n’Bou j’y développema vision du Russian Blues, un hommage à mes ancêtres russes. C’est un projet qui sera nourris de synthétiseurs soviétiques et de réflexions personnelles qui ne trouvent pas forcément leur place dans LABOTANIQUE. J’espère voir ça sortir fin 2019.

Vous venez de Nantes ; vous êtes produit par Raphael D’Hervez, qui a formé les groupes Pégase et Rhum for Pauline, et qui est également nantais. C’était important d’être produit par lui et de rendre hommage à cette ville dans votre EP ?

R : Pour nous c’est un choix de vie d’être ici : il fait beau, les gens sont agréables et effectivement il se passe pleins de choses…

T : Il y a un vrai positionnement vers une vie alternative sur Nantes, pas seulement écolo mais une volonté de faire parfois un pas de côté pour proposer des choses intéressantes à l’échelle de la vie. Par rapport à Raphael c’est venu spontanément : je savais qu’il était passionné de synthétiseurs et de sonorités hip-hop tout comme moi. On lui a demandé si ça l’intéresserait de bosser avec nous, il a beaucoup aimé le morceau « Bleu cobalt ». Ca a été le point de départ. On a tout fait ensemble et nous avons bon espoir de continuer à travailler avec lui pour la suite vu le bon feeling que nous avons partagé et le rendu très cool.

https://www.youtube.com/watch?v=K-ECagcuXpI

Vous avez beaucoup joué ?

R : On a fait une quarantaine de concerts après le premier EP. On est deux sur scène : je me concentre sur la voix et Thomas chante aussi, joue des claviers et machines. On propose un spectacle auquel nous avons donné le nom de « Voyage au-dessus du 47e parallèle ». Il y a là, un volonté de faire voyager l’auditeur avec de grands tableaux : aller en Amazonie, dans l’espace et puis revenir en ville. Le mélange de nos titres plus anciens avec les nouveaux nous permet de trimbaler l’auditeur d’un bout à l’autre du globe.

Vous comptez vous ouvrir à d’autres musiciens ?

T : On aimerait beaucoup, mais la réalité économique du milieu des musiques actuelles rend les tournées plus faciles pour des petits groupes. L’énergie live d’un batteur sur scène nous fait parfois rêver, on verra !

Pourquoi « 47e parallèle » ?

R : C’est le parallèle qui passe au-dessus de Nantes, c’est un clin d’œil à la ville. C’est aussi la notion de voyage : avant l’Amazonie et maintenant Nantes… On tourne autour de la terre pour revenir dans notre ville, se recentrer sur l’endroit ou l’on vit.

Les voyages c’est votre passion ?

R : Oui, on a tous les deux voyagé et pour moi c’est une grande chance. J’ai passé six mois au Pérou à travailler dans un parc naturel et à découvrir le pays. J’ai eu le temps de me poser, de prendre du recul, de réfléchir et surtout de découvrir une autre culture.

T : Moi j’ai passé presque une année en Russie. Cela m’a permis de renouer avec mes origines et de découvrir une facette de la Russie moderne. Ce que nous voulons dire avec LABOTANIQUE, c’est que l’on peut voyager sans pour autant aller au bout du monde : c’est le pouvoir de la littérature et de l’imaginaire tout simplement !

R : On a souhaité figer sur ce disque un sentiment un peu particulier que l’on a ressenti, de retour de voyage : lorsque que tu reviens chez toi après de long mois, tu retrouves tes amis, ton quotidien, et tu te sens presque étranger dans ta ville, tu redécouvres tout avec un œil nouveau. Finalement, tu peux voyager chez toi, juste en faisant un pas de côté, en regardant les choses un peu de travers …

C’est en ça que vous n’êtes pas un groupe de musique mais que c’est un projet plus large, plus global : vous faites quelque chose d’universel ! Vous pouvez jouer dans le monde entier !

R : Cette thématique est universelle c’est vrai ! Comme c’est très narratif et raconté on a la barrière de la langue, donc on ne peut jouer que dans les pays francophone même si des étrangers sont déjà venus nous voir en live.

Mais vous pourriez décliner sur pleins de supports ce que vous faites ?

R : Thomas a réalisé le clip de « Générique », et j’ai travaillé à la conception graphique du disque et du vinyle, donc oui aime distiller notre propos de différentes manières.

Ca se passe comment au quotidien : vous avez un lieu créatif ?

T : J’ai un studio équipé chez moi où nous travaillons. Et en plus de ça, on a la chance d’avoir un entourage compétent avec lequel on collabore quand on a besoins, que ce soit des photographes, des stylistes, des jardiniers … Des talents avec lesquels on compose et qui nourrissent le projet LABOTANIQUE.

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(Labotanique en studio - Droit réservé) 

Quels sont vos projets ?

R : La création du projet Expressions Végétal avec le Jardin des plantes de Nantes, qui sera visible dès juillet. Ce n’est pas juste de la musique : on sort un peu de notre rôle mais c’est un lien entre l’art et les sciences que nous souhaitons faire. On s’est donné le défi de faire parler les plantes du jardin. Elles vont aborder des thématiques de sociétés.

C’est de là d’où vient votre nom ?

T : C’est d’abord parce que on s’est rencontré en étude d’agronomie et ensuite parce que on est intéressé par l’art graphique et tout l’art nouveau qui entoure les planches de botanique. C’est aussi un rapport au temps : les plantes ne sont pas dans une accélération constante, elles sont immobiles et voient passer les saisons, elles nous apprennent à ralentir, à être humbles.

R : On en parle dans « Nature Morte », c’est cet arbre que nous avons tous en bas de chez nous, qui est pris dans le béton, un peu craquelé et qui regarde les choses plus qu’il n’agit. Il a une temporalité différente de la nôtre.

Peut-on imaginer que vous fassiez un concert complétement immergé dans la nature ?

R : On en révérait !

T : Bien sûr, mais il y aura peut-être quelque chose dans une de nos prochaines réalisations vidéos. Et si l’institut français veut organiser quelque chose en Amazonie ça serait super… A bon entendeur.

Mais la ville de Nantes vous soutient ?

R : Oui, on est d’ailleurs ravis de travailler avec la ville et des institutions scientifiques sur le projet Expressions Végétales.

Sur scène vous définirez comment ?

T : Je dirai une odyssée pop !

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(Labotanique en concert - Droit réservé) 

C’est un choix délibéré de rester sur un son organique, sur un jeu live ?

T : Quand on va voir un concert, on aime voir les gens jouer, se faire plaisir, échanger autour de leurs instruments, c’est ça la musique au départ ! On a donc envie de partager ça avec le public.

Vous allez jouer d’ici à l’été ?

R : Oui, trois dates sont déjà annoncées : le 4 mai à Nantes, le 12 à Bordeaux, et le 13 juillet sur l’Île de Nantes. La vraie tournée commencera en septembre.

Il est distribué votre disque ?

R : Oui, en digital sur les plateformes de streaming et nos cds et vinyles sont disponibles sur notre site internet. On a également réalisé une sérigraphie avec des encres végétales et des pochettes de graines surprises.

Le mot de la fin ?

R : Un petit hommage à Tommy Ungerer qui nous a quitté il y a peu, c’est ce qui me vient en tête, c’était une personne tellement libre !

Quel disque vous donneriez à un enfant pour l’amener vers la musique ?

T : « L’école du micro d’argent » de IAM, un disque fondateur pour moi !

R : Je vais faire dans l’actualité avec Contre-Temps de Flavien Berger.

 

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