Fabulous Sheep : rencontre avec un groupe « fabulous » !

mardi 12 février 2019, par Franco Onweb

Une vraie découverte ! Voilà comment j’ai envie de présenter ces Fabulous Sheep ! Un groupe aussi étonnant que passionnant. Imaginez juste une musique qui rappelle les meilleurs heures du « Post punk », de la « new wave » et de pleins de musiques que l’on a aimé. Un groupe qui vient de sortir un premier album pleins de mélodies, avec une urgence qui est généralement la marque des plus grands.

Ces cinq garçons ont réalisé un premier album qui les projette directement sous les feux des projecteurs. Pourtant ce n’était pas gagné à la base ! Ces cinq-là viennent de Béziers, une ville dont on attend pas vraiment un groupe pareil. Mais comme me l’expliquera Timothée l’un des chanteurs du combo, le fait de venir de cette ville les a forgé et a transformé la bande de copains en un vrai gang qui a parcouru les routes ces dernières années pour monter sur scène avec une énergie communicative ! Ces moutons-là sont vraiment fabuleux !

Je suis Timothée Soulairol l’un des deux chanteurs guitaristes du groupe Fabulous Sheep.

Ça a commencé comment le groupe ?

Ça a commencé il y a une dizaine d’années quand j’ai rencontré Piero (l’autre chanteur guitariste Ndlr ) dans une fête de collège un peu pourrie où il y avait de la mauvaise musique. Il m’a demandé si j’avais de la musique, il a cherché dans les disques que j’avais avec moi et il a trouvé les groupes de Rock que tu écoutes à cet âge : Clash, Rolling Stones … Notre amitié est partie de là ! On jouait un peu de guitare tous les deux et on a tout de suite voulu monter un groupe. Rapidement Jacques, le batteur, nous a rejoint, Gabriel au saxo et aux claviers et puis Charles à la basse, qui est le frère de Jacques, nous a rejoints. Ça fait six ou sept ans que l’on est dans cette formation.

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(Fabulous Sheep - Photo Jc Azria)

Vous venez d’où ?

On vient de Béziers, je sais ça fait drôle (rires). Bon, on va éviter de parler de rugby et de politique (rires). C’est la ville où l’on est né et franchement l’image que les gens extérieurs ont d’elle, on s’en fout total. On n’en a pas la même vision de la ville que les gens extérieurs. Nous, on a tout de suite voulu faire des concerts, organiser des choses parce que il y a une petite scène ici. On a créé le festival Univart par exemple pour faire venir et rassembler du public. On a toujours fonctionné de manière indépendante par rapport à la mairie, même avant la majorité actuelle… Dans des villes comme la nôtre si tu ne fais rien, il n’y a rien qui se passe. Cela nous a tout de suite défini.

Il vient d’où ce nom, Fabulous Sheep ?

C’est parce que le mouton, est l’animal stupide par excellence ! Il représente bien notre société qui est suiveuse… L’idée c’est un peu un oxymore : un mouton c’est pas fabuleux ! C’est un vrai message on ne se considère pas comme des moutons fabuleux mais c’est Fabulous Sheep dans son ensemble : croire en ses rêves ! Se donner les moyens de faire en ce que tu crois, aller de l’avant, sortir du troupeau… C’est une idée un peu philosophique !

Ce qui est un peu étonnant quand on vous voit de l’extérieur c’est le côté bande et même gang : une bande de potes qui se réunissent pour bouger dans et hors la ville ?

C’est exactement ça (rires) ! Notre but, c’était de jouer le plus possible, même si on ne le savait pas vraiment (rires). Notre ambition c’était d’avoir vite le permis pour partir jouer ailleurs, monter des tournées… C’est ce qu’on a fait d’ailleurs dès que on a eu 18 ans (rires). On a monté nos tournées et d’ailleurs si on est toujours pas intermittent c’est parce que nous n’avons que un seul projet : Fabulous Sheep. On veut vraiment pousser et faire avancer notre groupe. On devrait arriver à l’intermittence l’année prochaine.

https://www.youtube.com/watch?v=PBEItWkzvyo

C’étaient quoi vos influences à la base ?

Au début des groupes classiques comme les Beatles, les Rolling Stones et les Clash … En grandissant on a découvert d’autres choses et on a été très marqué par la scène post punk fin 70, début 80 : The Cure, Joy Division, New Order mais aussi The Sound. On est cinq dans le groupe et chacun a ses influences, par exemple Jacques, Charles et Piero écoutent beaucoup de Hip Hop, Gabriel du classique… Notre génération a eu de la chance : grâce à internet on a pu découvrir toute la musique facilement et on s’en sert. On écoute tout : on aime la musique tout simplement !

Sur votre album vos références sont très post punk, notamment au niveau de la rythmique ?

Oui, tout à fait mais on ne se pose pas trop de questions : on joue ensemble et on essaye de voir ce que cela donne. On a commencé ensemble, forcément on a grandi et écouté pleins de trucs ensemble, donc a affiné notre niveau musical.

C’est conscient de votre part ? Parce que il suffit juste d’écouter la production de votre disque

Oui bien sûr mais comme je te disais ce que l’on aime c’est se retrouver ensemble et jouer. Maintenant oui j’assume surtout que c’est nous qui avons produit notre album, comme tous nos morceaux avant. Pour l’instant on est tellement indépendant à ce niveau-là. Je pense que dans le futur on déléguera plus mais pour l’instant c’est nous (rires).

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(Fabulous Sheep en concert Piero et Timothée - Droit réservé) 

Avant cet album il y a eu deux EP ?

Oui, en 2015 et 2016, pour la plupart des morceaux de ces disques c’est nous qui avons produit. Au début on ne savait pas trop comment faire. On a eu quelques expériences notamment avec Neil Conti (ex batteur de Prefab Sprout et accompagnateur occasionnel de David Bowie Ndlr) qui est installé à Montpellier. On a enregistré deux ou trois chansons avec lui, ça s’est très bien passé mais ce n’était pas vraiment ce qu’on voulait : c’était trop pop ! On voulait un son plus rock, plus garage… Cette expérience nous a beaucoup aidé, surtout pour l’anglais, les arrangements mélodiques… Ça s’est bien passé humainement mais ce n’est pas ce qu’on voulait et là on cherche toujours… Même si on sort un album en ce moment, on est toujours à la recherche de quelqu’un pour la suite…

Il y a beaucoup de concerts : les Transmusicales de Rennes, le Festival « This is not a Love song » ?

On a effectivement beaucoup tourné : c’est notre but et notre force ! En live on donne tout comme si c’était notre dernier concert… Il y a une vraie adrénaline sur les concerts. Les gens qui viennent nous voir en live repartent content. C’est notre but : on veut progresser en jouant. Là on revient d’Allemagne où nous avons fait cinq concerts et ça s’est super bien passé. C’est ça qui fait avancer un groupe : jouer, être ensemble dans le camion pour tourner, avoir des conditions différentes tous les soirs, improviser pour un public différent… C’est vraiment notre objectif !

Vous l’avez fait où et avec qui ce premier album ?

Il y a un an de ça on est allé dans une grange aménagé en studio dans le jardin de Gabriel notre clavier et saxophoniste. Pendant un mois on a enregistré pleins de morceaux et à la suite de ça on en a choisis 14 sur 40. On a tout enregistré et mixé nous-mêmes. Ensuite on a joué aux Transmusicales de Rennes et là on s’est dit que l’on allait pouvoir trouver une équipe, enfin des gens qui allient nous aider et voudraient travailler avec nous. On a d’abord rencontré Yann notre manager qui nous a branchés avec des gens du milieu pour nous faire avancer : tourneur, éditeur, distributeur…

Avant vous étiez totalement indépendant ?

Oui, mais on voulait avoir notre structure avec des gens authentiques. Aujourd’hui on peut se concentrer sur la musique et uniquement sur la musique, ce qui est quand même capital pour nous…

Tu le définirais comment votre album ?

Un premier essai long format d’un jeune groupe qui a envie de tout donner ! Il y a des morceaux plus lents, des morceaux plus rapides, plus pop et le tout en anglais… On n’est pas vraiment des spécialistes d’un genre : on a pas envie d’uniformité, juste de faire nos chansons.

Pour moi cet album est marqué par une forme d’urgence ?

Ça fait plaisir d’entendre ça ! C’est une sorte de défi pour nous de retranscrire le live en disque et l’urgence pour nous c’est capital ! On est jeune et on sait que c’est maintenant qu’il faut que on joue, que l’on écrive des chansons… On ne sait pas de quoi demain sera fait ! On a cette urgence de dire des choses dans une époque où l’on met en avant le fun. On a envie de dire des choses par rapport à notre ville, nos vies… On a une chanson, « Wasting time », par exemple, qui parle d’un mec qui reste devant sa télé et qui comprend pas pourquoi il perd son temps. Mais il y a toujours ce besoin de garder des mélodies pop, un côté énergique…

Ça se passe comment le processus de création ?

On est une vrai démocratie : on compose tous ensemble ! A la base, c’est Piero et moi qui amenons les bases des chansons, parce que c’est nous qui avons commencé et qui écrivions au départ mais maintenant Charles le bassiste écrit aussi des morceaux. Il y a deux chansons sur l’album où il chante. Gaby et Jacques ont aussi composé un titre. On essaye de faire tourner la musique pour que chacun s’y retrouve.. On est vraiment pas fermé : d’autres peuvent écrire ou chanter dans le groupe en plus de Piero et moi.

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(Fabulous Sheep Timothée et Charles - Photo Yann Landry) 

Qui écrit les textes ?

Piero et moi généralement, Charles en a écrit un peu aussi et Gaby a fait un texte. Par exemple le premier titre « People around me » c’est quelqu’un qui pense qu’il a besoins de personne et un jour il se retrouve seul. C’est quand tu penses que tu t’es mis tout le monde à dos parce que tu t’es enfermé et que tu vois que ta principale richesse ce sont ces gens qui t’entourent. « In this world » c’est la critique de la société d’aujourd’hui qui parle de l’argent comme quoi c’est la principale religion du monde…

Vous discutez entre vous des thèmes de chansons ?

Bien sûr : on se connaît depuis longtemps, on a grandi ensemble et tout le monde parle d’une seule et même voix !

Un vrai gang quoi (rires) !

Un vrai gang (rires) !

C’est quoi vos projets ?

Défendre l’album sur scène : on a pleins de concerts qui arrivent sur toute l’année et enregistrer à notre rythme… On pense déjà aux prochains enregistrements. Bref notre but est de continuer en progressant de plus en plus à tout niveaux.

On parle d’un peu de votre image : vous faites très attention à vos photos et à vos clips. Est-ce que tu penses que pour les groupes de votre génération c’est important notamment par rapport aux réseaux sociaux et internet en général ?

Oui bien sûr, aujourd’hui tu peux sortir des chansons mais le visuel est capital ! Nous on aime beaucoup le cinéma dans le groupe et donc on a fait tous nos clips. C’est clairement amateur mais on avait envie de mettre en image nos chansons. Comme on chante en anglais on voulait vraiment que les gens comprennent notre propos. C’est important que les gens comprennent de quoi on parle.

C’est étonnant que vu la génération à laquelle vous appartenez vous ne faites pas de rap, ni d’éléctro ?

Aujourd’hui on peut comparer le punk des années 80 à la scène rap, le rock est plus une forme d’art que une vraie révolte, c’est souvent plus une forme qu’un fond. Nous, on est touché par tous les styles et donc on écoute de tous. Il y a une vraie scène alternative dans le rap, le rock c’est une forme d’esthétisme, alors que le rap est revendicatif.

Quel disque tu donnerais à un enfant pour l’amener vers la musique ?

Mon père écoutait beaucoup de la musique rock des années 70 et 80, et un jour on devait sortir un soir de Noël et il a mis les Clash à fond en me disant « écoute ça ». C’était « London Calling » . C’est un groupe que j’ai appris à aimer suite à ça et qui m’a donné l’amour de la musique.