Motarlozer : rencontre avec le groupe !

jeudi 15 novembre 2018, par Franco Onweb

Il existe plusieurs sortes de groupes de rock : il y a d’abord les sérieux, ceux qui ont un plan de carrière, qui jouent la musique qu’il faut et tout et tout … Et il y a les autres, ceux pour qui le rock est une juste une urgence, une énergie et surtout une bonne dose de bonne humeur : les Motarlozer font clairement parties de la deuxième catégorie. Il y a trois ans (déjà !) j’avais posé quelques questions à ces musiciens Niçois quand ils faisaient partie des Electric Mormons. Pour qualifier le groupe j’avais pris l’image de l’auberge de province : un lieu où l’on sait que ce que l’on va manger est pas très original mais au moins on mange bien.

Quand j’ai appris que les ex Electric Mormons avaient remonté un groupe et qu’ils s’apprêtaient à sortir un premier EP, j’ai envoyé un message à Raoul (le chanteur et ex bassiste des Electric Mormons Ndlr ) pour lui demander quelques explications. Il a répondu à mes questions avec Arsène, le guitariste (dont on reparlera très vite avec ses projets solos) avec cette verve et cette bonne humeur qui est leur marque de fabrique 

Il y a quatre ans (déjà !) vous étiez tous dans les Electric Mormons et maintenant vous êtes à quatre dans Motarlozer, que s’est-il passé ?

Arsène Obscène : on avait fait le tour musicalement. Y avait des tensions, ça commençait à devenir chiant et puis pour ma part, je n’arrivais plus à écrire pour ce groupe. Comme j’aime bien écrire des morceaux, ça me démotive vite.

Avez-vous pensé à arrêter la musique ?

A.O. : non pas du tout ! Mais c’est bien de changer de temps en temps, sinon c’est l’usine ou la routine, et pas l’esprit de la musique ! Faut essayer d’autres trucs.

R.M. : Arrêter ? ouais…. Ça me trottait après l’enregistrement du 2e LP des Mormons : pas envie de me prendre la tête avec le chanteur…quand Arsène a dit qu’il refaisait un autre truc et qu’il cherchait un chanteur, j’ai dit banco.

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(Motarlozer - Droit réservé) 

Pourquoi ce nom ?

A.O. : ça vient du morceau « Motard Lose » des Electric Mormons sorti en 45 tours en 2005. Dans le refrain, on disait déjà « Motard Loser » et on trouvait que ça sonnait bien. On a juste trafiqué un peu l’orthographe. Le jeu de mot est fendard, c’était l’ancien batteur des Mormons, Thomas Bordenave qui avait trouvé ça. Il est aujourd’hui décédé.

Comment définiriez-vous votre musique ?

A.O. : du rock’n’roll, point barre !

Raoul : pas mieux.

Quelles sont vos influences ?

A.O. : le rock’n’roll le plus rock’n’roll et un peu de punk dans le son et la radicalité du truc.

Raoul : Dr feelgood, Gégène , Jerry Lee et Moustique : le dernier guerrier du rock’n’roll (autoproclamé).

Qu’avez-vous fait comme concerts ?

A.O. : presque rien ! 2 seulement à Nice et Antibes et un autre en novembre à la fin du mois, encore à Nice. On ne peut plus vraiment jouer chez nous à cause de la batterie. Les vieux grigous râleurs de la côte d’azur auront finalement réussi à avoir la peau de toutes les salles où on pouvait jouer fort. Alors la plupart des groupes jouent en « sourdine » dans des bars, mais bon, bof ?

Les Electric Mormons était le groupe le plus classe de la terre sur scène : est-ce toujours le cas aujourd’hui avec Motarlozer ?

A.O. : ah non, marre des stratégies de looking avant concert ! On vient comme on veut sur scène ! Mais comme on a du chien naturellement, ça pose pas de problème de fadeur !

Raoul : haa tu fais chier Fran. Moi j’aime bien quand on a tous la même chemise/cravate ou le même polo ! C’est mon côté Beatles-fan je n’aime pas trop les groupes qui jouent sur scène avec des t-shirts dégueu et les cheveux gras.

Vous sortez un ep : pouvez-vous nous en parler ?

A.O. : il s’appelle « C’est le rock’n’roll » et on estime que c’est le seul disque de vrai rock’n’roll depuis bien longtemps et surtout en France. Il est radical, direct et primaire.

Raoul : putain ! je joue de l’harmo dedans, je joue de l’harmo !!!

https://www.youtube.com/watch?v=Y7sUs2kpZv8

Il a été fait ou et avec qui ?

A.O. : à Meancat à Nice, c’est là où on répète. Ils ont aussi mixé et masterisé. D’ailleurs on a 26 titres enregistré, mais on n’en sort que 4 pour l’instant.

Raoul : C’est Patros de Meancat qui nous a enregistré, lui et Clem sont des mecs adorables, le courant passe bien ils nous supportent même quand on est alcoolisés.

Il sort ou ?

Raoul : celui-là c’est du fait-maison mais si un label sauvage et teigneux veut nous produire pour d’autres trucs (on en a en réserve) perso, ça me conviendra parfaitement.

A.O. : nulle part ! Autoprod ! On s’emmerde même plus à chercher des labels. De toute façon, soit ils veulent des groupes qui tournent de partout pour vendre le disque, soit ils font de la merde balisée qui suit une mode quelconque et on ne leur plaira pas avec notre rock’n’roll primaire de toute façon.

Raoul : Arsène Obscène= sauvage !

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(Motarlozer en concert - Droit réservé) 

Qui écrit les musiques ?

A.O. : c’est moi à 98%. J’arrive avec des idées quasi toutes prêtes, textes et musiques et les autres aident pour des arrangements.

Raoul : c’est moi à 99% Bon je déconne… je n’ai apporté que trois titre, les deux autres- Marco et Hervouze- sont encore plus feignasses, on vit sur le génie créatif de ce malade d’Arsène Obscène.

Le texte est assez … répétitif : il y a quelqu’un qui l’a déposé à la Sacem ?

A.O. : On fait des textes d’hommes des cavernes. Le rock’n’roll c’est une sensation qui prend instinctivement aux tripes, au courant vital, pas au cerveau. Dans ce cas, le texte est en écho avec le son et la sensation rock. Le texte est lui-même un son. Encore que sur les 26 morceaux, il y a quelques textes plus littéraires si on peut dire. Mais pas sur le EP.

Les projets ? Un album ? Des concerts ?

A.O. : on ne sait pas, on continue à jouer de nouveaux morceaux. On sait qu’on peut sortir un album quand on veut ou qu’on peut jouer en concert demain, on est prêt.

Raoul : j’aimerai bien partager l’affiche avec ces estrasses de Kind of Crash et avec les Dum Dum Boys.

Comment se porte le rock à Nice ?

A.O. : aucune idée, je ne mets plus un pied en dehors de chez moi !

Raoul : idem je sors peu et quand je bouge c’est surtout pour aller au bar, au stade en pop sud ou, quelques fois au pub. Y’a plus de salle à Nice c’est encore pire que Paname c’est dire…. 3 bars ont le courage de faire encore passer des groupes : le Borghèse, le Ketje et la cave Veillon mais on ne correspond pas au format des lieux car on joue trop fort. Enfin, respect aux tauliers de ces bars qui prennent des risques vu l’hostilité ambiante du voisinage dès qu’il y’a un peu de bruit….

On se souvient encore des Chats Sauvages : votre ambition est elle que l’on se souvienne autant de vous ?

A.O. : on adore les Chats, c’est du bon ! Les deux premiers LP quoi. On sait déjà qu’avec les Mormons, il se passait un truc, on nous parle très souvent de ce groupe. Mais je pense que c’était surtout pour l’engagement sur scène. Moi je voudrais un disque dont les gens parlent dans 50 ans ! Mais pour ça faut attendre pour savoir.

Raoul : j’aimerais que quelqu’un, quelque part écoute notre galette et soit subjugué comme je l’ai été quand j’ai découvert à leur sortie les premiers EP des Soucoupes Violentes et celui des Playboys.

Qu’il devienne serial killer à la suite serait évidemment un plus.

Comment êtes-vous considérés par les autres groupes ?

A.O. : alors ça je sais pas trop… Mais je cherche pas à comprendre, ni à plaire.

Raoul : Bah…faut leur demander…A mon avis ils s’en battent.

Pensez-vous un jour grandir et arrêtez de jouer du rock’n roll ?

Raoul : le rock’n’roll est une musique de vieux donc ça reste dans mes cordes, ça, plus le stade et lever de coude au comptoir : come on !!!

A.O. : j’aimerais bien faire des choses plus tordues et réfléchir à d’autres idées plus poussées mais comme je travaille comme un con, j’ai pas le temps de m’y consacrer. Je sors des bouquins de poésie à la place, ça ne demande que d’écrire, c’est léger. Mais la musique, c’est toujours tout un bordel. Y a que composer du rock que j’arrive à faire d’instinct, rapidos entre la poire et le fromage.

Le mot de la fin !

A.O. : soyez "AWARE" comme dirait JCVD qui est loin de raconter que des conneries. Ecoutez toujours plus de bonne musique et sans préjugés.

Raoul : René Bocchi de la cave Veillon, si tu me lis, écoute : « FORZA TORO !!!! ».