Les Zemblas : Didier Bozzi un chanteur de Soul nous raconte le groupe !

lundi 11 juin 2018, par Franco Onweb

Le rock niçois possède en son sein une des formations des plus incroyables de la musique d’ici : les Zemblas ! Un rassemblements de certains des meilleurs musiciens dans la ville dans un combo totalement orienté Soul et Garage. Un groupe dont la réputation a largement dépassé les limites de sa ville.

Pour mieux vous les présenter j’ai discuté avec Didier Bozzi, le chanteur d’un groupe impeccable que lui-même définira comme : »une vraie salade niçoise » ! Attention, préparez-vous à découvrir un groupe déjà légendaire !

Les Zemblas ont commencé en 2005 comme un groupe de rock fifties. On voulait juste se faire plaisir. Moi cela fait quarante ans que je chante. J’ai commencé en 1977 dans un groupe de rockabilly à Nice. Assez rapidement on a changé de musiciens et là la musique du groupe a évolué.

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(Didier Bozzi - Droit réservé) 

Il y avait qui dans le groupe au début ?

Il y avait Christine Lidon à la basse, Gilles Zerbib à la guitare, Daniel Aprosio à la guitare et moi au chant. C’était des bouts de Dino Farfisa dans lequel je chantais déjà ! En 2010 Christine est partie. Bratch (Membre des Dum dum boys et des Warmbabies Ndlr ) l’a remplacée à la basse .Il est arrivé en même temps que Michel Négre (Guitariste des Playboys Ndlr) à la guitare et Gilles Eynaud de Fay à la batterie. On a alors commencé à faire évoluer la musique du groupe vers le rythm’n blues.

Justement quelles sont les influences des Zemblas ?

Wilson Pickett, Joe Tex… Des influences très américaines avec beaucoup de soul. A la deuxième guitare il y avait à l’époque Manu di Costanzo qui jouait, et qui joue toujours, avec moi dans un groupe de funk. Il est resté avec nous jusqu’à la fin de la tournée du premier album et ensuite il a été remplacé par Frederic Martinez (Ex Playboys Ndlr ). Son arrivée nous a permis d’aller vers une direction musicale plus sixties et surtout on a augmenté notre rythme de compositions.

Cela vient d’où ce nom : les Zemblas ?

C’est un Tarzan franco-belge de bande dessinée ! C’est un hommage à la BD en fait mais de série Z ! (rires)

On pourrait croire que les Zemblas c’est un peu « Rock all stars Niçois » ?

(Rires) C’est un peu ce qui s’est passé mais sans le vouloir ! Mais il y a d’autres groupes comme ça à Nice comme les Warmbabies. Ce sont souvent les mêmes musiciens qui jouent dans les groupes mais dans des styles différents.

Pourquoi y a-t-il eu tant de groupes à Nice : Dumdum Boys, Playboys, les Bandits, Strideurs, Mistral … ?

Il y a même une relève aujourd’hui avec Hyphen Hyphen, Gryfjoy, Alpes ou les Béberts… En fait les groupes en tournée ne s’arrêtent jamais à Nice et donc il a bien fallu faire notre propre musique (rires). On voulait éviter de s’emmerder, donc on a créé notre propre scène.

Mais cette scène, du moins votre génération, est très orientée sixties et fifties ?

Moi personnellement comme je te l’ai dit j’ai commencé par le rockabilly, je ne suis pas passé par la case punk, comme beaucoup ! Il y a beaucoup de groupes comme les Dum Dum Boys qui ont été influencés par les Playboys et cela s’est ressenti sur notre scène. Et aujourd’hui ça continue avec un groupe comme les Béberts qui perpétue la légende. Ils se sont appelés ainsi en hommage au chanteur des Playboys.

Mais tu chantes dans combien de groupes ?

Dino Farfisa depuis 1998, la Tribu un groupe de funk de 10 musiciens, avec Fred Martinez dans les Beatniks un duo de reprises sixties et les Zemblas ! Ca fait quatre, c’est pas mal (rires) et avec tout ça je ne suis même pas occupé tous les soirs.

Tu en attends quoi de ce groupe ?

C’est un projet qui prend de l’importance : il y a beaucoup de boulot ! De tous mes groupes c’est celui qui occupe le plus. Bon il s’agit quand même à chaque fois des mêmes musiciens qui jouent tout le temps ensemble, c’est une sorte de « salade niçoise » (rires). Mais on est de vrais amis : on fait des fêtes les uns chez les autres, on part parfois en vacance ensemble … On n’est pas toujours collé ensemble mais on est très proches. Mais les projets sont à chaque fois différents et c’est tant mieux !

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(Les Zemblas, de gauche à droite Frederic Martinez, Didier Bozzi, Michel Négre, Gilles Eynaud de Fay et Bratch - Photo Richard Prompt) 

Mais vous auriez pu vivre de la musique ?

Non, je ne pense pas. On connait des musiciens professionnels et pour continuer à en vivre ils doivent faire beaucoup de concessions. Franchement on n’a vraiment pas envie d’en faire.. Surtout on ne sait pas en faire ! On fait tous nos groupes de manière sérieuse avec des compos et tout : c’est notre passion et il faut donc que l’on en tire le maximum de plaisir.

Cela vous occupe beaucoup ?

On est tous de vrais passionnés : cette passion pour la musique nous aide à vivre ! Et je tiens à dire qu’il n’y a aucune rivalité entre les groupes : on s’aide entre nous.

Les Zemblas, c’est ton projet principal ?

Ca le devient parce qu’on travaille beaucoup, mais cela n’engage que moi. Je pense que pour Bratch ou Michel Nègre ce n’est pas la même chose bien qu’ils composent beaucoup : les Dumdum Boys et les Playboys restent leurs projets principaux.

Il y a eu un premier album en 2014 « Too Much, Too soul » 

Oui sur FFF un label qui est basé à Cannes. C’est un album avec quatre reprises et huit compositions originales. On a repris Don Gardner, Geno Washington … C’était très fifties, sixties américain, très black music …

Un premier album qui a été mixé par Jim Diamond (Grand producteur américain Ndlr)  ?

Oui il était encore aux USA à l’époque. Bratch avait mixé son album solo avec lui, nous l’a suggéré et on a suivi. C’était parfait ! On l’a enfin rencontré quand il est venu s’installer dans le sud de la France.

https://www.youtube.com/watch?v=yhromGsn0vc

Suite à l’album vous avez beaucoup tourné ?

Oui pas mal ! Cela a permis à certains de plus souvent monter sur scène mais aussi de sortir plus de compositions : on est un groupe très productif ! Alors que dans nos autres groupes, on l’est moins. Par exemple on est en train de maquetter le troisième album et franchement on a trop de titres. On travaille beaucoup en fait. En ce qui concerne les concerts on est souvent allé en Italie , mais tous les groupes de Nice le font. On a été au Canada pour quatre dates , une petite tournée (rires), et en France.

Vous n’êtes pas allé en Angleterre ?

Non il aurait fallu que l’on chante en français. Je ne sais pas si on le fera un jour mais pour l’instant ce n’est pas envisagé. Je ne suis pas à l’aise avec le français contrairement à Bébert des Playboys.

Quelles ont été les retombées de l’album ?

On est un peu passé à la radio, on a eu de la presse sur le web mais concrètement nous avons vendu assez peu de disques, comme tout le monde maintenant … Mais cela nous a permis de tourner un peu plus.

D’ailleurs cela se passe comment sur scène ?

C’est là où nous prenons toute notre dimension : c’est très énergique ! En fait les Zemblas c’est le groupe qui me fatigue le plus : je sors de scène je suis crevé (rires) !

Mais vous faites des reprises sur scène ?

Bien sûr : du Joe Tex, Bob Gardner, Billy Hawks … On fait des morceaux blacks des années 60.

Les Zemblas vu de l’extérieur on a l’impression d’un groupe très sérieux ?

Oh oui ! On répète toutes les semaines. Le batteur (Gilles Eynaud de Fay Ndlr ) et Bratch gèrent l’argent et organisent les choses. Non, franchement nous sommes très sérieux ! (rires)

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(Les Zemblas en concert - Photo Richard Prompt) 

L’arrivée de Frederic Martinez pour le second album « Better call Soul ! » vous a conforté encore plus dans la musique des sixties ?

On l’était déjà beaucoup avant son arrivée ! Son influence c’est plutôt le psychédélisme ! En tout cas j’ai conscience qu’avec son arrivée nous avons dans le groupe deux guitaristes extraordinaires ! En plus cela nous a permis de tourner beaucoup plus, parce que Manu était intermittent du spectacle : souvent il était pris par d’autres projets. C’était difficile de partir sur des petites tournées.

Mais vous êtes un Garage Band ?

De la Soul Garage plutôt ! Mais bon on est loin des clichés habituels de la nouvelle scène Soul Music : pas de cuivres, pas de chant jazz …

Quelle est votre ambition musicale avec les Zemblas ?

Continuer à jouer, bouger un peu partout, continuer à enregistrer … Pour l’instant nos plus gros concerts c’était en Italie et l’ouverture du 109 à Nice, un nouveau lieu créé dans les anciens abattoirs.

Le prochain album c’est pour quand ?

Tout d’abord il se fera avec nous cinq : personne n’arrive ou ne part ! On va juste rajouter quelques claviers. On a fini la maquette de 17 morceaux : 16 originaux dont un qui est joué deux fois de manière différentes. Ce seront que des compositions originales et pas de reprises. En fait on préfère les originaux aux reprises même si j’adore en faire avec Dino Farfisa.

Vous espérez un jour signer sur un label et ne plus être autoproduit ?

Pourquoi pas ? On a un peu cherché, on a fait le tour des labels comme on dit et on a eu aucuns résultats concrets. On a tous dépassé la cinquantaine et on sait bien que l’on n’a plus l’âge (rires).

 C’est quoi les projets des Zemblas ?

Enregistrer ce troisième album et jouer en France et à l’étranger. Pour l’instant on réfléchit où l’enregistrer.

Le mot de la fin ?

Venez nous voir, nous adorons rencontrer d’autres gens et même si on a l’impression que l’on est entre nous on adore vraiment rencontrer de nouveaux publics. Surtout à Nice ou depuis la fermeture du Volume il n’y a plus beaucoup de lieux pour jouer.