TODCHIC, un duo chic et choc !

lundi 16 octobre 2017, par Franco Onweb

Si vous lisez « Ingrid Caven », le roman de Jean Jacques Schuhl vous trouverez l’expression TODCHIC, que lui-même a traduit en marseillais par « sapé à mort ». A la base il s’agit de la traduction d’une expression allemande « super classe » ou « bien habillé », donc être chic à fond ! Mais TODCHIC est aussi le nom d’un duo niçois qui a sorti en avril dernier un premier album épatant pleins de chansons sensas !

Yasha et Sophie m’ont contacté et ils ont eu la bonne idée de m’envoyer leur opus. A l’écoute de celui-ci j’ai décroché mon téléphone pour en savoir pour un duo qui s’apprête à grandir 

Comment avez-vous découvert la musique ?

Yasha (Guitariste) : Je suis né en Iran. J’ai commencé par jouer du Tar, qui est un instrument traditionnel Iranien. J’ai grandis dans un environnement où il y avait beaucoup de musique : mon père avait beaucoup de disques dans pleins de genres différents, dont ceux issus de la contre-culture des années 60-70 !

Tu as commencé en écoutant quoi ?

Y : Mes premiers émois, c’est en écoutant les Beatles, ce qui n’est pas étonnant : beaucoup de gamins sont venus à la musique avec eux (rires). Chez moi il y avait l’album rouge et bleu, qui tournaient en boucle ! J’écoutais aussi Carmen de Bizet et La suite Karelia de Sibelius.

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(TODCHIC en concert - Photo Loïc Swiny) 

Tu es arrivé en France quand ?

Y : En 1986, je suis arrivé à Nice et puis là, sous l’influence des copains de collège, j’ai commencé à écouter du hard. Mais au fond, cela ne m’a jamais vraiment intéressé …

Pourtant à Nice à l’époque il y avait une très belle scène avec les Playboys et les Dum Dum Boys ?

Y : J’ai découvert cette scène, grâce à un pote, qui était avec moi au collège et qui sortait le soir. Il m’a fait des cassettes avec ces groupes et là, j’ai commencé à sortir et à découvrir ces gens sur scène ! Je devais être le plus jeune dans la salle (rires), tous les musiciens avaient dix, quinze ans de plus que moi… Mais grâce à eux j’ai découvert les compilations Nuggets, la Soul… Ma vision de la musique en a été bouleversée.

C’est là que tu as commencé à monter des groupes ?

Y : Oui vers 16, 17 ans mais je n’étais pas vraiment en phase avec les autres musiciens… Ensuite j’ai monté des cover bands pour essayer de gagner des sous (rires) !

Et c’est quand la rencontre avec Sophie ?

Y : Dans un bar du vieux Nice, j’avais 20 ans !

Sophie (Chanteuse et claviers) : moi, je suis Niçoise et viens d’un milieu très catholique. J’ai découverts la musique avec la musique sacrée et le classique … Mon père pratiquait le chant Grégorien et j’aimais bien ça !

Et toi Sophie, tu découvres comment la musique « Rock » ?

S : Comme beaucoup d’adolescents, c’était au collège où j’ai croisé des gens qui écoutaient de la musique agressive : Iron Maiden ou Metallica et qui étaient à l’opposé de mon environnement familial. Il y avait aussi « Hit Import », un magasin de disque de Nice, où beaucoup de gens allaient : c’était le lieu idéal pour se trouver un petit copain (rires) et tu pouvais écouter aussi de la très bonne musique !

Tu as commencé à cette époque à fréquenter la scène Niçoise ?

S : Pas vraiment, je les connais maintenant, mais je les ai rencontré après, vers 2004 – 2005, quand j’ai commencé à fréquenter la salle « Le Volume » (salle de concert de Nice qui vient de fermer ses portes Ndlr)  !

Comment s’est créé votre duo ?

S : En fait on se connait depuis l’adolescence ! La base de notre rencontre s’est faite autour des disques que l’on s’échangeait ou que l’on écoutait … Mais ce n’était pas évident du tout, que l’on jouerait un jour ensemble !

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(Photo Fréderique de Winy)

Quels étaient les disques que vous échangiez ?

Y : Beaucoup de choses, mais c’était dans mon souvenir, très 60 ‘s et 70’s : Hendrix, Velvet, Coltrane... Mais aussi de la musique contemporaine comme Toru Takemitsu, Stokhausen, ou Pierre Schaeffer (fondateur du GRM Ndlr ). Je m’intéressais à des formes d’expressions différentes, je découvrais plein de choses à la médiathèque… La plupart de mes potes étaient un peu … binaire et cela commençait à me fatiguer ! En fait personne autour de moi n’aimait vraiment le rock : c’était vraiment électro, néo métal ou démonstration technique !

Quand vous commencez à jouer ensemble c’est sous quelles influences ?

Y : Au début c’est clairement les Stooges, les New York Dolls, Marc Bolan, Hawkwind et surtout Roxy Music qui a vraiment été important pour nous ! Mais TODCHIC, est le résultat d’un bric à brac sonore que l’on entretient sans aucunes règles ou dogmes.

Quand on écoute votre musique pourtant on pense à une musique plus du début des années 80 en France comme « Ici Paris » ?

S : Quand j’étais gamine, dans les années 80 j’ai découvert Lio (Banana split) et d’autres, avec les compilations trouvées dans les barils de lessive. Ces influences sont restées enfouies dans ma mémoire, jusqu’à ce que je tombe sur un disque de Taxi girl ( Sepukku ) dans une brocante de la vieille ville. Du coup, avec Yasha, on s’est plus intéressés aux groupes de cette époque. Récemment, à la Villa Arson, il y a eu la projection du documentaire « Jeunes Gens Mödernes » de Jean-François Sanz. J’ai adoré. Je suis fan d’Elli et Jacno, Etienne Daho mais surtout Alain Kan qui ne fait pas vraiment parti de la même scène, mais que j’ai découvert en lisant sur le punk en France. « Ici Paris », j’ai découverts il y a peu et j’aime beaucoup aussi.

https://www.youtube.com/watch?v=m4h4NqzBLmE

On sent que vous êtes marqués par cette époque ?

S : Oui bien sûr, ne serait-ce que par le chant en Français ! J’ai beaucoup écouté Alain Kan et Daniel Darc. Mais le groupe qui m’a vraiment décidé à chanter et écrire en Français c’est un des groupes de Didier Balducci (guitariste des Dum Dum Boys, à la la tête du label Monotones et grand agitateur Nicois Ndlr ) : NON ! Un duo qui avait des paroles en Français et qui arrivait à le faire sonner sur du rock !

Y : Ces références sont une évidence au niveau de l’écriture. Le sillon creusé par ces groupes nous ont servi de modèle à suivre, pour créer notre propre façon d’écrire des textes.

Le déclencheur pour vous c’est donc Non !

Y : Oui vraiment ! Quand on les a vu cela nous a « décoincé » ! On s’est vraiment mis à travailler la forme, les textes et à s’affirmer ! Bon on n’a jamais cherché à sonner en anglais. Au début, on a voulu jouer avec un bassiste et un batteur… Mais on a jamais vraiment trouvé de musiciens qui voulaient s’engager, alors on opté pour des machines 

Vous avez un titre en allemand, vous auriez pu avoir en titre en Persan ?

Y : C’est compliqué, je parle couramment cette langue bien sûr … Je ne vois pas comment on pourrait faire, avec cette langue pour le rock et puis à titre personnel, je ne tiens pas trop à le faire … disons que pour moi c’est encore douloureux !

S : Par contre on tient à continuer à travailler sur certains titres en allemand. On en a mis sur le disque et on travaille sur un deuxième !

Quand on vous voit jouer on peut penser aux Kills ?

Y : Ah bon ? On nous a dit Elli et Jacno à cause de la voix de Sophie ! Les Kills c’est probablement à cause du fait que l’on est deux avec une chanteuse et un guitariste. Nous comparer à eux c’est aller un peu dans la facilité ….

Ça s’est passé comment votre premier concert ?

S : C’était une cave à bière dans notre quartier, en novembre 2014 ! On a sorti notre home-studio chez notre caviste (rires) ! Un gros déménagement (rires) ! Bon mais c’était l’occasion de faire un premier apéro avec nos potes …. On était super stressé !

Y : Ça peut faire rire mais à Nice il y a peu de lieux pour jouer, à part « le Volume » qui vient de fermer !

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(Photo Richard Prompt) 

Pourtant il a y a des gens actifs à Nice ?

Y : Oui, il y a des gens actifs dans notre ville. Mais si tu prends le cas de Didier (Balducci Ndlr ) et son inséparable acolyte Richard Prompt alias Dj John Badonna, ils ne peuvent faire pratiquement que des soirées Dj’s faute de lieux. Cela permet tout de même de fédérer une scène et de rencontrer des gens. Mais pour les groupes Live comme nous, c’est très dur ! Nos concerts sont improvisés, souvent dans des lieux atypiques. Par exemple, le week-end dernier, on a joué sur la terrasse d’un copain ! Il y a une scène à Nice c’est sûr, mais c’est compliqué. Il faut pousser des coudes pour exister !

Pourtant il y a une nouvelle scène à Nice avec des gens comme Griefjoy ou Alpes qui ont une réputation nationale ?

Y : On ne les connaît pas vraiment ! « Alpes » est à Paris maintenant ! On connaît un peu plus « Les Beberts ».

On en revient à votre musique : vous avez un son de guitare très rock avec de temps en temps de la Fuzz. C’est quelque chose de naturelle ou l’avez travaillé ?

Y : J’ai développé un style de jeu que la plupart des musiciens qui m’entouraient détestaient ! Ça m’a fait du bien (rires) ! J’ai pris la direction que je voulais prendre depuis longtemps : ce sont mes influences depuis toujours !

On sent du Lou Reed, du Velvet, du Stooges…

Y : Bien sûr mais aussi du Kevin Shields (My Bloody Valentine Ndlr ) Link Wray ou Steve Cropper ….

Ça se passe comment la répartition du travail entre vous deux ?

 Y : En gros je fais la musique et Sophie les textes mais j’aime bien qu’elle intervienne, qu’elle me fasse des propositions … Elle rechigne parce qu’elle n’a jamais appris la musique. Mais elle finit par me donner des indications qui m’aident beaucoup !

S : On commence toujours par faire une base avec un riff de guitare, là-dessus, je créée une mélodie de chant, ensuite on bosse le morceau et à la fin, je rajoute le synthé analogique ! On pense notre musique de façon aérée, pour qu’il y ait de la place pour les ornements.

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(Sophie et son synthétiseur - Photo Léopoldine Hugo) 

Tu rajoutes le synthé à la fin ?

S : Oui, il faut vraiment que le morceau soit défini avant de le mettre ! C’est comme rajouter des couches de peinture sonore ! Il faut que j’ai la structure de la chanson pour concevoir les sons et trouver mes patchs.

Et sur scène ?

S : J’ai mon MS20 et j’en joue en même temps que je chante. Entre chaque morceaux il faut que je m’accorde (rires) ou que je change de patch. Ça fait parti du spectacle. C’est mon côté savant fou... Cela reste vivant, on est pas chronométré …

Vous avez l’intention d’ouvrir le groupe à d’autres musiciens ?

S : Dans l’idéal, pourquoi pas ! Si on joue avec des séquences, c’est parce que on a pas trouvé de musiciens pour jouer avec nous ! A l’heure actuelle, si on n’avait pas opté pour cette solution, TODCHIC n’existerait pas. En plus il faut dire que cette formule est assez légère et nous permet de bouger un peu partout sans beaucoup de moyens logistiques. On est une unité mobile ! Le concert de samedi sur la terrasse de notre pote est un exemple parfait : C’était génial ! Tu avais des gens sur la terrasse, d’autre dans l’appartement, d’autres qui dansaient dans la rue, un type sur le toit de l’immeuble d’en face qui filmait … On a souvent joué dans des lieux atypiques, grâce à notre formule et ça, on adore !

Vous pouvez jouer partout ?

S : On joue partout où on peut ! On a maintenant un public qui nous suit. On entend souvent que ce serait mieux avec un bassiste et un batteur. Mais ça nous fait rire et on réplique que notre batteur et bassiste tiennent le tempo, sont toujours à l’heure, n’ont jamais la gueule de bois et n’ont jamais de problème d’ego...(rire !)

Vous avez joué où jusqu’à présent ?

S : Que à Nice ! Je viens juste de finir mon cycle d’études et je n’ai pas eu le temps de faire grand-chose d’autre. En plus on a pas le permis mais ça va venir : c’est mon objectif ! On veut aller jouer ailleurs !

Mais vous jouez souvent ?

Y : on a joué une vingtaine au fois en deux ans ! On a joué au Volume, dans des salles associatives comme La Zonmé, en appartement … Partout où on peut, on y va !

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(TODCHIC en concert au volume - Photo Evan le Ny)

Pourriez-vous incorporer votre musique et votre show à des performances artistiques comme de la peinture ou de la danse ?

S : On a fait une fois un concert avec la projection de light show d’un ami, Phil Amar (https://www.facebook.com/Phil-AMAR-Lyserlight-416312091908819/?pnref=lhc) dans une salle dédiée au théâtre puis un autre au Volume.

Y : J’aimerais jouer dans des galeries d’art ou d’autres lieux artistiques, mais pour ça il faut vraiment de l’affinité avec l’artiste, mais pourquoi pas ?

Vous faites des reprises sur scène ?

S : « Aussi belle qu’une balle » de Taxi Girl

Y : Et aussi on a une adaptation de Kim Fowley en Français

On parle de votre disque : comment est-il né ?

S : Au début on a eu beaucoup de mal à l’enregistrer. Il y a deux ans, je me suis inscrite en classe d’électro acoustique au conservatoire de Nice parce que je voulais connaître le son et le processus d’enregistrement. On voulait garder une trace de nos titres et notre entourage nous poussait à le faire suite à nos premiers concerts. On a tout enregistré à la maison, dans notre chambre. En fait, on fait de la musique de chambre (rires) ! D’ailleurs, les photos de l’album ont été faites dans notre jardin, en face de notre chambre, par Richard Prompt (photographe et créateur de pochettes de disque et affiches pour les artistes de la scène niçoise et d’ailleurs ).

Y : J’avais déjà un peu de bagage technique pour m’atteler à la tâche. La difficulté était d’obtenir le meilleur résultat possible avec le minimum de moyens.

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(Pochette de l’album « Musique de chambre » - Photo Richard Prompt) 

Je trouve que cela vous va très bien comme terme : musique de chambre !

Y : On a tout fait à deux à la maison : enregistrement, réalisation et mixage !

Comment qualifieriez-vous cet album ?

S : Houla ! C’est sept chansons rock et un instrumental ! C’est de la chanson rock ! Après il y a des gens qui nous disent que l’on fait du psyché ou de la new wave mais bon pour moi c’est du rock !

Le rock n’est-il pas trop restrictif pour vous ?

Y : si tu veux, on peut dire aussi que c’est de la Pop mais cela n’a pas une grande importance pour nous les qualifications. Le disque, c’est nous et on revendique pleinement ces titres. Après c’est ce que vous voulez !

Vous avez cherché un label ?

Y : Pas vraiment, on a toujours eu dans l’idée de s’autoproduire ! On a choisi le format le plus simple et le moins cher, c’est à dire le Cd. On a eu très peu de moyens. Si on avait eu plus, on l’aurait probablement sorti en vinyle !

Quels sont les retours sur le disque depuis sa sortie ?

Y : Il est sorti en avril, nous avons fait un show case à HIT IMPORT. Depuis on fait des démarches pour nous faire connaître ! Les premiers retours sont bons et ça nous motive pour progresser !

Vos projets c’est quoi ?

Y : La promotion et bien sûr d’aller jouer partout !

S : Écrire de nouvelles chansons et sortir le second disque 

Le mot de la fin ?

Y : On va continuer et on ira bientôt partout chez vous !

S : TODCHIC n’est pas prêt de s’arrêter !

 

TODCHIC en concert le 12 novembre à la ZONME, 7 bis rue des combattants en Afrique du Nord 06100 Nice. 

https://soundcloud.com/user-40232470

https://www.facebook.com/Todchic-1685997548305581/?ref=bookmarks

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 (Création Richard Prompt)