Jean Felzinze et Jo Wedin : Un duo pop !

jeudi 22 septembre 2016, par Franco Onweb

Attention talent ! Voilà le logo que l’on pourrait placer sur le futur album du duo formé par Jean Felzine et sa fiancée Johanna Wedin. Une association aussi naturelle que talentueuse, au point que depuis quelque temps la rumeur les a précédés : ces deux-là sont grands ! J’ai été écouté leurs titres, j’ai vu leurs vidéos de concerts et j’ai adoré.

Comme je rencontrais Jean Felzine, j’en ai profité pour poser quelques questions à ce duo aussi brillant qu’essentiel 

Comment s’est monté votre duo ?

Johanna Wedin : J’étais la leader du groupe MAI. J’avais fait une reprise de Bob Dylan en Français et j’avais adoré chanter dans votre langue. J’ai décidé de faire un EP en Français, J’ai commencé par écrire seule mais ce n’était pas vraiment ce dont j’avais envie. Quelqu’un autour de moi m’a conseillé de contacter Jean Felzine. C’est ce que j’ai fait, en plus j’adorais Mustang. Tout de suite on a sympathisé. La première fois que l’on s’est vu on a passé presque toute une nuit à parler de musique et à en écouter.

Vous avez écouté quoi ?

JW : On a écouté The Ronettes, Wendy René…

Jean Felzine : Les Shirelles, beaucoup de girls Bands en fait ….

JW : Au début il s’agissait juste de faire des morceaux pour moi, il n’était pas question de créer un duo !

JF : On s’est mis d’accord sur fait d’écrire des chansons mélodramatiques. Après cette rencontre, je suis parti en vacances deux semaines et quand je suis revenu, j’avais écrit « la valise ». Je lui ai proposé et cela lui a beaucoup plu !

Je crois que c’est la seule chanson que tu as écrit seul pour vous deux ?

JF : Oui, c’est la seule !

JW : Après, cela a pris un an pour que l’on commence à vraiment travailler ensemble. Et puis Johan de Mustang avait écrit une musique : « Idiot ». C’est avec ce morceau que nous avons vraiment commencé à travailler ensemble. J’ai expliqué à Jean les sujets qui me tenaient à cœur, notamment les sujets féminins. On a donc fait un texte dessus.

Qu’est-ce que serait pour vous le modèle du duo ?

JW : Attention même si nous sommes un duo, c’est quand même né par hasard, C’est vraiment nouveau pour nous de réfléchir et de concevoir à deux.

JF : On nous a tout dit : Gainsbourg/ Birkin, Lee Hazlewood et Nancy Sinatra …. On aime bien tout ça mais je ne pense pas que se sont vraiment des références majeures pour nous.

Mais c’était une volonté de chanter à deux ?

JF : Je te raconte comment ça s’est fait. J’ai proposé à Johanna de tester les morceaux sur scène. On lui a proposé un concert « Aux Trois Baudets ». Puisque je connaissais les morceaux je lui ai suggéré que nous le fassions ensemble : moi à la guitare et elle au chant ! C’était le temps qu’elle monte un groupe. Et c’est suite à ce concert qu’on a compris que nos voix allaient bien ensemble !

JW : Tout le monde autour de nous disait « super duo », alors que pour nous ce n’était pas le cas ….

JF : Il faut préciser que nous adorons chanter, on est vraiment à la base deux chanteurs, des vrais…. On n’est pas là pour susurrer dans un micro ! Donc ce soir-là on a vraiment partagé la scène !

JW : Et nos voix allaient parfaitement ensemble 

JF : Bref tout ça pour dire que notre influence principale ce sont les « Everly Brothers », qui sont deux frères mais un vrai duo !

C’est donc une vraie volonté de chanter à deux, parce que dans les duos connus il y a souvent la chanteuse et le musicien qui est une sorte de pygmalion !

JF : Nous on chante vraiment à deux, on compose à deux…. Ce qui me dérange quand on parle de duo c’est ce côté du musicien et de la chanteuse. Quand on voit Lee Hazlewood, on sait bien que s’est lui qui écrit les chansons et elle qui les interprètent.

JW : Nous ce n’est pas du tout le cas !

Vous, c’est vraiment du 50/50 ?

JF : C’est exactement ça ! Il faut que les gens le comprennent ! C’est sûr que quand on me voit jouer de la guitare, on peut penser à ça, mais non ! Sur scène elle se concentre sur le chant mais tout le travail en amont est fait à deux.

JW : Je joue aussi du piano ;

Vous n’avez pas eu envie de trouver un nom ?

JF : Si mais on a trouvé que en gardant nos deux noms c’était plus facile à trouver sur Google ! Il faut être un peu réaliste, c’est important ce genre de détails. C’est l’une des raisons pour lesquelles je tiens à garder nos deux noms. Surtout qu’ils sont assez classes !

JW : Et ça rime !

Que faisais tu en France ?

JW : C’est un hasard, je voulais quitter la Suède. Je connaissais bien la France mais pas Paris. Il y avait trop de Suédois pour moi à Londres. A Paris il faut vraiment aller les chercher les Suèdois….

Vu de France la Suède c’est deux types de musique : à la fois des Garages Bands comme les Hellacopters et une grosse scène pop. Pour moi vous incarnez vraiment la pop !

JF : Absolument, nous sommes un duo pop.

Oui mais Mustang est un groupe de rock et votre duo est pop, ce n’est pas trop compliqué pour toi pour choisir pour qui tu composes ?

JF : Un peu mais pas beaucoup, en fait quand un morceau est composé à deux il est pour le duo et quand je fais un morceau seul ou avec Johan (le bassiste de Mustang Ndlr), c’est pour Mustang ! Il y a eu que « la Valise » qui a posé un problème ! On enregistrait le troisième Mustang et on a hésité à garder le morceau pour le groupe et puis on a vu que c’était vraiment parfait pour Johanna.

Est-ce que ce duo, Jean, ne t’a pas permis d’aller vers un côté plus pop qu’avec Mustang ?

JF : Absolument ! Les chansons qu’ont fait à deux sont plus pop, plus puissantes dans les refrains que ce que je fais avec Mustang.

JW : C’est normal : il a sa manière de composer et son savoir-faire avec Mustang, moi je suis plus directe.

https://www.youtube.com/watch?v=pcX1mIOAOGs

Ce serait quoi votre univers ?

JF : Je n’aime pas le mot univers : j’écris des chansons moi, je ne développe rien d’autre 

JW : Après je pense que quand on compose des chansons on développe quelque chose qui peut ressembler à un univers, mais on n’a pas de modèle précis.

Pourtant quand on regarde ce que vous faites, on remarque l’importance de l’image et plus précisément des images

JF : C’est son influence !

JW : J’adore les photos, l’image …. J’aime le cinéma (Jean aussi mais pas le même). J’ai fait un EP jazz et ce côté glamour des chanteuses m’a toujours fasciné. Je trouve ça bien, surtout à notre époque, que l’on puisse mettre en avant l’image que nous avons choisie.

Est-ce que dans ce duo tes influences Anglaises, Jean, ne peuvent pas ressortir ?

JF : Peut-être mais avant tout je suis Français et j’aime bien la pop Française mais peut être oui … J’ai toujours jonglé avec des trucs un peu corrosifs et la pop très sentimentale : j’adore ça !

A l’écoute de vos titres on peut s’étonner que aucuns labels ou producteur indépendant ne viennent pas pour vous signer ?

JF : Tout d’abord ce projet n’existe pas depuis longtemps, on a sorti notre EP en novembre dernier, qu’en novembre …. Il y a eu un problème d’argent : on n’avait pas énormément de moyens pour la promotion mais on est quand même passé un peu en radio, notamment sur Nova. Là on vient d’enregistrer un album, on va essayer de mettre toutes les chances de notre côté.

 

Droits réservés

(Pochette de l’EP - Droit réservé) 

Des labels s’intéressent à vous ?

JF : Disons qu’il y a des gens qui sont curieux et qui veulent écouter ! Mais aujourd’hui les labels sont super prudents : il faut 300 000 vues sur YouTube, ce genre de trucs. Nous, on s’est toujours dit : faisons nos trucs, on avance, débrouillons-nous tout seul ….

JW : Par exemple on était dans un festival et on a joué « Les Hommes » et bien des journalistes ont dit et écrit que c’était une reprise, alors que c’est un titre que nous avons composé. Ça fait plaisir que l’on dise cela d’une de tes chansons mais quelque part ça fait bizarre !

J’y reviens mais il n’y a personne même dans votre entourage pour s’intéresser à vous ? Vous faites tout à deux ?

JF : Oui, on fait tout à deux. Par exemple pour un concert il faut me téléphoner ! On cherche nos dates nous-mêmes. On va essayer de rencontrer des gens, de monter une équipe. Tu sais, parfois ça vient tard et je préfère que l’on bétonne tout, tout seul… On joue nos chansons, on travaille nos titres, on écrit et on avance sainement… J’ai trop vu de gens autour de nous qui tout de suite ont travaillé avec une équipe avec des pros et tout ça et au bout d’un moment ça s’arrête : la chute est rude ! Moi je viens de province et donc j’ai une vision différente. Il faut jouer, faire des concerts se débrouiller tout seul …. Avec Mustang, je n’ai pas attendu un label pour faire un disque !

JW : On vit dans la réalité !

https://www.youtube.com/watch?v=rYK2065BaO8

C’est l’esprit DIY ?

JF : Un peu mais pas à fond : je n’ai pas envie de jouer dans des squats ! C’est pas la vocation de notre musique.

JW : Moi j’ai toujours fonctionné comme ça, j’ai fait deux EP toute seule en autoproduit.

Ce serait quoi vos influences communes ?

JF : Les artistes à voix, Everly Brothers, Dionne Warwick, Etta James, Diana Ross….

JW : J’adore la musique noire, j’ai toujours écouté ça, mes parents n’écoutaient que ça ….

JF : L’idéal absolu c’est Phil Spector ! L’autre jour je regardais une bande-annonce à la télé avec sa musique, c’est incroyable, tu peux poser sa musique partout !

Et les Français ?

JF : Bon, allez je dirai Gainsbourg ! Pourtant j’ai beaucoup tapé sur lui à un moment parce que on ne voyait que lui à la télé. On a parfois l’impression qu’en France il y a eu lui et Bashung ! J’adore Polnareff aussi.

JW : Je n’ai pas beaucoup d’influences Française, Françoise Hardy un peu… On l’écoutait en Suède, mes parents avaient des disques d’elle ! Il faut dire que pour moi chanter en Français c’était un défi !

Justement ce n’est pas trop dur pour toi, Johanna de chanter en Français ?

JF : De moins en moins …

JW : Au début c’était un peu compliqué parce que ce n’est pas naturel pour moi ! Prends « les hommes ne sont plus des hommes », c’était dur parce que le titre va vite ! Bon, je suis en France depuis 10 ans quand même !

Je suppose que vous faire jouer en concert est assez facile : vous êtes à deux, une guitare et un piano ?

JF : Bientôt à trois, on va prendre un batteur pour la scène.

JW : On a juste une machine en plus

Vous avez beaucoup joué ?

JF : Environ 70 concerts et essentiellement à Paris et quelques dates en province.

JW : Et sans tourneur

JF : On a joué à Troyes, Rouen, Montpellier, à Bourges, Clermont Ferrand, en Angleterre…

JW : En Suède aussi ! Là j’ai un plan pour l’Ecosse …. Au printemps de Bourges on a croisé mon ancien tourneur qui m’a dit : « vous jouez beaucoup, c’est qui votre tourneur ? » et moi j’ai répondu fièrement « Nous ! »

JF : Il faut dire aussi que quand tu as un entourage classique, les choses se font lentement. La seule chose que nous avons ce sont des managers : on en a un chacun parce que quand nous avons commencé on en avait chacun un, Joana et moi. On n’est pas non plus tout seul !

Vous avez un éditeur ?

JF : On a chacun le nôtre, ce que nous n’avons pas c’est un tourneur et un label !

JW : On s’occupe seuls de nos concerts.

JF : Moi ce qui m’énerve c’est la lenteur des choses ! On joue plus avec Johanna qu’avec Mustang qui pourtant a un tourneur ! Des musiciens ça doit jouer, il n’y a pas de secret…. Je veux monter sur scène, les dates stratégiques et tout ça c’est bien mais avant tout il faut jouer ! La musique c’est de l’artisanat avant tout !

Vous avez fait un crowdfunding ?

JF : Je vais t’expliquer pourquoi : on a commencé à enregistrer l’EP avec un petit label qui produisait, donc ils payaient le studio.

JW : Nous n’étions pas d’accord avec le contrat !

JF : Bref, ça a foiré et on s’est retrouvé dans la position de racheter les bandes. Le crowdfunding a servis à ça : racheter les bandes !

JW : Là on va peut-être être obligé de le refaire !

JF : On a fait un album à crédit ! Pour en revenir à ce premier crowdfunding ça nous a permis aussi de faire un peu de promotion, surtout que nous avions une distribution avec la Baleine. Mais on a surtout beaucoup vendu de disques aux concerts….

Revenons un peu à l’artistique : que pourriez-vous rajouter à votre musique ?

JF : Déjà un batteur…

JW : J’aimerais bien un claviériste

JF : Attention, je veux que nous continuions à faire beaucoup de concerts et il ne faut pas que cela nous pénalise. Nous aurons probablement plusieurs formules.

A deux pourtant cela fonctionne bien….

JF : quand tu as une boite à rythme, tu joues avec un son qui est mort et pour un musicien c’est un peu lassant au bout d’un moment.

L’album alors ?

JW : Il y a entre 10 et 12 titres.

JF : On l’a enregistré avec Etienne Caylou

JW : Il a fait notamment le disque de Séverin

JF : C’est un type de mon âge et c’est super agréable de travailler avec lui.

Tous les morceaux sont de vous ?

JF : Non, il y a un morceau que l’on a composé avec Séverin

JW : Notre dernier morceau, on l’a Co-composé avec Antoine Hilaire de Jamaïca, c’est un grand pote à moi. Et il y a aussi une reprise de Wendy Renée « After laughter »

Et les morceaux c’est beaucoup piano voix ?

JF : Non, non … Il y a du piano, du synthé…. Beaucoup de piano, j’adore ça ! Des guitares et des arrangements de synthétiseurs. …

Il sortira quand ?

JF : J’espère début 2017

Et après vous allez tourner ?

JF : J’espère ! On a des dates pour la rentrée …. En tout cas nous sommes très contents de l’album !

Droits réservés

(Jean Felzine et Jo Wedin en concert aux Francofolies de la Rochelle en Juillet 2016 - Droit réservé)

Vous en en attendez quoi de ce disque ?

JF : On espère être entendu et que l’album soit remarqué. Mais comme d’habitude cela va dépendre de la promotion.

Enfin la dernière question pour toi Johanna : quels disques tu mettrez à des enfants pour leur faire découvrir la musique ?

JW : Je ne sais pas trop, je ferai je pense ce que mon père a fait avec moi : de la Soul ou des disques de Aretha Franklin. Pour un disque plus récent je dirais Clèa Vincent.