Etienne Labroue : Un bel Elan !

vendredi 4 novembre 2016, par Franco Onweb

Etienne Labroue est un personnage intéressant et complexe ! Voici un monsieur qui mène de front plusieurs carrières différentes : réalisateur pour la télévision (notamment Groland) et pour des clips vidéo, musicien pour les « Producteurs de Porc » et « Tony Truand » et il s’apprête à sortir son premier long métrage « L’Elan » le 28 décembre prochain ! En plus de toute ces activités il a décidé de mener en parallèle une « carrière » de coach. Un personnage multicarte et multifonction qui est particulièrement attachant !

J’ai rencontré Etienne à la terrasse d’un café au centre de Paris. Il s’est raconté avec cet humour qui ne le quitte jamais ! Un garçon passionné et passionnant, la preuve juste en dessous 

Tu as commencé comment à faire de l’image ?

J’ai fait une école, l’ESRA, que j’ai terminée en 1986. C’est d’ailleurs la seule date que je pourrai te citer avec précision, je ne suis pas très fort en dates (rires) ! Ensuite j’ai suivis un parcours classique : j’ai été assistant, j’ai bossé sur des films, des courts métrages… J’ai même monté ma propre boite de prestation vidéo pour la télévision avant que je comprenne que ce n’était pas du tout mon truc. Je l’ai revendu au bout de trois ans.

C’est en collaborant avec Jean-Claude Wouters, en tant qu’assistant réalisateur, que ma vocation de réalisateur est née. A l’époque Philippe Hellmann, voulait faire un film contemplatif, un peu new âge pour son cinéma le REX… C’était l’époque du « Grand bleu ». Pendant un week-end Jean Claude m’a proposé de rédiger les commentaires pour accompagner son montage. J’étais trop content, j’ai commencé à écrire, je me suis un peu lâché. Le lundi quand Jean-Claude est rentré, il a trouvé ça super mais le producteur n’a pas aimé du tout. Comme le réalisateur a refusé de changer ce que j’avais fait, le projet s’est arrêté net ! Paradoxalement, cette aventure m’a donné confiance en moi. J’ai continué à travailler quelques temps comme directeur de production chez Gédéon où j’ai fait mon premier court-métrage qui s’appelle « la désillusion de Bondoufle et Chapoulet » et que j’ai produit et tourné en cachette de la production pendant les vacances. En Septembre, je l’ai montré au patron de Gédéon (Gilles Galud) qui l’a montré aux Programmes courts de Canal Plus. Le film a été acheté tout de suite, c’était en 1991, deuxième date, trop fort.

Et là ça s’enchaîne ?

Je suis devenu réalisateur pendant cinq ans en indépendant, j’ai fait un peu de clips, des films institutionnels, des trucs comme ça… Et je suis arrivé à Canal assez naturellement.

Quoi comme clip ?

Le premier c’était pour Thierry Pastor, un morceau qui s’appelait « Mister T, mister love » (rires). Pas un grand succès (rires) ! D’ailleurs quelqu’un sait où en est Thierry Pastor ? Je lance un concours. Ensuite j’en ai fait un pour les “Beadochons“ en super 8 : “4 beadochons dans le vent“, Une bonne parodie des films des Beatles.

 

Donc Canal,

J’ai commencé par « Cyber Culture », une des premières émissions sur la culture cyber avec Chine Lanzmann et puis j’ai eu la chance de travailler sur une émission avec Édouard Baer et Ariel Wizman, 26 minutes mensuels ou l’on faisait ce que l’on voulait. J’ai beaucoup appris à leurs contacts. Suite à ça, j’ai été repéré par Sylvain Fusée qui m’a amené chez Groland et maintenant ça fait 15 ans que je collabore à l’émission. Et en parallèle je réalise aussi pour les Guignols depuis huit ans. En même temps j’ai collaboré avec Nova et Arte en documentaire, j’ai fait une vingtaine de pubs aussi. J’ai fait un peu tout y compris un long métrage que je viens de finir  L’Elan » Ndlr).

C’est quoi tes bases cinématographiques ?

Mon père est très cinéphile. J’ai été élevé dans le culte des réalisateurs Français ; Tati, Chabrol, Blier…

Pas les Monty Python ?

Je les ai découvert assez jeune avec le Flying Circus qu’on regardait en famille à la TV et c’est vraiment un truc qui m’a beaucoup marqué, un peu comme Quentin Dupieux (réalisateur Français et musicien Ndlr ) que j’aime beaucoup…

Tu dois adorer « le chien Andalou » ?

Bien sûr, mais là c’est encore autre chose, tu n’es pas dans le même registre…

Ce n’est pas loin de l’Elan ?

On ne peut pas comparer mon film à celui de Buñuel qui est un pur génie du cinéma. L’Elan est plus bêtement absurde. J’adore l’humour absurde !

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(L’Elan, photo tirée du film - Droit réservé)  

Tu allais à la Cinémathèque ?

En fait j’ai eu une enfance bizarre avec un grave accident de voiture à 13 ans et je suis resté longtemps sous barbituriques sans pouvoir sortir ou boire une seule goutte de l’alcool…. J’ai eu une partie de mon enfance un peu en parallèle des autres, c’est comme si j’étais resté un peu bloqué dans l’adolescence, ce qui se ressent toujours d’ailleurs ! Bref, comme mon père était cinéphile, on a été parmi les premiers à avoir un magnétoscope et j’ai pu regardé beaucoup de films à la maison…

Je ne sais pas pourquoi mais je pense que la plupart des gens de Groland, comme toi, sont fans des Péplums ?

(Rires) Absolument, j’aime le côté naïf du genre. Ce qui m’amuse c’est que même si on n’a pas le budget nécessaire, on essaye de raconter une histoire quand même avec des rochers en cartons et des comédiens enroulés dans des draps. Ça me fait penser aux films d’Ed Wood, et à Tim Burton qui lui rend hommage dans son film du même nom que j’aime beaucoup.

Et le genre Godard ?

J’aime bien, je ne connais pas tout mais j’aime bien ! « Le Mépris », « Pierrot le fou » c’est des supers films. Je revendique un certain éclectisme ! Mon point commun avec Godard c’est que nous faisons travailler les même comédiens : Richard Chevalier qui joue dans mon film était dans le dernier Godard… Je crois que c’est notre seul point commun, mis à part notre amour du cinéma… Mais je ne vais pas non plus me comparer à Godard. Ça serait grotesque.

Tu es à la fois réalisateur de télévision et de cinéma ?

Oui, par exemple après mon premier court métrage, j’ai fait une série de programmes courts : « La télé qui fait meuh ». Des petits films bien produits en 35 mn qui m’ont permis de faire de la pub pendant dix ans. J’ai aussi fait un court métrage pour les Talents Cannes Adami, un autre pour la collection de Canal Plus « 600 secondes pour refaire le monde » que j’ai co-écrit avec Marc Bruckert qui est mon co-auteur pour le long métrage ! Films après films, j’ai développé mon propre parcours qui m’a amené naturellement à réaliser mon premier long métrage.

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(En plein tournage avec Bruno Romiguirre - Photo droit réservé) 

« L’Elan » donc, c’est quoi ?

C’est l’histoire d’une créature étrange avec une tête d’Élan en peluche, que tu peux voir sur l’affiche, habillée avec un grand manteau. Personne ne sait ce qu’il y a en dessous. Cette créature apparaît à proximité d’un petit village où tout le monde se pose des questions mais pas les bonnes.

Dans le village il y a qui ?

L’Elan est d’abord recueilli par une jeune fille, mais il ne parle pas et se déplace très lentement. C’est le héros (rires), l’anti héros !

C’est peu du Jacques Tati ?

Pas vraiment parce que tout le monde parle autour de lui. Rapidement, il est adopté par la famille de la petite fille qui le présente au village, ensuite il rencontre le garagiste qui est joué par François Morel, la pharmacienne (Servane Deschamps), le patron du bar (Kamel Abdessadock) et peu à peu il va rencontrer les autres habitants du village qui sont principalement des chasseurs.

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(L’Elan avec François Morel, image tirèe du film - Droit réservé) 

Tu as tourné en combien de temps ?

Quatre semaines, en 2014, une nouvelle date, trop fort aujourd’hui. Les trois dernières semaines d’Août et la première de septembre. Je m’en rappelle surtout parce que c’était la première fois que je voyais quatre semaines de soleil consécutif en Vendée (rires)… On a tourné aux alentours d’une maison de famille que j’ai là-bas. Je savais dès le départ que je n’aurai pas beaucoup d’argent pour le film, donc j’ai choisi la simplicité. Finalement j’ai même eu un peu plus d’argent que prévu !

Tu as financé comment le film ?

La région Pays de Loire a été la première à mettre de l’argent dès la lecture du scénario, une SOFICA a suivi, mon frère et moi avons mis de l’argent puis une boite Belge est rentrée en co-production et enfin le CNC nous a soutenu mais après le tournage.

Et Canal ?

Bien sûr que je suis allé les voir mais j’ai compris que je faisais exactement ce qu’ils ne voulaient pas faire ! Un film d’auteur, un peu barré, sans argent …

Il y a eu un Crowfunding aussi ?

Oui, cela a rapporté un peu d’argent et surtout cela m’a permis de faire exister le film sur internet. Ca a créé un noyau, il y avait 200, 300 personnes… Ça fait plaisir de se sentir soutenu sur un projet pareil.

Il sort quand ?

Le 28 Décembre 2016. Il y a un distributeur, Zelig Film. Nous l’annonçons comme la comédie de Noël alternative…

Beaucoup de salles ?

10 salles se serait bien, 20 le rêve et 5 et moins une petite déception. C’est impossible pour ce type de film de connaître le nombre exact de salles à l’avance.

Et essayer de partir sur internet ou d’avoir juste une sortie DVD ?

Pour l’instant il y a deux télévisons : RTL en Belgique et OCS en France qui veulent l’acheter. Je ne suis pas un spécialiste du marketing mais je pense que c’est mieux qu’il sorte d’abord en salle. Comme ça le film aura suivi son parcours jusqu’au bout et on pourra penser au DVD et à Internet après.