...La nostalgie, camarade

jeudi 3 mars 2016, par Emma Peel

Alerte !! Alerte !! Quelqu’un s’est emparé de buzz on web !! Son nom est Baldo, il est musicien de garage’s band, (si vous ne savez pas ce que c’est, allez vite lire la rubrique musique !) et nous fait l’honneur d’être notre invité cette semaine. Voilà pourquoi je mets de côté l’actualité cinématographique pourtant assez riche dernièrement, entre les disparus, les enfin récompensés, les finally oscarisés, les revenants, les moribonds, les futurs morts, etc… j’avais de quoi faire ! Et bien non, Baldo en a décidé autrement. Et toc ! Il me procure l’occasion de me replonger dans « My beautiful Laundrette » de Stephen Frears, film anglais de 1985. Entre Ken Loach (en plus trash) et « Trainspotting » (euh… moins trash quand même), en passant par « The full Monty » (en plus crado) et « Joue-la comme Beckam » (en plus trash, plus crado et plus inverti). 

Aaaaaaaaaah les années 80… ses couleurs chatoyantes, sa musique synthétisante, sa mode si seyante, et ses coupes de cheveux ineffables ! Alors les années 80 de l’Angleterre Thatchérienne, dans les milieux défavorisés des faubourgs de Londres, c’est un vrai bonheur !... Mais ça a beau être du Stephen Frears, ça a quand même un peu vieilli, comme la plupart des films de cette époque. Une époque où le cinéma social anglais étaient à la mode. L’homosexualité aussi. Tout comme les minorités ethniques. Donc un film qui réunit tout ça à la fois allait forcément faire parler de lui. Mais l’originalité se niche dans le fait que la minorité ethnique en question (une famille Pakistanaise) a réussi dans les affaires et fait bosser un jeune punk anglais (Daniel Day Lewis plus mignon que jamais malgré sa charmante décoloration blondasse) qui traine avec des fachos ayant autrefois malmené la famille en question. Retour de bâton. Et c’est surtout une histoire de revanches en fait. Revanche sociale du jeune Omar qui, grâce à son oncle se met à gagner de l’argent en retapant une laverie qui devient florissante. Revanche de la femme de l’oncle qui réussit à évincer la maitresse de son époux à coup de mixture bizarre qui donne à celle-ci des plaques rouges sur le ventre et fait trembler ses meubles (What ??!! Oui, faut pas chercher à comprendre), revanche de la cousine Tania, jeune femme émancipée qui part seule vivre sa vie. Et revanche de l’amour, qui se moque des différences sociales, raciales et sexuelles… Une jolie morale en somme.

Et ce qui est finalement assez rassurant, c’est qu’on ne bascule jamais dans le drame, pourtant souvent latent. On s’attend au pire, mais non, c’est la drôlerie et la bonne humeur qui l’emportent. La jovialité d’Omar et de son oncle est tellement communicative qu’elle a même réussi à faire flancher Frears du côté de la comédie.

Emma Peel  : Alors Baldo, dis-moi : pourquoi ce film ? Il t’avait marqué à l’époque ? C’est la coupe de Daniel Day Lewis qui t’avait fait vibrer ?? Ou le message anti-fachiste qui t’avait touché ?...

Baldo : j’apprécie le « cinéma d’auteur » anglais, il parle très humainement des problèmes sociaux. Les Français ont su le faire autrefois avec des films comme « À nous la liberté » de René Clair ou « La Belle Équipe » de Julien Duvivier. Pour répondre à ta question il faudrait que je re-visionne le film, je l’ai vu une fois à sa sortie, c’est tout ! Mais ce qui me parait important c’est le personnage perdu dans la société des hommes, il cherche une place digne et n’accepte pas celle qu’il est naturellement censé accepter, on le perçoit comme décalé alors que c’est le monde qui va de travers...

E.P : Oui, c’est le cas d’Omar. C’est à ce personnage que tu t’étais identifié ?

 

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B  : Ah ? Doit-on s’identifier à un personnage particulier d’une histoire ? Peut-être que c’est ce qu’on fait, sans s’en rendre compte après tout... Alors je pense que je m’identifie aux personnages perdus.

E.P  : Alors je dirais Johnny (Daniel Day Lewis). En tout cas sûrement pas au cousin Salim avec ses Rayban et sa coupe de footballeur, qui fait passer de la drogue dans une fausse barbe !! Et quelle est ta scène préférée ?

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B : Désolé mais je n’ai rien à dire de plus sur « My Beautiful Laundrette »… !

E.P : Ok c’est pas grave, je le ferai à ta place alors !! (J’ai déjà parlé à la place des morts après tout… alors pourquoi pas des vivants ?!) Ma scène préférée est celle de l’ouverture de la laverie. Elle est drôle et tendre, à la limite de l’absurde ! Il y a une file d’attente dehors (forcément, tout le monde éprouve un besoin irrépressible d’aller laver son linge à ce moment là… !) et pourtant Johnny et Omar n’ouvrent pas. Ils ont mieux à faire avant… Arrivent l’oncle d’Omar et sa maitresse, qui se mettent à danser la valse, tout seuls au milieu de la boutique, pendant que les tourtereaux se bécotent allègrement dans l’arrière boutique. Un moment de poésie qui frise le surréalisme !

E.P  : Une dernière question qui n’a rien à voir avec la choucroute (ni avec les laveries) mais que je me dois de te poser : tu comptes faire quoi après ta mort ??

B : Après ma mort, et bien je compte être dans le même état d’esprit qu’avant ma naissance, c’est-à-dire ne plus être. Mais autant ça ne me gênait pas trop avant ma naissance, autant là je serai bien triste de quitter cette nature et ces amis... ah ben non suis-je bête, je ne serai pas triste puisque je n’existerai plus ! Quant à mes amis, à eux de voir si dans un petit coin de leur mémoire... ah oui, la réponse à ta question pourrait être très courte en fait : un souvenir. 

E.P : Merci Baldo pour ce joli moment de nostalgie. Ceux qui me connaissent savent que ce n’est pas pour me déplaire, car pour moi, la nostalgie est toujours ce qu’elle était , quoiqu’en dise Simone Signoret…

 

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